Portrait de Charlotte du Val d'Ognes
Le Portrait de Charlotte du Val d'Ognes (ou Jeune Femme dessinant) est un tableau réalisé en 1801 attribué à la peintre française Marie-Denise Villers. Il fait partie de la collection du Metropolitan Museum of Art de New York[1]. Le tableau a été acquis par le musée en 1922 sous l'attribution à Jacques-Louis David. Plus tard, il fut attribué à Constance-Marie Charpentier et enfin à Villers. Certains historiens de l'art ont suggéré que cette toile serait un autoportrait[2], mais elle est maintenant considérée par le Metropolitan Museum of Art comme un portrait de Marie Joséphine Charlotte du Val d'Ognes[3].
Artiste | |
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Date | |
Type | |
Matériau | |
Dimensions (H × L) |
161,3 × 128,6 cm |
Mouvement | |
No d’inventaire |
17.120.204 |
Localisation |
Histoire et attribution
Parce que le tableau n'est pas signé, il a été attribué de manière incorrecte au fil du temps[4]. Il a été exposé pour la première fois au Salon de Paris de 1801, année où Jacques Louis David a boycotté l'exposition[4]. Un membre de la famille Val d'Ognes croyait pourtant qu'il avait été peint par David[1]. Le Met a acheté le tableau, attribué à David, pour deux cent mille dollars en 1922[4]. En 1951, Charles Sterling du Met a admis que le tableau n'était peut-être pas de David[4]. Sterling a été averti pour la première fois que le tableau n'était pas de David parce que l'artiste avait boycotté le Salon de 1801[1]. L'erreur a été publiée dans le Bulletin de janvier 1951 du Met[5] - [6]. Le tableau a peut-être été celui de Constance-Marie Charpentier car certaines preuves trouvées dans les entrées du Salon semblent indiquer qu'il s'agissait du sien, cependant le nom de David n'a été retiré qu'en 1977[4]. La réattribution du tableau par Sterling à Charpentier était également basée sur l'analyse de sa peinture, Mélancolie (1801)[7].
En 1996, Margaret Oppenheimer réalisa que le tableau devait plutôt être attribué à Marie-Denise Villers[5] - [1]. La réattribution d'Oppenheimer est basée sur sa ressemblance avec une œuvre contemporaine de Villers, Une jeune femme assise devant une fenêtre[8].
Description et interprétation
L'œuvre représente une femme dessinant devant une fenêtre brisée. Derrière la femme, un couple se tient sur un parapet[4]. Dans le Concise Dictionary of Women Artists (2001), Valerie Mainz décrit la vitre brisée comme un « tour de force de l'art du peintre distinguant, dans son effet trompe-l'œil, la vue de la scène extérieure comme pouvant être observée seulement en partie à travers le verre »[7]. La salle représentée dans le tableau est en fait une galerie du Louvre, comme l'a découvert l'historienne de l'art Anne Higonnet (en)[9] - [10] - [11].
À l'époque où le tableau était présumé être celui de David, on supposait que la femme dans le tableau était son élève, le dessinant comme il la peignait[12]. André Maurois a dit que c'était « une image parfaite, inoubliable »[4]. La critique de l'œuvre avant son attribution à Charpentier était souvent positive[13] - [14].
Après que Sterling ait admis que la toile n'était peut-être pas celle de David, il l'a qualifiée de « portrait impitoyable d'une femme intelligente et simple »[4]. Il a estimé aussi que l'anatomie du portrait était incorrecte[7]. D'autres critiques ont soudainement trouvé des défauts dans le portrait, maintenant qu'il n'était plus considéré comme un David et attribué à Charpentier à la place[13] - [11]. James Laver a écrit de la peinture en 1964 : « Bien que la peinture soit extrêmement attrayante comme pièce d'époque, il y a certaines faiblesses dont un peintre du calibre de David n'aurait pas été coupable »[14].
Dans une version plus moderne, Germaine Greer a écrit que l'œuvre « ne cherche pas à charmer, ni à dépeindre la vitalité sexuelle de son modèle » et a estimé qu'il s'agissait d'une peinture féministe par nature[4]. D'autres critiques ont également attribué un aspect féministe à la peinture[15].
La galerie du Louvre découverte par Higonnet en 2014 était utilisée par les femmes pour enseigner et s'instruire en art[10]. Higonnet croit donc que la peinture est un portrait d'une femme par une femme[10]. La femme nommée, Marie Joséphine Charlotte du Val d'Ognes (1786–1868), voulait autrefois être une artiste professionnelle, mais a choisi d'abandonner l'art lorsqu'elle s'est mariée[10]. Bridget Quinn décrit la peinture comme un moment où « deux jeunes femmes désireuses de faire de l'art se sont retrouvées dans une brève période d'opportunité, lorsque l'instruction, l'exposition et même la gloire étaient possibles »[16].
Références
- « Portrait of Charlotte du Val d'Ognes », Metropolitan Museum of Art
- (de) Gary Tinterow, in Schneider, Daemgen et Tinterow, Französische Meisterwerke des 19. Jahrhunderts aus dem Metropolitan Museum of Art, New York.
- « Marie Joséphine Charlotte du Val d'Ognes (1786–1868) », sur Metropolitan Museum of Art (consulté le ).
- Greer 2001, p. 142.
- Quinn 2017, p. 56.
- Sterling, « A Fine "David" Reattributed », The Metropolitan Museum of Art Bulletin, vol. 9, no 5,‎ , p. 121–132 (DOI 10.2307/3257483, JSTOR 3257483)
- Mainz 2001, p. 247.
- Quinn 2017, p. 57.
- (en) https://www.journal18.org/issue2/through-a-louvre-window
- Quinn 2017, p. 58.
- James 1997, p. xiii.
- « Jacques Louis David (1748-1825) », LIFE, vol. 5, no 13,‎ , p. 38 (lire en ligne)
- Estella Lauter, Aesthetics in Feminist Perspective, Bloomington, Indiana, Indiana University Press, , 23 p. (ISBN 9780253114884), « Re-enfranchising Art: Feminist Interventions in the Theory of Art »
- Parker et Pollock 2013, p. 106.
- James 1997, p. xiv.
- Quinn 2017, p. 59.
Bibliographie
- Germaine Greer, The Obstacle Race: The Fortunes of Women Painters and Their Work, London, Tauris Parke Paperbacks, (ISBN 1860646778, lire en ligne)
- Liz James, Women, Men, and Eunuchs: Gender in Byzantium, New York, Routledge, (ISBN 9780415146852), « Introduction: Women's Studies, Gender Studies, Byzantine Studies »
- Valerie Mainz, Concise Dictionary of Women Artists, New York, Routledge, (ISBN 9781579583354), « Charpentier, Constance »
- Rozsika Parker et Griselda Pollock, Old Mistresses: Women, Art and Ideology, London, 2nd, (ISBN 9780857722263, lire en ligne)
- Bridget Quinn, Broad Strokes: 15 Women Who Made Art and Made History (In That Order), San Francisco, Chronicle Books, (ISBN 9781452152837, lire en ligne)
- (en) Charles Sterling, « A Fine "David" Reattributed », The Metropolitan Museum of Art Bulletin, vol. 9, no 5,‎ , p. 121-132 (DOI 10.2307/3257483, JSTOR 3257483) (L'auteur rejette l'attribution à David et propose l'attribution à Constance Charpentier)
- Charles Sterling, « Sur un prétendu chef-d’œuvre de David », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, vol. 1951,‎ , p. 118-130 (lire en ligne) (L'auteur présente son argumentation pour attribuer l'oeuvre à Constance Charpentier).
- (en) Margaret A. Oppenheimer, Women Artists in Paris : 1791-1814 (thèse de doctorat en histoire de l'art), New York, New York University, Institute of Fine Arts, (présentation en ligne) (attribution proposée du tableau à Marie-Denise Villers).