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Ouvrage de Velosnes

L'ouvrage de VĂ©losnes (ou de Velosnes[1]) est un ouvrage fortifiĂ© de la ligne Maginot, situĂ© sur la limite entre les communes de Velosnes et d'Othe, dans le dĂ©partement de la Meuse. Il est Ă©galement parfois dĂ©signĂ© localement sous le nom de « fort de la Ramonette Â».

Ouvrage de Velosnes
Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié de Montmédy
└─ tête de pont de Montmédy
Année de construction 1935-
RĂ©giment 155e RIF et 169e RAP
Nombre de blocs 5
Type d'entrée(s) Entrée mixte
Effectifs 246 hommes et 6 officiers
CoordonnĂ©es 49° 29′ 57″ nord, 5° 27′ 11″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Meuse
Localisation de l'ouvrage
Localisation de l'ouvrage

C'est un ouvrage d'artillerie, comptant cinq blocs. Construit à partir de 1935, saboté en 1940, il a été en partie démoli depuis.

Position sur la ligne

Faisant partie du sous-secteur de la tête de pont de Montmédy dans le secteur fortifié de Montmédy, l'ouvrage de Vélosnes est intégré à la « ligne principale de résistance » entre la casemate CORF d'intervalle d'Écouviez Ouest et du blockhaus STG no 129 bis[2], hors de portée des ouvrages voisins[3].

Description

L'ouvrage est composĂ© en surface de quatre blocs de combat et d'une entrĂ©e mixte (une des deux vraies entrĂ©es mixtes du Nord-Est, avec celle du Chesnois. Ailleurs, les entrĂ©es mixtes sont des entrĂ©es des munitions servant Ă©galement aux hommes), avec en souterrain des magasins Ă  munitions (plusieurs M 2), une usine (avec quatre groupes Ă©lectrogènes SMIM de 90 chevaux) et une caserne, le tout reliĂ© par des galeries profondĂ©ment enterrĂ©es.

Seule une tourelle de 75 mm R modèle 1905 (pour un bloc 4 non construit) manque par rapport aux plans initiaux. L'ouvrage domine nettement la vallĂ©e de la Chiers, Ă  quelque 300 mètres d'altitude[4].

La tourelle d'artillerie et la cloche GFM du bloc 1 de l'ouvrage de Velosnes.

Le bloc 1 est un bloc-tourelle d'infanterie, armé avec une tourelle pour deux armes mixtes, une cloche d'arme mixte et deux cloches GFM B (guetteur et fusil-mitrailleur).

Le bloc 2 est une casemate cuirassée, armée avec une cloche d'arme mixte, deux cloches GFM B (dont une sert d'observatoire avec un périscope) et une cloche lance-grenades.

Le bloc 3 est une casemate d'infanterie flanquant vers l'ouest. Elle est armĂ©e avec un crĂ©neau pour JM/AC 47 (jumelage de mitrailleuses et canon antichar de 47 mm), un autre crĂ©neau pour JM, deux cloches d'arme mixte et une cloche GFM.

Le bloc 5 est un bloc-tourelle d'artillerie, avec une cloche GFM B et une tourelle de 75 mm modèle 1933. Cette tourelle, comptant parmi les armes les plus rĂ©centes et modernes Ă©quipant les ouvrages de la ligne Maginot, est le seul exemplaire ayant Ă©quipĂ© un ouvrage du secteur fortifiĂ© de MontmĂ©dy.

Le bloc 6 est une entrĂ©e mixte de plain-pied, armĂ© avec deux crĂ©neaux JM/AC 47, un troisième crĂ©neau pour arme mixte (le canon de 25 mm n'est pas installĂ© en 1940) et deux cloches GFM B. Techniquement semblable Ă  celle de l'ouvrage du Chesnois, avec accès par pont-levis et entrĂ©e des hommes implantĂ©e sur le mĂŞme bloc, elle est par ailleurs similaire, sur le principe, Ă  de nombreux ouvrages alpins.

À proximité de l'entrée, un petit bloc est dévolu à l'évacuation des gaz d’échappement de l'usine interne de production électrique.

Histoire

Les 10 et , les tourelles d'artillerie des ouvrages de Velosnes et du Chesnois tirent sur des troupes allemandes qui franchissent la frontière belge en avant de MontmĂ©dy. Environ 10 000 coups de 75 mm sont consommĂ©s en mai et juin 1940 par la tourelle de Velosnes[5]. Le front Ă©tant percĂ© sur la Somme et l'Ailette, les unitĂ©s d'intervalle (le 155e RIF) Ă©vacuent la tĂŞte de pont de MontmĂ©dy le au soir, sous couverture des ouvrages qui sont ensuite abandonnĂ©s et sabotĂ©s dans la nuit du 12 au [6].

L'ouvrage a par la suite été partiellement ferraillé par l'occupant allemand après l'armistice, à l'exception des gros cuirassements, qui restèrent en place. Les cloches intéresseront toutefois peu après l'organisation Todt : il sera alors effectué des essais, sur le bloc d'entrée le plus accessible, en vue d'extraire les GFM pour une réutilisation sur le mur de l'Atlantique. La complexité de l'entreprise et la logistique requise pour le transport conduisent à l'abandon de cette solution. Il est par la suite resté ainsi, et ne fut pas remis en état au début de la guerre froide.

Dans le milieu des annĂ©es 1990, l'ouvrage, alors rĂ©putĂ© Ă  l'abandon, fut le théâtre d'un fait divers : un petit stock de munitions de 75 mm, restĂ© sur place dans les magasins du bloc 5, a Ă©tĂ© dĂ©couvert. L'armĂ©e française, avisĂ©e, a procĂ©dĂ© Ă  sa destruction au sein mĂŞme de l'ouvrage, et n'ayant plus l'utilitĂ© de l'ouvrage Ă  l'avenir, Ă  la dĂ©molition de la galerie d'accès.

État actuel

L'ouvrage de Velosnes, encore parfaitement visible de nos jours, a été réaménagé dans le cadre d'un programme naturaliste visant à protéger certaines espèces animales, dont principalement les chiroptères, trouvant volontiers refuge dans ces ouvrages désaffectés en raison de l'absence de nuisances diverses, de la température et de l'hygrométrie constante.

Ses accès sont condamnés et les puits de tourelle sécurisés par la mise en place de traverses soudées pour prévenir tout risque de chutes.

  • DĂ©tail du bloc 6 : crĂ©neau JM/AC 47 sous la visière.
    Détail du bloc 6 : créneau JM/AC 47 sous la visière.
  • Cloche GFM sur la toiture du bloc 6.
    Cloche GFM sur la toiture du bloc 6.
  • La tourelle du bloc 1 dĂ©posĂ©e Ă  cĂ´tĂ© de son puits.
    La tourelle du bloc 1 déposée à côté de son puits.
  • Poutres d'acier recouvrant l'avant-cuirasse du bloc 1.
    Poutres d'acier recouvrant l'avant-cuirasse du bloc 1.

Notes et références

  1. Le nom de la commune s'écrit sans accent selon le Code officiel géographique de l'INSEE, même si la carte topographique de l'IGN accentue le toponyme. Sources : « Fiche de la commune de Velosnes », sur http://www.insee.fr et « Carte topographique centrée sur Vélosnes » sur Géoportail..
  2. Le niveau de protection d'une casemate de la ligne Maginot dĂ©pend de son modèle et de sa pĂ©riode de construction. De 1928 Ă  1935 sont construits les modèles les plus puissamment protĂ©gĂ©s : les casemates et ouvrages CORF (Commission d'organisation des rĂ©gions fortifiĂ©es), avec des murs et dalles Ă©pais jusqu'Ă  3,5 mètres de bĂ©ton). Puis viennent Ă  partir de 1935 les blockhaus MOM (main-d'Ĺ“uvre militaire), avec de 0,60 Ă  1,5 m de bĂ©ton, avec des modèles très variĂ©s selon la rĂ©gion : RFM (rĂ©gion fortifiĂ©e de Metz), RFL (rĂ©gion fortifiĂ©e de la Lauter), 1re, 2e, 20e et 7e RM (rĂ©gion militaire). Les MOM les plus protĂ©gĂ©s sont appelĂ©s FCR (fortification de campagne renforcĂ©e). De 1937 Ă  1940, le STG (Service technique du GĂ©nie) standardise les constructions, avec une protection de 1,50 Ă  m de bĂ©ton.
  3. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 75.
  4. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 77.
  5. Mary et Hohnadel 2003, tome 3, p. 205.
  6. Mary et Hohnadel 2003, tome 3, p. 189.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2), (rĂ©impr. 2001 et 2005), 182 p. (ISBN 2-908182-88-2).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 3 : Le destin tragique de la ligne Maginot, Paris, Histoire et collections, , 246 p. (ISBN 2-913903-88-6).

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