Perronisme
Un perronisme est au Québec un lapsus produisant une expression loufoque et inédite. Le perronisme combine souvent, de façon malhabile, deux expressions figées pour en créer une nouvelle qui n'a aucun sens. Par exemple « Atteindre la lumière au fond du baril », provient des expressions : « Voir la lumière au bout du tunnel » et « Atteindre le fond du baril ».
Ce terme est lié à la tendance chez Jean Perron, ex-entraîneur des clubs de hockey des Nordiques de Québec et des Canadiens de Montréal, à faire ce genre de lapsus.
Définition et origine
Le terme perronisme tire son origine d'une tendance chez Jean Perron, ancien entraîneur de hockey et commentateur sportif à amalgamer différentes expressions figées, tels des proverbes ou dictons pour en former une nouvelle, jugée fautive[1]. Au Québec, à la suite d'un numéro humoristique reprenant des citations de Jean Perron, André Robitaille fait entrer le terme dans la légende et l'expression est devenue commune. Ainsi, tout le monde peut commettre un perronisme.
Jean Perron œuvre toujours dans les médias, notamment au canal V, où il participe régulièrement à l'émission de sport L'attaque à 5 (anciennement nommée 110 %).
La classe politique
Correspondant du journal Le Devoir à l'Assemblée nationale, Antoine Robitaille adore débusquer les anomalies et les bizarreries de la langue française, surtout celles qui proviennent des politiciens. Dans sa chronique Mots et maux de la politique, il possède une section intitulée « Perles, lapsus, peronneries et perronismes ». On peut y lire des perronismes commis notamment par l'ex-ministre Tony Tomassi, les anciens ministres Jacques P. Dupuis, Nathalie Normandeau, l'ancien premier ministre Jean Charest, etc.
Quelques perronismes
De Jean Perron
- « Ça s'est vendu comme des petits ponchos. »[2]
- « Mettre la charette en avant de la peau de l'ours. »
- « Arriver comme un cheval sur la soupe. »
- « Il a pris la foudre d'escampette. »
- « Je m'en suis rappelé hier comme si ça me serait arrivé demain. »
- « Il n'arrête pas de tourner autour du pot aux roses! »
- « Un gardien de but, ça pleut pas les rues »[3]
- « Je commence à avoir le feu aux poudres. »
- « Ça m'a mis l'astuce à l’oreille... »
- « il se mord le front avec les dents d'en haut »[2]
- « On traversera la rivière quand on sera rendu au bout du tunnel. »
- « C'est vraiment charrié par les cheveux. »
- « L'affaire Lindros se termine en queue de cheval »[2]
- « Il devrait plutôt mettre du vin dans son verre. »
- « Il se met le nez dans l'enfer du mal. »[4]
- « Les Bruins ont enculé le Canadien au pied du mur. »[5]
- « Il doit marcher sur des gants blancs. » Bazzo.tv
- « Les gars sont pas facile à pénétrer. Tu ne peux pas pénétrer ces gars-là. »
Autres exemples
- « Dans cette famille, ils étaient stériles de père en fils. » (Alain Headson)
- « La forêt vierge est une forêt où la main de l’homme n’a jamais mis le pied. » (Claude Farrère) (récupérée ensuite pour le générique de Dans une galaxie près de chez vous)
- « Ne pas y aller avec le dos de la main morte. » (création des journalistes susmentionnés)
- « Il ne faut pas jeter la serviette avant de l'avoir tuée. » (auteur inconnu)
- « Il a commencé à monter sur ses grands cheveux. » (auteur inconnu)
- « Ce n'est pas l'ampoule la plus aiguisée de la boîte. » (auteur inconnu)
- « Le canard est encore chaud. » (prononcé par Jean Pagé, 110 %, 2009-04-22)
- « Rome ne s'est pas construite en criant : "Lapin, je ne boirai pas de ton eau! » (Charles Patenaude, capitaine du fictif vaisseau spatial Romano Fafard de Dans une galaxie près de chez vous)
- « Je voulais voir les Antilles de vive voix. » (prononcé par Bernard Laporte en 2008 alors qu'il était secrétaire d'État chargé des Sports)
- « Il ne faut pas brûler la peau de l'ours avant de l'avoir vendue » (Abdeslam Ouaddou)
- « Il ne faut pas vendre l'ours avant de lui avoir fait la peau. » (auteur inconnu)
- « C'est là que la fatigue entre en ligne de jeu. » (Benoît Brunet pendant le match Canadiens-Bruins du 27 avril 2011)
- « Il faut remettre les pendules à leur place. » (Johnny Hallyday)
- « Il doit se faire des tunes en or. » (Romain Light)
- « La pilule va être amère à avaler » (entendu à la radio de Radio-Canada)
- « J'avais de l'eau dans le toupet »
- « Ça glisse comme du beurre sur le dos d'un canard »
- « Il pleut à boire des cordes »
- « Patience et longueur de temps font que tout vient à point à qui sait attendre »
- « Il pleut à écorner les bœufs »
- « Vous savez que je ne suis pas le genre de gars à me mettre la tête dans l'autruche. » (Gérard Deltell, 6 décembre 2011)
- « Inventer la roue à trois boutons » (Le ministre Sam Hamad, 27 janvier 2016)
- « Tant va la cruche à l'eau que la caravane passe le chien qui se conçoit bien s'énonce clairement que deux tu l'auras. » (François Pérusse, Pérusse Cité S02E03 13:49)
- " Y'a pas l'ombre d'une goutte qui fait déborder la vase" (Nic V & Eric D, période inconnue...)
- « C'est tombé dans l'œuf. » (Nancy Sawyer, 18 mai 2019)
- "La cerise qui a fait déborder le vase" (Geneviève Bérard novembre 2021)
- "La goutte sur le sunday" (Geneviève Bérard novembre 2021)
Livre
Un livre « Les perronismes » a été publié en 2001 et a mené à un procès pour atteinte à la réputation de Jean Perron, et s'est clos par un non-lieu[6].
Références
- Isabelle Violette, « Les français d’ici : du discours d’autorité à la description des normes et des usages, Remysen, Wim (dir.) (2014). Québec, Presses de l’Université Laval coll. « Les voies du français », 358 p. », Minorités linguistiques et société, no 7, , p. 230 (ISBN 978-2-7637-2385-3, ISSN 1927-8632, DOI 10.7202/1036428ar, lire en ligne, consulté le )
- Jean-François Benoît, « Ça s'est vendu comme des petits ponchos », La Presse, .
- [vidéo] Visionner la vidéo sur YouTube.
- [vidéo] Visionner la vidéo sur YouTube.
- Entendu à «L'Attaque à 5, V Télé.
- Zone Aucun thème sélectionné- ICI.Radio-Canada.ca, « L'affaire Perron finit « en queue de cheval » », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
Voir aussi
Article connexe
- Les Yogi-ismes du joueur et gérant de baseball Yogi Berra.