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Oz (magazine)

Oz est un ancien journal publié dans un premier temps à Sydney, en Australie, de 1963 à 1969, comme magazine satirique, puis, dans sa phase la plus connue (de 1967 à 1973 à Londres), comme un magazine se réclamant de l'underground alors naissant en Grande-Bretagne.

Oz
Image illustrative de l’article Oz (magazine)
Oz, numéro 31.

Date de fondation 1963

Il fait l'objet de deux procÚs pour obscénité trÚs médiatisés, en 1964 en Australie et en 1971 en Angleterre. Les rédacteurs en chef Richard Neville (1941-2016), Richard Walsh, Martin Sharp (1942-2013), Jim Anderson, Felix Dennis ont tous été acquittés dans les deux cas aprÚs avoir été initialement déclarés coupables et dans certains cas emprisonnés.

PĂ©riode australienne

La premiĂšre publication de 16 pages, le , fait sensation avec la vente de 6 000 exemplaires dĂšs la mi-journĂ©e[1]. Il s'agit d'une parodie de The Sydney Morning Herald. Le fait que ce premier numĂ©ro soit sorti de l'imprimerie de ce mĂȘme journal ajoute Ă  l'illusion. La premiĂšre page prĂ©sente un canular : l'effondrement du Harbour Bridge de Sydney. Le rĂ©cit d'un avortement, alors illĂ©gal, leur vaut leurs premiĂšres critiques.

Les numĂ©ros suivants abordent des thĂšmes polĂ©miques comme la censure, l'homosexualitĂ©, la brutalitĂ© policiĂšre, le racisme supposĂ© du gouvernement, les lois pour une « Australie blanche » ou l'histoire militaire de l'Australie pendant la guerre du ViĂȘt Nam.

AprĂšs la publication du numĂ©ro 3, les rĂ©dacteurs en chef sont mis en examen pour le chef d'accusation d'obscĂ©nitĂ©. Plaidant coupables, ils sont condamnĂ©s Ă  20 dollars d'amende le [2]. À la publication du numĂ©ro 5, en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, une satire visant explicitement l'intĂ©gritĂ© de la police a pour effet de voir 140 exemplaires du magazine saisis et condamnĂ©s Ă  ĂȘtre brĂ»lĂ©s par un juge local[3]. Le numĂ©ro 6 publie une photo, qui deviendra cĂ©lĂšbre, celle de Richard Neville, un des rĂ©dacteurs en chef, feignant d'uriner dans une fontaine du sculpteur Tom Bass se trouvant sur la façade des bureaux de Peninsular and Oriental Steam Navigation Company que le Premier ministre Robert Menzies venait d'inaugurer. En 1964, de nouvelles accusations d'obscĂ©nitĂ© sont prises, conduisant un juge Ă  condamner, pour l'exemple, les trois rĂ©dacteurs Ă  plusieurs mois de prison.

Le comité de soutien du magazine organise un concert au Sydney University Theatre le , avec The Missing Links et Leonard Tealen dont les bénéfices iront aux accusés. Les rédacteurs gagnent en appel.

En 1965, le magazine publie une liste des 20 plus grands criminels de Sydney, dont Lenny McPherson. Ce dernier, selon le rĂ©dacteur en chef lui-mĂȘme, aurait rendu une visite Ă  Richard Neville Ă  son domicile afin, selon lui, de vĂ©rifier si les rĂ©dacteurs d'Oz appartiennent Ă  un gang rival et parce qu'il n'est pas d'accord avec ce que Neville dit de lui dans son article[4]. La mort de Jacky Steele, autre criminel local, en , est attribuĂ©e Ă  cette liste Ă  la suite d'une hypothĂ©tique dĂ©claration de Steele sur son lit de mort, publiĂ©e dans un numĂ©ro ultĂ©rieur du magazine, dĂ©clarant qu'il aurait Ă©tĂ© abattu pour avoir achetĂ© plusieurs exemplaires de cet exemplaire avec la liste.

Oz est transféré en Angleterre à la suite du déménagement de Richard Neville et Martin Sharp en 1966.

PĂ©riode anglaise

Oz numéro 28, Schoolkids Issue.

Le Oz anglais, fondé en 1967, met à contribution des journalistes et personnalités comme Germaine Greer, Robert Whitaker, Michael Leunig et Barney Bubbles. En pleine Úre psychédélique, le magazine est visuellement original et utilise les ressources des premiÚres impressions offset. Le numéro 11, par exemple, offre des autocollants de différents labels.

Les thĂšmes traitĂ©s par le magazine continuent de provoquer de nombreuses rĂ©actions, en particulier la couverture de la guerre du ViĂȘt Nam, le dĂ©bat sur les drogues, le sexe et les modes de vie alternatifs, ainsi que des rĂ©vĂ©lations de torture par la junte militaire en GrĂšce.

En 1970, en réponse à une critique disant que le magazine perd le contact avec la jeunesse, une annonce invite les collégiens à devenir rédacteurs de quelques numéros. Vingt élÚves répondent, dont Charles Shaar Murray et Deyan Sudjic qui, dans le numéro 28 de , furent connus sous le nom de Schoolkids OZ. Le résultat est une parodie de l'Ours Rupert aux connotations sexuelles.

Oz numéro 33, le quatriÚme de couverture fait la publicité pour un gala à l'occasion du procÚs pour obscénité.

Les critiques des bureaux londoniens de la Obscene Publications Squad ciblent Oz parmi plusieurs publications underground. Ce dernier numéro, associant jeunesse et sexe, apporte les bases du procÚs pour obscénité de 1971. Le chef d'accusation contre les rédacteurs Neville, Dennis et Anderson est « conspiration pour tentative de corruption de la morale publique »[5].

L’avocat de la dĂ©fense, Ă  l’ouverture du procĂšs de 1971, dĂ©clare « cette affaire est Ă  la croisĂ©e des chemins de nos libertĂ©s et des limites Ă  notre libertĂ© de penser, de dessiner et d’écrire ce qui nous plait »[6]. Pour l‘accusation, il est question de « conspiration, avec de jeunes gens, pour la publication d’un magazine contenant des articles, dessins et cartoons obscĂšnes, lubriques, indĂ©cents, et sexuellement pervertis, avec intention de dĂ©baucher et corrompre la morale des enfants et adolescents et d’implanter dans leur esprit des idĂ©es de luxure et de perversion » [7]

John Lennon et Yoko Ono se joignent aux manifestations de protestations et organisent l'enregistrement de God Save Us par l'Elastic Oz Band. Lennon explique que le titre est un jeu de mots à partir de « God Save Oz »[8]

À certains moments du procĂšs, les accusĂ©s portent des uniformes de lycĂ©ennes ou des perruques. Quelques cĂ©lĂ©britĂ©s locales, tĂ©moins de la dĂ©fense, comme Marty Feldman, DJ John Peel et Edward de Bono sont prĂ©sentes au procĂšs. Le procĂšs conclut finalement que les « Trois Oz » sont non coupables des charges de conspiration mais condamnĂ©s pour deux chefs d'accusations mineurs Ă  l'emprisonnement[9]. Ils sont immĂ©diatement transfĂ©rĂ©s en prison et leurs crĂąnes sont rasĂ©s, ce qui provoque d'autres rĂ©actions publiques. Leur condamnation est finalement annulĂ©e en appel.

Oz publie quelques numĂ©ros Ă  la suite du procĂšs, mais le succĂšs n'est plus le mĂȘme et en leur dette s'Ă©lĂšve Ă  20 000 ÂŁ et le lectorat est devenu trop rĂ©duit. Le numĂ©ro 48 est le dernier[10].

Oz aprĂšs la fin

  • Dennis est devenu propriĂ©taire de Dennis Publishing qui publie, entre autres, le magazine Maxim.
  • Neville publia un livre sur l'histoire du magazine : Hippie Hippie Shake.
  • Walsh travaille avec l'Australian Consolidated Press,
  • Sharp est un artiste pop art, toujours reconnu en Europe et en Australie.

Les numĂ©ros d’Oz sont devenus rares aujourd'hui et certains se vendent jusqu'Ă  plusieurs centaines de livres sterling[11].

Livres, films documentaires et parodies sur Oz

  • Le livre sur l'histoire du magazine : Hippie Hippie Shake (voir plus haut).
  • La sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e britannique Hippies en 1999 a parodiĂ© le magazine.
  • En 2008, un film long mĂ©trage sur l'aventure du magazine, de sa pĂ©riode australienne jusqu'au procĂšs pour obscĂ©nitĂ©, a Ă©tĂ© tournĂ© par le rĂ©alisateur britannique Beeban Kidron, basĂ© sur le livre de Neville Hippie Hippie Shake, et portant le mĂȘme nom. Mais diverses mĂ©saventures ont occasionnĂ© dĂ©lais sur dĂ©lais dans le tournage, puis le montage des rushes, faisant qu'Ă  ce jour (), il n'est toujours pas visible en salles...

Bibliographie et ouvrages de référence

  • (en) Neville, Richard, Hippie Hippie Shake. William Heinemann Australia, Melbourne, 1995, (ISBN 0-85561-523-0)
  • (en) Cadogan, Patrick, The Revolutionary Artist : John Lennon's Radical Years, États-Unis, Lulu, , 1re Ă©d., 265 p. (ISBN 978-1-4357-1863-0, OCLC 421114505)
  • (en) Jonathon Green, All Dressed Up: The Sixties and the Counterculture. Pimlico, Londres, 1999, (ISBN 0-7126-6523-4).
  • (en) The Times Digital Archive 1785-1985
  • (en) Nigel Fountain Underground: The London Alternative Press 1966-74, Commedia/Routledge 1988 (ISBN 0-415-00727-5) / (ISBN 0-415-00728-3) (pb)
  • (en) Tony Palmer The Trials of Oz, Blond & Briggs, 1971.
  • (en) Geoffrey Robertson The Justice Game, Vintage, Londres, 1999, (ISBN 0-09-958191-4).
  • BBC Radio Programmes : Le procĂšs d'Oz, 2008 (prĂ©sentation en ligne)

Références

  1. Richard Neville, Hippie Hippie Shake (William Heinemann Australia, 1995, (ISBN 0 85561 523 0)), p. 26.
  2. Neville, 1995, p. 31.
  3. Neville, 1995, p. 33
  4. Neville, 1995, p. 55-56.
  5. (en) The Rupert Bear Controversy: Defence and Reactions to the Cartoon in the OZ Obscenity Trial.
  6. The Times, 24 juin 1971.
  7. The Times, 23 juin 1971.
  8. (en) Cadogan, Patrick, The Revolutionary Artist : John Lennon's Radical Years, États-Unis, Lulu, , 1re Ă©d., 265 p. (ISBN 978-1-4357-1863-0, OCLC 421114505).
  9. "The OZ trial: John Mortimer’s finest hour", by Felix Dennis, in The First Post, 19 janvier 2009.
  10. Green, 1999, p. 376.
  11. Mojo Fine Arts - Oz magazine.

Notes

Liens externes

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