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Pont Napoléon (Luz-Saint-Sauveur)

Le pont Napoléon est un pont situé près de Luz-Saint-Sauveur dans les Hautes-Pyrénées, et qui enjambe la Vallée du Gave de Gavarnie. C'est Napoléon III qui le fit construire entre 1859 et 1863.

Pont Napoléon
Image illustrative de l’article Pont Napoléon (Luz-Saint-Sauveur)
GĂ©ographie
Pays France
Région Midi-Pyrénées
Département Hautes-Pyrénées
Commune Luz-Saint-Sauveur
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 42° 51′ 30″ N, 0° 00′ 20″ O
Fonction
Franchit Gave de Gavarnie
Fonction routier
Caractéristiques techniques
Type Pont en arc
Longueur 69 m
Largeur 10 m
Hauteur 63 m
Matériau(x) Maçonnerie
Construction
Construction 1859-1863
Architecte(s) entreprise Gariel
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont Napoléon
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
Pont Napoléon
Géolocalisation sur la carte : Hautes-Pyrénées
(Voir situation sur carte : Hautes-Pyrénées)
Pont Napoléon
Géolocalisation sur la carte : Midi-Pyrénées
(Voir situation sur carte : Midi-Pyrénées)
Pont Napoléon
Le Pont Napoléon à Luz-Saint-Sauveur
Vue sur la vallée du Gave de Gavarnie ou Gave de Pau

Caractéristiques

Le tablier du pont fait 69 mètres de long, Ă  65 mètres au-dessus du Gave. L'arc de soutien est d'un diamètre de 42 m, la voĂ»te repose directement sur les rochers Ă  pic des rives du Gave. La naissance de la voĂ»te est Ă  40 mètres au-dessus du Gave, la clef de voĂ»te est Ă  65 mètres et le pont 3 mètres au-dessus[1].

La largeur de la voie est de m, les trottoirs font 85 centimètres de large. Ils sont placĂ©s en encorbellement et soutenus par des consoles en pierre. Une balustrade en fonte de 24 tonnes couronne le pont.

Les maçonneries cachĂ©es formant le corps de la grande voĂ»te font environ 700 mètres cubes. Elles sont en schistes de la carrière d'Enfer. Les maçonneries ne subissant pas de durs efforts font environ 1 800 m3 et proviennent du Rioumaou, le sable de la carrière d'Esterre. Le poids total des maçonneries est d'environ 6 500 tonnes.

La pierre de taille calcaire de Lourdes fut utilisĂ©e pour les bandeaux de la voĂ»te, les corniches, les trottoirs et la colonne Ă  l'entrĂ©e sur la rive droite. D'une dimension moyenne dĂ©passant le mètre, ces pierres reprĂ©sentent un volume total d'approximativement 400 m3.

En souvenir de l'Empereur, la commission syndicale de la vallĂ©e de Barèges Ă©rigea Ă  l'extrĂ©mitĂ© est du pont une colonne de 12 m surmontĂ©e d'un aigle. La colonne, en pierre de Lourdes, est formĂ©e de 14 anneaux. L'aigle est une production de la marbrerie de Bagnères. La colonne porte l'inscription : « A leurs MajestĂ©s impĂ©riales NapolĂ©on III et l'ImpĂ©ratrice EugĂ©nie, les habitants de LUZ St SAUVEUR reconnaissants ».

Construction

Histoire

En , Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie, habitués des cures thermales, se rendent à Luz-Saint-Sauveur. Ils y restent 23 jours. Au cours de ce séjour, l'Empereur décide la mise en chantier d'un vaste programme de travaux routiers, comprenant la construction de ce pont, mais aussi la réalisation du chemin de fer de Lourdes à Pierrefitte-Nestalas, de nombreux établissements médicaux comme l'asile Sainte-Eugénie, l'hôpital militaire de Barèges, l'Établissement des Bains et des édifices religieux.

Constructeurs

Les études et travaux furent menés avec l'intervention des ingénieurs personnels de Napoléon III, sous la responsabilité directe d'Eugène Rouher, ministre d'État et des Travaux publics. Les ingénieurs en chef des Ponts et Chaussées étaient Scherrer et Marx. L'ingénieur Bruniquel fut l'auteur du projet du pont Napoléon et maître d'œuvre de l'exécution. Le conducteur des Ponts et Chaussées Guillemin assura l'exécution sur place, avec le chef de chantier Grateloup. À Paris, l'inspecteur général Raynaud apporta des modifications notables au projet.

L'entreprise Ernest Gariel, de Paris, fut chargée des travaux de la construction du pont et des travaux sur la rive droite. Sur la rive gauche, l'entreprise Joseph Mendiondo, de Tarbes, fut chargée de relier le pont à la station thermale.

RĂ©alisation

Le pont Napoléon, peu après sa construction, par Charles Mercereau (1822-1864)

Napoléon III sélectionna lui-même l'emplacement et fit le choix d'un pont de pierre. La main d'œuvre, recrutée sur place, était composée de 60 maçons, d'une quarantaine de gâcheurs et d'autant de manœuvres[2].

Le projet initial de , prĂ©voit un cintre « retroussĂ© ». Cette mĂ©thode consiste Ă  monter une moitiĂ© d'arc en charpente sur chaque rive, puis de les basculer en travers de la gorge, en les retenant avec des câbles. Mais les cintres ainsi crĂ©Ă©s sont gĂ©nĂ©ralement relativement lĂ©gers. Ă€ Paris, le projet fut remaniĂ©, au profit d'un cintre fixe, rigide, plus solide. Il Ă©tait alors prĂ©vu que les pièces de bois seraient installĂ©es en utilisant une passerelle portĂ©e par deux câbles lancĂ©s au-dessus du cintre, et supportant un plancher lĂ©ger. Mais l'Ă©troitesse du cintre (environ 5 mètres) l'aurait rendue trop vulnĂ©rable Ă  la « Balaguère » (le vent d'Espagne), les câbles fixĂ©s aux rives laissant une trop grande libertĂ© de mouvement au cintre.

Le , l'ingĂ©nieur Bruniquel propose au contraire la construction d'une tour en bois, permettant le montage du cintre sans passerelle et assurant le maintien Ă  la verticale du cintre en bois. C'est cette solution qui fut finalement retenue. Construite depuis le Gave, la tour montait jusqu'au niveau actuel du cintre. Sur sa largeur transversale, elle faisait 7 mètres, et 12 mètres dans le sens du courant. Ă€ chaque angle, huit hauteurs de bois de chĂŞne et de sapin se superposaient au-dessus de l'Ă©tiage. Elles Ă©taient amarrĂ©es au rocher et consolidĂ©es par un croisillon de poutrelles.

Un pont de service fut créé pour permettre aux maçons de bâtir le cintre, de poser les voussoirs formant l'ébauche de la voûte, et les corbeaux portant le tablier. Sur la plate-forme supérieure, les ouvriers montèrent deux charpentes inclinées qui rejoignaient la clef du cintre, protégeant ainsi le cintre des effets du vent et des vibrations produites par le passage du charriot sur la passerelle de service. Ce chariot permettait de transporter des pierres de taille, et pesait trois tonnes à pleine charge.

Deux voûtes étroites furent construites entre la voûte principale et la chaussée, afin d'alléger le volume de maçonnerie. Le dessous de la chaussée est donc creux, créant ainsi deux galeries que les chauve-souris ont colonisées. Des consoles en pierre de taille soutiennent les trottoirs montés en encorbellement.

Inauguration

Le , alors que la cour impériale est en villégiature à Biarritz, Napoléon III décide une visite d'inspection des travaux qu'il a ordonnés lors de son précédent séjour à Luz-Saint-Sauveur. Il est accompagné de la marquise Montijo de Guzman, mère de l'Impératrice Eugénie. Inspectant les réalisations effectuées, il aurait dit « En vérité, l'art ici semble le disputer à la nature. »

Une plaque apposée au centre du pont porte l'inscription suivante : « Le , l'Empereur Napoléon III a visité ce monument dont il avait désigné l'emplacement pendant son séjour à St Sauveur en 1859. »

Chronologie

  • : le projet de construction est approuvĂ© par dĂ©cision ministĂ©rielle.
  • : l'entrepreneur Gariel soumissionne pour l'attribution des travaux.
  • : l'entrepreneur accepte le montage financier du projet.
  • : l'arrĂŞtĂ© de circulation sur le C.D.12, route de Gavarnie, est affichĂ© pour la durĂ©e des travaux.
  • : une crue du Gave emporte une partie de la digue qui protège la zone de construction de la tour.
  • : cĂ©rĂ©monie de pose de la première pierre par le prĂ©fet des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, M.Garnier.
  • : première note de l'ingĂ©nieur Marx qui enjoint Ă  l'entrepreneur d'avoir 136 ouvriers sur le chantier.
  • Second rapport portant ordonnance de l'arrĂŞt des travaux pour le , en prĂ©vision des gelĂ©es. Ă€ cette date, la voĂ»te, les tympans et les piĂ©droits de la voĂ»te devaient ĂŞtre terminĂ©s. Ce qui fut le cas dès le .
  • : la voĂ»te est dĂ©cintrĂ©e.
  • : l'entreprise Gariel reprend les travaux.
  • : le pont est ouvert Ă  la circulation.

Au dĂ©but des travaux, en 1860, l'un des ouvriers, Jean Cazaux, est mortellement atteint par un Ă©clat de roche Ă  la suite d'une explosion de mine. Dans son rapport du sur la mort de l'ouvrier, l'ingĂ©nieur Bruniquel propose d'accorder Ă  sa veuve un secours de 300 francs.

Financement

Financement
Projet initial
de
Décompte définitif
du
Rouher, ministre des Travaux Publics
Échafaudages74 022 F.Travaux Ă  l'entrepreneur294 044 F.
Travaux de construction161 384 FTravaux en rĂ©gie24 592 F.
Somme Ă  valoir9 593 F.
Total245 000 F.Total318 636 F.

Des indemnitĂ©s furent Ă©galement versĂ©es aux riverains, le , pour un total de 100 francs. Une fois l'Ă©chafaudage dĂ©montĂ©, le bois de rĂ©cupĂ©ration, achetĂ© 100 000 F, fut revendu Ă  des particuliers pour un total de 50 000 F.

Constructions annexes

La colonne

Cette colonne fut érigée en remerciement à l'Empereur pour la construction de ce pont qui permit le désenclavement de la station thermale de Luz-Saint-Sauveur.

Le , le conseil municipal et le maire de Luz-Saint-Sauveur, le notaire Forcamidan, votent l'Ă©rection d'un arc de triomphe, afin de « perpĂ©tuer le souvenir du sĂ©jour de leurs MajestĂ©s parmi nous, qui tĂ©moigne de la reconnaissance que nous ressentons pour les bienfaits dont leurs MajestĂ©s ImpĂ©riales nous ont comblĂ© ». Ce projet est financĂ© par une souscription privĂ©e. le , la somme de 2 949 F est rĂ©unie. Le monument Ă©tant Ă©valuĂ© Ă  3 470 F, le conseil municipal ajoute 600 F, pris sur les fonds de la commune.

L'arc de triomphe prévu[3] est finalement remplacé par une colonne surmontée d'un aigle.

L'allée Napoléon

Un escalier relie l'entrée ouest du pont à une grille posée à la naissance de la voûte. Une promenade en lacets la prolonge, passant sous le pont et menant à la fontaine du Hibou. À l'autre bout de cette promenade, la descente s'arrête à la naissance de la pile, sur un promontoire en saillie au-dessus du Gave. Cette promenade fut construite sur ordre de l'empereur, et à ses frais.

Activité touristique aujourd'hui

Des sauts Ă  l'Ă©lastique payants y ont lieu ; ceux qui sautent du haut du pont sont alors rĂ©cupĂ©rĂ©s dans un filet suspendu au-dessus de la rivière qui se trouve 67 mètres plus bas.

Sources

Notes et références

  1. Structurae Pont Napoléon
  2. « À partir du 1er novembre, M. Gariel devra avoir sur le chantier 36 maçons pour le ciment, 40 gâcheurs pour servir ces maçons, 20 maçons pour le mortier de chaux grasse et 40 manœuvres pour le service de ces maçons, le gâchage et l'approche des matériaux, faute de quoi les travaux seront continués en régie », note de l'ingénieur Marx
  3. Sur le plan de l'ingénieur Guillemin, cet arc était placé sur l'avenue de l'Impératrice, à vingt mètres du pont, côté ouest.

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