Poire d'angoisse
La poire d'angoisse est un faux instrument de torture.
Il s'agirait d'une sorte de petite boule qui, par des ressorts ou une vis situés à l'intérieur, venait à s'ouvrir et à s'élargir, de sorte qu'il n'y avait aucun moyen de la refermer sauf à l'aide d'une clé. Elle était prétendument placée dans la bouche des victimes[1].
Historique
Elle aurait été inventée au XVIe siècle par un voleur nommé Palioli avec la complicité d'un serrurier parisien[1].
Selon l'historien Chris Bishop, les rares poires d'angoisses existantes, qui ne peuvent exister avant le XVIe siècle, auraient en réalité pu être des instruments chirurgicaux, voire des extenseurs pour chaussures[2]. Les ressorts des « poires » n'auraient pas la puissance nécessaire pour forcer un orifice humain, voire ne peuvent pas s'ouvrir du tout en cas d'insertion[3].
Dans la culture
Télévision
La poire d'angoisse a servi d'arme du crime dans l'épisode Le Chevalier noir de la série Bones.
Il y est aussi fait référence dans l'épisode En quête d'identité (saison 3, épisode 7) d’Esprits criminels.
Elle est aussi utilisée dans Borgia (saison 2 - épisode 2) sous le nom de « poire du pape », ainsi que dans The Borgias (saison 2 - épisode 1), bien que cela constitue une incohérence chronologique, l'instrument n'existant pas à cette époque[4].
Elle est utilisée par un chasseur de sorcière dans l'épisode 10 de la saison 1 de la série Salem.
Elle apparaît aussi dans la série Kaamelott d'Alexandre Astier où Venec, le marchand d'armes, tente de vendre des instruments de torture au roi.
Cinéma
Dans Benedetta (2021) de Paul Verhoeven, une (fausse) poire est employée comme instrument de torture par l'Inquisition pour faire avouer sœur Bartolomea son saphisme : de fait, la poire possède la forme d'un sexe masculin et n'est pas introduite en bouche comme habituellement[5]. Bartolomea se voit ainsi « inondée » (par un seau d'eau) avant que d'être « pénétrée » par la poire.
Littérature
Dans le roman Vingt Ans après (1845) d'Alexandre Dumas, elle est livrée dans un pâté au duc de Beaufort pour s'enfuir du donjon de Vincennes.
Dans le roman Délivrez-nous du mal de Romain Sardou, qui se déroule en 1288, elle est utilisée pour torturer l’intellectuel Bénédict Gui.
Dans la nouvelle Le Roi de Minuit (de Jean Ray), Harry Dickson est bâillonné par cet instrument :
« [Harry Dickson] voulut crier, mais aussitôt, il sentit une douleur affreuse lui vriller la gorge : quelque chose se gonflait dans sa bouche dès qu'il essayait d'émettre un son. C'était une ingénieuse poire d'angoisse qui lui permettait de respirer, mais non de crier ou de parler. »
Musique
Pear of anquish est le titre d'une chanson de l'album Requiem (2008) de John 5.
Jeu vidéo
Dans Assassin's Creed IV Black Flag (2013), James Kidd y fait référence quand Edward Kenway et lui vont dans le bureau caché de Ducasse.
Revue
La Poire d'angoisse (LPDA) était une revue de « bondage linguistique et graphique » paraissant tous les lundis à midi de 1984 à 1987, soit quelque 130 numéros, sans compter les suppléments.
Références
- Charles Louandre et Hangard-Maugé, Les arts somptuaires: histoire du costume et de l'ameublement et des arts qui s'y rattachent, 1858, p.232.lire en ligne
- Chris Bishop, The 'Pear of Anguish': Truth, Torture and Dark Medievalism, in International Journal of Cultural Studies, 2014
- Why Medieval Torture Devices are Not Medieval
- « "The Borgias": The Borgia Bull (2012) - Goofs », sur IMDB (consulté le ).
- AlloCine, « Benedetta: Les critiques presse » (consulté le )
Bibliographie
- L'Inventaire général de l'histoire des larrons, paru en 1629.
- La Poire d'angoisse d'Antoine Ristori, édité par la Pensée française, paru en 1986.
- Angoisse d'Édouard Levé, édité chez Philéas Fogg en 2002.
Annexes
Lien externe
- « Poire d’angoisse (La) : (D’après « Inventaire général de l’histoire des larrons », paru en 1629) », sur La France pittoresque, (consulté le )