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Ontologie géopolitique

Une ontologie géopolitique est une ontologie informatique s'appliquant au domaine géopolitique.

Description

Il s'agit d'une formalisation d'objets en connaissances géopolitiques qui décrit des concepts, des données géopolitiques et leurs inter-relations via des métadonnées. Elle peut aider à la compréhension d'une situation dans le cadre d'un système d'aide à la décision.

L'ontologie géopolitique à forte tonalité géographique, a été élaborée par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Ses principaux objectifs sont de fournir un point de référence pour les profils Food and Agriculture Organization (FAO) de pays et système d’information cartographique (FCPMIS), d’offrir aux usagers les données géopolitiques les plus validées et actualisées. La partie politique des données se réduit aux historiques de changement de frontières, et de notions de dépendance/indépendance. Elle fournit des informations géopolitiques validées jusqu’à l’année en cours.

Rédigée dans les langues officielles de la FAO (arabe, chinois, français, anglais, espagnol et russe), elle couvre tous les territoires et groupes ainsi que les mappings pour les principaux systèmes de codification utilisés: ISO2, ISO3, AGROVOC, FAOSTAT, FAOTERM, GAUL, ONU, et PNUD. Elle indique en outre les changements historiques qui se sont produits de 1985 à ce jour, fournit des données à référence géographique (coordonnées géographiques) et établit des liens entre pays ou entre pays et groupes en utilisant des propriétés telles que « possède une frontière avec », « est antérieur à », « est postérieur à », « est administré par », « est membre de » et « fait partie du groupe de ».

Historique

Le projet français CHEOPS

Durant cinq ans, de 1990 à 1995, la France lance le projet CHEOPS sous la direction technique de la société Thomson/Thalès, du Laboratoire d'Informatique de Rouen et LAFORIA (science cognitives)[1] de l'Université Paris VI. Ce projet est axé sur l'interprétation de situations[2].

Usages

CHEOPS-V0 sera mis en œuvre pour la Délégation Interministérielle pour les Jeux Olympiques d'hivers à Albertville en 1992.

CHEOPS-V1 sera mis en œuvre pour plusieurs projets industriels. Il a été utilisé afin de préparer du renseignement militaire pour la résolution de la guerre civile de 2005-2010 au Tchad opposant le gouvernement aux rebelles soutenus par la Libye, afin d'aider l'armée française à protéger le gouvernement tchadien[3]. Il a également été utilisé pour la gestion de risques industriels transfrontières (ENVIRONET)[4].

Contexte

En général, les personnes qui utilisent des données géopolitiques doivent rechercher l’information la plus précise et actualisée possible, de manière rapide et efficace. Dans la réalité toutefois, les chercheurs finissent par passer un temps considérable à naviguer d’un site à l’autre et à consulter divers documents pour trouver l’information dont ils ont besoin. Ils consacrent également la majeure partie du temps à vérifier que les données ne sont pas obsolètes ou incorrectes. Enfin, lorsque les usagers veulent utiliser ces données géopolitiques dans leurs propres systèmes ou les partager avec d’autres experts, ils doivent procéder à certaines modifications manuelles ou automatiques pour les traiter dans un format approprié permettant à leurs systèmes de les partager ou de les échanger facilement.

L'ontologie géopolitique peut offrir un moyen d’améliorer ces processus dès lors que, comme souhaitable pour toute ontologie informatique, elle est partagée entre plusieurs acteurs (utilisateurs, documentalistes[5] et informaticiens) qui utilisent un langage commun. Par langage commun, on entend langage sémantique (le fond), sans se préoccuper du langage syntaxique (la forme). Ce partage, qui nécessite un consensus minimal sur les données et méta-données à exploiter en milieu restreint, peut s'élargir soit par l'adhésion de tiers en raison des qualités de l'ontologie constituée, soit par la création, stratégique[6] - [7] ou fortuite, d'une position dominante sur le marché.

DĂ©finitions et exemples

Une ontologie est une sorte de dictionnaire qui décrit l’information de manière formelle à l’aide de concepts et de relations dans un domaine déterminé. Si cette conception s'appuie sur une logique objet, avec ses classes, ses attributs et ses instances, la formalisation est théoriquement indépendante du ou des langages utilisés[2].

Un concept se définit comme une connaissance abstraite, comme, un territoire autonome ou un groupe géographique. Dans l’ontologie, les concepts sont explicitement appliqués à des individus et à des classes.

  • Un individu est dĂ©fini comme un objet perçu dans le monde rĂ©el, tel que « Éthiopie », et « pays les moins avancĂ©s » dans le domaine gĂ©opolitique.
  • Une classe est dĂ©finie comme un ensemble d’individus partageant des propriĂ©tĂ©s communes. Par exemple, comme l’indique la Figure 1, Éthiopie, un objet du monde rĂ©el, est dĂ©finie comme un individu. Les propriĂ©tĂ©s communes des individus (Éthiopie, RĂ©publique de CorĂ©e, Italie, etc.) sont dĂ©finies Ă  partir de l’établissement d’une classe appelĂ©e « autonomes ». Ainsi, dans la figure 1, le cercle rose Ă  gauche correspond Ă  la classe « autonome » et « Éthiopie » est un individu contenu dans la classe « autonome ». Le cercle vert Ă  droite reprĂ©sente la classe « groupe » et « pays les moins avancĂ©s » est un individu inclus dans la classe « groupe ».

Les relations entre concepts sont appliquées explicitement par :

  • les propriĂ©tĂ©s d’objets entre les individus de deux classes, comme « membre de » et « fait partie du groupe de », comme indiquĂ© dans la figure 1;
  • les propriĂ©tĂ©s de type de donnĂ©es entre individus de classe et littĂ©raux et mĂ©tadonnĂ©es XML tels que « valable jusqu’en 2008 »;
  • les restrictions dans une classe et/ou une propriĂ©tĂ©, comme « autonome Ă  un nom officiel en anglais ».
Figure1. Exemple de concepts et de relations dans l’ontologie géopolitique.

L’avantage de décrire l’information de manière formelle dans une ontologie est de pouvoir acquérir les connaissances d’un domaine contenues dans une autre ontologie en définissant des structures hiérarchiques de classes, en ajoutant des individus, en établissant les propriétés des objets et les propriétés des données, et en définissant des restrictions. L’avantage du langage XML est de fournir un moyen de communication avec d’autres systèmes sans qu’il soit nécessaire de faire un effort spécial, tel que modifier ou convertir les données. L’utilisation d'un traitement de données permet de déduire une nouvelle information à partir d’une information donnée. L’ontologie géopolitique est une ontologie de domaine spécifique à l’information géopolitique et possède les caractéristiques qui viennent d’être décrites.

Objectifs

Les principaux objectifs de l’ontologie géopolitique sont les suivants :

  • fournir aux usagers les donnĂ©es gĂ©opolitiques validĂ©es les plus rĂ©centes ;
  • rendre compte de la chronologie des changements intervenant en gĂ©opolitique ;
  • amĂ©liorer la gestion et faciliter le partage de donnĂ©es gĂ©opolitiques normalisĂ©es ;
  • prouver les avantages de l’ontologie gĂ©opolitique qui permettent d’amĂ©liorer l’interopĂ©rabilitĂ© des systèmes d’information des organisations.

Caractéristiques

L’ontologie géopolitique contient :

  • des types de zones[8]:
    • territoires: autonomes, non autonomes, contestĂ©s, autre,
    • groupes: gĂ©ographiques, Ă©conomiques, organisations, groupes spĂ©ciaux ;
  • des noms (officiels, abrĂ©gĂ©s et noms de listes) en arabe, chinois, anglais, français, espagnol et russe ;
  • des codes internationaux: codes utilisĂ©s par l’ONU – M49, ISO-3166 Alpha-2 et Alpha-3, code PNUD, code GAUL, FAOSTAT, AGROVOC et FAOTERM ;
  • des coordonnĂ©es: latitude maximale, latitude minimale, longitude maximale, longitude minimale ;
  • des relations :
    • appartenance Ă  des groupes,
    • territoires ayant une frontière en commun,
    • changements historiques : antĂ©rieur Ă , postĂ©rieur Ă , valable depuis[9], valable jusqu’à[10].

La version actuelle de l’ontologie géopolitique de la FAO ne contient aucune information sur les territoires « contestés ».

Implémentation : langages utilisés

L’ontologie géopolitique de la FAO utilise le langage d’ontologie OWL. Elle se compose de classes, de propriétés, d’individus et de restrictions de classes et de propriétés. Elle a été rédigée dans trois formats de langage : XML standard (OWL - Ontology Web Language)(OWL- langage d’ontologie Web), mais aussi en html et RDF compréhensible non seulement par les personnes, mais aussi par les machines.

Étude de cas

Profils FAO de pays et système d’information géographique (FCPMIS)] est un portail multilingue qui rassemble le vaste patrimoine des connaissances de la FAO sur l’alimentation et l’agriculture et les présente par pays et par thème. Le FCPMIS permet aux usagers dans le monde entier de consulter des informations relatives à des pays sans qu’il soit nécessaire d’effectuer des recherches dans des sources de données hétérogènes. En , la FAO a lancé un projet pour améliorer et moderniser ce système.

Les principaux objectifs du projet sont d’améliorer l’accès des usagers à l’information et de promouvoir la collaboration entre la FAO et ses partenaires membres d’autres organisations. La FAO participe activement à l’élaboration et à la diffusion de normes et de procédures internationales relatives à la gestion de l’information agricole. La FAO encourage la mise en commun des nouvelles connaissances et technologies dans le domaine de la gestion de l’information agricole. L’application de l’ontologie géopolitique au FCPMIS est l’un des principaux travaux qu’il est nécessaire de mener à bien pour réussir à moderniser le système. Trois avantages sont escomptés par l’implémentation de l’ontologie géopolitique à FCPMIS :

  • l’ontologie gĂ©opolitique fournit les normes internationales les plus rĂ©centes qui ont Ă©tĂ© validĂ©es en matière de gĂ©opolitique et un nouveau mĂ©canisme pour gĂ©rer et Ă©changer les donnĂ©es gĂ©opolitiques ;
  • l’ontologie gĂ©opolitique augmente l’agrĂ©gation et la synchronisation de multiples services d’archivage sur lequel s’appuie le FCPMIS ;
  • l’ontologie gĂ©opolitique permet au FCPMIS d’amĂ©liorer l’accès Ă  l’information et la navigation des usagers grâce Ă  l’agrĂ©gation et la comparaison de donnĂ©es dans des pays ou rĂ©gions partageant une frontière commune.

Communautés

Un groupe appelé Échange d’information nationale sur l’alimentation et l’agriculture fournit une plate-forme aux experts et aux personnes intéressées par les données géopolitiques pour débattre de questions, partager des nouvelles, soumettre des questions et fournir des réponses. À l’heure actuelle, cette plate-forme compte trente membres originaires d’Italie, de la Pologne, des Pays-Bas, de l’Inde, du Canada, de la France et des États-Unis. Les groupes de discussion existant traitent des thèmes tels que :

  • l’état mondial de l’irrigation pour l’agriculture (production fruitière et maraĂ®chère) ;
  • la recherche d’un expert en agriculture et utilisation de l’eau dans la rĂ©gion MENA et le sous-continent indien ;
  • quels sont les systèmes de codification internationale utilisĂ©s Ă  la FAO ou dans d’autres organisations ?

Notes et références

  1. https://www2.hawaii.edu/~nreed/ics606/papers/drogoul95when.pdf
  2. Francis Rousseaux : Contribution à une méthodologie d'acquisition des connaissances pour l'ingénierie des Systèmes d'Information et de Communication : l'exemple de CHEOPS pour l'aide à la gestion de crises collectives à caractère géopolitique — l'hypothèse d'un niveau des valeurs par delà le niveau des connaissances 1995
  3. https://www.francisrousseaux.fr/pdf/papiers/MASR06.pdf
  4. « Cheops », sur www.francisrousseaux.fr (consulté le )
  5. Le terme exact employé en informatique est « propriétaire des données » ; autrement dit, celui qui en maîtrise l'élaboration, en assume la validité, et qui les fournit : il peut effectivement s'agir d'un « documentaliste », mais plus aussi généralement, d'un expert-métier, interne ou externe. Dans le cas de la FAO, il existe plusieurs propriétaires de données, dont par exemple l'ONU
  6. Naçima Mellal, Réalisation de l’interopérabilité sémantique des systèmes, basée sur les ontologies et les flux d’information, Thèse de Doctorat 2007, Laboratoire d’Informatique, Systèmes, Traitement de l’Information et de la Connaissance; 2007, p.21
  7. Pour un cas de raisonnement inversé, mais applicable au domaine géopolitique et au Web sémantique, où les ontologies sont pré-construites pour aider à la veille stratégique, voir Plateforme et ontologie de scénarios pour l'aide à la veille stratégique en source ouverte ou fortuite, d'une position dominante de Émilien Bondu, Stephan Brunessaux, Habib Abdulrab, Nathalie Chaignaud, Jean-Philippe Kotowicz, EADS/LITID
  8. Lorsqu’une zone (territoire ou groupe) a été modifiée dans le temps, mais qu’elle a conservé le même nom, l’ontologie différencie les deux zones en attachant un suffixe au nom d’origine qui correspond à l’année (ex. : « FAO 2006 »). L'année indique le début de validité de la zone concernée
  9. La valeur de la propriété de type de donnée « valideDepuis » indique l’année d’entrée en application de la zone (territoire ou groupe) à laquelle elle est associée. L’ontologie politique ne prend en compte les changements historiques qu’à partir de 1985. Ainsi, si une zone présente une valeur valide Depuis = 1985, cela signifie que la zone est valide depuis 1985 ou avant
  10. La valeur de la propriété de type de donnée « valideJusqu'à » indique la dernière année de validité de la zone (territoire ou groupe) à laquelle elle est associée. Lorsque la zone est valide, cette valeur est mise par défaut à 9999.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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