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Onychomycose


L'onychomycose[1], aussi appelée mycose des ongles ou mycose unguéale, est une infection des ongles.

Onychomycose
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Mycose de l’ongle du gros orteil.
Causes Trichophyton rubrum, Trichophyton interdigitale (en), Trichophyton tonsurans, Epidermophyton floccosum (en) ou Microsporum canis

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Onychomycose Ă  Trychophyton rubrum.
Onychomycose diffuse.
Onychomycose et hématome sous ungéal (flÚche).

Une mycose de l'ongle peut ĂȘtre due Ă  plusieurs espĂšces de champignons microscopiques ; le plus souvent ce sont des dermatophytes (surtout aux pieds), puis des levures du genre Candida (surtout aux mains) et plus rarement encore des moisissures (2 Ă  17 % des cas[2]). Les ongles les plus touchĂ©s sont ceux des pieds, et notamment celui du gros orteil. La transmission des dermatophytes semble souvent interhumaine. En 2014 en France les onychomycoses sont environ 30 % des mycoses superficielles prĂ©sentĂ©es aux dermatologues, et prĂšs de 50 % des causes de pathologies de l'ongle (dites « onychopathies Â»)[2].

La suppression des dermatophytes responsables de l'infection ne rétablit pas la forme et couleur normale de l'ongle, qui ne reviennent qu'avec la pousse progressive de celui-ci.

Depuis quelques années, les dermatologues signalent une croissance du nombre d'onychomycoses dues à des moisissures non dermatophytiques (MND), sans pouvoir expliquer cette évolution[3]. Dans ces cas les pathogÚnes sont par exemple Scopulariopsis brevicaulis ou des espÚces des genres Fusarium et Aspergillus ou encore d'autres moisissures rares[3].

Terminologie

On parle parfois aussi d'onyxis dermatophytique, de teigne de l'ongle ou de Tinea unguium[4].

Conséquences

Les onychomycoses ne mettent pas la vie en danger, mais peuvent considĂ©rablement dĂ©grader la qualitĂ© de vie notamment en diminuant l'estime de soi et en leur faisant craindre de transmettre l'infection Ă  d'autres, ce qui rĂ©duit leur vie sociale ; elle peut ĂȘtre une source de stigmatisation comparable Ă  celle qu'induit le psoriasis[3].

ÉpidĂ©miologie

C'est une affection fréquente et en augmentation dans les pays riches, supposée toucher 6 à 9 % de la population générale, mais selon une étude de 2003 ayant porté sur 2490 personnes en Islande : 11,1 % des Islandais en sont victimes[5].

Rare chez l’enfant, sa frĂ©quence augmente avec l’ñge : elle affecte ainsi 30 % des plus de 70 ans[6].

Facteurs favorisants

La littérature médicale cite plusieurs situations et maladies associées ou prédisposantes, dont :

Trichophyton rubrum peut se transmettre par l'intermĂ©diaire des squames issues de la peau parasitĂ©e ou des dĂ©bris d'ongles, souillant les sols (en particulier les moquettes) des chambres d'hĂŽtel, des piscines, des salles de sport, ou mĂȘme des plages trĂšs frĂ©quentĂ©es. La transmission par le linge de toilette, les chaussures ou les chaussettes peut ĂȘtre une source de recontamination aprĂšs l'arrĂȘt d'un traitement. En effet, les parois Ă©paisses des conidies peuvent rĂ©sister Ă  un traitement fongicide et germer Ă  la fin du traitement[14].

Étiologie

Cette maladie est causée par différents types de champignons microscopiques (dermatophytes, levures, moisissures) qui prolifÚrent dans les endroits chauds, humides et sombres comme les chaussures fermées.

Ces champignons se nourrissent de la kératine qui compose les ongles. Les ongles les plus souvent atteints sont ceux du gros et du petit orteil.

Les champignons en cause sont le plus souvent de la famille des dermatophytes, dont :

Diagnostic

Le diagnostic est suspectĂ© devant une atteinte clinique d’un ongle, dĂ©nommĂ©e « onychopathie Â», telle qu'un Ă©paississement ou une coloration inhabituelle. Les orteils (notamment le premier et le cinquiĂšme) sont beaucoup plus frĂ©quemment atteints que les doigts de la main[9].

Cependant une lĂ©sion unguĂ©ale n'est due Ă  une mycose que dans moins de la moitiĂ© des cas[6], et les diagnostics diffĂ©rentiels sont nombreux. C'est pourquoi, si un traitement doit ĂȘtre instituĂ©, il est nĂ©cessaire de confirmer l'origine fongique par un prĂ©lĂšvement, qui permettra Ă©galement de dĂ©terminer l'espĂšce en cause et de pouvoir adapter le traitement. ce prĂ©lĂšvement peut ĂȘtre un ongle coupĂ©, ou rĂ©sulter d'un grattage de l'ongle ou d'une lĂ©sion cutanĂ©e proche de celui-ci. Le champignon peut ĂȘtre identifiĂ© en microscopie (coloration de Schiff[15]) et/ou par la mise en culture. En prĂ©sence de microchampignons, distinguer une vĂ©ritable onychomycose d'une simple colonisation opportuniste est un « dĂ©fi diagnostique »[3].

Soins, traitements

Ce type d’infection est rarement considĂ©rĂ© comme un vrai problĂšme de santĂ© mais plutĂŽt comme un problĂšme d’ordre esthĂ©tique.
NĂ©anmoins la mycose de l'ongle guĂ©rit rarement spontanĂ©ment sans traitement, et elle tend plutĂŽt Ă  s’aggraver, les surfaces infectĂ©es s’agrandissant au fil du temps.

Le traitement se décide aprÚs avoir vérifié s'il s'agit d'une onychomycose primaire ou d'une surinfection suivant une paronychie chronique. Un examen mycologique au laboratoire confirme sur la base d'un prélÚvement qu'il s'agit :

  • d'une onychomycose Ă  dermatophytes (cas le plus courant, souvent issu d'une contagion, compliquant une dermatophytose cutanĂ©e du pied ou de la main) ;
    Dans ce cas le traitement doit tenir compte des zones infectées de l'appareil unguéal. Il est topique et en monothérapie dans les cas mineurs à modérés. En cas d'atteinte grave, un antifongique systémique est associé. Diminuer la zone infectée facilite la pénétration des antifongiques ;
  • d'une onychomycose Ă  Candida, plus rare et opportuniste,
    dans ce cas un antifongique topique est parfois suffisant pour traiter une candidose primaire, mais en cas de résistance un antifongique systémique sera nécessaire ;
  • d'une onychomycose Ă  moisissure[2], cas le plus difficile Ă  traiter :
    Hormis pour Neoscytalidium spp. se comportant comme un dermatophyte, on ne sait jamais si une moisissure est un pathogĂšne primaire ou un simple agent de colonisation. Le praticien vĂ©rifie d'abord s'il s'agit d'une onychomycose Ă  pseudodermatophytes (dues aux Neoscytalidium (ex-Scytalidium) et/ou Ă  Onychocola canadensis qui sont deux moisissures ciblant rĂ©ellement la kĂ©ratine de l'ongle) ou s'il s'agit d'une onychomycose accidentellement causĂ©e par d’autres moisissures (Aspergillus, Fusarium, Scopulariopsis, Acremonium qui elles sont plutĂŽt colonisatrices opportunistes d'ongles dĂ©jĂ  malades)[2]. Le traitement est d'autant plus difficile qu'il n'existe pas de consensus mĂ©dical et parce que contre les moisissures, les antifongiques topiques ou systĂ©miques existants sont presque toujours inefficaces (hormis l'itraconazole contre l'aspergillose)[2].

Dans les trois cas il convient aussi :

  • d'identifier et de traiter les facteurs favorisants ;
  • de traiter le risque de recontamination, de prĂ©venir les rĂ©cidives.

Des phĂ©nomĂšnes d'antibiorĂ©sistance sont possibles et les traitements sont hĂ©las moyennement efficaces (plus de 30 % d'Ă©chec)[16] en moyenne. Les formes rĂ©sistantes peuvent nĂ©cessiter la combinaison d'un traitement local avec la prise d’antifongique par voie orale[17]. Un tiers des patients rĂ©cidive aprĂšs une premiĂšre cure[9].

Dans les cas, assez fréquents, réfractaires au traitement, les troubles de la kératinisation affectant la peau et les ongles sont plus courants que ce qu'on avait précédemment estimé[3].

Traitements locaux

Le traitement local (topique) seul est préconisé si l'atteinte ne concerne que moins de la moitié de l'ongle et pas plus que quelques doigts[18].

Il est possible de supprimer la zone infectĂ©e (ablation chimique, dĂ©coupage ou meulage mĂ©canique), et d'appliquer un traitement local sous forme de solution filmogĂšne ou de vernis Ă  base de ciclopirox[19] ou d'amorolfine, (moins efficace si utilisĂ© seul[20] mais fonctionnant un peu mieux que le ciclopirox[21]). D'autres molĂ©cules antifongiques peuvent ĂȘtre utilisĂ©es : tioconazole[22], efinaconazole[23]


Le laser permet de traiter les patients en une ou deux sĂ©ances avec un taux de succĂšs proche des traitements gĂ©nĂ©raux classiques par voie orale et sans effets secondaires[24] - [25]. L'un de ces lasers, le PinPointe, a obtenu un agrĂ©ment de la Food and Drug Administration pour le traitement de la mycose des ongles aux États-Unis.

L'utilisation d'huiles essentielles, issues d'origan, d'arbre à thé[26] ou de thym commun, est un traitement possible, mais encore assez peu étudié. L'huile essentielle d'arbre à thé a des propriétés antifongiques in vitro[27] et in vivo (seul[28] et en association avec de la butenafine (en)[29]) chez l'Homme sur Trichophyton rubrum. L'huile essentielle d'origan a des propriétés antifongiques in vitro[30] et in vivo chez le rat[31] sur Trichophyton rubrum. L'huile essentielle de thym commun a quant à elle des propriétés antifongiques in vitro[32] et in vivo chez le rat[33] sur Trichophyton rubrum.

Traitements généraux (systémiques)

L'association d'un traitement local et d'un traitement par voie orale est parfois nécessaire. Certains antifongiques oraux exposent à des effets secondaires potentiellement graves et nécessitent certaines précautions. Le traitement est long et la guérison n'est pas toujours possible.

La terbinafine est un fongicide surtout actif sur les dermatophytoses et doit ĂȘtre donnĂ©e pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois[9], nĂ©cessitant une surveillance biologique du foie.

L'itraconazole est un autre antifongique pouvant ĂȘtre donnĂ©e soit par prise quotidienne pendant plusieurs semaines, soit par prise hebdomadaire[34]. Cette molĂ©cule comporte des interactions avec d'autres mĂ©dicaments et peut Ă©galement avoir une certaine toxicitĂ© hĂ©patique.

Les deux produits ont une efficacité comparable[35], avec toutefois un taux de récidive inférieur avec la terbinafine[36].

La grisĂ©ofulvine est moins efficace que les deux prĂ©cĂ©dentes molĂ©cules, de mĂȘme que le fluconazole[37].

Prévention

Une prévention active est tout particuliÚrement recommandée pour les patients à risques d'infection primaire ou de rechute. Ces patients sont par exemple immunodéficients (pour lesquels la durée habituelle du traitement n'est pas appropriée), diabétiques, trÚs ùgé, ayant déjà été infecté par Trichophyton rubrum, présentant des antécédents familiaux et/ou une morphologie anormale des ongles ou un psoriasis, ou présentant des facteurs génétiques prédisposants[38] - [5].

Trois points ont été mis en exergue par les experts (2005) :

  • traitement correct de la tinea pedis en veillant Ă  bien prendre en compte d'Ă©ventuelles interactions mĂ©dicamenteuses[38] ;
  • dĂ©pistage des membres de la famille[38] ;
  • Ă©ducation et sensibilisation du patient[38] Ă  l'importance d'une bonne hygiĂšne du pied qui implique de suivre quelques rĂšgles de base : un lavage quotidien diminue fortement le risque d'onychomycose[39] suivi d'un sĂ©chage complet (dont entre les orteils) avec une serviette individuelle. Il est souvent Ă©galement recommandĂ© de ne pas prĂȘter ses chaussures, de laisser autant que possible ses pieds Ă  l'air (sandales), Ă©viter les chaussures ou chaussettes ne laissant pas respirer, ne pas laisser les pieds humides, Ă©viter de marcher pieds nus sur des sols sales, dĂ©sinfecter rĂ©guliĂšrement les coupe-ongles.

Notes et références

  1. du grec onycho : « ongle Â», et myco : « champignon », associĂ©s au suffixe -ose caractĂ©ristique des maladies
  2. Chabasse D & Pihet M (2014) Les onychomycoses à moisissures. Journal de mycologie médicale, 24(4), 261-268|résumé.
  3. Pietro Nenoff, Constanze KrĂŒger, Gabriele Ginter-Hanselmayer, Hans-JĂŒrgen Tietz (2014) Mycology – an update. Part 1: Dermatomycoses: Causative agents, epidemiology and pathogenesis
  4. Page Onychomycose sur CISMeF.
  5. B Sigurgeirsson & Ó Steingrímsson (2003) Risk factors associated with onychomycosis ; 17 December 2003 | DOI: 10.1111/j.1468-3083.2004.00851.x
  6. Onychomycoses - Modalités de diagnostic et prise en charge - Ann Dermatol Venereol. 2007;134:5S7
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Voir aussi

Liens externes

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