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Paradoxe probabiliste

Les paradoxes probabilistes sont les problèmes de la théorie des probabilités largement contre-intuitifs ou tout simplement présentant différents résultats selon l'interprétation que l'on fait de l'énoncé parmi plusieurs possibilités légitimes ou non (dans ce dernier cas, le mot paradoxe est un abus de langage).

Simples résultats contre-intuitifs

C'est le cas du paradoxe des anniversaires : croire que les probabilités obéissent à des lois linéaires conduit à la réponse 180, alors que la bonne réponse semble ridiculement faible.

Énoncés ambigus

Le paradoxe de Bertrand pose une question dans laquelle l’expression Â« au hasard Â» peut dĂ©signer plusieurs mĂ©thodes de tirage diffĂ©rentes, et conduisant Ă  des rĂ©sultats contradictoires.

Utilisation implicite d'une probabilité conditionnelle

Les paradoxes de cette catégorie sont des problèmes relativement simples avec une approche rigoureuse mais où l'intuition conduit à des résultats aberrants.

On peut les classer ainsi, du moins au plus disputé :

Dans le cas des trois pièces de monnaie, il est facile de faire soi-même le calcul global pour constater qu'il n'y a qu'une chance sur quatre et non sur deux pour tirer trois pièces du même côté. En revanche corriger le raisonnement fallacieux donnant la réponse 1/2 est plus délicat.

Le paradoxe des prisonniers apparaît assez immédiatement comme une manipulation : il est assez visible qu'une simple question ne peut pas augmenter les chances de survivre quelle que soit la réponse.

Dans le cas des deux enfants, l'énoncé devient assez ambigu et on hésite à employer les probabilités conditionnelles. Surtout, le raisonnement correct est presque toujours faux dans la vie courante.

Le cas de Monty Hall est un sujet de disputes rĂ©currentes : les raisonnements prĂ©sentĂ©s sautent si souvent des Ă©tapes qu'il est possible de les critiquer. Le rĂ©sultat correct est d'autant plus ardu Ă  comprendre qu'il repose en fait sur l'agissement pervers d'un tiers, le prĂ©sentateur.

Le problème de la Belle au bois dormant repose en fait sur la difficulté à savoir quelles options distinguer comme équiprobables quand il y a plusieurs embranchements.

Il y a des similaritĂ©s entre les raisonnements fallacieux employĂ©s : par exemple dans le cas des pièces de monnaie, il est lĂ©gitime de dire que si deux pièces prĂ©sentent un mĂŞme cĂ´tĂ©, une troisième a une chance sur deux de prĂ©senter le mĂŞme. Sauf si on a sĂ©lectionnĂ© quelle serait la troisième pièce prĂ©cisĂ©ment pour que les deux autres vĂ©rifient la propriĂ©tĂ©. Le biais est donc d'avoir oubliĂ© que le choix de la troisième pièce n'a peut-ĂŞtre pas Ă©tĂ© fait au hasard, et que cette question change tout.

De la mĂŞme manière, si une famille comporte deux enfants et prĂ©sente un garçon, on peut penser que l'autre enfant a une chance sur deux d'ĂŞtre un frère. Sauf si l'enfant prĂ©sentĂ© a Ă©tĂ© choisi prĂ©cisĂ©ment parce que c'est un garçon, situation qui ne survient que dans le cadre de ce problème. De mĂŞme, dans les problèmes des prisonniers ou de Monty Hall, on oublie que le prĂ©sentateur ou le gardien devait obligatoirement faire une rĂ©vĂ©lation correspondant Ă  un cas « perdant Â» (qui existe toujours) : rien n'a changĂ© pour la porte initiale ni le prisonnier questionneur.

Une autre manière d'obtenir des faux résultats est de faire oublier le cheminement menant à la situation finale. D'où la réponse 1/2 dans le cas de Monty Hall ou de la Belle au bois dormant, qui tombe si l'on trace un arbre représentant les événements successifs.

Il est important de signaler que les solutions ayant fini par s'imposer ne sont pas basĂ©es sur l'argument d'autoritĂ© mais sur la vĂ©rification des arguments proposĂ©s : si les mauvaises rĂ©ponses spontanĂ©es de la majoritĂ© des gens semblent placer les problèmes Ă  un très haut niveau, un arbre de probabilitĂ© suffit gĂ©nĂ©ralement Ă  faire apparaĂ®tre la bonne solution.

Les autres difficultés sont liées à la difficulté à percevoir les probabilités comme faisant référence à des informations et non à la réalité physique, et à celle d'évaluer la probabilité subjective dans une situation donnée.

La maĂ®trise des probabilitĂ©s conditionnelles et de la formule de Bayes demande de la rigueur. En effet, la connaissance d’un Ă©vĂ©nement peut complètement changer la probabilitĂ© d’un autre Ă©vĂ©nement. Jean-Paul Delahaye[1] parle d’« anamorphoses probabilistes » ou plus simplement d’effets de filtre ou de loupe sur un ensemble d’évĂ©nements Ă  dĂ©limiter de façon claire. Il range le problème de la Belle au bois dormant et l'argument de l'apocalypse dans ce cas. Philippe Gay et Édouard Thomas [2] parlent d'un effet de pondĂ©ration pour l'argument de l'apocalypse.

Popularité

Les problèmes dĂ©crits prĂ©cĂ©demment ont fait l'objet de dĂ©bats assez acharnĂ©s, et les nĂ©ophytes comme les mathĂ©maticiens professionnels ont souvent Ă©tĂ© piĂ©gĂ©s par un de ces problèmes, ou bien par des variantes (surtout, il est facile de proposer des variantes telles qu'on suppose intuitivement le rĂ©sultat identique alors qu'il est diffĂ©rent). Surtout, les problèmes de Monty Hall et de la Belle au bois dormant font encore l'objet de dĂ©bats acharnĂ©s sur Internet (malgrĂ© la confirmation expĂ©rimentale pour le Monty-Hall), au point que les nĂ©ologismes « halfer Â» (« demiste Â») et « thirder Â» (« tieriste Â») ont Ă©tĂ© inventĂ©s pour dĂ©signer les dĂ©fenseurs de chaque rĂ©ponse. 

Notes et références

  1. Jean-Paul Delahaye ; La Belle au bois dormant, la fin du monde et les extraterrestres. Pour la science. N° 309. Juillet 2003.
  2. Philippe Gay et Édouard Thomas, DĂ©tournements de Bayes, Tangente, n° 136, septembre-octobre 2010

Voir aussi

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