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Prime pour l'emploi

La prime pour l'emploi (PPE) était un complément de revenu versé, du au , par l'État français aux personnes physiques qui occupaient un emploi à faible salaire (cf. travailleur pauvre), pour favoriser le passage d'une prestation sociale (par exemple, RSA ou allocation chômage) à l'emploi, en creusant l'écart entre les revenus du travail et les revenus d'inactivité[1]. Ce rôle a depuis été dévolu à la prime d'activité.

Prime pour l'emploi
Nature
Transfert sociaux (en)
Sigle
PPE
Territoire

Elle venait en rĂ©duction de l'impĂ´t sur le revenu et pouvait aboutir, si cette remise Ă©tait supĂ©rieure Ă  l'impĂ´t, Ă  un impĂ´t nĂ©gatif, c'est-Ă -dire que le citoyen recevait de l'argent de l'État. En 2008, 8,7 millions de salariĂ©s modestes touchaient la PPE[2].

Des dispositifs Ă©quivalents Ă  la PPE et l'ayant inspirĂ© existent aux États-Unis sous le nom de Earned income tax credit (en) depuis 1975 et au Royaume-Uni sous le nom de Working tax credit (en) depuis 1999[3].

Historique

Elle a été créée en France au cours du gouvernement de Lionel Jospin par la loi no 2001-458 du , portant sur les revenus de 2000, puis a été augmentée par le gouvernement Raffarin en 2003 puis par le gouvernement Dominique de Villepin entre 2005 et 2007 (hausse de 50 % du montant maximal)[4]. L'idée sous-jacente était que l'emploi doit être plus rémunérateur que le non-emploi[3].

La mise en place de cet impôt négatif a été saluée aussi bien par des économistes proches de la gauche comme Thomas Piketty[5], Jacques Généreux[6] que par des libéraux comme Alain Madelin ou Alternative libérale.

La prime pour l'emploi et le RSA activité, jugés trop peu efficaces, ont été fusionnés par la loi no 2015-994 du dans un nouveau dispositif : la prime d'activité, entrée en vigueur le . Un budget de 4 milliards d'euros annuels lui a été initialement alloué. Cette prime, versée par la CAF mensuellement, a un double objectif : aider les travailleurs au revenu modeste et pousser les chômeurs à reprendre une activité[7].

Un droit à la récupération fiscale

La PPE est un impôt négatif sur le revenu car elle vient en réduction du montant d'imposition demandé et peut même donner lieu à un chèque du Trésor public. Le gouvernement français dans sa loi de 2001 parlait d’un « droit à récupération fiscale ». Il s’agit d’une aide incitant au retour à l’emploi ou au maintien de l’activité destiné à compenser pour les actifs les plus modestement rémunérés une partie des prélèvements sociaux et fiscaux pesant sur le travail[3].

Conditions pour bénéficier de la PPE

Pour obtenir la PPE, l’un, au moins, des membres du foyer fiscal a une activité salariée ou non salarié, à temps partiel ou non, du secteur public ou privé. Les personnes éligibles à la PPE doivent être fiscalement domiciliées en France. Dans les faits, il est demandé de déclarer son nombre total d'heures travaillées dans l'année ou de déclarer avoir travaillé à plein temps toute l'année.

En 2012, le revenu fiscal de rĂ©fĂ©rence du demandeur ne doit pas excĂ©der 32 498 â‚¬ pour un couple mariĂ© (ou pacsĂ©), ou 16 251 â‚¬ pour les cĂ©libataires, veufs ou divorcĂ©s. Ces montants sont majorĂ©s de 4 490 â‚¬ pour chaque demi-part s’ajoutant Ă  une part (personne seule) ou Ă  deux parts (couple mariĂ© ou pacsĂ©).

La majoration s’élève Ă  4 490 â‚¬ divisĂ©s par deux pour chaque quart de part liĂ© Ă  la prĂ©sence d’un enfant en rĂ©sidence alternĂ©e. De plus, le foyer fiscal du bĂ©nĂ©ficiaire de la prime ne doit pas ĂŞtre assujetti Ă  l'ISF.

Prime pour l'emploi pour les journalistes

Les journalistes doivent obligatoirement obtenir la carte de presse après trois mois d'activitĂ©, si leur activitĂ© journalistique leur procure plus de 50 % de leurs revenus. Cette carte de presse ne peut leur ĂŞtre refusĂ©e si leur activitĂ© journalistique leur procure plus de 75 % de leurs revenus. La carte de presse donne droit Ă  un abattement gĂ©nĂ©ral de 7 650 â‚¬, qui fait que dans de nombreux cas leur revenu fiscal de rĂ©fĂ©rence se trouve en dessous des seuils ci-dessus.

Comme il n'y a pas d'abattement du nombre d'heures travaillées (le second critère de la prime), de nombreux journalistes étaient donc bénéficiaires de la prime pour l'emploi. Comme il n'y a qu'un très petit nombre de porteurs de la carte de presse (0,15 % de la population active), ce nombre de journalistes bénéficiaires n'a été pas rendu public, et il ne s'agit pas d'une erreur mais d'une aide voulue et renouvelée par les gouvernements successifs (Aides à la presse en France#Les impôts des journalistes).

Montant de la PPE

Le montant versé dépend de la durée d'activité annuelle du demandeur, de son revenu d'activité, et de son statut familial.

Elle est calculée pour chaque membre du foyer (parents, enfants). Les montants suivants sont valables pour un temps plein :

  • Pour une personne cĂ©libataire (ou les pacsĂ©s/mariĂ©s dont les deux conjoints gagnent un minimum de 3743 €) qui a travaillĂ© Ă  plein temps : la prime comme fonction de son revenu sera zĂ©ro pour un revenu jusqu'Ă  3 742 euros, puis saute Ă  288 euros pour un revenu de 3 743 euros, monte de façon linĂ©aire jusqu'Ă  961 euros pour un revenu de 12 475 euros, puis redescend pour atteindre zĂ©ro Ă  nouveau Ă  un revenu de 17 451 euros.
  • Pour une personne mariĂ©e dont le conjoint ne travaille pas (ou en tout cas touche moins de 3743 €), c'est la mĂŞme fonction, toutefois majorĂ©e de 83 euros pour un revenu entre 3 743 euros et 24 950 euros, puis la prime descend de façon linĂ©aire pour atteindre zĂ©ro Ă  un revenu de 26 572 euros.

Si une personne a travaillĂ© Ă  temps partiel, il faut calculer le revenu en Ă©quivalent temps plein (sur la base de 35Ă—52=1 820 heures pour les salariĂ©s ou 360 jours pour les indĂ©pendants) : multiplier le revenu perçu par 1820 (ou 360) et diviser par le nombre d'heures (ou de jours) effectuĂ©.

Si nous appelons cette fraction X, sa prime sera G(X)F(R/X) oĂą R est son revenu, F() est la fonction appropriĂ©e du paragraphe prĂ©cĂ©dent (plein temps), et G(X)=1.85·X pour 0<X≤0.5, ou 0.85+0.15·X pour 0.5≤X≤1. Ceci veut dire que pour une personne cĂ©libataire une prime est accordĂ©e seulement si le revenu moyen par heure est compris entre 2,06 et 9,59 euros ou, pour un indĂ©pendant, si le revenu moyen par jour est compris entre 10,40 et 48,48 euros. Si elle a travaillĂ© moins de 910 heures ou 180 jours et a gagnĂ© entre 2,06 et 6,85 euros par heure, ou entre 10,40 et 34,65 euros par jour, la prime sera 1,85 Ă— 7,7 % = 14,245 % de son revenu.

Une personne ayant gagné moins de 3743 € ne perçoit pas de prime, même si son équivalent temps plein serait supérieur.

La prime payée à un foyer est la somme des primes pour les actifs, plus des majorations pour des personnes à charge :

  • si le revenu de la personne la plus riche du foyer ne dĂ©passe pas 17 451 euros : 36 euros par personne Ă  charge.
  • 36 euros quel que soit le nombre de personnes Ă  charge si les revenus de la personne la plus riche du foyer sont entre 17451 et 26572 €.
  • S'il s'agit d'un parent seul il reçoit encore 36 euros de plus.

Si la prime calculĂ©e est infĂ©rieure Ă  30 euros elle ne sera pas versĂ©e. Enfin, le montant du RSA activitĂ© est diminuĂ© du montant de la prime versĂ©. Si le RSA activitĂ© dĂ©passe la prime, celle-ci n'est pas versĂ©e.

ex. :

  • un couple avec deux enfants. Le mari a travaillĂ© Ă  temps plein et perçu 16 000 €. La femme n'a pas travaillĂ©. La prime correspondante est (17451-16000)*0,193=280 € majorĂ© de 83 € soit 363 €. La prime pour l'emploi est Ă©galement majorĂ© de 36 € par enfant pour un montant final de 435 €.
  • un cĂ©libataire a travaillĂ© 700 heures et perçu 5000 €. Il a donc travaillĂ© moins de 910 heures. Son Ă©quivalent temps plein est 5000/700*1820=13000 €. La prime correspondante est (17451-13000)*0,193=859 €. Le montant rĂ©el final de la prime vaut donc 1,85*(859/1820*700)=611 €.
  • un cĂ©libataire vivant seul avec un enfant a travaillĂ© 1400 heures et perçu 10 000 €. Il a donc travaillĂ© plus de 910 heures. Son Ă©quivalent temps plein est 10000/1400*1820=13000 €. La prime correspondante est (17451-13000)*0,193=859 €. Le montant de la prime vaut donc 0,15*(859/1820*1400) plus 0,85*(859) soit 99+730 = 829 €. Elle est majorĂ©e de 36 € pour l'enfant et 36 € pour le fait de vivre seul. Le montant final vaut donc 901 €.

Jusqu'en 2009, un acompte forfaitaire de 400 euros Ă©tait versĂ©, et ensuite rĂ©gularisĂ© sur l'avis d'imposition reçu. DĂ©sormais, la prime est versĂ©e en une fois, en gĂ©nĂ©ral Ă  la rentrĂ©e.

Effets de la prime pour l'emploi

Diverses études réalisées avant 2005 soulignent l'impact positif, mais faible, sur le marché de l'emploi en France depuis 2001[8]. L’effet positif de la PPE est susceptible de se renforcer avec les augmentations de la PPE réalisées entre 2005 et 2007.

De nombreux économistes, dont Jean-Hervé Lorenzi, proposent de mieux cibler la PPE pour renforcer son efficacité[9].

Une étude publiée par l'INSEE en 2008 relève quant à elle le faible caractère incitatif de la prime sur le retour à l'emploi concernant l'année 2001. Cela s'explique par le faible montant et le délai entre la reprise d'activité et le versement de la prime assez important pouvant aller jusqu'à dix-huit mois. De plus cela portait sur la première année suivant la création de la loi ce qui peut expliquer qu'elle n'était pas encore suffisamment connue, enfin les montants de la prime ont été revus à la hausse depuis[3].

Aux États-Unis, ’une augmentation de 10 % de la prime pour l’emploi semble permettre de diminuer les suicides de 5,5 % parmi les adultes[10].

Niveau et coût pour l'État

En 2006, un foyer fiscal sur quatre a touchĂ© la PPE, en moyenne 377 euros. En 2008, le coĂ»t total de la PPE est de 3,2 milliards d'euros[2].

Le montant maximal de la PPE est de 714 euros en 2006 et 948 euros en 2007[4].

En 2011, 6,7 millions de foyers ont reçu en moyenne 450 euros[11].

En 2013, la PPE concerne 6,3 millions de bénéficiaires pour un coût annuel de 2,45 milliards d'euros. Elle est complétée par le RSA activité versé à 0,7 million de personnes pour un coût de 1,6 milliard[7].

Notes et références

  1. « La prime à l'emploi, pour qui, pourquoi », Libération, (consulté le ).
  2. L'Ă©pais maquis des niches fiscales - Le Monde, 9 avril 2010.
  3. Marion Cochard, Bérengère Junod-Mesqui, Franck Arnaud et Sébastien Vermare, « Les effets incitatifs de la prime pour l’emploi : une évaluation difficile », Économie et Statistique, no 412,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. Revalorisation de la prime pour l’emploi - Ministère des Finances, 2007 [PDF]
  5. Travailleurs (très) pauvres - Thomas Piketty, Libération, 5 mars 2001.
  6. Jacques Généreux: «L'impôt est le juste prix des biens publics». Libération 2001.
  7. « Une prime d'activité remplacera la prime pour l'emploi et le RSA activité », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  8. par exemple Ă©tude Ă©conomique de la France, OCDE, 2005
  9. Prime pour l'emploi : la solution miracle ? - Jean-Hervé Lorenzi, Les Échos, 4 décembre 2007
  10. « La pauvreté tue, la preuve aux Etats-Unis », sur Libération.fr,
  11. Fin de la prime pour l'emploi: les gagnants et les perdants, L'Expansion, l'Express.fr, 23 février 2012

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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