Ordonnance du bien et interdiction du mal
Lâordonnance du bien et lâinterdiction du mal (en arabe : ۧÙŰŁÙ Ű± ۚۧÙÙ Űč۱ÙÙ ÙۧÙÙÙÙ ŰčÙ Ű§ÙÙ ÙÙ۱, en persan : Ű§Ù Ű± ŰšÙ Ù Űč۱ÙÙ Ù ÙÙÛ Ű§ŰČ Ù Ùک۱), est un devoir pour les musulmans, qui fait partie de la profession de foi des chiites duodĂ©cimains. Dans le sunnisme, on le dĂ©signe la hisba. Selon les interprĂ©tations, celui-ci peut ĂȘtre individuel (faráž al-'ayn) ou collectif (faráž al-kifÄya). Dans ce dernier cas, il sâaccomplit par dĂ©lĂ©gation Ă des autoritĂ©s compĂ©tentes[1].
La nécessité
Ces deux responsabilitĂ©s islamiques ont pour objectif la survie de la religion. LâIslam considĂšre que tous les musulmans sont responsables de l'exĂ©cution des lois divines et quâils doivent exercer un contrĂŽle sur la communautĂ© et lâapplication des lois. Tout musulman a le devoir de bien agir, ainsi que dâobliger les autres Ă le faire. Il a Ă©galement le devoir de combattre le mal, ainsi que dâinterdire aux autres de le pratiquer. Ces devoirs constituent un Ă©lĂ©ment fondamental de lâIslam et un des programmes du Coran.
Ordonnance du bien et interdiction du mal dâaprĂšs le Coran
Le Coran considÚre ces devoirs comme une lourde responsabilité et la raison de la supériorité des musulmans. Dieu, déclare dans le Coran :
- Sourate 3.110 traduite par Hamidullah
« Vous ĂȘtes la meilleure communautĂ©, qu'on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blĂąmable et croyez Ă Allah. Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur pour eux, il y en a qui ont la foi, mais la plupart d'entre eux sont des pervers. »
- Sourate 3.104 traduite par Hamidullah
« Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blùmable. Car ce seront eux qui réussiront. »
- Sourate 7:157 traduite par Hamidullah
« Ceux qui suivent le Messager, le ProphÚte illettré qu'ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l'Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blùmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur Îte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumiÚre descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants. »
- Sourate 9:71 traduite par Hamidullah
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blùmable accomplissent la Salùt, acquittent la Zakùt et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage. »
Ordonnance du bien et interdiction du mal dâaprĂšs les imams
- Ali ar-Rida a dit:
« Ordonnez le Bien et interdisez le mal, si vous ne respectez pas ces devoirs, les malfaisants vous domineront et ni les priĂšres des bienfaisants, ni leurs lamentations, nâauront de rĂ©sultat[2]. »
- Mahomet a dit :
« Si mon peuple abandonnait ces devoirs, ce serait une déclaration de guerre à Dieu[2]. »
Il a dit aussi:
« Tant que mon peuple respectera le devoir dâordonner le Bien et d'interdire le mal et tant que les musulmans seront unis, ils jouiront de la meilleure situation sociale et du plus grand respect. Sâils abandonnent ces devoirs, le bienâĂȘtre et lâabondance disparaĂźtront de leur vie quotidienne, certains domineront les autres, sans quâaucune aide ne leur vienne, ni du ciel, ni sur terre[2]. »
« Celui qui ordonne le bien et interdit le blùmable est le lieutenant de Dieu sur terre et celui de son Messager ainsi que son livre. »
- Lâimam SĂądiq dit :
« Lâordonnance du bien et lâinterdiction du blĂąmable sont deux crĂ©atures de Dieu. Celui qui se portera Ă leurs secours, Dieu le rendra fort et celui qui les dĂ©laissera, Dieu le dĂ©laissera. »
- LâImam Hasan al-Askari a dĂ©clarĂ©:
« Nâabandonnez jamais l'ordre dâinterdire le Mal et dâencourager le Bien, sinon vous serrez touchĂ©s par les pires malheurs. Celui qui voit le mal, doit lâarrĂȘter de ses propres mains. Si câest impossible, il doit le faire par ses paroles. Si cela est encore impossible, il devra continuer Ă vivre, rongĂ© par le tourment[3]. »
- Lâimam Ali, a dit Ă ses disciples:
« Si vous ĂȘtes en danger, sacrifiez vos biens pour vous sauver la vie. Si un danger menace votre religion, sacrifiez votre vie pour sauver la religion. Le malheureux vĂ©ritable est celui qui a perdu sa religion, le spoliĂ© vĂ©ritable est celui Ă qui on arrache sa religion[4]. »
Les conditions de lâordonnance du bien et lâinterdiction du mal
Dans l'Islam, il existe des prérequis afin de pouvoir correctement réaliser ces deux préceptes.
- ConnaĂźtre ce qui est interdit et ce qui est obligatoire et sâassurer que la personne qui accomplit un acte blĂąmable est chargĂ©e dâobĂ©ir (Ă la condition quâil ne soit pas fou, ignorant, excusĂ© ou encore en dessous de lâĂąge de la pubertĂ©)
- Supposer que lâordonnance du bien et lâinterdiction du mal auront une influence sur la personne.
- Que lâordonnance du bien ou lâinterdiction du mal nâentraĂźne ni nuisance ni corruption.
Les Ă©tapes de lâordonnance du bien et interdiction du mal
Cette ordonnance islamique doit se faire par Ă©tapes : la premiĂšre Ă©tape consiste Ă montrer le bien ou le mal dâune action par la parole. Il faut conseiller tout d'abord avec gentillesse de faire le bien ou dâabandonner le mal.
La deuxiÚme étape consiste à interdire avec fermeté, tout acte répréhensible.
La troisiĂšme consiste, dans le cas oĂč aucune de ces deux mĂ©thodes ne se serait avĂ©rĂ©e efficaces, Ă prendre toutes les mesures possibles et lĂ©gales pour combattre le mal.
La quatriĂšme Ă©tape, dans le cas oĂč les conseils et la critique seraient restĂ©s sans rĂ©sultat, et quâil nây aurait pas dâautre recours, consiste Ă avoir recours Ă la rĂ©pression pour faire respecter des rĂšgles religieuses et Ă marginaliser le coupable en le mettant au ban de la sociĂ©tĂ©.
Notes et références
- (en) Saba Mahmood, Politics of Piety : The Islamic Revival and the Feminist Subject, Princeton University Press, , 233 p. (ISBN 978-0-691-14980-6, lire en ligne), p. 61
- Vasaâel âoâShie, vol. 11, p. 394
- Vasaâel âoâShie, vol. 11, p. 407
- Vasaâel âoâShie, vol. 11, p. 451