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Nouville

Nouville est un quartier de Nouméa construit sur une presqu'île, anciennement une île. Il comprend notamment des vestiges d'un passé bagnard ainsi que, notamment, l'Université de la Nouvelle-Calédonie et d'autres structures culturelles et d'enseignement, de grands établissements de santé, des lotissements, un centre pénitentiaire et un hôtel.

Nouville
Nouville
Vue aérienne depuis le nord, au niveau de l'université de la Nouvelle-Calédonie
Administration
Pays Drapeau de la France France
Collectivité Nouvelle-Calédonie
Ville Nouméa
DĂ©mographie
Population 3 481 hab. (2019)
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 22° 15′ 52″ sud, 166° 23′ 56″ est
Site(s) touristique(s) Vestiges du bagne
Fort Téréka
Théâtre de l'île
Université
Kuendu Beach
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Nouméa
Voir sur la carte administrative de Nouméa
Nouville

    Histoire

    Un premier volet britannique

    Ce quartier a été créé sur une île près de la côte Nord-Ouest de la péninsule, devenue une presqu'île à la suite de la construction de remblais et d'un pont. Au moment de la création de Port-de-France devenu depuis Nouméa en 1854, l'île fut appelée Dubouzet, du nom du marquis Eugène du Bouzet, alors gouverneur des Établissements français d'Océanie (EFO) (basés à Tahiti).

    Elle est pourtant alors la propriété d'un négociant et aventurier britannique, James Paddon (1812-1861), qui s'est installé dans l'île avant 1853 après l'avoir échangée au Grand Chef Kouindo, de Païta, contre des barils de tabac en figues, et des étoffes.

    L'Ă©tablissement de Nou comporte surtout, en 1855, un magasin, avec deux chambres Ă  coucher, un immense hangar, un four Ă  chaux, une machine Ă  vapeur, une forge, des Ă©tablis de charpentier (construction de bateaux) et de menuisier, ainsi que des parcs Ă  bestiaux. Le Capitaine Paddon emploie environ 80 EuropĂ©ens et 200 Kanak. D'autres Ă©tablissements de Paddon assurent l'Ă©levage de bĂ©tail, de chevaux, de moutons (Ă  Tomo), de cochons. L'ensemble, autonome, est très utile Ă  tous les visiteurs europĂ©ens, navigateurs, aventuriers, fonctionnaires, missionnaires. Son second est l'Allemand Ferdinand Knoblauch. En reconnaissance des services rendus, Eugène du Bouzet, gouverneur, accorde Ă  Paddon (qui attend davantage), le , la jouissance gratuite de 200 ha de terres sur l'Ă®le Nou pour y parquer son bĂ©tail, pour cinq annĂ©es, avec promesse de compensations ensuite en cas de reprise par l'administration française. En 1857, il vend son droit de propriĂ©tĂ© sur l'Ă®le Ă  l'administration des Domaines pour 40 000 F et l'obtention en Ă©change de 4 000 ha de terres Ă  culture Ă  PaĂŻta[1] - [2] - [3].

    Le débarcadère de Nouville.

    L'île Nou et son bagne

    L'État se porte acquĂ©reur des lieux, qui sont rebaptisĂ©s « Ă®le Nou » (toponyme plĂ©onastique puisque Nou veut dire « Ă®le » en langue nââ drubĂ©a[4]), afin d'y installer le principal centre pĂ©nitentiaire du bagne de Nouvelle-CalĂ©donie. Les 250 premiers « TransportĂ©s » arrivent Ă  Port-de-France le Ă  bord de L'IphigĂ©nie. En tout, 75 convois amèneront, entre 1864 et 1897, environ 21 630 immatriculĂ©s au bagne, selon les estimations d'Alain Saussol[5]. Il existe alors trois types de « bagnards » ou « chapeaux de paille »[6]. L'Ă®le Nou accueille pendant la durĂ©e de leur peine, avant leur doublement sur un centre agricole pĂ©nitentiaire (Ă  Bourail notamment), essentiellement des « TransportĂ©s », de loin les plus nombreux, aussi appelĂ©s « forçats » car condamnĂ©s Ă  des peines de travaux forcĂ©s (de 8 ans Ă  perpĂ©tuitĂ©) pour des crimes de droit commun (allant de la simple voie de fait ou atteinte Ă  la pudeur au meurtre). Ces bagnards seront la main d'Ĺ“uvre qui servira Ă  l'Ă©dification des infrastructures de la colonie : bâtiments officiels ou religieux, routes, système d'approvisionnement en eau, remblais des marĂ©cages de NoumĂ©a[6].

    Ce passé bagnard est encore omniprésent à Nouville à travers les nombreux bâtiments datant de cette époque. On peut citer l'ancien atelier de couture et cordonnerie du bagne, prévu initialement pour être une église et finalement reconverti en théâtre (le Théâtre de l'île), mais aussi l'actuel musée du bagne et les anciens ateliers qui sont devenus depuis le site du département de droit et d'économie de l’université de la Nouvelle-Calédonie. Certains de ces sites font l'objet de fouilles archéologiques, notamment l'ancienne boulangerie où les recherches ont donné leurs premiers résultats quant au mode de fonctionnement de ce bâtiment[7].

    Canon datant de 1877, au fort Téréka.

    Pour surveiller l'entrée de la rade de Nouméa, l'armée construit à l'extrémité nord de l'île le Fort Téréka avec sa batterie d'artillerie en 1877. Aujourd'hui abandonné, il a été classé aux monuments historiques en 1978 et est devenu un site touristique, où l'on peut observer sa batterie de canons (1896), sa citerne, sa poudrière, ses galeries souterraines, mais aussi sa promenade et sa tour d'observation.

    De l'après-bagne à la Seconde Guerre mondiale

    Le bagne est officiellement aboli en 1897 et les derniers « Transportés » quittent l'île en 1927. À cette date, tous les bâtiments de l'Administration pénitentiaire sont cédés à la colonie. La plupart tombent alors à l'abandon, à l'exception du Camp-Est et l'ancien Hôpital du Marais qui devient en 1936 un « asile » psychiatrique, rebaptisé en 1990 Centre hospitalier spécialisé (CHS) Albert-Bousquet. L'ancienne cordonnerie (et actuel Théâtre de l'île) devient un lieu d'élevage de vers à soie entre 1920 et 1926, puis une salle de bal dans les années 1930 puis est abandonnée après un cyclone qui endommage sa toiture entre 1933 et 1941.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, le quartier est investi par les soldats américains. Un village de demi-lunes est érigé sur l'actuel site de l'Université de la Nouvelle-Calédonie afin d'héberger les soldats. Aux abords de l'actuel Théâtre de l'Île se dressent non moins de 46 demi-lunes aux usages divers : cuisine, soins, cinéma, salle de loisirs, chapelle pourvue d'un clocher[8]…

    Le quartier sert alors également de « centre de regroupement » des Japonais vivant en Nouvelle-Calédonie en attente de leur transfert vers l'Australie.

    De l'île Nou à Nouville

    Avec l'extension du port-autonome de Nouméa grâce aux espaces gagnés sur la mer dans les années 1970, l'île Nou se retrouve reliée au reste de la ville et devient une « presqu'île artificielle » rebaptisée Nouville.

    Développement des activités touristiques

    L'anse du Kuendu, avec sa plage et l'hĂ´tel Kuendu Beach.

    Des activités touristiques s'y développent sur la plage du Kuendu (en hommage au grand chef Kuindo), au nord de la presqu'île, où est installé un complexe hôtelier comprenant le restaurant « Le Grand Chêne » et l'Hôtel Kuendu Beach.

    Vie culturelle

    L'ancienne cordonnerie puis « centre de regroupement » des Japonais est une première fois rénovée dans les années 1970 pour devenir une salle de cinéma et de spectacle accueillant aussi des matchs de boxe à la fin de la décennie. Ce bâtiment commence à être appelé « Théâtre de l'île »[9]. Les Archives Territoriales sont installées dans un bâtiment neuf construit dans les années 1970 à côté du Théâtre.

    Université de la Nouvelle-Calédonie

    Fonctions Ă©ducatives et universitaires

    Le lycée polyvalent, général et technologique, Jules-Garnier est ouvert en 1975.

    À la création en 1987 de l'Université française du Pacifique, s'installent à Nouville deux départements de la section néo-calédonienne : le département Droit, Économie et Gestion dans les anciennes annexes du bagne, et celui de Sciences et Techniques dans de nouveaux bâtiments construits non loin, dits de « Nouville-Banian ». En 2005, 6 ans après la disparition de l'Université française du Pacifique au profit de l'Université de la Nouvelle-Calédonie (et de l'Université de la Polynésie Française) sont lancés des travaux afin d'agrandir l'université.

    Activités

    Les activités situées à Nouville sont essentiellement liées à l'enseignement, à la recherche et à la culture avec :

    • l'UniversitĂ© de la Nouvelle-CalĂ©donie qui y est entièrement regroupĂ©e depuis 2011,
    • l'IUFM, devenu l'ESPE
    • le lycĂ©e polyvalent Jules-Garnier et ses quatre classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles scientifiques,
    • les Archives territoriales,
    • le Centre de formation de la Chambre des mĂ©tiers,
    • le musĂ©e du Bagne, installĂ© dans l'ancienne boulangerie Guillain en pierre du bagne sur la presqu'Ă®le de Nouville, qui passe pour ĂŞtre le plus ancien bâtiment construit par l'administration pĂ©nitentiaire sur ce site, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par l'association « TĂ©moignages d'un passĂ© »[10]. Il n'est pas ouvert en permanence, mais se visite Ă  la demande et est le point de dĂ©part d'un tour guidĂ© des diffĂ©rentes infrastructures du bagne de Nouville : la chapelle, les anciens ateliers qui abritent aujourd'hui le dĂ©partement de droit, Ă©conomie et gestion de l'UniversitĂ© de la Nouvelle-CalĂ©donie, l'ancien magasin aux vivres devenu le Théâtre de l'ĂŽle, l'ancien hĂ´pital du marais et actuel CHS Albert-Bousquet, la ferme nord et la laiterie[11],
    • le Théâtre de l'Ă®le,
    • la plaine du Kuendu, qui accueille notamment des concerts
    • le SĂ©nat coutumier, institution consultative de la Nouvelle-CalĂ©donie reprĂ©sentant les autoritĂ©s des huit aires coutumières et compĂ©tente dans toutes les affaires concernant la culture traditionnelle kanak.

    Les installations du port-autonome de Nouméa se sont aussi étendues aujourd'hui à l'entrée de la presqu'île.

    Fonction pénitentiaire

    L'île garde encore aujourd'hui une fonction pénitentiaire, même si elle n'a plus rien à voir avec le bagne, à travers le Centre pénitentiaire du Camp-Est [12], lui-même installé dans d'anciens bâtiments datant de la transportation, et dont le caractère vétuste, le surengorgement, les qualités d'hygiène et les évasions à répétition est régulièrement pointé du doigt par le personnel pénitentiaire, des associations de défense des droits des détenus, voire des instances nationales ou internationales de veille des conditions de détention[13].

    DĂ©mographie

    Selon le recensement de la population, le quartier de Nouville compte 1 952 habitants en 2009, 2 643 rĂ©sidents en 2014 et 3 481 personnes en 2019.

    Littérature

    • Chantal Deltenre, Camp Est, Journal d'une ethnologue au centre pĂ©nitentiaire de NoumĂ©a, Nouvelle CalĂ©donie, Editions Anacharsis, 2022 (ISBN 979-1027-904-440)

    Références

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