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Poinçon (poterie)

Le poinçon en céramique est un outil servant à imprimer dans l'argile fraîche un motif, souvent répété pour former un ensemble décoratif (frises, entourages de métopes, etc.).

Ces motifs peuvent parfois être utilisés pour identifier le travail d'un potier-décorateur particulier.

Les premiers poinçons

En France, les premiers usages de poinçons se trouvent au Chasséen : l'extrémité pointue d'une tige en os ou en bois donne une grande variété d'impressions[1].

On trouve par exemple des impressions circulaires, petites mais profondes et à bords abrupts. Dans les groupes Ferrières[2] et Fontbouïsse, ces impressions remplissent des surfaces souvent triangulaires limitées par des incisions[1]. Des tessons ainsi marqués se retrouvent par exemple dans les couches du Chalcolithique de la grotte de Prével Supérieur à Montclus (Gard) ; et dans la couche 5 (groupe Fontbouïsse) de la grotte de Peyroche à Auriolles (Ardèche)[3].

Le même outil peut aussi être enfoncé obliquement dans l'argile[1] et faire ainsi un creux qui fait mieux ressortir les ombres et accroche mieux les incrustations de matière blanche[4]. Ce décor est caractéristique de la grotte de la baume Saint-Vérédème à Sanilhac (Gard)[n 1] - [1], p. 119, 121, 123 et 131.
Une tige de roseau coupée donne un motif de cercle[4].

Au Campaniforme, notamment en Languedoc et en Provence, apparaît le poinçon en forme de prisme droit à base triangulaire[4].

À l'âge du cuivre les poinçons sont couramment taillés pour obtenir des effets particuliers, notamment géométriques[4].

La poterie antique

La céramique sigillée décorée de l'époque gallo-romaine utilise les poinçons pour imprimer dans l'argile fraîche des motifs divers, généralement répétés pour former des ensembles décoratifs (frises, entourages de métopes, etc.)

Les potiers décorateurs utilisent généralement plusieurs poinçons pour un modèle[n 2].

Identification de potiers-décorateurs

Il est parfois possible de repérer le travail d'un potier particulier grâce aux poinçons qu'il a utilisés. Des catalogues en nombres croissants ont été élaborés dans ce but, par exemple pour Cibisus (Lutz 1968[n 3]) et de nombreux autres potiers de la Graufesenque, Lezoux et de multiples autres sites.

Ă€ distinguer du timbre

Le mot « timbre » est parfois - rarement - utilisé en alternative, mais il désigne stricto sensu un poinçon imprimant une estampille, c'est-à-dire un nom de potier (le potier-décorateur, ou bien le potier propriétaire de l’atelier où est fabriqué la pièce)[n 4].

Selon J.-L. Roudil (1972), compte tenu de la petite taille des poinçons, le rĂ©sultat obtenu devait ĂŞtre appelĂ© « estampage Â»[4].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Fiches et al. 1979] Jean-Luc Fiches, AndrĂ© Cablat et AndrĂ© Freises, « Formule latine sur un vase sigillĂ©. DĂ©couverte d'un fragment inscrit, appartenant Ă  la coupe Drag. 29 de Balaruc-le-Vieux », Revue archĂ©ologique de Narbonnaise, no 12,‎ , p. 255-263 (lire en ligne [sur persee]).

Notes et références

Notes

  1. D'autres types de décorations se retrouvent aussi à la grotte de la baume Saint-Vérédème à Sanilhac, notamment de la poterie excisée, de la poterie peinte et de la poterie au graphite[5] - [6].
  2. Exemple d'utilisation de multiples poinçons : le potier tourneur-décorateur lézovien Cracina en utilise 11 pour une coupe Drag. 37[7].
  3. Pour un répertoire de motifs imprimés au poinçon, voir par exemple [Lutz 1968] Marcel Lutz, « Catalogue des poinçons employés par le potier Cibisus », Gallia, vol. 26, no 1,‎ , p. 55-117 (lire en ligne [sur persee]).
  4. Exemple d'utilisation du mot « timbre » dans [Djaoui & Martin 2014] David Djaoui et Thierry Martin, « L’étude du mobilier céramique : la vaisselle », Archaeonautica, no 18 « Arles-Rhône 3. Un chaland gallo-romain du Ier siècle après Jésus-Christ »,‎ , p. 233-240.

Références

  1. [Roudil 1972] J.-L. Roudil, « Les techniques décoratives de la céramique préhistorique du Languedoc Oriental », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 69, no 1 « Études et Travaux »,‎ , p. 430-443 (lire en ligne [sur persee]), p. 432.
  2. [Montjardin 1970] R. Montjardin, « Ferrières, Fontbouïsse et Campaniforme », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 67, no 9,‎ , p. 277-281 (lire en ligne [sur persee]).
  3. Roudil 1972, p. 432, fig. 4 et 5.
  4. Roudil 1972, p. 433.
  5. [Jully 1961] J. J. Jully, « Poterie excisée, poterie peinte « de style Méditerranéen » et poterie au graphite à la grotte Saint-Vérédème, Sanilhac (Gard) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 58, nos 5-6,‎ , p. 332-341 (lire en ligne [sur persee]).
  6. [Roudil et al. 1993] Jean-Louis Roudil, Bernard Dedet, Philippe Columeau, Jean Erroux et Lucie Chabal, « Les débuts du Bronze final dans les gorges de la Cèze (Gard). I- La grotte du Hasard à Tharaux », Documents d'Archéologie Méridionale, no 16 « Contribution au problème ibérique dans l'Empordà et en Languedoc-Roussillon »,‎ , p. 111-162 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  7. [Delage & Séguier 2009] Richard Delage et Jean-Marc Séguier, « CRACINA, potier et décorateur lézovien méconnu », Revue archéologique du Centre de la France, t. 48,‎ (lire en ligne [sur journals.openedition.org]), paragr. 13.
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