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Prie-Dieu

Un prie-Dieu (pluriel prie-Dieu) est un meuble liturgique sur lequel on s’agenouille pour prier Dieu, invocation qui peut aussi bien être utilisée pour un usage privé que public dans une église, notamment lors du salut du Saint-Sacrement, de l'adoration eucharistique et de la consécration.

Prie-Dieu
Utilisation
Usage
Prière, à genoux (en)
Prie-Dieu devant le cercueil du président américain John F. Kennedy, dans l'East Room de la Maison-Blanche en 1963.

Il s'agit le plus souvent d'une sorte de chaise basse (plus rarement d'un banc) avec un degré qui fait office d'agenouilloir (parfois mobile lorsque le siège dispose d'une partie rabattante), et d'un accoudoir, repose-livre ou pupitre (prie-Dieu à pupitre). Certaines églises, sacristies ou oratoires peuvent être équipées de prie-Dieu commode ou armoire comportant des tiroirs placés le plus souvent sous le pupitre, sous l'accoudoir ou, plus rarement, au-dessus. Si l'assise est rembourrée, on parle plutôt d'agenouilloirs, encore que ce terme soit originellement réservé aux prie-Dieu des prélats.

On appelait quelquefois prie-Dieu des oratoires de chambre ou de cabinet[1].

Histoire

Chaises prie-Dieu capitonnés à accoudoir, Musée des Arts Décoratifs, XIXe siècle.

Au Moyen Âge, les fidèles assistent debout[2] aux offices de la paroisse[3]. À partir du XVIe siècle sont mis à la disposition, selon un ordre fixé par le coutumier[4], des bancs ou chaises en bois loués[5] au fermier adjudicataire de la « ferme des chaises » ou au marguillier, les prix fixes (majorés lors de messes solennelles) étant perçus par le chaisier ou la chaisière[6].

Avant le concile Vatican II qui voit progressivement l'abandon des prie-Dieu dans les églises au profit de simples chaises ou bancs[7] et l'imposition de la position debout à la place de l'agenouillement lors des moments clés de la liturge, il était d'usage pour les notables de la paroisse d'être propriétaire dans les premiers rangs de leurs chaises avec prie-Dieu sur lesquels ils faisaient graver leurs noms sur des plaques de métal (généralement en cuivre) ou émaillées vissées au dossier des chaises. S'ils n'étaient pas réservés, ils pouvaient être loués. Les paroissiens des rangs derrière ne s'agenouillaient pas ou le faisaient par terre, les prie-Dieu étant ainsi un véritable marqueur de la géographie sociale de la paroisse et du degré de piété, entre ceux qui s'accoudaient dessus le visage dans les mains et ceux qui croisaient les bras[8]. Certains prie-Dieu avaient des anneaux sur le côté pour y accrocher le parapluie[9].

Des prie-Dieu sont encore disposés dans des églises et utilisés par des croyants, notamment lors de messes solennelles : prie-Dieu pour les futurs époux lors de leur cérémonie de mariage religieux[10], prie-Dieu capitonnés de velours ou de soie, voire d'un coussin[11] ou d'une tenture de prie-Dieu[12] qui sont suivant les cérémonies de la couleur du temps liturgique ou de celle qui correspond à la dignité de celui à qui ils sont destinés (étoffe verte pour un évêque, rouge pour un cardinal et violette pour les deux, les jours de pénitence) et dont ils peuvent porter les armoiries ou l'insigne.

Galerie

  • Prie-Dieu de style néogothique
    Prie-Dieu de style néogothique
  • Prie-Dieu domestique
    Prie-Dieu domestique
  • Prie-Dieu armoire avec autel
    Prie-Dieu armoire avec autel
  • Prie-Dieu paillés
    Prie-Dieu paillés
  • Banc prie-Dieu
    Banc prie-Dieu
  • Tenture de prie-Dieu
    Tenture de prie-Dieu
  • Coussin de prie-Dieu
    Coussin de prie-Dieu

Notes et références

  1. Antoine Furetière, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et des arts, Chez Arnout & Reinier Leers, , p. 130.
  2. Cependant, les femmes riches ont des pliants apportés par leurs valets et des bancs en pierre existent parfois le long des murs ou autour des piliers.
  3. Louis Batiffol, La vie de Paris sous Louis XIII, Calmann-Lévy, , p. 176.
  4. Recueil des règles de coutume qui régissent la paroisse.
  5. Certaines places sont gratuites, tels les bancs situés le long des murs.
  6. Jean-Pierre Moisset, Les biens de ce monde : les finances de l'Église catholique au XIXe siècle dans le diocèse de Paris (1802-1905), Presses Universitaires de Bordeaux, , p. 248.
  7. Le banc d'œuvre est réservé aux membres du conseil de fabrique.
  8. Laurence Jean-Marie, Christophe Maneuvrier, Distinction et supériorité sociale (Moyen Âge et époque moderne), CRAHM, , p. 99.
  9. Jean Favier, Saint-Onuphre. Souvenirs d'un autre temps, Fayard, , p. 127.
  10. (en) Millicent Fenwick, Vogue's book of etiquette : a complete guide to traditional forms and modern usage, Simon and Schuster, , p. 191.
  11. Coussin de prie-Dieu.
  12. Tenture de prie-Dieu.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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