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Parlement anglais de 1563

Le Parlement de 1563 est le deuxième parlement du règne d'Élisabeth Ire, reine d'Angleterre depuis . La reine proclame en sa convocation, ce qui entraîne des élections législatives durant la fin de l'année. Ce parlement siège du au , sur deux sessions[1].

Richard Onslow, président de la Chambre des communes pour la seconde session de ce parlement en 1566.
William Cecil, le principal ministre de la reine.

Composition

La Chambre des lords rassemble la noblesse de la pairie d'Angleterre et les représentants du clergé de l'Église d'Angleterre nouvellement rétablie. La Chambre des communes est composée de représentants des bourgs et des comtés, élus par de riches propriétaires au suffrage censitaire masculin. Environ un tiers des députés élus à ce parlement de 1563 avaient siégé également au parlement précédent en 1559. Sir William Cecil, le principal ministre de la reine, siège comme député du Northamptonshire, et mène les discussions à la Chambre des communes quant aux divers projets de loi que la reine souhaite voir adoptés[1].

1re session (1563)

La cĂ©rĂ©monie d'ouverture du Parlement a lieu le . La jeune reine s'adresse aux membres des deux chambres rĂ©unies, leur exposant les raisons de leur convocation. Elle souhaite, dit-elle, qu'ils consolident l'ancrage de la foi anglicane dans la sociĂ©tĂ© anglaise, Ă  la suite des lois dites du « Règlement Ă©lisabĂ©thain Â» qu'ils ont adoptĂ©es en 1559 pour le rĂ©tablissement de l'Église anglicane et la règlementation du culte. Elle demande par ailleurs que soit accordĂ© Ă  la Couronne un budget « pour la sĂ»retĂ© de ce royaume Â», Ă©voquant le coĂ»t des mesures prises pour dĂ©fendre la frontière anglo-Ă©cossaise contre des incursions d'Écossais. Enfin, elle enjoint aux lords et aux dĂ©putĂ©s de lĂ©gifĂ©rer peu, vite et bien, afin que la session puisse rapidement ĂŞtre conclue[1].

Les dĂ©putĂ©s Ă©lisent l'avocat et dĂ©putĂ© de l'Exeter Thomas Williams Ă  la prĂ©sidence de la Chambre des communes. PlutĂ´t que se pencher sur les prioritĂ©s Ă©noncĂ©s par la reine, la Chambre des communes nomme immĂ©diatement une commission parlementaire et la charge de rĂ©diger une pĂ©tition demandant Ă  Élisabeth de se marier. La reine a en effet failli succomber Ă  la variole peu de temps avant, alors qu'elle n'a pas d'hĂ©ritier ; la presser de se marier est donc un enjeu pour la stabilitĂ© du rĂ©gime et du royaume. Cette commission, qui inclut les huit membres du Conseil privĂ© de la reine (donc ses ministres), rĂ©dige une pĂ©tition qui est adoptĂ©e par la Chambre et prĂ©sentĂ©e sans succès Ă  Élisabeth dès le . Le 1er fĂ©vrier, la Chambre des lords lui soumet une pĂ©tition similaire, la suppliant de prendre des mesures quant Ă  sa succession au cas oĂą « Dieu rappellerait Ă  lui Votre MajestĂ© sans qu'un hĂ©ritier n'ait Ă©tĂ© issu de votre corps Â» - sans plus de succès[1].

Dans le mĂŞme temps, Sir William Cecil obtient de la Chambre des communes la mise en place d'une commission parlementaire qui propose, avec succès, le vote d'un budget Ă  accorder Ă  la Couronne. Le gouvernement fait adopter un ensemble de lois « sociales et Ă©conomiques Â» :

  • une loi (Act For the Relief of the Poor 1563) qui punit d'une amende les personnes qui refuseraient de participer au financement de l'aide paroissiale aux « pauvres mĂ©ritants Â», c'est-Ă -dire aux personnes dĂ©sireuses de travailler mais trop malades ou trop âgĂ©es pour pouvoir le faire ;
  • la loi Statute of Artificers 1563 qui rĂ©gule et restreint les salaires des employĂ©s (rĂ©ponse Ă  la pĂ©nurie de main-d'Ĺ“uvre qui a gĂ©nĂ©rĂ© une augmentation des salaires), rĂ©gule les apprentissages et rĂ©serve certaines professions commerciales aux personnes bien nĂ©es ;
  • la loi Tillage Act 1563 qui interdit l’enclosure des terres arables, et plus prĂ©cisĂ©ment leur conversion en pâturages. Cette loi rĂ©pond Ă  la colère de travailleurs ruraux pauvres exclus des terres de riches propriĂ©taires qui souhaitent les rendre davantage profitables en les convertissant en pâturages[1].

Le Parlement dĂ©bat de propositions touchant Ă  la pratique de la religion, et accepte -après d'âpres dĂ©bats dans les deux chambres- la crĂ©ation d'une obligation faite aux dĂ©putĂ©s de prĂŞter serment d'allĂ©geance Ă  la reine en sa qualitĂ© spĂ©cifiquement de gouverneur suprĂŞme de l'Église d'Angleterre. Ils rejettent toutefois plusieurs autres mesures de rĂ©gulation du culte anglican. La reine suspend le Parlement le , sans toutefois le dissoudre[1]. Durant cette mĂŞme pĂ©riode, une assemblĂ©e de l'Église d'Angleterre Ă©nonce en 1563 les « Trente-neuf articles Â» qui prĂ©cisent la doctrine de l'anglicanisme.

2de session (1566)

Le Parlement siège à nouveau à partir du . Thomas Williams étant décédé, la Chambre des communes confie sa présidence à l'avocat Richard Onslow, député de Steyning et récemment nommé Avocat général pour l'Angleterre et le pays de Galles par la reine[1]. Comme le veut la tradition, il prononce un discours arguant contre sa propre élection, et y souligne que sa fonction d'Avocat général (et donc de membre du gouvernement) est incompatible avec l'exercice impartial de la présidence de la Chambre. Il demande et obtient, chose rare, qu'un vote formel ait lieu ; les députés l'élisent par quatre-vingt-deux voix contre soixante-dix[2].

Une fois de plus, les parlementaires des deux chambres ont pour prioritĂ© la pĂ©rennisation du rĂ©gime. La reine, cĂ©libataire, est de santĂ© fragile, tandis qu'en Écosse vient de naĂ®tre James Stuart, hĂ©ritier du trĂ´ne d'Écosse. Le dĂ©putĂ© Robert Bell est le principal agitateur qui incite le Parlement Ă  formuler une loi de succession Ă  la Couronne d'Angleterre ; certains de ses pairs proposent que le Parlement devrait refuser d'accorder un budget Ă  la reine tant qu'elle n'aura pas consenti Ă  rĂ©gler cette question. Des membres des deux chambres se concertent pour dĂ©cider de la meilleure façon de presser la reine. Élisabeth intervient alors et interdit au Parlement de poursuivre de telles discussions. Pour les rassurer, elle affirme qu'elle compte se marier sans trop tarder. Plusieurs dĂ©putĂ©s, dont notamment le puritain Paul Wentworth, William Lambarde ou encore James Dalton refusent de se taire, faisant valoir le droit des dĂ©putĂ©s Ă  la libertĂ© d'expression. Élisabeth consent Ă  leur reconnaĂ®tre cette libertĂ©, et obtient en Ă©change le vote de subsides Ă  la Couronne. S'Ă©tant avĂ©rĂ© peu productive, cette seconde session du parlement est suspendue par la reine le , et le parlement est dissous le [1]. Ă€ sa dissolution, le prĂ©sident Richard Onslow agace la reine en prononçant un discours l'appelant une fois de plus Ă  se marier, comme le souhaitent les parlementaires. Exprimant ses convictions puritaines, il ajoute qu'il est du devoir du monarque de dĂ©barrasser l'Église de tout cĂ©rĂ©monial superflu et « contraire Ă  la parole de Dieu Â», et ce alors qu'Élisabeth considère que la question de la doctrine de l'Église est dĂ©jĂ  rĂ©glĂ©e. Il rappelle enfin que les prĂ©rogatives du souverain, bien qu'importantes, ne lui permettent pas d'« agir selon son bon plaisir Â» en dehors du cadre de la common law, « fondĂ©e sur les lois de Dieu et de la nature Â»[2]. Ce n'est qu'en 1571 que la reine convoquera un nouveau parlement.

Voir aussi

Notes

  1. (en) "Parliament of 1563", History of Parliament
  2. (en) "ONSLOW, Richard (1527/28-71)", in S.T. Bindoff (Ă©d.), The History of Parliament: the House of Commons 1509-1558, 1982
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