Nukak
L'ethnie amĂ©rindienne Nukak (mot qui signifie « les gens » dans leur langue) vit entre les bassins du Guaviare et de l'Inirida, en Colombie. Elle fait partie des 80 groupes autochtones qui vivent dans ce pays. Les Nukak constituent lâun des six sous-groupes du peuple maku, chasseurs-cueilleurs nomades des sources de lâAmazonie du nord-ouest.
Mode de vie
Les nukaks sont des chasseurs-collecteurs. Ils vivent en petits groupes familiaux, privilĂ©gient la forĂȘt isolĂ©e aux riviĂšres et sont nomades. Cette grande mobilitĂ© implique qu'ils ne possĂšdent que trĂšs peu de biens matĂ©riels, ces derniers devant ĂȘtre facilement transportables. Ils peuvent ainsi en quelques minutes rassembler leurs hamacs tissĂ©s en fibres vĂ©gĂ©tales (qui constituent leur principal mobilier), leurs ustensiles et quelques autres objets dans des sacs de palmes qu'ils portent sur le dos et repartir. Les groupes familiaux se dĂ©placent en moyenne tous les cinq jours, sur environ 7 kilomĂštres, reconstruisant Ă chaque fois une nouvelle maison.
Les Nukak se nourrissent de gibier, de singes, de poisson, de tortues, d'oiseaux, de fruits, de noix, de légumes, de tubercules, d'insectes et de miel. Les hommes chassent à l'aide de sarbacanes qui peuvent mesurer jusqu'à 3 mÚtres aux fléchettes enduites de curare. Les nukaks s'épilent une partie de leur chevelure et se tracent des lignes rouges sur le visage avec une préparation à base de rocou.
Les maisons maku, construites à l'aide de branchages et de feuilles de palme, ont une structure légÚre d'une solidité suffisante pour leur procurer un toit et suspendre leurs hamacs. Chaque famille possÚde son propre foyer utilisé pour cuisiner, se réchauffer et aussi pour consumer certaines plantes afin d'éloigner les moustiques durant la nuit.
Un peuple en danger
Les nukaks ont été découverts en 1988 prÚs du village de Calamar, et depuis, leur nombre a baissé, passant d'environ 1 200 individus (un recensement réalisé en 1992 par le ministÚre de l'intérieur indiquait 1 663 membres) à 500. Cela est dû principalement aux maladies respiratoires qu'ils attrapent au contact de la civilisation.
Leur espérance de vie ne dépasse pas aujourd'hui 43 ans.
Ils ont quittĂ© la forĂȘt amazonienne Ă cause de la guerre de la drogue faisant rage entre les FARC, les paramilitaires et l'armĂ©e colombienne. Entre et , 22 familles reprĂ©sentant 138 individus se sont rĂ©fugiĂ©es au campement d'Aguabonita prĂšs de San JosĂ© del Guaviare. Le , le HCR a lancĂ© un appel aux groupes armĂ©s pour qu'ils laissent en paix les populations indigĂšnes de Colombie.
En , un leader indien nukak sâest suicidĂ© en ingurgitant un poison utilisĂ© pour la pĂȘche Ă la nivrĂ©e. « Il Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ© de ne pas avoir rĂ©ussi Ă organiser le retour des Nukak sur leur territoire, ce territoire quâils aiment et quâils veulent rĂ©cupĂ©rer » a dĂ©clarĂ© un porte-parole de lâONIC, lâorganisation indigĂšne nationale de Colombie. Ce suicide survient peu de temps aprĂšs la mort dâun garçon de neuf ans et lâĂ©pidĂ©mie de grippe qui a touchĂ© plus dâun quart du groupe. Depuis leur premier contact avec le monde extĂ©rieur en 1988, plus de la moitiĂ© du groupe a disparu et de nombreux Indiens souffrent de malnutrition, de diarrhĂ©e, de grippe et d'infections respiratoires.
En , le Tribunal Permanent des Peuples (PTT) a jugé que les Nukak étaient en « danger imminent d'extinction physique et culturelle »[1].
Ils vivent dans des campements prĂ©caires Ă la pĂ©riphĂ©rie de zones rurales et vivent de mendicitĂ©. Selon diverses ONG, de nombreux enfants et adolescents finissent entre les mains de rĂ©seaux proxĂ©nĂštes qui Ă©changent faveurs sexuelles contre de la nourriture, et certains d'entre eux sont dĂ©pendants Ă la drogue. En outre, ils subissent un « phĂ©nomĂšne croissant de viols de mineurs indigĂšnes dans la rĂ©gion de Guaviare par des hommes blancs majoritairement plus ĂągĂ©s, dont certains sont des militaires », souligne une enquĂȘte du mĂ©dia Univision Noticias. DĂ©but 2023, 118 membres de l'armĂ©e colombienne et un membre de l'armĂ©e amĂ©ricaine font l'objet d'une enquĂȘte pour ces crimes[2].
Annexes
Bibliographie
- « Peut-on encore sauver les Nukak ? », Courrier international, « Fiers d'ĂȘtre Indiens » / NumĂ©ro (BogotĂ ), .
- (es) Gabriel Cabrera Becerra et Carlos Eduardo Franky Calvo, Los Nikak : nomadas de la Amazonia Colombiana, Universidad Nacional de Colombia, Fundacion Gaia-Amazonas, Santafé de Bogota (Colombie), 1999, 423 p. (ISBN 958-8051-35-5)
- (es) Carlos Eduardo Franky Calvo, Acompañarnos contentos con la familia : unidad, diferencia y conflicto entre los NĂŒkak, Amazonia colombiana, Wageningen University, Wageningen, 2011, 283 p. (ISBN 9789085859475)
- (en) Gustavo Politis, Nukak : ethnoarchaeology of an Amazonian people (trad. par Benjamin Alberti), Left Coast Press, Walnut Creek (Calif.), 2007, 411 p. (ISBN 978-1-59874-229-9)
Filmographie
- Nukak Maku, film documentaire de Carlos Rendon Zipagauta et Jean-Christophe Lamy, AVC Rainbow, Audiovisuales, 1993, 52 min (VHS)
Liens externes
Notes et références
- (en) « Des Indiens dâAmazonie face Ă une âextinction imminenteâ », sur survivalfrance.org (consultĂ© le ).
- « Colombie : enquĂȘtes sur des viols prĂ©sumĂ©s d'enfants indigĂšnes par des soldats, dont un amĂ©ricain », sur Le Figaro,