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Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse

Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse[1] est un naturaliste français, né le à Toulouse et mort le au château de Lapeyrouse (Haute-Garonne).

Quartz prase trouvé par Picot et Dolomieu en 1793, au Pic d'Eres lids.
Volumes de l'Herbier de Picot de Lapeyrouse MHNT

Avant 1789

Son père, Jacques Picot de Buissaison[2] de Lapeyrouse (1709-1781) est noble[3], mais d'une famille de négociants, seigneur de Buissaison, de Lapeyrouse, et de Belloc. Il est capitoul de Toulouse et avocat aux requêtes près le Parlement de Toulouse de 1769 à 1777[4]. Aîné de sept enfants, quatre de ses frères optent pour la carrière militaire.

Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse est le frère du baron Étienne Guillaume Picot de Bazus général de division et du baron Jean Baptiste Picot de Buissaizon, chef de bataillon des Gardes suisses au château de Versailles.

Philippe opte d'abord pour une carrière dans la magistrature et obtient en 1768 une charge d'avocat général près la chambre des eaux et forêts du parlement de Toulouse[5].

Un de ses oncles, baron de Lapeyrouse, meurt en 1775 et lui lègue sa fortune et son titre. Il se marie, le , avec Magdelaine de Sacaze de Saint Beat, appartenant Ă  une famille de robe, et très bien dotĂ©e. N'ayant plus de soucis d'ordre pĂ©cuniaire, ayant dĂ©missionnĂ© de son poste, face Ă  la dissolution des parlements et la rĂ©forme de l'administration engagĂ©s par RenĂ© Nicolas de Maupeou en 1771, il peut se consacrer dès lors Ă  sa vĂ©ritable passion, l'histoire naturelle. Il fait en 1773 le dĂ©nombrement de ses fiefs nobles et, en 1778, devant les capitouls de Toulouse afin de devenir Ă©lectif. Au dĂ©but de la RĂ©volution française, il doit payer 1 600 francs pour l'impĂ´t sur les riches : il figure donc parmi les plus riches citoyens de la Haute-Garonne.

Picot de Lapeyrouse passe la plupart de son temps à voyager et étudier. Il fait paraître en 1781 sa Description de plusieurs nouvelles espèces d'orthocératites et d’ostracites (Erlangen) qui est consacrée à des coquilles fossiles. Il fait paraître aussi dans les Mémoires de l'Académie de Toulouse diverses communications sur la faune, la flore et les minéraux des Pyrénées. Ses observations ornithologiques sont reprises dans le Dictionnaire des oiseaux, publiée dans le cadre de l'Encyclopédie méthodique. En 1786, il fait paraître un Traité des mines et forges à fer du comté de Foix. Il est aussi correspondant de l'Académie des sciences.

De 1789 Ă  1815

En 1789, il est déjà un naturaliste et minéralogiste connu, membre des Académies des sciences de Stockholm et de Toulouse. Il est chargé de la rédaction des cahiers de doléances de l'ordre de la noblesse de la sénéchaussée de Toulouse[6]. Il est très ouvert aux idées nouvelles. Il est l'auteur, en 1789, de De l'administration diocésaine en Languedoc, pour servir d'instruction aux députés de cette province aux États-Généraux. En 1790, il est nommé président de l'administration du district de Toulouse. En 1806, il est élu mainteneur de l'Académie des Jeux floraux[7]. Il est également garde national et publie la Réclamation de Philippe Picot, président du district de Toulouse.

Mais bien qu’il ait renoncé à toute fonction politique dès 1792, il est arrêté et passe dix-huit mois en prison comme « partisan du fédéralisme et président d'une section fédéraliste ». Libéré après la chute de Robespierre, il reprend ses recherches et devient inspecteur des mines, puis successivement professeur d'histoire naturelle à l'école centrale de Toulouse, à l'école des mines de Paris, et en 1811 à la faculté des sciences de Toulouse, la même année doyen de cette faculté. En 1800, il est nommé maire de Toulouse, fonction qu'il conserve jusqu'en 1806, et il devient le premier président du conseil général de Haute-Garonne. Il est fait baron d'Empire le et chevalier de la légion d'honneur. Il accomplit une œuvre importante en tant que maire.

Son ami Louis Ramond de Carbonnières (1755-1827), spĂ©cialiste en botanique et gĂ©ologie des PyrĂ©nĂ©es centrales, dĂ©cide, en 1797, de mener Ă  bien un projet qui l’habitait depuis longtemps : atteindre le sommet du Mont Perdu (3 355 mètres) pour trancher la controverse qui l'opposait Ă  DĂ©odat Gratet de Dolomieu (1750-1801) et Lapeyrouse sur l' « âge primitif » des calcaires de la chaĂ®ne centrale. L’expĂ©dition comprend une quinzaine de personnes, dont Picot de Lapeyrouse et plusieurs de ses Ă©lèves. Elle trouve de nombreux fossiles mais n’atteint pas le sommet. Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse doit renoncer, car il est affaibli par sa longue dĂ©tention. Le rĂ©cit de l'ascension paraĂ®t en 1797 sous le titre Voyage au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-PyrĂ©nĂ©es.

C’est pour ses cours que Lapeyrouse fait paraître en 1799 ses Tables méthodiques des mammifères et des oiseaux observés dans le département de la Haute-Garonne. Lapeyrouse projette de faire paraître une flore des Pyrénées, mais il ne peut faire éditer qu'une Monographie des saxifrages (1801). C’est une version abrégée qu'il publie en 1813 sous le titre Histoire abrégée des plantes des Pyrénées et Itinéraire des botanistes dans ces montagnes. Après le rétablissement, en 1807, de l'Académie de Toulouse, supprimée en 1792, il en devient le secrétaire perpétuel.

En minéralogie il décrit une espèce, qu'il croit, nouvelle à partir d'échantillon du pic d'Eredliz, et la baptise koupholite inspiré des deux racines grecques : pierre légère. Cette espèce n'est en fait qu'une variété d'habitus de la prehnite en lamelles rhomboïdales[8].

Il est à l’origine de la création du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse.

Après 1815

Le château de Lapeyrouse

Après le retour des Bourbons, étant un ancien député pendant les Cent-jours, il attend 1816 pour se remontrer à Toulouse.

Lapeyrouse est un franc-maçon actif et un ami d'Alexandre Du Mège[9] (1780-1862). Très influencé par Jean-Jacques Rousseau, il fonde tout d'abord la loge Les amis du désert, puis de 1814 à 1818 il est vénérable de la grande loge provinciale de Toulouse[10].

Il décède le en son château de Lapeyrouse (Haute-Garonne), où il faisait des recherches agronomiques et où il introduisit le mouton mérinos. Une part importante de sa bibliothèque se trouve désormais dans les bibliothèques de Toulouse.

Son fils Isidore Picot de Lapeyrouse né en 1776 et décédé en 1835 lui succède à la chaire d'histoire naturelle de la faculté des sciences de Toulouse en 1818. Alors que Jean-François Romieu lui a succédé en tant que doyen de la faculté.

Honneurs

En 1955 le lycée de garçons de Toulouse décide de changer de nom et de prendre celui d’un savant lié à Toulouse, une commission est constituée, et celle-ci propose trois noms : Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse, Émile Cartailhac et Pierre de Fermat (nom qui sera retenu).

Une rue très fréquentée du centre ville de Toulouse porte le nom de Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse.

Deux espèces minérales lui avaient été dédiées, toutes deux déclassées au rang de variétés :

Le nouvel amphithéâtre du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse porte le nom de Picot de Lapeyrouse.

Il existe un Institut des sciences naturelles Picot de Lapeyrouse, rattaché au Muséum de Toulouse.

Ĺ’uvres

  • MĂ©moires d'histoire naturelle : Description de quelques crystallisations. Histoire naturelle du Lagopède. Description de quelques plantes des PyrĂ©nĂ©es (1774-1778)
  • DĂ©scription de plusieurs nouvelles espèces d'orthocĂ©ratites et d'ostracites, Erlang (Allemagne), Wolfgang Walther, 1781 (lire en ligne)
  • TraitĂ© sur les mines de fer et les forges du comtĂ© de Foix (1786)
  • MĂ©moire sur la mortalitĂ© des ormes dans les environs de Toulouse (1787)
  • Histoire des plantes des PyrĂ©nĂ©es (1791)
  • Figures de la flore des PyrĂ©nĂ©es, avec des descriptions (1795)
  • Voyage au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-PyrĂ©nĂ©es (1797)
  • Tables mĂ©thodiques des mammifères et des oiseaux observĂ©s dans le dĂ©partement de la Haute-Garonne (an VII), Toulouse, Douladoure Veuve, 1798-1799 (lire en ligne)
  • Essai sur les avortements, prĂ©sentĂ© et soutenu aux Ă©coles de la SociĂ©tĂ© de mĂ©decine de Toulouse, Dominique Izard et Philippe-Isidore Picot-de-Lapeyrouse, Toulouse, Tislet, 1802-1806 (lire en ligne)
  • Histoire abrĂ©gĂ©e des plantes des PyrĂ©nĂ©es et ItinĂ©raire des botanistes dans ces montagnes (1813), Toulouse, Bellegarrigue F.-G (1818). IllustrĂ© de gravures sur mĂ©tal de Jacques-Bernard Mercadier. (lire en ligne)
  • Notice historique sur M.r Jean Viguerie, chirurgien en chef de l'HĂ´tel-Dieu-Saint Jacques de Toulouse, Toulouse, Bellegarrigue, 1813 (lire en ligne).
  • ConsidĂ©rations sur les lycĂ©es, surtout par rapport aux dĂ©partements (1815) ImprimĂ© par le Conseil gĂ©nĂ©ral de la Haute-Garonne et envoyĂ© aux dĂ©putĂ©s.
  • SupplĂ©ment Ă  l'Histoire abrĂ©gĂ©e des plantes des PyrĂ©nĂ©es, Toulouse, Bellegarrigue F.-G, 1818 (lire en ligne)
  • Extraits de sa correspondance avec D. Villars (1861)

Notes et références

  1. Certaines sources donnent le nom de La Peirouse.
  2. Ou Buissaizon.
  3. Anoblissement de Jacques Picot de Buissaison « en vertu de l'ordonnance du Sénéchal de Toulouse du 17 octobre 1781 », Alfred Jeanroy, Paul Dognon, Antoine Thomas, Annales du Midi, Université de Toulouse, Édouard Privat, 1889, p. 145.
  4. Alphonse Brémond, Nobiliaire toulousain-inventaire général des titres probants de noblesse et de dignité, p. 260.
  5. Ibid., p. 229
  6. Archives de la mairie de Toulouse .
  7. Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, 1902, p. 230
  8. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle Tome 36, Par Charles S. Sonnini p. 379 1851
  9. Site sur le patrimoine historique de la ville de Toulouse
  10. Gde Loge Provinciale de Toulouse

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Raymond, Essai de zoologie, soutenu le 7 fructidor, an X. Thèse sous la prĂ©sidence de Picot-Lapeyrouse.
  • Histoire abrĂ©gĂ©e des plantes des PyrĂ©nĂ©es, et itinĂ©raire des botanistes dans ces montagnes, vol. 2, Impr. de Bellegarrigue, (lire en ligne)
  • Toulouse et son universitĂ©. FacultĂ©s et Ă©tudiants dans la France provinciale du XIXe siècle, par John M. Burney, aux Presses universitaires du Mirail et Éditions du CNRS, 1988
  • Le projet scientifique et architectural de rĂ©novation du musĂ©um d'histoire naturelle, par Georges Larrouy, Communication prĂ©sentĂ©e le devant l'AcadĂ©mie des sciences inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Extrait des mĂ©moires de l'acadĂ©mie des sciences inscriptions et belles-lettres de Toulouse Volume 165 (18e sĂ©rie - Tome IV - 2003)
  • Le LycĂ©e Pierre-de-Fermat 1806-2006, par Elie Acquier, Gilbert Cousteaux, Charles Crouzillac... [et al.] ; sous la direction de Olivier Rauch, aux Ă©ditions Association des anciens Ă©lèves du LycĂ©e Pierre-de-Fermat, 2006
  • Manon Migot, « La collection de cartes Ă  jouer de Philippe Picot de Lapeyrouse : Ă©tude d’une production toulousaine du XVIIIe siècle », Patrimoines du Sud, vol. 12,‎ (lire en ligne)

Liens externes

Lapeyr. est l’abréviation botanique standard de Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse.

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