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Octavie Thomas de Saint-Laurent

Octavie Thomas, comtesse de Saint-Laurent, née le 12 avril 1845 à Seyssel et morte le 31 janvier 1940 à La Bastide-d'Engras, est une militante politique française. Très pieuse, elle se réclame du catholicisme intransigeant. Elle fonde la Ligue des femmes françaises en compagnie de Jeanne Lestra et du jésuite Antonin Eymieu et en prend la présidence générale.

Octavie Thomas de Saint-Laurent
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Biographie

Famille

Octavie Bolot d'Ancier est issue d'une noble famille installée à Saint-Cyr-sur-Rhône. Elle possède le château de Montlys et a des intérêts dans les ateliers verriers de Givors. Henri Bolot d'Ancier, le père d'Octavie, mène des activités industrielles modernes sans toutefois abandonner le mode de vie d'un châtelain[1].

En 1868, à 23 ans, Octavie épouse Henri Thomas de Saint-Laurent, héritier d'une famille de noblesse pontificale d'Avignon détentrice de domaines à La Bastide-d'Engras, au nord d'Uzès. Le comte de Saint-Laurent, contrairement à ses ascendants, a choisi de s'engager dans une carrière industrielle plutôt que militaire. Après avoir fait ses études à l'École polytechnique, il est entré au corps des Ponts-et-Chaussées. Il travaille tout d'abord comme cadre au sein des Houillères de Rochebelle, près d'Alès — mais dont le siège est à Lyon —, puis en devient le directeur[2] - [3]. Il est également l'un des membres de La Congrégation, une association de laïcs visant à la défense du catholicisme intransigeant[3].

Le couple a sept enfants : trois fils qui échouent à perpétuer la lignée — ce qui sera un déchirement pour leur mère —, et quatre filles qui se marient avec les descendants de familles nobles françaises de premier rang[4].

Engagement politique

La crĂ©ation de la Ligue des femmes françaises fait suite de peu Ă  l'Ă©chec d'une pĂ©tition lancĂ©e dans les milieux catholiques lyonnais : cette dernière, qui rĂ©clamait l'abandon de la loi de 1901 sur les associations, recueille 600 000 signatures de femmes et est portĂ©e au SĂ©nat le 14 juin 1901 par le parlementaire Antonin Gourju. Mais les sĂ©nateurs n'en tiennent pas compte et votent la loi le 23 juin 1901. C'est dans ce contexte que les femmes catholiques de Lyon vont constituer une ligue : leur but est de peser sur les Ă©lections lĂ©gislatives d'avril 1902 pour permettre aux catholiques de chasser l'irrĂ©ligion du gouvernement[5]. Les trois fondateurs de la ligue sont Jeanne Lestra, le jĂ©suite Antonin Eymieu et Octavie Thomas de Saint-Laurent[3]. L'initiative de la fondation revient Ă  Jeanne Lestra et au père Eymieu ; c'est d'ailleurs ce dernier qui propose le nom de « Ligue des femmes françaises »[6]. Le 29 septembre 1901, la ligue publie son manifeste fondateur oĂą s'affirment ses buts : « Arrière les sans-patrie et les sectaires ! Les femmes de France sont pour la patrie, la propriĂ©tĂ©, la libertĂ©. Et elles se liguent pour les dĂ©fendre »[7]. Le 3 octobre 1901, Jeanne Lestra et le père Eymieu parviennent Ă  convaincre la comtesse de Saint-Laurent de prendre la prĂ©sidence gĂ©nĂ©rale de l'association ; le père Eymieu s'effacera progressivement de la direction de la ligue[6].

En 1902, la comtesse de Saint-Laurent publie la déclaration suivante[7] :

« Marchons donc vaillamment dans la voie qui nous est tracée par la divine providence et, unissant nos efforts dans le même élan de charité et de patriotisme, ne formons plus, comme les premiers chrétiens, qu’un seul cœur et une seule âme. Toujours en avant pour prier, pour agir et pour lutter, montrons à tous ce que peuvent les femmes françaises quand elles combattent sous l’étendard du Sacré-Cœur et qu’elles cherchent avant tout l’avènement de son règne »

Au moment des élections législatives françaises de 1906, la comtesse de Saint-Laurent invite — dans le bulletin de la ligue — les femmes à surveiller les « mauvais votes » des hommes de leur famille[8].

Notes et références

  1. Dumons 2012, § 19.
  2. Dumons 2012, § 20.
  3. Dumons 2002, § 19.
  4. Dumons 2012, § 21.
  5. Dumons 2002, § 15.
  6. Dumons 2002, § 20.
  7. Yves Déloye, École et citoyenneté, l'individualisme républicain de Jules Ferry à Vichy : controverses, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, , 431 p. (ISBN 2-7246-0655-8 et 978-2-7246-0655-3, OCLC 32818865), chap. 5 (« Les guerres scolaires »)
  8. Dumons 2007, p. 95.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Bruno Dumons, « Mobilisation politique et ligues fĂ©minines dans la France catholique du dĂ©but du siècle : La ligue des femmes françaises et la ligue patriotique des françaises (1901-1914) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 73, no 1,‎ , p. 39-50 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Bruno Dumons, Les Dames de la Ligue des Femmes Françaises (1901-1914), Cerf, , 528 p. (ISBN 978-2-204-08022-4).
  • Bruno Dumons, « RĂ©sistance des ligues fĂ©minines catholiques Ă  l'idĂ©e laĂŻque », dans Florence Rochefort (dir.), Le pouvoir du genre : laĂŻcitĂ©s et religions (1905-2000), Presses universitaires du Mirail, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Bruno Dumons, « Souffrir en politique : Dames « blanches » et jĂ©suites au temps de la RĂ©publique (1880-1914) », Parlement[s], revue d'histoire politique,‎ , p. 113-126 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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