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Pont de fer (Moulins)

Le Pont de fer ou Pont noir est un ancien pont ferroviaire franchissant l'Allier à Moulins (Allier). Achevé en 1859 et long de 316,5 m, il est l'un des premiers ponts métalliques en France ce qui lui a donné son nom, son autre appellation vient de la couleur noire de ses poutres latérales en tôle rivetée. Le pont n'a plus d'usage ferroviaire depuis 2015. En 2019, des travaux ont débuté pour le transformer en pont cycliste et piéton.

Pont de fer ou Pont noir
Le Pont de fer
Le Pont de fer
Géographie
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Allier
Commune Moulins (rive droite) et Bressolles (rive gauche)
Coordonnées géographiques 46° 33′ 17″ N, 3° 19′ 40″ E
Fonction
Franchit Allier
Caractéristiques techniques
Type pont à poutres
Longueur 316,5 m
Matériau(x) fer (piles en fonte et en béton)
Construction
Construction 1857-1859
Inauguration 1859
Mise en service novembre 1859
Concepteur Basile Parent et Pierre Schaken
Ingénieur(s) M. Frémaux (ingénieur des ponts et chaussées, détaché auprès de la PO)[1]
M. Moreau (ingénieur de la société Cail)[1]
Entreprise(s) Société J.F Cail & Cie
Gestion
Propriétaire SNCF Réseau
Géolocalisation sur la carte : Allier
(Voir situation sur carte : Allier)
Pont de fer ou Pont noir
Géolocalisation sur la carte : Auvergne
(Voir situation sur carte : Auvergne)
Pont de fer ou Pont noir
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont de fer ou Pont noir

Construction

Piles du pont noir

Conçu par deux ingénieurs belges, Basile Parent et Pierre Schaken[2] - [Note 1], il est construit en amont du pont Régemortes (pont routier et alors le seul pont à Moulins franchissant l'Allier) entre et [3], par la société parisienne J.F Cail & Cie pour permettre d'achever la nouvelle liaison ferroviaire entre Moulins et Montluçon. La société Cail depuis 1844 est devenu une des principales sociétés françaises dans la construction de locomotives et d'ouvrages d'arts ferroviaires métalliques.

Le pont a coûté 1 156 012 F[1]. Il est constitué de piles formées par deux colonnes d'anneaux de fonte boulonnés entre eux et remplis de béton[3]. Chaque colonne, d'un diamètre de deux mètres cinquante, est reliée à l'autre par deux traverses métalliques horizontales et deux autres disposées en croix de Saint-André[3]. Entre chaque pile sont posées longitudinalement deux poutres à âme pleine en tôle rivetée, reliées entre elles par des pièces de pont formant le tablier[3].

Pont à poutres, il comporte neuf travées dont sept de 40 m[3] (ou 42 m[2] et deux à chaque extrémité, les travées de rive, de 18,25 m[3] (ou 19,25 m[2]), pour une longueur totale de 316,5 m[3] et porte une voie à écartement standard. Le pont noir est alors l'un des premiers ponts métalliques en France[3]. Il fut aussi le premier en France dont les piles furent enfoncées par air comprimé[2].

Histoire

Les piles ont dû être renforcées à plusieurs occasions (1893, 1946-1947 et 1985)[3] car les têtes de pile n'étant pas étanches, le béton avait tendance à éclater en hiver à cause du gel, fissurant les anneaux de fonte[3]. Les viroles en fonte ont donc été renforcées par des frettes en fer puis en acier[3].

Construit à l'origine pour supporter deux voies ferrées, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) n'en fait poser qu'une pour opérer la ligne entre Moulins et Montluçon, qui est ouverte le sur la totalité de son parcours. Deux trains assurent alors la liaison quotidiennement dans chaque sens[4]. À partir de 1886, le pont porte également une voie métrique, pour une liaison entre Moulins et Bourbon-l'Archambault[3].

Lors de l'invasion de la France en juin 1940, une ligne de défense sera érigée sur la rive gauche de l'Allier pour essayer d'empêcher la traversée de la rivière par les Allemands. La défense du pont avait été confié au commandant Polimann[5] qui avait fait retraite avec une partie du 294e régiment d'infanterie depuis la Meuse. Mais à court de munitions et menacés d'encerclement après la traversée en canot plus en amont de l'infanterie allemande[5] — une arche du pont Régemortes ayant été détruite le jour même —, Polimann et ses troupes devront décrocher en fin de journée[5] - [Note 2]. Il semble que les Allemands aient pu franchir le pont ensuite[6], resté intact.

Après guerre, en 1947, un platelage métallique remplace le platelage en bois placé sous la voie[3]. La voie métrique est abandonnée en 1950[3]. La liaison voyageurs entre Moulins et Montluçon est arrêtée en 1972 et la liaison fret en 1980[3].

Depuis les années 1950, le pont porte une canalisation de refoulement de l'eau de la rive gauche vers les réservoirs de la rive droite[3].

Futur pont promenade piétonnière et cycliste

Début 2018, la mairie de Moulins annonça réfléchir dans le cadre de l'aménagement des berges de l'Allier à faire du Pont de fer un pont pour piétons et vélos[7], SNCF Réseau resterait propriétaire mais céderait l'usage du pont à la commune[7]. Finalement si SNCF Réseau a conservé la propriété du pont, l'usage en a été concédé à Moulins Communauté pour 30 ans, première concession de ce genre en France[8]. Moulins Communauté finance les 3,5 millions d'euros du projet, subventionné à 67,5 % par l'État, la région Auvergne-Rhône-Alpes et le département de l'Allier[8].

Le pont piétonnier achevé en .

Les travaux ont commencé en . Il prévoit après retrait de 600 mètres de rails et de traverses, une réparation, un décapage par grenaillage, un traitement anti-corrosion et une peinture de l'ensemble de la structure[8] - [Note 3]. Un renforcement des huit paires de piles sera aussi fait et des rampes d'accès créées depuis les chemins de halage[8]. Un plancher en chêne local sera boulonné sur la structure[8]. Il est prévu l'installation d'un « balcon belvédère » vitré sur le pont[8]. L'inauguration et l'ouverture du pont piétonnier ont eu lieu le ; les travaux ont coûté 4,2 millions d'euros[9].

Notes et références

Notes

  1. Basile Parent et Pierre Schaken s'associeront en , deux ans après la fin de la construction du Pont de fer de Moulins, pour former la société Parent, Schaken, Caillet et Cie qui créera une usine à Fives, un quartier de Lille. Deux mois plus tard, ils s'associeront avec la société de Jean-François Cail, qui a construit le Pont de fer, pour former la Participation JF Cail, Parent, Schaken, Houel et Caillet, Paris et Fives-Lille, une coopération qui durera quelques années. En 1865, la société de Parent et Shaken deviendra la Compagnie de Fives - Lille, aujourd'hui le groupe Fives.
  2. Lucien Polimann (1890-1963) était un prêtre, ancien combattant de 14-18, connu par l'épisode de la tranchée des Baïonnettes, et député de la Meuse. Engagé volontaire au début de la Seconde Guerre mondiale, il s'était replié à Moulins, la veille, le , après des combats dans la Meuse, avec une partie de ses troupes. Il s'était spontanément mis à la disposition du colonel d'Humières, commandant de la place d'armes de Moulins et chargé de la défense de l'Allier. Celui-ci, contre la volonté du maire qui souhaitait une « ville ouverte Â» avait décidé de défendre la rive gauche de l'Allier et le quartier de la Madeleine. Il avait fait miné le pont Régemortes et avait confié la défense du secteur dont le pont de Fer à Polimann. Si Humières avait décidé de miner et de faire sauter le pont Régemortes, il semble que la décision de ne pas faire sauter le pont de fer soit celle de Polimann (où qu'il n'en avait pas les moyens techniques). Sa défense sera principalement faite par l'installation de quatre points d'appuis munis de fusils mitrailleurs placés au nord du pont Régemortes, entre les deux ponts, au sud du pont de fer (ce point devant balayer aussi la route de Vichy sur l'autre rive) et pour éviter un éventuel encerclement un quatrième point d'appui, à l'ouest entre la voie ferrée et la route de Montluçon. Ses hommes regroupaient des éléments disparates, une grosse centaine de soldats de son régiment, le 294e mais aussi des soldats du 154e régiment du génie, des tirailleurs sénégalais, des soldats du 9e zouaves et des gardes mobiles. Le pont de fer sera également incendié pour empêcher l'avancée allemande avec un feu improvisé avec des fagots, de la paille et du goudron sur le pont, organisé par son adjoint, le lieutenant Portal. Des blindés allemands s'engagèrent sur le pont et firent feu sur les positions françaises. Il n'est pas clair s'ils ont franchi l'Allier sur le pont, mais en tous cas pas avant le décrochage des troupes françaises.
  3. La conception du projet de pont piétons et cycliste a été faite par Base Paysagistes et Demain Architecture Paysage, Quadric pour la partie BET structure et Pierre Nègre pour l'éclairage. Les travaux ont été menés par les Constructions métalliques bourbonnaises (CMB) avec Exopreint.

Références

  1. « Notes de la construction du Pont en tôle sur l'Allier », 1859 (voir dans la bibliographie).
  2. Pascal Desmichel et Frédéric Faucon, Patrimoine extraordinaire du chemin de fer en Auvergne et Limousin, Chamalières, Bonneton, , 167 p. (ISBN 978-2-86253-630-9).
  3. Jean-Michel Delaveau, Franchir l'Allier…, 2009 (voir dans la bibliographie).
  4. Fabienne Texier, Moulins, il y a 100 ans : en cartes postales anciennes, Prahecq, Patrimoines et médias, , 140 p. (ISBN 978-2-916757-42-1).
  5. Jean Débordes, L'Allier dans la guerre (1939-1945), Clermont-Ferrand, De Borée, , 503 p. (ISBN 2-84494-020-X), chap. 1 (« La débâcle »), p. 21 à 25.
  6. Robert Trividic, « Un adolescent dans la seconde guerre mondiale entre le Bourbonnais, le S.T.O. et la clandestinité », Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais, t. 78,‎ , p. 399.
  7. Tristan Potelle, « Les vœux du maire de Moulins », La Semaine de l'Allier,‎ .
  8. Annie Brossard, « Le pont noir se met au vert », Terre des Bourbons, no 18,‎ sept-oct-nov 2020, p. 48.
  9. Ariane Bouhours (photographes Séverine Trémodeux et François-Xavier Gutton), « Tout juste réhabilité, le pont de fer attend ses premiers promeneurs à Moulins » Accès libre, sur lamontagne.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Michel Delaveau, Franchir l'Allier : à la découverte de 130 ponts, Champétières, éditions de la Montmarie, , 288 p. (ISBN 978-2-915841-38-1), p. 192 et 193. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • « Notes de la construction du Pont en tôle sur l'Allier », Nouvelles annales de la construction, no 55,‎ , p. 115-123. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

Lien externe

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