Opposition en droit français
Le mot opposition dĂ©signe toute manifestation de volontĂ© par laquelle une personne arrĂȘte l'exĂ©cution d'un processus juridique ou judiciaire[1]. Il ne faut pas confondre ce terme avec la tierce opposition.
Types
Opposition Ă un acte juridique
L'opposition est le nom donnĂ© Ă une voie de droit qui est ouverte Ă la personne qui, n'ayant pas reçu personnellement la notification ou la signification d'un avis d'avoir Ă comparaĂźtre Ă l'audience, a Ă©tĂ© condamnĂ© par un tribunal qui a rendu un jugement "par dĂ©faut". Cette personne demande alors au juge qu'il l'entende et qu'il modifie sa dĂ©cision. Par l'opposition, la juridiction qui a statuĂ© est ressaisie de l'affaire en son entier et un nouveau dĂ©bat s'instaure contradictoirement entre les parties[1]. L'opposition remet donc en question, devant le mĂȘme juge, les points jugĂ©s par dĂ©faut pour qu'il soit Ă nouveau statuĂ© en fait et en droit[2].
Autrement dit, l'opposition a pour objet de faire à rétracter un jugement rendu par défaut[3]. Elle n'est ouverte qu'au défaillant[3].
L'opposition peut ĂȘtre formĂ© en matiĂšre civile et en matiĂšre pĂ©nale.
Opposition en matiĂšre civile
Plusieurs conditions cumulatives doivent ĂȘtre respectĂ©es afin de pouvoir former une opposition en matiĂšre civile[4] :
- Il doit s'agir d'une décision de justice rendue en matiÚre civile ;
- Le défendeur doit avoir été absent lors du procÚs (jugement par défaut rendue en matiÚre civile par un tribunal d'instance, un tribunal de grande instance ou une cour d'appel ;
- Le défendeur doit avoir été condamné.
L'opposition ne peut ĂȘtre formĂ©e que dans un dĂ©lai d'1 mois Ă partir de la notification du jugement par dĂ©faut. Lorsque tribunal qui a rendu la dĂ©cision se situe en outre-mer et que le demandeur rĂ©side en mĂ©tropole, les dĂ©lais sont augmentĂ©s d'1 mois.
De mĂȘme, si le tribunal concernĂ© se situe en mĂ©tropole et que le demandeur rĂ©side en outre-mer, les dĂ©lais sont Ă©galement augmentĂ© d'1 mois.
Lorsque le demandeur rĂ©side Ă l'Ă©tranger, l'opposition doit ĂȘtre formĂ©e dans un dĂ©lai de 3 mois Ă partir de la notification du jugement par dĂ©faut.
à l'expiration du délai d'opposition, la décision du tribunal est définitive. Le jugement retrouve donc sa force de chose jugée.
Toutefois, l'utilisation de la procĂ©dure d'opposition est limitĂ©e Ă certaines matiĂšres et juridictions. C'est ainsi qu'il ne peut y avoir de procĂ©dure d'opposition contre un arrĂȘt rendu par la Cour de Cassation, ni contre un jugement du juge de l'exĂ©cution, ni contre une dĂ©cision rendue par le tribunal des affaires de SĂ©curitĂ© Sociale.
Opposition en matiÚre pénale
En matiĂšre pĂ©nale, l'opposition est une voie de recours permettant Ă la personne qui a Ă©tĂ© condamnĂ© par un jugement par dĂ©faut, d'ĂȘtre convoquĂ© devant un tribunal correctionnel pour y ĂȘtre de nouveau jugĂ©[5].
Le jugement par défaut sera considéré comme non avenu dans toutes ses dispositions, si le prévenu forme opposition à son exécution[6].
Il peut toutefois limiter cette opposition aux dispositions civiles du jugement[6].
Lâopposition peut ĂȘtre formĂ©e contre :
- les jugements du tribunal de police ;
- les jugements du tribunal correctionnel ;
- les arrĂȘts de Chambre des appels correctionnels ;
- les ordonnances pénales rendue sans citation du prévenu et débat contradictoire.
En matiÚre d'ordonnance pénale, le délai d'opposition est de 45 jours à compter de sa notification.
En matiĂšre de jugements et d'arrĂȘts, les dĂ©lais dĂ©pendent du mode de signification[5].
Si la signification du jugement a Ă©tĂ© faite Ă la personne du prĂ©venu, l'opposition doit ĂȘtre formĂ©e dans le dĂ©lai de :
- 10 jours si le prévenu réside en France métropolitaine ;
- 1 mois s'il réside hors du territoire national (à compter de cette signification).
Si la signification du jugement n'a pas Ă©tĂ© faite Ă la personne du prĂ©venu, l'opposition doit ĂȘtre formĂ©e dans le dĂ©lai de :
- 10 jours si le prévenu réside dans la France métropolitaine ;
- 1 mois s'il réside hors du territoire national (à compter de la signification du jugement faite à domicile, à étude d'huissier de justice ou à parquet)[7].
Notes et références
- Serge Braudo et Alexis Baumann, « Opposition - Définition », sur Dictionnaire Juridique (consulté le )
- Code de procédure civile - Article 572
- Code de procédure civile - Article 571
- « Faire opposition à un jugement civil », sur www.service-public.fr (consulté le )
- Code de procédure pénale, II,II,I,6,2
- Code de procédure pénale - Article 489
- Code de procédure pénale - Article 492
Articles connexes
- Tierce opposition en droit français
- Contredit en procédure civile française
- Appel en droit français