Accueil🇫🇷Chercher

Onirothérapie

L'onirothérapie est un terme utilisé en psychiatrie qui a été inventé par Roger Frétigny, psychiatre, et André Virel, docteur en psychologie. C'est le fait d'utiliser la pensée onirique dans un but thérapeutique. Ce terme renvoie à l'ensemble des techniques mises en œuvre par Roger Frétigny et André Virel à partir de 1945 : "Mais bien avant que nous n'en parlions à l'extérieur, il était évident pour nous qu'aucun autre terme ne pouvait désigner plus justement ni clairement l'utilisation des techniques d'imagerie mentale à des fins d'exploration ou de traitement. D'emblée, il nous est apparu que l'onirothérapie n'était pas plutôt une méthode ou plutôt une autre, mais une possibilité d'aborder l'Imaginaire par toutes les voies possibles et d'en exploiter les données sans rejeter les ressources d'une théorie ou d'une autre."[1].

Selon le TrĂ©sor de la langue française, l'onirothĂ©rapie est un substantif fĂ©minin renvoyant Ă  une « psychothĂ©rapie utilisant le matĂ©riel constituĂ© par les images mentales, et plus particulièrement le rĂŞve Ă©veillĂ©[2] Â».

Petit lexique des termes utilisés en onirothérapie

Dans le petit lexique des termes techniques utilisés en onirothérapie[3], La définition de l'onirothérapie (ou onéirothérapie) donnée est « au sens large, ensemble des techniques psychothérapiques faisant appel à l'imagerie mentale. Plus particulièrement, selon Frétigny et Virel, l'onirothérapie comporte, quant à son déroulement, une succession de phases (maïeutique, onirique et de maturation) et quant à son cadre doctrinal un appel à toutes les grandes théories analytiques et psychothérapiques. » Le lexique utilisé en onirothérapie est très vaste : cristal-vision, dissociation des souvenirs, division de la conscience, hypnose active fractionnée, imagerie mentale, introspection provoquée, maïeutique, onirodrame, rêve éveillé, rêve éveillé dirigé, rêve éveillé libre, rêverie dirigée, etc. et ne se limite donc pas au rêve éveillé.

Méthodes utilisant l'onirothérapie

Parmi les méthodes qui se réclament directement de l'onirothérapie comme moyen et méthode thérapeutique :

Historique des techniques d'imagerie mentale

Le pionnier de la psychothérapie par imagerie mentale est Leon Pierce Clark. Pour lui, la méthode phantasmatique convient parfaitement aux névroses narcissiques, car le narcissisme est un élément fondamental qui provient de l'identification de l'enfant à sa mère. Pour provoquer la pensée phantasmatique, Clark « demande au sujet allongé de fermer les yeux et d'imaginer des sensations, sentiments, attitudes et comportements de sa vie infantile. Souvent, note Clark, le patient a tendance à croire que ce sont de vrais souvenirs et c'est beaucoup plus tard qu'il découvre que cette imagerie mentale est une rétroprojection automorphique ayant une valeur affective semblable à celle des souvenirs d'enfance. Il découvre lui-même ses fixations et la nature de ses problèmes[8]. »

« L'imagination active Â» est une expression utilisĂ©e par Jung pour dĂ©signer le surgissement d'images qui s'Ă©taient prĂ©sentĂ©es plusieurs fois chez ses sujets au cours d'une analyse. Cette notion est dĂ©finie par son Ă©lève Roland Cahen :

« Le malade pour tout effort, doit faire un effort d'inattention volontaire et se laisser aller physiquement dans une attitude de détente et de relaxation, mentalement à une sorte d'assoupissement comme s'il recherchait le sommeil. Dans cette attitude de détente physique et mentale, il observera toutes les perceptions, toutes les idées, tous les sentiments, toutes les intuitions qui viennent visiter son esprit, qui se présentent spontanément à sa pensée ou encore toutes les images qui se projettent sur l'écran noir des paupières closes. »

— Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie p. 38.

Ces images parlent le langage universel des grands mythes. Le sujet doit ĂŞtre en Ă©tat de passivitĂ©, de rĂ©ceptivitĂ©. Ce n'est pas l'imagination qui est active, mais l'image. Il est important de souligner Ă©galement que l'emploi de l'expression « rĂŞve Ă©veillĂ© Â» est impropre en psychothĂ©rapie puisque l'Ă©tat onirique est vĂ©cu en prĂ©sence d'un opĂ©rateur. Rappelons que l'emploi du mot « opĂ©rateur Â» est prĂ©fĂ©rĂ© — par AndrĂ© Virel et Roger FrĂ©tigny — plutĂ´t que celui de psychothĂ©rapeute, car il est plus vaste : c'est celui qui Ă©met des messages (l'opĂ©rateur-radio) ou celui qui fait voir des images (l'opĂ©rateur de cinĂ©ma)[9].

L'expression « rĂŞve Ă©veillĂ© Â» est rĂ©servĂ©e Ă  une technique solitaire analogue Ă  celle exposĂ©e par LĂ©on Daudet[10]. Robert Desoille, considĂ©rĂ© comme un psychanalyste, a dĂ©veloppĂ© la technique du « rĂŞve Ă©veillĂ© dirigĂ© Â». Charles Baudouin, dans L'Ĺ’uvre de Jung parle ainsi de la technique du rĂŞve Ă©veillĂ© dirigĂ© : « Il est assez piquant, Ă©crit-il, d'observer que si les Freudiens reprochent aux Jungiens de trop intervenir dans l'analyse, il arrive en gĂ©nĂ©ral aux Jungiens Ă  leur tour de reprocher aux Ă©lèves de Desoille, comme une sorte de sacrilège, leur prĂ©tention de diriger, prĂ©cisĂ©ment le rĂŞve Ă©veillĂ©, de ne pas respecter l'autonomie de ce phĂ©nomène naturel[11]. »

L'Ă©cole allemande pose aussi les principes de l'onirothĂ©rapie avec J.H Schultz[12], Kretschmer (en 1949)[13] ; Kluge et Thren (en 1951)[14], Hanscarl Leuner (en 1955). J.H Schultz dĂ©veloppe une technique fondĂ©e sur les exercices oculaires, une concentration sur une couleur uniforme imaginĂ©e, une exploration systĂ©matique du spectre colorĂ©, la reprĂ©sentation d'objets divers concrets puis la concentration sur des idĂ©es telles que « justice Â» ou « bonheur Â». Ces exercices seraient apparentĂ©s Ă  une forme d'autocatharsis[15]. Quant Ă  Kluge et Thren, ils publient le rĂ©sultat d'Ă©tudes effectuĂ©es sur 80 sujets. On demande Ă  ces sujets d'observer ce qui peut apparaĂ®tre dans le champ de leur « regard intĂ©rieur Â». Ă€ des apparitions discontinues d'images plus ou moins vagues succède rapidement un dĂ©roulement continu et plus net d'images animĂ©es parmi lesquelles des souvenirs plus ou moins rĂ©cents et parfois des figures fabuleuses ou fantastiques.

Tous ces travaux sur l'imagerie mentale sont poursuivis par des chercheurs de tous pays : Mario Berta, Gabrielle Charbonnier, Martha Crampton, Gilbert Durand, Azevedo Fernandes, Robert GĂ©rard, Jean Granier, Franck Haronian, A. Jellinek, Emil E. Kobi, Leopold Rigo, Jacques de La Rocheterie, Graham Taylor[16].

Le nom du professeur Delay est attaché à l'étude des drogues psycho-pharmacodynamiques et l'exploration du monde onirique est passé grâce à lui dans le domaine de la recherche expérimentale. C'est ainsi qu'un sujet soumis à l'action de la mescaline, du haschich ou du LSD25 peut être soumis à la technique de l'imagerie mentale avec des résultats semblables sur la plupart des points comme la coloration des images et leur intensité.

Références

  1. Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie, éditions du Mont-Blanc, Genève, 1968, p. 9.
  2. « ONIROTHÉRAPIE : Définition de ONIROTHÉRAPIE », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  3. Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie, éditions du Mont-Blanc, Genève, 1968, p. 327.
  4. Charles Baudouin, L'Œuvre de Jung. Études et documents, Payot, Paris. 1963. Sur Existe-t-il une mythothérapie ?. Sur l'imagination active et le Rêve éveillé dirigé.
  5. Robert Desoille, Exploration de l'affectivité subconsciente par la méthode du Rêve éveillé, préface de Charles Baudouin, eux Ad.J.L.L. d'Artrey, Paris, 1938
  6. Georges Romey, Le rêve éveillé libre : une nouvelle voix thérapeutique, Paris, Albin Michel, , 246 p. (ISBN 2-226-12136-6)
  7. http://www.arbrevert.org/oniroth.html
  8. Citation extraite de Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie p. 36.
  9. Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie p. 21.
  10. Léon Daudet, Le Rêve éveillé, Edition Bernard Grasset, Paris, 1926.
  11. Charles Baudouin, L'Œuvre de Jung. Études et documents, Payot, Paris. 1963.p. 237.
  12. J.H Schultz, Le training autogène. Méthode de relaxation par autodécontraction concentrative. Trad.aux PUF, Paris, 1958.
  13. W.Jr. Kretschmer, Selbsterkennitnis und Willensbildung im ärztlichen Räume.Ed. G.Thieme, Stuttgard, 1958.
  14. Kluge, une H.Thren, "Bildstrifendenken als psychotherapeutische Methode". Zbl.Psychother. Med.Psychol., no 1, p. 13 Ă  19 ; 1951
  15. Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie p. 42.
  16. Roger Frétigny et André Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction à l'onirothérapie p. 46.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Roger FrĂ©tigny et AndrĂ© Virel, L'Imagerie Mentale - Introduction Ă  l'onirothĂ©rapie, Ă©ditions du Mont-Blanc, Genève, 1968.
  • Robert Desoille, Exploration de l'affectivitĂ© subconsciente par la mĂ©thode du RĂŞve Ă©veillĂ©, prĂ©face de Charles Baudouin, aux Ed.J.L.L. d'Artrey, Paris, 1938.
  • Gaston Bachelard, L'Air et les songes, Librairie JosĂ© Croti, Paris, 1943.
  • Gaston Bachelard, La Terre et les rĂŞveries de la volontĂ©, Paris, 1948.
  • LĂ©on Daudet, Le RĂŞve Ă©veillĂ©, Ed. Bernard Grasset, Paris, 1926.
  • Charles Baudouin, L'Ĺ’uvre de Jung. Études et documents, Payot, Paris. 1963.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.