PĂœla
PĂœla (grec moderne : Î Ïλα ; turc : Pile) est un village du district de Larnaca, Ă Chypre. Il est situĂ© au bord de la mer MĂ©diterranĂ©e, dans la baie de Larnaca, et son territoire est habitĂ© depuis longtemps, avec notamment un site archĂ©ologique datant de lâĂąge du bronze. Il est devenu l'un des rares villages situĂ©s Ă©galement dans la zone tampon des Nations Unies.
Nom officiel |
(el) Î Ïλα |
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Nom local |
(el) Î Ïλα |
Pays | |
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District | |
Partie de | |
Baigné par | |
Superficie |
28,34 km2 |
Altitude |
60 m |
Coordonnées |
35° 00âČ 17âł N, 33° 41âČ 21âł E |
Population |
2 771 hab. () |
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Densité |
97,8 hab./km2 () |
Statut |
Village de Chypre (d) |
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Chef de l'exécutif |
Simos Mitides (d) (depuis le ) |
Membre de |
Union des communautés de Chypre (d) |
Code postal |
7080, 7081 |
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Site web |
(el + en) www.pyla.com.cy |
Localisation géographique
PĂœla est situĂ© dans la partie orientale de l'Ăźle, au bord de la mer MĂ©diterranĂ©e, dans la baie de Larnaca, Ă cĂŽtĂ© de la zone de souverainetĂ© britannique de Dhekelia, base militaire souveraine des forces armĂ©es britanniques.
Histoire
PĂœla est l'un des plus anciens villages de Chypre. Des fouilles ont rĂ©vĂ©lĂ© que son territoire bĂ©nĂ©ficie dâun peuplement significatif dĂšs la fin de lâĂąge du bronze[1]. Plusieurs implantations d'habitats et des tombes ont Ă©tĂ© identifiĂ©es[2]. Des habitations, des activitĂ©s artisanales et des fortifications ont Ă©tĂ© mises au jour sur le site archĂ©ologique de PĂœla-Kokkinokremnos, construites vers la fin du XIIIe siĂšcle av. J.-C. et abandonnĂ©es au cours du premier quart du XIIe siĂšcle av. J.-C. Le caractĂšre temporaire de cette implantation, lâarchitecture dĂ©fensive autour de ces constructions, proche de celle de sites Ă©gĂ©ens ainsi que les artefacts trouvĂ©s sur place, comprenant des cĂ©ramiques minoennes, mycĂ©niennes, sardes, levantines et anatoliennes, ont attirĂ© lâattention des archĂ©ologues sur cette zone[3] - [4] - [5]. Des questions se posent Ă©galement sur les raisons ayant conduit Ă lâabandon de cette implantation, qui pourraient ĂȘtre liĂ©s Ă des changements politiques Ă lâorigine de certaines rĂ©cits homĂ©riques et bibliques[6].
Sur les pĂ©riodes postĂ©rieures Ă lâĂąge du bronze, dâautres Ă©lĂ©ments ont Ă©tĂ© Ă©galement mis au jour. Des tombes de la pĂ©riode hellĂ©nistique et classique ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes. Un temple dâApollon a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1868 par le consul anglais (et archĂ©ologue amateur) Robert Hamilton Lang (en)[2].
A lâintĂ©rieur du village, se dresse une tour mĂ©diĂ©vale, avec pont-levis, datant de lâĂ©poque des Lusignan, bien quâelle soit appelĂ©e la tour des VĂ©niciens. Cet Ă©difice, de 3,3 m sur 7,2 m de surface au sol, sur 3 Ă©tages, est probablement une tour de guet appartenant au dispositif de surveillance des cĂŽtes[1] - [7].
En 1960, lâindĂ©pendance de Chypre est acquise mais les Chypriotes concĂšdent Ă la Grande-Bretagne, qui occupe lâĂźle depuis 1878, le droit dây conserver une base militaire souveraine sur 256 km2 sur deux pĂ©rimĂštres, lâun Ă Dhekelia, sur un territoire contiguĂ« Ă PĂœla, et lâautre Ă lâouest de Limassol[8].
De mi-juillet Ă mi-, le dĂ©barquement de troupes turques sur l'Ăźle aboutit Ă un front, entre la garde nationale chypriote et lâarmĂ©e turque, Ă©tendu dâest en ouest, Ă travers la plaine de la MĂ©sorĂ©e, la plaine mĂ©diane de lâĂźle. Un cessez-le-feu est obtenu en par des intermĂ©diaires mandatĂ©s par les Nations unies[8].
Quatre villages, Pyla, Athienou, Troulloi et Deneia, sont inclus dans la zone tampon mise en place par lâONU en 1974. Mais PĂœla, du fait de la proximitĂ© de la base militaire anglaise, est restĂ©e la seule localitĂ© appartenant Ă cette zone tampon et ayant une population mixte, avec Ă lâĂ©poque environ 400 Chypriotes turcs et 800 Chypriotes grecs (les autres villages nâont quâune population de Chypriotes grecs). PlacĂ© sous contrĂŽle de la force des Nations unies chargĂ©e du maintien de la paix Ă Chypre (lâUNFICYP), ce village est demeurĂ© pendant plus de vingt ans un point de passage tolĂ©rĂ© entre les deux parties de Chypre, avec des Ă©changes Ă©conomiques dâintĂ©rĂȘt local sur diverses marchandises, et pour la main dâĆuvre chypriote turque travaillant pour des entreprises chypriotes grecques[8].
Les incidents sont rares mais peuvent ĂȘtre meurtriers. En 1988, un Chypriote turc qui tient Ă Ă©difier une clĂŽture pour son troupeau au sein de la zone tampon, tire avec un fusil de chasse en direction de militaires de l'ONU, qui veulent le contraindre Ă arrĂȘter cette mise en place. Il blesse lâun des deux militaires griĂšvement et est abattu par le tir de riposte[9]. En 1996, trois Chypriotes grecs sont tuĂ©s, dont une sexagĂ©naire chypriote grecque, militante ultra-nationaliste originaire de PĂœla. Manifestations et contre-manifestations se succĂšdent ensuite et une centaine de Chypriotes turcs du village sont remerciĂ©s par leurs employeurs du sud[10]. AprĂšs les incidents de 1996, les Ă©changes se rarĂ©fient mais des filiĂšres subsistent encore[8]. Depuis, les communautĂ©s coexistent, chacune ayant son maire, son lieu de culte, son coiffeur, son cafĂ©, et son Ă©quipe de football[11] - [12] - [13]. La situation juridique de la commune, qui relĂšve thĂ©oriquement de la souverainetĂ© de la RĂ©publique de Chypre, mais avec une autoritĂ© exercĂ©e par les Forces des Nations unies, crĂ©e sur des sujets tels que le prĂ©lĂšvement de lâeau dans les nappes phrĂ©atiques, par exemple, ou le tracĂ© d'une route, une situation particuliĂšre pour les habitants[8].
Ătymologie
Le nom "PĂœla" provient du mot grec "ÏÏλη" (entrĂ©e), probablement parce que c'Ă©tait le point d'entrĂ©e Ă la plaine de la MĂ©sorĂ©e, en venant de la baie de Larnaca[2].
Personnalités liées à la commune
- Ănna VĂssi (1957), chanteuse nĂ©e Ă PĂœla.
Notes et références
- Alain Blondy, Chypre, Arthaud, , « Ayios Neofytos », p. 109-111
- Olivier Masson, « Kypriaka II-III », Bulletin de correspondance hellĂ©nique, vol. 90, livraison 1,â , p. 1-31 (DOI 10.3406/bch.1966.2229, lire en ligne)
- (en) « Pyla-Kokkinokremos (Chypre) », Aegis,â (lire en ligne)
- (en) Priscilla Keswani, Mortuary Ritual and Society in Bronze Age Cyprus, (lire en ligne), p. 155
- (en) « The Late Bronze Age site of Pyla-Kokkinokremos in Cyprus », Archeology & Arts,â (lire en ligne)
- (en) ValĂ©rie Cook, « Vassos Karageorghis, The End of the Late Bronze Age in Cyprus », Syria, t. 69 fascicule 1-2,â , p. 240-241 (lire en ligne)
- (en) James Petre, Crusader castles of Cyprus (thesis), University of Cardiff, (lire en ligne), « Pyla », p. 386-389
- Pierre-Yves PĂ©choux, « La zone tampon ou buffer zone des Nations unies Ă Chypre », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 1, no 205,â , p. 97-118 (DOI 10.3917/gmcc.205.0097, lire en ligne)
- « Incidents frontaliers Ă Chypre : un mort, deux blessĂ©s », Le Monde,â (lire en ligne)
- Jean-Christophe Ploquin, « L'histoire », La Croix,â (lire en ligne)
- Guillaume Perrier, « A Pyla, village turco-chypriote, quarante ans de sĂ©paration et des illusions perdues », Le Monde,â (lire en ligne)
- Laurent Zecchini, « Pyla, petit village chypriote sous haute surveillance », Le Monde,â (lire en ligne)
- Marie JĂ©go, « A Pyla, sur la "ligne verte", on vit en bonne entente, mais chacun chez soi », Le Monde,â (lire en ligne)