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Plastisphère

« Plastisphère » est un terme utilisé pour désigner les écosystèmes constitués en grande partie de composants plastiques créés par l'homme, principalement les vortex de déchets présents dans les gyres océaniques. Il a été inventé par les biologistes néerlandais Erik et Linda Amaral-Zettler, qui ont découvert la présence de la bactérie Vibrio dans ce type d'environnement[1].

Un écosystème reposant sur la pollution marine

Le plastique ayant pénétré les habitats marins abrite de nombreux micro-organismes[2]. La nature hydrophobe des surfaces plastiques stimule la formation rapide de biofilms qui suscitent un large éventail d'activités métaboliques et entraînent la succession d'autres micro-et macro-organismes [2].

Dès les années 2010, des articles scientifiques établissent la prolifération d'une araignée d'eau vorace, Halobates sericeus (en), qui utilise les particules en suspension pour sa nidification[3]. Une étude récente a identifié plus de 1000 espèces de bactéries et d'algues attachées aux débris microplastiques, y compris des membres du genre Vibrio, un genre qui comprend les bactéries responsables du choléra et d'autres affections gastro-intestinales. Certaines de ces bactéries brillent et il est supposé que cela attire les poissons qui mangent les organismes colonisant le plastique, qui se nourrissent ensuite de l'estomac des poissons [4]. L'agencement et la composition de ce biotope possèdent des caractéristiques propres par rapport à ceux de la terre ferme[3].

La pollution plastique fournit une surface flottante plus durable que le matériau biodégradable pour transporter les organismes sur de longues distances, ce qui a pour conséquence de déplacer des microbes vers différents écosystèmes et potentiellement introduire des espèces envahissantes[5]. Les micro-organismes trouvés sur les débris plastiques comprennent les autotrophes, les hétérotrophes et les symbiotes[6]

L'écosystème créé par la plastisphère diffère des autres matériaux flottants naturels (c'est-à-dire les plumes et les algues), notamment en raison de la vitesse lente de la biodégradation. Il est plausible que les organismes accélèrent la biodégradation des matières plastiques en produits chimiques potentiellement dangereux[5]. Malgré le risque de contamination planétaire, les microbes participent à la décomposition de ces déchets, cependant de manière très lente dans les régions relativements froides et aux faibles concentrations de nutriments[7]. D'un autre côté, comme le plastique est décomposé en fragments minuscules et éventuellement en microplastique, il est plus probable qu'il soit consommé par le plancton, qu'il entre dans la chaîne alimentaire et soit consommé par l'homme[8].

Références

  1. Michel Cavarroc, « Figeac. B. Dumontet : « Les déchets ne connaissent pas de frontière » », La Dépêche, (lire en ligne).
  2. (en) Julia Reisser, Jeremy Shaw, Gustaaf Hallegraeff, Maira Proietti, David K. A. Barnes, Michele Thums, Chris Wilcox, Britta Denise Hardesty et Charitha Pattiaratchi, « Millimeter-sized Marine Plastics : A New Pelagic Habitat for Microorganisms and Invertebrates », PLoS ONE, vol. 9, no 6, (DOI 10.1371/journal.pone.0100289)
  3. Baptiste Monsaingeon, Homo detritus : critique de la société du déchet, Paris, Points, coll. « Terre », , 251 p., p. 107-108
  4. (en) « Glowing Bugs May Lure Fish in the 'Plastisphere’ », sur https://www.nbcnews.com/, (consulté le )
  5. (en) Louis Sahagun, « An ecosystem of our own making could pose a threat », Los Angeles Times, (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) « Scientists Discover Thriving Colonies of Microbes in Ocean ‘Plastisphere’ », sur https://www.whoi.edu/, (consulté le )
  7. Matthieu Combe, « Plastisphère : des bactéries colonisent le plastique dans les océans », sur https://www.natura-sciences.com/, (consulté le )
  8. (en) Linda Amaral-Zettler, Erik Zettler et Tracy Mincer, « Welcome to The Plastisphere : ocean-going microbes on vessels of plastic », The Conversation, (lire en ligne, consulté le )
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