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Participation des employeurs Ă  l'effort de construction

En France, la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC) est un dispositif visant à aider les salariés à se loger grâce à un versement des entreprises. Les sommes collectées permettent soit la construction de logements, soit de verser directement des aides aux salariés, sous forme de prêts ou de cautionnements pour la location.

CrĂ©Ă© durant la Seconde Guerre mondiale (en 1943) sous le nom de « 1 % logement Â», le dispositif a pris le nom d’« Action logement Â» en 2009 puis « Action logement service Â» (ALS).

Historique

Logo d'Action Logement en 2012.

Le « 1 % logement Â» est un système paritaire crĂ©Ă© en 1943 par le patronat et les syndicats du Nord, Ă  l’initiative d’Albert Prouvost, patron de la Lainière de Roubaix. Les avantages ne sont alors pas liĂ©s au contrat de travail. Le système est rendu obligatoire en 1953. Les employeurs exerçant une activitĂ© industrielle ou commerciale et occupant au minimum 20 salariĂ©s doivent investir dans la construction de logements pour leurs salariĂ©s au moins 1 % de la masse salariale ; cet investissement peut se faire directement ou par une cotisation Ă  l'un des 220 comitĂ©s interprofessionnels du logement (CIL) ou Ă  une Chambre de commerce et d’industrie. Les cotisations permettent l’investissement pour la rĂ©servation de logements ou le financement de prĂŞts. Le taux d’assujettissement est progressivement diminuĂ© pour atteindre 0,45 % ; parallèlement, 0,5 % sont affectĂ©s au fonds national d'aide au logement. De plus entre 1995 et 2002, 5 milliards d’euros sont prĂ©levĂ©s par l’État notamment pour financer le prĂŞt Ă  taux zĂ©ro[1].

À la fin des années 1990, de nombreuses interrogations apparaissent sur la PEEC, en particulier à cause de la baisse des taux d’intérêts et des prestations inadaptées. La convention quinquennale du , conclue entre les ministères du logement et du budget et l’Union d’économie sociale du logement (UESL), va profondément réformer la PEEC. En contrepartie de l’arrêt de prélèvements par l’État de ses ressources la PEEC doit financer la rénovation urbaine. De nouvelles prestations sont créées, visant à étendre les aides de la PEEC et à leur donner un caractère plus social.

En 2005, le seuil d’assujettissement passe de 10 à 20 salariés[2].

En 2009 un rapport de la Cour des comptes critique la gestion du PEEC. En rĂ©action le nombre de CIL passe de 109 Ă  25 et le « 1 % logement Â» devient « Action logement Â». La mĂŞme annĂ©e le rapport de l’Agence nationale pour la participation des employeurs Ă  l’effort de construction (ANPEEC) critique les rĂ©munĂ©rations excessives de certains dirigeants de CIL[3]. La loi du de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion rĂ©forme en profondeur la gouvernance du rĂ©seau et les modalitĂ©s d’utilisation des ressources : la nature et les règles d’utilisation des aides distribuĂ©es au titre de la PEEC, sont fixĂ©es par voie rĂ©glementaire, après consultation des partenaires sociaux. Ce cadre rĂ©glementaire a depuis Ă©tĂ© critiquĂ© pour sa rigiditĂ© par les partenaires sociaux, dĂ©nonçant un pouvoir de dĂ©cision unilatĂ©ral de l’État sur la PEEC contraire au principe de gouvernance paritaire de cette dernière. Plusieurs recours ont Ă©tĂ© faits contre les dĂ©crets et arrĂŞtĂ©s pivots de la PEEC, par l’UESL et d’autres acteurs (USH)[4].

La loi du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rĂ©novĂ© crĂ©e l’Agence nationale de contrĂ´le du logement social pour succĂ©der Ă  la mission interministĂ©rielle d’inspection du logement social (MIILOS) chargĂ©e du contrĂ´le du logement social, et Ă  l’ANPEEC. La loi prĂ©voit le retour Ă  une contractualisation entre l’État et Action logement en matière de gestion de l’emploi des fonds issus de la PEEC et renomme l’Union d’économie sociale du logement en Union des entreprises et des salariĂ©s pour le logement[5]. L’ordonnance du rassemble l’UESL et les CIL dans un groupe unique nommĂ© « Action Logement Â»[6].

Le gouvernement ponctionne rĂ©gulièrement Action Logement pour financer son budget. Ainsi, 500 millions d'euros ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s en 2019, et 1,3 milliard d'euros en 2020[7]. La Loi relative Ă  la croissance et la transformation des entreprises relève de vingt Ă  cinquante salariĂ©s le seuil d’assujetissement Ă  la PEEC. Une rĂ©forme devrait ĂŞtre proposĂ©e par le Gouvernement en 2021[8].

Depuis le 15 juillet 2020, Action Logement a mis en place sa plateforme locative entièrement digitale. Avec AL'in[9], l'usager peut suivre les logements sociaux disponibles à proximité et postuler directement dans l'outil. Si la commission d'attribution lui attribut le logement, il en sera directement notifié.

Fonctionnement

Ressources

Les employeurs privés non agricoles occupant au moins cinquante salariés doivent verser 0,45 % au moins du montant de leur masse salariale pour financer des d’actions dans le domaine du logement, en particulier du logement des salariés, soit via un organisme agréé, soit directement[10].

Ressources de la PEEC en 2016, en millions d’euros[11]
Collecte 1 581
Retours sur les prêts aux ménage et bailleurs 1704
Compensation État 133
Ressources totales 3 418

Emplois

Les fonds de la PEEC sont destinées :

  • Ă  des aides Ă  des personnes physiques pour leurs projets d’accession Ă  la propriĂ©tĂ©, de rĂ©habilitation de leur logement, d’accès au logement locatif, de changement de logement ou de maintien dans celui-ci ;
  • au soutien Ă  la construction, Ă  la rĂ©habilitation et Ă  l’acquisition de logements locatifs sociaux ainsi qu’à la production de logements locatifs intermĂ©diaires ou de logements destinĂ©s Ă  l’accession sociale Ă  la propriĂ©tĂ© ;
  • Ă  des interventions Ă  caractère très social dans le domaine du logement, notamment sous la forme d’opĂ©rations relatives au logement ou Ă  l’hĂ©bergement des personnes dĂ©favorisĂ©es et de dĂ©penses d’accompagnement social ;
  • Ă  la mise en Ĺ“uvre du programme national de rĂ©novation urbaine et du nouveau programme national de renouvellement urbain ;
  • Ă  la mise en Ĺ“uvre du programme national de requalification des quartiers anciens dĂ©gradĂ©s ainsi qu’au soutien Ă  l’amĂ©lioration du parc privĂ© ;
  • Ă  la participation Ă  des actions de formation, d’information ou de rĂ©flexion dans le domaine du logement et de la politique de la ville menĂ©es par des organismes agrĂ©Ă©s par l'État ;
  • au versement de compensations Ă  des organismes d’assurance qui proposent des contrats d’assurance contre les impayĂ©s de loyer[12].
Emplois de la PEEC en 2016, en millions d’euros[11]
Financement des bailleurs sociaux 1484
Intervention et aides auprès des salariés des entreprises 887
Financement des politiques publiques 1109
Foncière logement 52
Bonification prĂŞts CDC 300
Subventions aux politiques nationales 1 227
Financement fonctionnement APAGL 5
Emplois totaux 3 837

Concours aux personnes physiques

Les aides suivantes peuvent être proposées aux personnes physiques[13] :

Pour les locataires :

  • Offre de logements locatifs
  • Avance « loca-pass Â»
  • Garantie « Visale Â»

Pour les propriétaires :

  • PrĂŞt pour acquisition dans l’ancien sans travaux
  • PrĂŞt pour construction ou acquisition dans le neuf

Pour les salariés en difficulté :

  • PrĂŞt pour allègement temporaire de quittance
  • PrĂŞt « sĂ©curi-pass Â»
  • PrĂŞt pour refinancement de prĂŞt immobilier plus onĂ©reux
  • PrĂŞts pour rachat de logement d’accĂ©dant en difficultĂ©
  • « CIL-pass assistance Â»

Pour les bailleurs :

  • garantie risques locatifs
  • PrĂŞt pour travaux d’amĂ©lioration
  • Garantie Visale

Pour les salariés en mobilité professionnelle :

  • « CIL-pass mobilitĂ© Â»
  • Aide mobili-jeune
  • Aide mobili-pass
  • PrĂŞt relais mobilitĂ©

Concours aux personnes morales

Chacun des vingt-trois CIL permet le financement et la production de logements locatifs via des prĂŞts et subventions[14] :

Concours aux politiques nationales

La PEEC permet de subventionner [14] :

Gouvernance

L’agence nationale de contrôle du logement social (ANCOLS) est un établissement public à caractère administratif chargé d’une mission de contrôle et d’évaluation relative au logement social et à la participation des employeurs à l'effort de construction[15].

  1. Action Logement Groupe est une association loi de 1901 qui représente les partenaires sociaux. Elle a pour rôle de conclure la convention quinquennale avec l’État et de fixer la stratégie de la PEEC[16].
  2. Action Logement Services est une société par actions simplifiée, ayant pour associé unique Action Logement Groupe. Elle a pour mission d’assurer la collecte de la PEEC et de distribuer les emplois[17].
  3. Action Logement Immobilier est une société par actions simplifiée, ayant pour associé unique Action Logement Groupe. Elle a pour mission de gérer l’ensemble des filiales immobilières[18], dont les entreprises sociales pour l'habitat.

Participation des employeurs agricoles Ă  l'effort de construction

Un dispositif équivalent existe pour les salariés agricoles ; il est financé par un versement de 0,45 % de la masse salariale par les employeurs occupant au minimum 50 salariés agricoles[19].

Communication

Activité de lobbying en France

Pour l'annĂ©e 2017, Action Logement dĂ©clare Ă  la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique exercer des activitĂ©s de lobbying en France pour un montant qui n'excède pas 50 000 euros[20].

Notes et références

  1. Cour des Comptes 2006, p. 310 I - A - Le « 1 % » des origines.
  2. Cour des Comptes 2006, p. 311 I - B - Le tournant de la convention de 1998
  3. Cyrille Lachèvre, « Le 1 % logement maintient le cap de sa réforme », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  4. « Projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, étude d’impact », sur legifrance.gouv.fr.
  5. Article 123 de la loi no 2014-366 du pour l'accès au logement et un urbanisme rénové.
  6. Loi no 2016-719 du habilitant le Gouvernement à adopter des mesures relevant du domaine de la loi pour simplifier et rationaliser l'organisation de la collecte de la participation des employeurs à l'effort de construction et la distribution des emplois de cette participation, ordonnance no 2016-1408 du relative à la réorganisation de la collecte de la participation des employeurs à l'effort de construction.
  7. « Le gouvernement veut prélever un milliard d'euros chez Action Logement », sur www.20minutes.fr,
  8. Elise Le Berre, « Réforme d’Action Logement : un acquis du pacte social à préserver », sur www.publicsenat.fr,
  9. Demande de logement, « AL in Action Logement - Recherche de logement locatif pour salariés », sur Demande de logement (consulté le )
  10. Article L313-1 du Code de la construction et de l'habitation.
  11. « Nos chiffres clés », sur actionlogement.fr (consulté le ).
  12. Article L313-3 du Code de la construction et de l'habitation.
  13. « Nos activités », sur actionlogement.fr (consulté le ).
  14. « Projet de loi habilitant le Gouvernement à légiférer pour simplifier et rationaliser l'organisation de la collecte de la participation des employeurs à l'effort de construction et la distribution des emplois de cette participation », sur Sénat, .
  15. Article L342-1 du Code de la construction et de l'habitation.
  16. Article L342-18 et suivants du Code de la construction et de l'habitation.
  17. Article L342-19 et suivants du Code de la construction et de l'habitation.
  18. Article L342-20 et suivants du Code de la construction et de l'habitation.
  19. Article L716-2 du Code rural et de la pĂŞche maritime.
  20. « ACIFTE », sur HATVP (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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