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Pont d'AĂ«l

Le Pont d'AĂ«l est un pont aqueduc romain situĂ© près du hameau du mĂŞme nom dans la commune d'Aymavilles, Ă  l'entrĂ©e du val de Cogne, en VallĂ©e d'Aoste. Il fut bâti l'an 3 av. J.-C. pour l'irrigation et l'approvisionnement en eau d'Augusta Prætoria Salassorum, aujourd'hui Aoste, qui venait d'ĂŞtre fondĂ©e. Ce pont, situĂ© Ă  66 m au-dessus du fond de la vallĂ©e, soutenait un aqueduc avancĂ© du point de vue technique, mesurant km de long. Outre Ă  sa position, il prĂ©sente Ă©galement d'autres particularitĂ©s, telles qu'une galerie de contrĂ´le au-dessous de la conduite d'eau et le financement entièrement privĂ© pour la construction. L'ancienne conduite d'eau est utilisĂ©e de nos jours pour le passage d'un sentier de randonnĂ©es.

Pont d'AĂ«l
Image illustrative de l’article Pont d'Aël
GĂ©ographie
Pays Italie
Région à statut spécial Vallée d'Aoste
Commune Aymavilles
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 45° 40′ 36″ N, 7° 13′ 20″ E
Fonction
Franchit Grand Eyvia
Fonction Pont aqueduc
Caractéristiques techniques
Type Pont en arc
Longueur 60,46 m
Largeur 2,26 m
Hauteur 66 m
Construction
Construction Époque romaine
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Pont d'AĂ«l

Exploration et fonction

Le Pont d'Aël enjambe la Grand Eyvia près du hameau du même nom, à l'entrée du Val de Cogne, une vallée latérale à km au sud-ouest d'Aoste. Une première description nous est parvenue de 1550 par Emmanuel Philibert de Pingon. Le baron de Malzen (1826) et Édouard Aubert[1] (1860) ont fourni d'autres images, en montrant ainsi le pont sous sa forme actuelle. Pierre Barocelli a intégré en 1930 les mesures de 1864 après que l'entrée du côté ouest avait été creusée[2].

Mathias Döring a mesuré le pont complètement en 1996. Cela a pu démontrer que le pont ne servait pas de voie de transport des minéraux de fer, comme il avait été cru jusqu'alors, au contraire, il faisait partie d'une conduite pour l'irrigation des zones agricoles environnant la colonie d'Augusta Prætoria Salassorum, ainsi que pour laver les minéraux de fer provenant de Cogne. Après avoir exclu l'hypothèse de l'approvisionnement en eau d'Augusta Prætoria, les experts ont envisagé que la ville recevait l'eau du Buthier. Sans doute l'eau, à côté de sa fonction économique, jouait un rôle primaire pour l'irrigation de la campagne environnante.

Conduite pour l'irrigation

Semi-galerie de la conduite pour l'eau le long de la pente rocheuse du val de Cogne au-dessus du pont

Le point d'arrivĂ©e de la conduite, mesurant km, Ă©tait une zone fertile de 200 ha environ Ă  l'ouest d'Aoste, situĂ©e Ă  50-150 m au-dessus de la Doire baltĂ©e. Le long du trajet, l'eau Ă©tait dĂ©viĂ©e pour laver les minĂ©raux, sans doute près d'Aymavilles. Lors de la construction de la conduite, des difficultĂ©s avaient Ă©tĂ© rencontrĂ©es Ă  cause des parois Ă©troites du bas val de Cogne. Les eaux de la Grand Eyvia dĂ©viĂ©es pour 2,9 km en amont du pont d'AĂ«l Ă©taient amenĂ©es en aval par des canaux ouverts avec une chute de 6,6 ‰ ; Ă  cause du rocher très dur, aucune galerie ni qanat ne fut envisagĂ©[3]. La conduite, mesurant 1,2 m d'ampleur, fut creusĂ©e comme semi-galerie dans la paroi rocheuse, de façon que du cĂ´tĂ© de la vallĂ©e restait une parapet en rocher mesurant jusqu'Ă  3 mètres de haut. Un autre avantage Ă©tait donnĂ© par le fait que, Ă  la diffĂ©rence d'une galerie transversale, les travaux pouvaient ĂŞtre commencĂ©s de n'importe quel point Ă  l'aide du contact visuel, ce qui rĂ©duisait sensiblement la durĂ©e des temps de construction. Ces semi-galeries se rencontrent dans les constructions hydrauliques d'Ă©poque romaine uniquement dans des zones peu accessibles, telles que celle oĂą se situe l'aqueduc de SidĂ©, en Turquie.

Pour les zones de la plaine, les constructeurs ont choisi d'utiliser une terrasse mesurant de 2 Ă  4 mètres de large pour une conduite limitĂ©e par des plaques latĂ©rales[4]. La pente traversĂ©e par la conduite jusqu'au pont d'AĂ«l est de 25 km et elle mesure 0,65 km de rocher. La partie de la conduite au-dessous du pont n'a pas pu ĂŞtre Ă©tudiĂ©e Ă  cause de la prĂ©sence de constructions et terrains agricoles ; le point d'arrivĂ©e pourrait se trouver dans la rĂ©gion d'irrigation dĂ©jĂ  mentionnĂ©e, autour d'Aymavilles.

Construction du pont

Le pont d'AĂ«l mesure 60,46 m de long et 2,26 m de large. Il se situe sur le seul point permettant de traverser le gouffre sur la Grand Eyvia, mesurant km de long et jusqu'Ă  150 m de profondeur. Son arc unique s'Ă©tend sur le gouffre, mesurant Ă  ce point seulement 12 m de long, mais 66 m de profond, par une travĂ©e de 14,24 m. La voĂ»te de l'arc est formĂ©e par des coins et des ogives. Le pont, dont la structure originale prĂ©voyait sans doute trois niveaux, montre un couloir au rez-de-chaussĂ©e mesurant 50,35 m de long, servant de moyen de contrĂ´le de la tenue de la conduite au-dessus. Deux files de petites fenĂŞtres prĂ©sentes encore aujourd'hui aux cĂ´tĂ©s du couloir (mesurant 3,88 m de haut) permettaient de relever rapidement toute fuite d'eau, causĂ©es surtout par le gel. Les fenĂŞtres supĂ©rieures illuminaient le sol, tandis que celles d'en haut montraient le plafond du couloir. Döring a dĂ©montrĂ© l'existence de l'ancienne conduite d'eau, servant aujourd'hui de sentier de randonnĂ©e, en se fondant sur l'altitude, sur les ruines des murs et sur la prĂ©sence d'une galerie occidentale près du pont. Sa hauteur Ă©tait de 1,90 m, avec une largeur d'un mètre. Un trottoir en plein air se trouvait sans doute autrefois au troisième Ă©tage, ce qui donnait une hauteur totale de 22,15 m Ă  la structure entière[5].

Épigraphe

L'Ă©pigraphe
Reconstruction de l'Ă©pigraphe.

Une épigraphe présente sur le côté septentrional nous donne des informations détaillées concernant le constructeur[6]. Le pont fut financé par un particulier l'an 3 av. J.-C., soit Caius Avillius Caimus de Padoue, l'un des gérants de la mine située dans les environs. À noter surtout l'emplacement central du terme PRIVATVM[7] :

IMP CAESARE AVGVSTO XIII COS DESIG
C AVILLIVS C F CAIMVS PATAVINVS
PRIVATVM

En toutes lettres :

Imperatore Cæsare Augusto XIII consule designato
Gaius Avillius Gaii filius Caimus Patavinus
privatum

Traduction :

« Au temps oĂą l'empereur CĂ©sar Auguste fut nommĂ© consul pour la 13e fois,
Caius Avillius Caimus de Padoue, fils de Caius, (a construit ce pont)
par des moyens privés. »

Restauration

Des travaux de restauration ont été entamés [8] à la suite d'une interpellation de l'Union valdôtaine progressiste au Conseil de la Vallée par son chef de groupe Laurent Viérin.

Notes et références

  1. Édouard Aubert, La Vallée d'Aoste, Paris, .
  2. (de) Mathias Döring, Angaben, , 131 p..
  3. Döring 1998, p. 128 et suivantes.
  4. Döring 1998, p. 131.
  5. Döring 1998, p. 131 et suivantes.
  6. Döring 1998, p. 132.
  7. Döring 1998, p. 134.
  8. Le Pont d'Aël sera fermé pendant l'hiver.

Bibliographie

  • (de) Mathias Döring, Die römische Wasserleitung von Pondel (Aostatal), dans : Antike Welt, vol. 29, N. 2, , p. 127–134
  • (de) Mathias Döring, Die römische Wasserleitung von Pondel im Aostatal/Italien. Bestandsaufnahme des Bauwerks aus dem Jahre 3 v. Chr., dans : Mitteilungen des Instituts fĂĽr Wasserbau und Wasserwirtschaft, Technische Universität Darmstadt, vol. 101,

Articles connexes

Liens externes

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