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Nuño Rasura

Nuño Rasura, Muño Rasuella, est né vers l’an 789 à Amaya[1] et est mort selon les recherches de son petit-fils en 862 à Lara. Nuño Rasura est un personnage presque légendaire du comté de Castille, un des deux juges de Castille que les Castillans ont choisis, avec Laín Calvo vers 842, pour faire des lois et exercer la justice et ainsi ne plus dépendre de la justice du royaume de León. Il est seigneur et comte d'Amaya.

Nuño Rasura
Son portrait, arco de Santa MarĂ­a, Burgos
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Fauteuil des juges de Castille, Laín Calvo et Nuño Rasura, arco de Santa María, Burgos
Les niches d'apparat de l’arco de Santa María. Rangée du haut : Gonzalo Fernández de Burgos, Charles Quint, Le Cid. Rangée du bas : Nuño Rasura, Diego de Castille, Laín Calvo.

Origines de la nomination des deux juges de Castille

Selon la Crónica Najerense, le roi Alphonse II des Asturies le fait juge et gouverneur de Castille, dès 804. En 833/834, lui et sa femme Doña Argilo accordent les premiers fueros à la ville de Brañosera et y mettent en place une administration municipale sage et instruite des lois[1].

Pendant le règne de Ordoño II de León les chrétiens subissent une grande défaite à Valdejunquera. La cour du royaume de León attribue la catastrophe au refus des comtes castillans de se battre et les fait conduire comme prisonniers à León où ils sont exécutés. Les Castillans, indignés par cet acte, et ne pouvant pas prendre les armes, décident de se doter d’un gouvernement, et choisissent parmi les nobles deux magistrats, un civil et autre militaire. Ils ont le titre de juges, pour leur rappeler que leur mission est de faire régner la justice et pas celle d'opprimer le peuple par autoritarisme, ou même d’amoindrir sa liberté.

Son nom

Le nom de Nuño, Munius ou Nunius, provient du latin Nonnus, qui peut se traduire par respectable ; ou peut-être du goth Hermann ou hermunius, traduisible par homme seigneur. À Rome il y a eu un politicien célèbre Lucio Munnio, préteur en Hispanie, durant l'année -154.

Juge civil

Nuño Núñez Rasura est nommé pour cette charge honorable du fait de sa grande érudition et de sa sagesse.

Autodafé des exemplaires du Fuero Juzgo

Après l’indépendance du comté de Castille (931 - 970, à l’époque de Ferdinand Gonzalez de Castille, et la libération de l'autorité détenue par le royaume de León en Castille, le peuple brûle les exemplaires du Liber Iudiciorum à Burgos et des alcades sont nommés dans les diverses comarcas pour qu'ils jugent conformément au juicio del albedrío, le droit castillan rédigé par Nuño Rasura et Laín Calvo.

Bisjueces

La tradition situe le siège des deux premiers juges castillans célèbres à Bisjueces dans la Merindad de Castilla la Vieja.

Dans l'ancienne Ă©glise de San Andres de CigĂĽenza il se lit cette Ă©pitaphe : Hic jacet Nunius, Rasura, judex Castellanorum .

Généalogie

Les descendants : Ferdinand Gonzalez de Castille et le Cid (photo suivante A et B)

Nuño Rasura est un homme relativement âgé en 842, et va être le beau-père de Laín Calvo. Certains textes le disent fils d'un certain Nuño Belchides, pèlerin alaman[1]. Mais cela est contesté et il n'est pas du tout certain que ce père d'origines germaniques soit le fondateur de Burgos et le mari de Sula Bella, descendante de Rodéric[2]. Mais il est plus vraisemblablement issu d’une famille de fidèles regis des rois des Asturies. Il est marié, avant 834, à Doña Argilo Diaz, fille du comte Osario et sa femme Argilona. Ils ont trois enfants :

Selon la tradition, les chroniques et les œuvres littéraires postérieures (comme le Poème de Fernán González) Ferdinand Gonzalez de Castille, est donc son descendant direct. Mais certains auteurs contestent cette parenté qu'il qualifie de légendaire et non historique.

Selon certains historiens cette légende est inventée à l’initiative des hommes qui, à partir de 1134, s’emploieront à restaurer et à maintenir contre vents et marées la royauté navarraise, bouleversera, par ses implications, l’histoire des royautés d’Espagne. Destinée à mettre sur un pied d’égalité les souverains castillans réputés descendre de Nuño Rasura et les nouveaux rois de Navarre, descendants effectifs du Cid (et de - selon cet auteur - l’imaginaire Laín Calvo), elle fera remonter la légitimité des rois de Castille non plus aux Wisigoths, dont les coupe censément la mort sans postérité d’Alphonse II des Asturies (791 - 842), mais à l’élection de deux juges inventés pour la circonstance[4].

A Différentes statues du Cid : à Balboa Park, San Diego, aux États-Unis
B Ă  Burgos.

Ne faut-il pas plutôt voir en ces juges élus de simples Milites castri ou fidèles regis, placés là pour leur faiblesse par des grands inquiets de ce qu’aucun des leurs ne s’empare d’une puissance comparable à celle des rois : ne si de nobilioribus suis judicem facerent, pro Rege vellet in eis dominari[5] ? Nuño Rasura installé à la tête des Castillans par ce soi-disant sage subterfuge permet à son petit-fils Gonzalo Fernández de Burgos d’exercer le pouvoir royal en Castille.

De même, les Milites castri ou fidèles regis vont former une nouvelle noblesse qui n’est pas limitée aux cadets des familles princières. Les descendants des familles de nobles wisigoths et de paysans à la fois libres et guerriers des Asturies vont devenir du fait des guerres seigneurs héréditaires de fiefs ou sous-fiefs.

Du coup, ce n’est plus la méfiance et l’astuce qui rassemblent autour de Nuño Rasura et de son fils les jeunes nobles de Castille, mais un authentique souci d’éducation qui, du reste, suscite en retour obligation et amour. Quant à la réduction monarchique de la dyarchie primitive, elle tient ici au tempérament de Laín Calvo. Ancêtre des grands lignages de Castille et trop habité par la fougue des guerriers pour se pencher avec sérénité sur la complexité des causes venues devant lui, c’est à la fonction militaire et à la défense du territoire qu’il consacrera ses efforts, laissant à Nuño Rasura l’entier de la fonction judiciaire.

Nuño Rasura préfère la conciliation amiable, mieux perçue par la noblesse.

Nuño Rasura, simplex miles, est sublimé, les juges étant désormais perçus comme des ancêtres du roi, en un très noble et de haut lignage.

À propos de Gonzalo Fernández de Burgos, fils de Nuño Rasura, Luc écrira que les nobles castillans, après l’avoir fait juge, l’appelleront comte (Gundisalvum Nunnii sibi judicem fecerunt & etiam Comitem vocaverunt et lui accorderont le commandement de la chevalerie.

Gontroda (?)
Galicienne
Ramire Ier
roi d'Oviedo
(† 850)
Paterna de Castille
(† 848)
Ordoño Ier
roi d'Oviedo
(† 866)
Rodrigo
cte Castille
(† 863)
Diego
"Porcellos"

cte Castille
(† 885)
Nuño Rasura
juge de Castille
(† 865)
Plusieurs
fils
Gutina
Fernán Nuñez
Niger
Nuno Nunez
cte Castille
(† 915)
Ne
Gonzalo
cte Castille
(† 932)
Muniadomna
Ferdinand
cte Castille
(† 970)
GarcĂ­a Ier
cte Castille
(† 995)
Sanche Ier
cte Castille
(† 1017)
GarcĂ­a II
cte Castille
(† 1029)
Munia Mayor
ctesse Castille
Sanche III
roi Navarre
(† 1029)
BĂ©atrice d'Aybar
GarcĂ­a IV
roi Navarre
(† 1054)
Ferdinand Ier
roiCastille
(† 1065)
Ramire Ier
roi d'Aragon
(† 1063)

Notes et références

  1. Retratos de los españoles ilustres con un epitome de sus vidas.
  2. Histoire d'Espagne depuis les premiers temps jusqu'Ă  nos jours, de Charles Romey, p.289.
  3. Espagne, de Jean Gaspard de. - Grégory, C. - Friess de Colonna, p.188.
  4. Martin, Les Juges de Castille…, p. 27-194.
  5. http://eprints.ens-lsh.fr/archive/00000074/01/Martin.pdf

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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