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Police privée (France)

La police privée était un terme qui désignait autrefois en France, les cabinets de détectives privés.

Cette appellation Ă©tait sans doute issue de plusieurs facteurs du fait :

  • que de nombreux policiers exerçaient Ă  la retraite (moins aujourd'hui).
  • des dĂ©viances constatĂ©es de longue date, par la presse, les autoritĂ©s administratives et judiciaires.
  • que les entreprises de « police privĂ©e » cumulaient, comme aux États-Unis , des activitĂ©s d'enquĂȘte, de gardiennage, de transport de fonds, de garde du corps ce qui les assimilait, dans l'esprit du public, Ă  de vĂ©ritables entreprises de Police privĂ©e.

Si aux USA ce cumul existe toujours en 2010, en revanche il a été interdit par la gauche au pouvoir en 1983, date à laquelle le gouvernement socialo-communiste a interdit ces cumuls et réglementé les entreprises de sécurité privée.

La droite - en plein accord avec l'ancien gouvernement de gauche - a, de son cĂŽtĂ©, complĂ©tĂ© la lĂ©gislation par une loi du ce qui a permis de complĂ©ter la moralisation du secteur qui, dans son ensemble, s'est trouvĂ© considĂ©rablement assaini depuis la derniĂšre rĂ©forme, mĂȘme si des excĂšs individuels peuvent encore subsister.

Historique d'un terme devenu obsolĂšte

Cette terminologie impropre a Ă©tĂ© officiellement abandonnĂ©e vers la fin des annĂ©es 1960 mais elle Ă©tait courante y compris dans les jugements ou au parlement pour dĂ©signer ceux que l'on nomme aujourd'hui des enquĂȘteurs de droit privĂ©.

Ainsi, au parlement, les questions parlementaires concernant les détectives privés étaient encore classées, dans les années 1970, sous l'appellation de « police privée » et l'on trouve, également, un projet de loi du Président Millerand (resté sans suite) qui, en 1922, visait à interdire l'accÚs aux anciens policiers pendant cinq ans dans les « agences de police privée ».

Les enquĂȘteurs privĂ©s, eux-mĂȘmes, considĂ©rĂšrent que cette appellation, qui prĂȘtait Ă  confusion avec les services officiels, leur Ă©tait prĂ©judiciable en sous-entendant qu'il pouvait exister une corrĂ©lation entre la « police officielle » et la « police privĂ©e » ce qui pouvait faire fuir les clients qui ne souhaitaient, Ă©videmment pas, que leurs secrets intimes ou leur vie privĂ©e puissent ĂȘtre portĂ©s Ă  la connaissance des pouvoirs publics.

Philosophiquement, politiquement, et dĂ©ontologiquement elle Ă©tait, au surplus, malvenue, la police appartenant au pouvoir rĂ©galien de l'État et ne pouvant ĂȘtre privatisĂ©e.

Le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, par circulaire, demanda aux prĂ©fets de ne pas autoriser des appellations portant ce terme, mais il ne s'agissait que d'une interprĂ©tation administrative dĂ©nuĂ©e de fondement juridique puisque l'adjectif « privĂ©e » suivant le nom « police » empĂȘchait toute confusion rĂ©elle avec les services officiels et ne permettait aucunement d'interdire ce terme qui, juridiquement, n'est toujours pas actuellement illĂ©gal.

Dans un second temps, une « recommandation » sera Ă©mise par le BVP (Bureau de vĂ©rification de la publicitĂ©), avec l'accord de l'ancienne « Chambre Nationale Syndicale des Agences privĂ©e de Recherches » et de l'ancien « Conseil National des DĂ©tectives et EnquĂȘteurs privĂ©s »), dĂ©conseillant aux annonceurs d'accepter des publicitĂ©s utilisant cette appellation, mais lĂ  encore, le BVP n'Ă©tant qu'une association privĂ©e, sans pouvoir, privilĂšge ou prĂ©rogative de puissance publique, il ne s'agissait que d'un vƓu pieux dĂ©nuĂ© de fondement et, surtout, de force juridique.

L'appellation disparut d'elle-mĂȘme en devenant obsolĂšte, mais elle subsiste encore dans de nombreux romans et on la trouve encore, sur WikipĂ©dia, dans divers articles comme la biographie de Maurice Tillieux ou encore celle de Dominique Kalifa - qui a, d'ailleurs, consacrĂ© un livre sur la naissance de la police privĂ©e - mais aussi dans l'article sur Patrick Poivre d'Arvor, preuve que ce terme Ă  la vie dure et que nos compatriotes, trĂšs influencĂ©s par le cinĂ©ma et les romans continuent Ă  confondre les enquĂȘteurs de droit privĂ© avec les dĂ©tectives de feuilletons tĂ©lĂ©visĂ©s.

Ils ont, manifestement aussi, beaucoup de difficultĂ© Ă  comprendre que police et enquĂȘteurs privĂ©s n'interviennent pas dans les mĂȘmes domaines, que les "privĂ©s" agissent dans les litiges d'ordre civil, privĂ©, professionnel, commercial c'est-Ă - dire dans des affaires pour lesquelles ni la Police, ni la Gendarmerie, ni les juges d'instruction, ni les Procureurs de la RĂ©publique, ne peuvent - et n'ont le droit - d'intervenir.

Il aura fallu attendre pour que les autoritĂ©s publiques, administratives et parlementaires, comprennent et reconnaissent l'utilitĂ© des EnquĂȘteurs de droit privĂ© en leur donnant un vĂ©ritable statut juridique, et pour qu'une autoritĂ© administrative indĂ©pendante - la CNDS - reconnaisse enfin, au nom de la RĂ©publique, que les enquĂȘteurs privĂ©s participent aux droits de la dĂ©fense : « Dans le cadre d'une procĂ©dure en rĂ©vision comme en l'espĂšce, l'avocat, qui ne peut instrumenter lui-mĂȘme, est souvent conduit Ă  saisir un enquĂȘteur aux fins d'effectuer, dans le cadre des droits de la dĂ©fense, des recherches utiles Ă  l'intĂ©rĂȘt de son mandant. Ce faisant l'enquĂȘteur devient l'un des acteurs privilĂ©giĂ©s de l'effectivitĂ© mĂȘme des droits de la dĂ©fense. Pour exercer pleinement ce rĂŽle, l'enquĂȘteur est nĂ©cessairement dĂ©positaire d'informations confidentielles dans le cadre d'un secret partagĂ© avec l'avocat[1] ».

C'est donc par l'usage, devenu totalement désuet, et par l'évolution des mentalités et du droit que le terme de « police privée » a disparu de notre vocabulaire et qu'il n'en reste plus que la trace dans des romans témoins d'une époque aujourd'hui révolue.

Confusions de langage

À noter que sous l'appellation gĂ©nĂ©rique de "police privĂ©e" est utilisĂ©e aujourd'hui pour dĂ©signer des entreprises de gardiennage voire des polices parallĂšles ou des milices privĂ©es au service d'organisation, de gouvernements de partis ou d'hommes politiques.

À titre d'exemple de la confusion des termes par certains auteurs, la biographie de Charles Pasqua parle de "police privĂ©e" pour dĂ©signer le S.A.C. alors que la fiche du Service d'action civique parle, elle - et Ă  juste titre - de « police parallĂšle » cette ancienne association ayant Ă©tĂ© dissoute par dĂ©cret n°82-670 du du PrĂ©sident François Mitterrand, portant dissolution de l'association nommĂ©e « Service d'action civique » (SAC) sur le fondement de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privĂ©es.

En aucun cas l'enquĂȘte privĂ©e, autrefois dĂ©nommĂ©e Ă  tort « police privĂ©e » ne peut et ne doit ĂȘtre confondue ni avec des groupes de combats, ni avec des milices privĂ©es.

Références

Articles connexes

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