Accueil🇫🇷Chercher

Pic d'Adam

Le pic d'Adam (singhalais Sri Pada (« noble pied ») ou Samanala-kanda (« pic de Saman (en) »[1]), tamoul Sivanolipatha Malai, arabe Al-Rohun) est un des sommets les plus importants de l'Ă®le du Sri Lanka. Conique et haut de 2 243 m, il est considĂ©rĂ© comme un lieu saint par les hindous shivaĂŻtes, les bouddhistes et les musulmans, qui en ont fait un lieu de pèlerinage.

Pic d'Adam
Vue du pic d'Adam.
Vue du pic d'Adam.
GĂ©ographie
Altitude 2 243 m
Massif Massif Central
CoordonnĂ©es 6° 48′ 41″ nord, 80° 29′ 59″ est
Administration
Pays Drapeau du Sri Lanka Sri Lanka
Provinces Sabaragamuwa
Centre
Districts Ratnapura
Nuwara Eliya
GĂ©olocalisation sur la carte : Sri Lanka
(Voir situation sur carte : Sri Lanka)
Pic d'Adam

Situation

Il est situé au sud-ouest de l'île, dans le district de Ratnapura, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Ratnapura. La petite ville de Nuwara Eliya, dans le district voisin, sert souvent de base à son ascension.

Le pic d'Adam n'est cependant pas le point culminant de l'Ă®le, qui est le mont Pidurutalagala, avec 2 524 m.

Le pic d'Adam est important car il constitue le principal nœud hydrographique du Sri Lanka, quatre des principaux fleuves de l'île, dont le Mahaweli, le plus long, prenant leur source sur cette montagne et se jetant dans la mer sur les côtes est, ouest et sud-est[1]. En outre, les régions situées au sud et à l'est de la montagne produisent des pierres précieuses - émeraudes, rubis, saphirs, etc. - qui ont fait la renommée de l'île et lui ont valu son ancien nom de Ratnadvipa, île des gemmes[1].

Pèlerinage

Le sommet doit sa célébrité avant tout à une cavité de presque deux mètres, creusée dans la roche, que l'on trouve à son sommet, et qui est censée être une empreinte de pas. Celle-ci est tenue par les hindous, les bouddhistes et les musulmans comme la trace laissée respectivement par Shiva, Bouddha et Adam.

Les pèlerins de ces diffĂ©rentes religions, et mĂŞme des chrĂ©tiens, gravissent ainsi les milliers de marches (entre 5 200[2] et 5 500[3]) qui mènent au sommet afin de vĂ©nĂ©rer cette relique. Cette ascension dure plusieurs heures et se fait gĂ©nĂ©ralement entre les mois de dĂ©cembre et d'avril ou mai[2]. Les pèlerins — auxquels se mĂŞlent souvent de nombreux touristes — partent tĂ´t, de façon Ă  l'atteindre pour le lever du soleil, ce qui permet de voir Ă©galement la forme triangulaire de l'ombre produite par le sommet balayer la campagne environnante.

Une empreinte Ă  l'origine multiple

Les hindous voient dans l'empreinte la trace du passage de Vishnu, ou encore de Shiva[4]. Pour les musulmans[5] il s'agit de l'empreinte que laissa Adam, lorsqu'il sortit du Jardin d'Éden et posa le pied sur l'île de Ceylan — symboliquement très proche du Paradis. De là, le nom de la montagne : pic d'Adam.

Pour les bouddhistes, c'est là l'empreinte du pied (le gauche, précisent certains[4]) de Bouddha (buddhapada). Selon une croyance locale, le Buddha aurait volé à travers les airs d'Inde au Sri Lanka, où il serait descendu dans le but d'y enseigner le Dharma. Selon les Sri-Lankais, il s'agirait là de sa troisième visite dans l'île[5].

L'Anglais Robert Knox — qui a vécu sur l'île entre 1659 et 1679 — note, lui, dans son Historical Relation of the Island Ceylon in the East-Indias publié en 1681 que « Bouddha a quitté la Terre depuis le sommet de la plus haute montagne de l'île, appelée Pico Adam : là se trouve une empreinte de pied, qui, dit-on, est la sienne »[5] - [6].

Quant à Marco Polo, il avait précisé[7] à la fin du XIIIe siècle que, selon les musulmans, sur le pic « se trouve le tombeau d'Adam notre premier père », tandis que « les idolâtres disent que ce fut le premier tombeau du premier idolâtre du monde qu'on nommait Sargamonyn Borcam (c’est-à-dire Shakyamuni Bouddha). »

Du côté des chrétiens, les colons portugais (à moins qu'il ne s'agisse d'autres chrétiens, sans qu'on puisse en dire plus) essayèrent de christianiser la légende en faisant de l'empreinte celle du pied de saint Thomas[8] - [4]. Mais il pourrait également s'agir de celle de Josephat, sorte de version christianisée de Bouddha, bien connu dès le Moyen Âge à travers la légende de Barlaam et Josaphat. C'est ainsi que l'historien et poète portugais Manuel de Faria e Sousa (1590-1649) écrit dans Asia Portuguesa[9] (« l'Asie portugaise ») que les indigènes tiennent l'empreinte pour « [la] relique d'un Saint, qu'ils appellent en général Budam, c'est-à-dire Homme sage. » Et il poursuit : « Certains croient que ce saint était Josephat, mais il est plus vraisemblable qu'il s'agisse de saint Thomas, qui a laissé de nombreux monuments commémoratif en Orient et en Occident, au Brésil et au Paraguay. »

Ibn Battûta est le premier à relater l'ascension du sommet[10] — appelé selon lui Sarandîb[11] —, qu'il a entreprise en 1344. Il confirme la présence de chaînes de fer installées comme main courante, déjà mentionnées par Marco Polo[7]. Il décrit ainsi l'empreinte du pied[11] :

« L'empreinte du noble Pied de notre père Adam est restée dans une haute roche noire située dans un vaste espace. Le noble Pied est tant enfoncé dans la roche que l'empreinte est en creux ; elle a onze empans de long. »

  • Pèlerins gravissant le pic d'Adam. Gravure tirĂ©e de l'Histoire gĂ©nĂ©rale des voyages d'Antoine François PrĂ©vost, 1747-1780.
    Pèlerins gravissant le pic d'Adam. Gravure tirée de l'Histoire générale des voyages d'Antoine François Prévost, 1747-1780.
  • Plan du sommet du pic. En (a), l'empreinte ; en (d), plan au sol du sanctuaire dĂ©diĂ© Ă  l'empreinte. William Skeen, 1870.
    Plan du sommet du pic. En (a), l'empreinte ; en (d), plan au sol du sanctuaire dédié à l'empreinte. William Skeen, 1870.

Tourisme

Attraction touristique au sommet, en février 2020.

La montagne est une importante attraction touristique, en particulier lors de la saison des pèlerinages qui dure de décembre à la mi-avril ; le pic fait partie des vingt sites à ne pas manquer, selon Lonely Planet[2]. Si janvier et février sont les mois les plus animés, un des moments les plus forts est celui de la fête de Vesak, à la mi-mai. Entre ces dates, le pic et le temple du sommet sont déserts et, entre mai et octobre, la montagne disparaît souvent dans les nuages[2].

Aujourd'hui, l'empreinte du pied est abritée dans un petit temple[2].

Bibliographie

  • (en) Markus Aksland, The Sacred Footprint: A Cultural History of Adam's Peak, Bangkok, Orchid Press, coll. « Orchid Guides », , 192 p. (ISBN 978-9-748-30465-6)
  • (en) C. A. Gunarwardena, « Adam's Peak (Sri Pada) », in Encyclopedia of Sri Lanka, New Dawn Press, New Delhi, 2006 (2e Ă©d.), p. 4-5 (ISBN 978-1932705485)
  • Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Paris, Omnibus, , 883 p. (ISBN 978-2-258-08220-5, lire en ligne), « Adam (pic d') »
  • (en) S. Paranavitana, « The God of Adam's Peak », Artibus Asiae. Supplementum, vol. 18,‎ , p. 1-78 (lire en ligne)
  • (en) William Skeen, Adam's Peak: Legendary Traditional, and Historic Notices of the Samanala and SrĂ­-Páda with a Descriptive Account of the Pilgrims' Route from Colombo to the Sacred Foot-Print, Colombo, W.L.H. Skenn & Co., , 408 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. Paranavitana 1958, p. 1.
  2. Sri Lanka, Éd. Lonely Planet, 2015, p. 12, 28, 167.
  3. Sri Lanka, Le Routard, Paris, Hachette, 2018, 415 p. (ISBN 978-2-012-80003-8), p. 237-238.
  4. (en) UNESCO - World Heritage Convention, « Seruwila to Sri Pada (Sacred Foot Print Shrine), Ancient pilgrim route along the Mahaweli river in Sri Lanka », sur whc.unesco.org
  5. (en) Donald S. Lopez Jr., From Stone to Flesh. A Short History of the Buddha, Chicago, University of Chicago Press, , 289 p. (ISBN 978-0-226-49320-6), p. 12-15
  6. Robert Knox, An Historical Relation of Ceylon : Together with Somewhat Concerning Severall Remarkeable Passages of my Life. Glasgow, 1911, p. 193 [lire en ligne (page consultée le 22 juillet 2022)]
  7. Marco Polo (édition, traduction et présentation par Pierre-Yves Badel), La description du monde, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », , 509 p. (ISBN 978-2253-06664-4), p. 409
  8. « L’Adam’s Peak, une randonnée spirituelle », sur tv5monde.com, (consulté le )
  9. D.S. Lopez Jr., From Stone to Flesh. A Short History of the Buddha, 2013, p. 250 (traduction de la version en anglais par J. Stevens, Londres 1695, telle que citée par Lopez ; ci-après, la version originale). [(pt) t. II, vol. 2, p. 862-863 (page consultée le 17 septembre 2022)]
  10. Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Paris, Place des Ă©diteurs, , 883 p. (ISBN 978-2-258-08220-5, lire en ligne), Adam (pic d')
  11. Voyageurs arabes : Ibn Fadlân, Ibn Jubayr, Ibn Battûta et un auteur anonyme (textes traduits, présentés et annotés par Paule Charles-Dominique), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, LVII - 1409 p. (ISBN 978-2-070-11469-6), p. 946-948

Voir aussi

Lien externe

  • (en) « The Lessons From Adam's Peak » (article de blog de voyage qui prĂ©sente de nombreuses photos du parcours) sur tuljak.com [lire en ligne (page consultĂ©e le 16 septembre 2022)]
  • (en) Song of Ceylon, de Basile Wright, film documentaire de 1934, en quatre parties (39') sur youtube.com. La première (jusqu'Ă  10'56'') est consacrĂ©e au pèlerinage bouddhiste sur le pic d'Adam. [ (page consultĂ©e le 17 septembre 2022)]
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.