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Olivier Christin

Olivier Christin, né le à Sannois (Val-d'Oise), est un historien moderniste français, spécialiste de l'histoire religieuse et politique. Il est professeur d'histoire moderne à l'université de Neuchâtel[1] et directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE)[2].

Olivier Christin
Olivier Christin lors du forum « L’année vue par l’histoire » organisé par France Culture le 25 mars 2017.
Ĺ’uvres principales
Les RĂ©formes : Luther, Calvin et les protestants (d)

Biographie

Il est le fils de Pierre Christin, écrivain et scénariste de bande dessinée, et de Rosine Christin, sociologue. Il entre à l'École normale supérieure de Saint-Cloud et est Agrégé d'histoire en 1983.

Il est maître de conférences à l'université Nancy-II, directeur adjoint de l'Institut historique français de Göttingen, puis membre de l'Institut universitaire de France de 1999 à 2004. Depuis octobre 2003, il est directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des Sciences religieuses.

Professeur des universités à l'université Lumière Lyon-II jusqu'en , et président de cette université de 2008 à 2009, il est nommé professeur ordinaire en histoire moderne à l'université de Neuchâtel en 2010.

Il a été directeur du Centre européen des études républicaines (CEDRE) de 2016 à 2021.

Domaines de recherche

Les recherches d'Olivier Christin portent sur les enjeux tant religieux que politiques des affrontements confessionnels aux XVIe – XVIIe siècles, qu’il analyse en vue de montrer par quelles pratiques et suivant quels schémas de pensée les contemporains tentent de répondre à ce bouleversement du monde social. Soucieux de montrer la diversité des expériences et leur irréductibilité à un modèle unique, il travaille sur des objets issus aussi bien du royaume de France et de la Confédération suisse que du Saint-Empire romain germanique. Depuis quelques années, il s'intéresse aussi à l'histoire des républicanismes, aux doctrines républicaines et aux pratiques politiques qu'elles inspirent[3].

Accordant une place importante aux images comme source et objet d’histoire, Olivier Christin a étudié les manifestations de l’iconoclasme protestant dans lequel il voit une « révolution symbolique » qui, loin de n’être qu’une manifestation de vandalisme, participe de la constitution des identités confessionnelles, oblige les acteurs à produire de nouveaux discours de légitimation et transforme profondément l’art religieux[4]. Il s’est aussi intéressé à l’iconographie luthérienne des Dix commandements[5] et aux démonstrations savantes de l'efficacité des images miraculeuses par les auteurs de la Compagnie de Jésus. Avec Nicolas Balzamo et Fabrice Flückiger, il a proposé la première édition critique de la plus citée des topographies sacrées traitant des images de Marie, l’Atlas marianus du père jésuite Wilhelm Gumppenberg[6].

Dans son livre sur La paix de religion, prenant le contre-pied de l’interprétation des divergences confessionnelles comme longue suite d’affrontements sanglants, Olivier Christin a montré comment les acteurs s’efforcent de restaurer la paix en organisant la coexistence religieuse à travers l’invention de nouvelles formes d’appartenance à la communauté détachées de l’unité de la foi et fondées sur l’autonomisation de la raison politique[7]. Ses recherches portent aussi sur l’histoire du vote avant le suffrage universel, dont il a retracé les avatars au sein des conseils de villes, des universités et monastères ou lors de l’élection du Pape. Dans Vox Populi (2014), il décrit les modalités du vote lors de l'élection d'un magistrat vertueux ou pour choisir un prélat digne de sa fonction aux yeux de Dieu ; il dévoile aussi les stratégies de reproduction des élites dont le vote est souvent l'instrument[8]. Dans la continuité de cet ouvrage, il a initié un projet de recherche sur la transformation des pratiques de la décision collective engendrée par la division religieuse à l’époque moderne dans la Confédération suisse au XVIe siècle[9].

Proche de Pierre Bourdieu, avec qui il a travaillé de nombreuses années, Olivier Christin anime aussi un réseau de recherche consacré à l’historicisation réflexive des concepts historiques, en vue de sensibiliser chercheurs et chercheuses aux enjeux propres à la circulation des mots entre les disciplines et les traditions linguistiques. Les premiers résultats ont fait l’objet d’un Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines[10].

Engagement politique

En 2016, il a fondé le Centre européen des études républicaines (CEDRE), qu'il a dirigé jusqu'en 2021. Rattaché à l'université Paris Sciences et Lettres, ce centre de recherche avait pour vocation d'étudier « les théories de la République, l’histoire des idées et des doctrines républicaines, les pratiques politiques spécifiques à l’œuvre dans les systèmes républicains, l’histoire des expériences politiques républicaines »[11]. Revendiquant une approche résolument interdisciplinaire et transnationale, le CEDRE a servi de plate-forme d'échange aux chercheurs et chercheuses issus de divers pays et traditions académiques afin de décloisonner l'approche de l'histoire des républicanismes et sortir du seul modèle français.

Enquêtes pour soupçon de fraude

Le 3 mai 2022, une enquête conjointe du quotidien suisse ArcInfo et du journal en ligne Mediapart fait état de soupçons de fraude à l’encontre d’Olivier Christin[12] - [13]. Celui-ci aurait utilisé de l'argent public suisse destiné à la recherche pour financer des activités politiques en France, notamment dans les milieux proches du Parti socialiste. L'université de Neuchâtel a déclaré avoir ouvert une enquête pour déterminer si les faits reprochés à Olivier Christin sont avérés[14]. Au terme d’une enquête approfondie, il ressort que soit les allégations sont purement et simplement fausses, soit qu'elles relèvent d’interprétations manifestement exagérées[15].

Principales publications

  • Une rĂ©volution symbolique : l'iconoclasme huguenot et la reconstruction catholique, Paris, Minuit, .
  • Les RĂ©formes : Luther, Calvin et les protestants, Paris, Éditions Gallimard, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / Religions » (no 237), , 160 p. (ISBN 978-2-0705-3228-5), trad. italienne, japonaise, russe, sud-corĂ©enne et chinoise simplifiĂ©e.
  • La paix de religion : l'autonomisation de la raison politique au XVIe siècle, Paris, Seuil, .
  • Les yeux pour le croire : les Dix commandements en image (XVe-XVIIe siècles), Paris, Seuil, .
  • (avec Patrick Champagne) Pierre Bourdieu : mouvements d'une pensĂ©e, avec Patrick Champagne, Paris, Bordas, 2004 (rĂ©Ă©d. Lyon, PUL, 2012).
  • Le Roi-Providence : trois Ă©tudes sur l'iconographie gallicane, Lyon, ChrĂ©tiens et SociĂ©tĂ©s, 2007.
  • Confesser sa foi : conflits confessionnels et identitĂ©s religieuses dans l'Europe moderne (XVIe-XVIIe siècles), Seyssel, Champ Vallon, 2009.
  • (Dir.) Un nouveau monde : naissance de la Lorraine moderne. Catalogue d'exposition, Paris, Somogy, 2013.
  • Vox populi : une histoire du vote avant le suffrage universel, Paris, Seuil, 2014.
  • (Dir. avec Fabrice FlĂĽckiger et NaĂŻma Ghermani) Marie mondialisĂ©e : l'Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg et les topographies sacrĂ©es de l'Ă©poque moderne, Neuchâtel, Alphil, 2014.
  • (Dir.) Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines, 2 tomes, Paris, MĂ©tailiĂ©, 2010 et 2016.
  • (Dir.) Demain, la RĂ©publique, Lormont, Le Bord de l'eau, 2018.
  • (Dir.) RĂ©publiques et rĂ©publicanismes : les cheminements de la libertĂ©, Lormont, Le Bord de l'Eau, 2019.
  • (Dir. avec Marion Deschamp) Critique de la langue politique : les concepts nomades et l'histoire des idĂ©es, Lormont, Le Bord de l'eau, 2019.
  • La Cause des autres. Une histoire du dĂ©vouement politique, PUF, 316 p., 2021[16].

Notes et références

  1. « Olivier Christin sur le site de l'Université de Neuchâtel », sur Université de Neuchâtel (consulté le ).
  2. « Olivier Christin », sur www.ephe.fr (consulté le ).
  3. Olivier Thomas, « Olivier Christin : L’œil de la Réforme », sur www.lhistoire.fr, L'Histoire, (consulté le ).
  4. Nicole Lemaître, « Compte-rendu: Olivier Christin, Une révolution symbolique. L'iconoclasme huguenot et la reconstruction catholique », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. 41-1,‎ , p. 161-163 (www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1994_num_41_1_1711_t1_0161_0000_1).
  5. Matthieu Arnold, « Compte-rendu: Olivier Christin, Les yeux pour le croire. Les Dix Commandements en images (XVe – XVIIe siècle) », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, vol. 83-3,‎ , p. 371-372 (www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_2003_num_83_3_1041_t8_0371_0000_1).
  6. Mariel Mazzocco, « Compte-rendu: L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, édition et traduction par Nicolas Balzamo, Olivier Christin et Fabrice Flückiger, avec la collaboration de Laurent Auberson, Naïma Ghermani et Anton Serdeczny », Revue de l'histoire des religions, vol. 3,‎ , p. 570-571 (lire en ligne).
  7. Alain Tallon, « Compte-rendu: Olivier Christin, La paix de religion. L'autonomisation de la raison politique au XVIe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 55-2,‎ , p. 484-486 (www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2000_num_55_2_279855_t1_0484_0000_2).
  8. Rémy Caveng, « Compte-rendu: Olivier Christin, Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel », Lectures, (consulté le ).
  9. « Réformation et votations », sur p3.snf.ch, (consulté le ).
  10. Serge Audier, « Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines : l'internationale des concepts », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  11. « La vocation du CEDRE », sur cedre.univ-psl.fr (consulté le ).
  12. « Neuchâtel: le prof d’Uni, ses amis socialistes et l’argent suisse », sur ArcInfo, 3 mai 2022 (consulté le )
  13. Antton Rouget, Anabelle Bourquin (ArcInfo), « En Suisse, les financements douteux d’un centre de recherche... », sur Mediapart (consulté le )
  14. « L’Université de Neuchâtel à nouveau dans la tourmente », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  15. « L’Université présente les résultats d’une enquête externe après la mise en cause d’un professeur et du système de contrôle interne », sur www.unine.ch (consulté le )
  16. Roger Chartier, « « La Cause des autres », d’Olivier Christin : dévoués héros du bien commun », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

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