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Parade (ballet)

Parade est un ballet en un acte de la compagnie des Ballets russes dirigés par Serge de Diaghilev. Il s'agit d'une œuvre collective de commande, écrite par Jean Cocteau, sur une musique d'Erik Satie, chorégraphié par Léonide Massine et scénographié (décors, costumes et rideau de scène) par Pablo Picasso. L'œuvre est inspirée par le tableau Parade de cirque de Georges Seurat. Le ballet est créé le au théâtre du Châtelet à Paris.

Parade
Image illustrative de l’article Parade (ballet)
Partition de piano du ballet Parade

Genre Danse moderne
Chorégraphe Léonide Massine
Musique Erik Satie
Interprètes Ballets russes dont :
Maria Chabelska et Nicolas Zverev
Scénographie Pablo Picasso
Texte Jean Cocteau
Langue originale français
Création
Théâtre du Châtelet, Paris
Versions successives
Représentations notables

Historique

Dans les années 1910, Jean Cocteau présente l'idée du projet d'une nouvelle œuvre à Serge de Diaghilev, avec lequel il avait déjà participé à la création de ballets. En 1915, Jean Cocteau rend visite à son ami Pablo Picasso auquel il propose de réaliser les décors du ballet. En 1916, Erik Satie compose la musique et, début 1917, Cocteau organise une réunion avec Léonide Massine, le chorégraphe, et Diaghilev.

La conception est réalisée du au entre les représentations que les Ballets russes donnent à Rome[1], capitale alliée où le service de propagande du ministère des Affaires étrangères français détache Jean Cocteau[2]. Celui-ci décide son ami Pablo Picasso de le suivre à Rome où le peintre réalise un rideau de scène inspiré du style et des thèmes d'Irène Lagut et fait la rencontre de la danseuse Olga Khokhlova. Cette rupture romaine, loin de la guerre, annonce les années folles et constitue un moment de libération et de réinvention tant pour Cocteau que pour Picasso[1].

Parade est créé par les Ballets russes de Serge de Diaghilev le au théâtre du Châtelet à Paris sous la direction musicale d'Ernest Ansermet. Les interprètes principaux sont Léonide Massine, Maria Chabelska et Nicolas Zverev. Son argument évoque une parade comme on en voyait jadis dans le théâtre de la foire. L'univers poétique opposé à la brutalité du monde moderne constitue un parti pris de légèreté en pleine Première Guerre mondiale. Guillaume Apollinaire, dans la note de programme qu'il rédige pour Diaghilev, qualifie ce spectacle de « sur-réaliste »[3].

La première représentation a déclenché l'hostilité du public et de la critique, notamment parce que l'orchestre comprenait aussi une machine à écrire, un bouteillophone (série de bouteilles contenant des quantités différentes de liquide), un pistolet et des sirènes. La musique fut traitée de « bruit inadmissible » par les plus conservateurs. Les costumes furent jugés beaucoup trop grands et, selon certains critiques, cassaient la gestuelle du ballet.

Satie s’agace de la critique désobligeante de Jean Poueigh, qui parle d'« outrag[e] au goût français » et qui était pourtant venu lui présenter ses félicitations en loge ; Satie lui envoie alors sur une carte postale : « Monsieur et cher ami, vous n'êtes qu'un cul, mais un cul sans musique »[4]. Cela vaut à Satie une forte condamnation qui est suspendue par un accord à l'amiable grâce à l'entregent de diverses personnalités[4], mais consolide sa réputation[5].

Rideau de scène

Il s'agit d'une peinture sur un rideau de Pablo Picasso faisant 10,5 Ă— 16,4 mètres et pesant 45 kg. Il reprĂ©sente un groupe de saltimbanques festoyant entourĂ© de grands rideaux rouges avec, sur la gauche, un cheval ailĂ© lui-mĂŞme surmontĂ© d'une jeune femme ailĂ©e. Ă€ l'arrière-plan est figurĂ©e une ruine dans un bosquet.

Le projet initial de l'artiste était de se représenter lui-même sur le cheval[6].

Version de Preljocaj

En 1993, à la demande de l'opéra Garnier, le chorégraphe français Angelin Preljocaj crée sa propre version de Parade en s'inspirant au plus près du ballet historique sur des décors d'Aki Kuroda et des costumes d'Hervé Pierre (styliste de chez Balmain) et toujours dansé sur la musique de Satie[7]. Cette version s'inscrit dans une soirée hommage aux Ballets russes où Preljocaj associe à Parade ses versions du Spectre de la rose et de Noces.

Notes et références

  1. Isabel Violante, « Parade à Rome, la Dolce Vita en 1917 », Dossier « L'autre front / Il fronte interno. Art, culture et propagande dans les villes italiennes de l'arrière (1915-1918) », sur journals.openedition.org, Cahiers de la Méditerranée, Nice, (consulté le ), p. 81-90.
  2. (en) J. Richardson, « Portraits of a marriage », Vanity Fair, décembre 2007.
  3. Bruno Giner, Erik Satie. Parade : chronique épistolaire d'une création, Paris, Berg International, 2013, p. 8.
  4. Vincent Lajoinie, Erik Satie, Ă©ditions L'Ă‚ge d'Homme, , 443 p. (ISBN 978-2-8251-3228-9, lire en ligne), p. 182-185
  5. Roselee Goldberg, chap. « Le surréalisme : Les représentations pré-Dada à Paris », in L'univers de l'art, Thomas & Hudson (ISBN 978-2-87811-380-8).
  6. A. Yacob, « Parade ou le plus grand Picasso du monde », Dossier de l'art hors-série no 16 1917, juin 2012, pp. 8-11.
  7. Angelin Preljocaj et les Ballets russes, émission Musiques au cœur du 24 avril 1993 sur le site de l'INA.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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