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Noblesse d'apparence

L'expression noblesse d'apparence désigne dans la société française contemporaine des personnes non issues de la noblesse française mais qui, sans nécessairement prétendre être d'ascendance noble, présentent des éléments pouvant faire penser à d'éventuelles origines nobles : essentiellement le port régulier (inscrit à l'état-civil) d'un nom à particule, mais aussi le port éventuel d'une chevalière armoriée, voire timbrée, la possession d'un manoir ou d'un château, etc.

Histoire

Cette expression a été consacrée par la publication en 1976 de l'Encyclopédie de la fausse noblesse et de la noblesse d'apparence, de Pierre-Marie Dioudonnat, suivie de plusieurs rééditions. Depuis 2002, cet ouvrage a pris le nom de Simili-Nobiliaire français, également réédité plusieurs fois.

La noblesse d'apparence s'y trouve distinguĂ©e de la « fausse noblesse Â», en ce que cette dernière comprend des personnes qui ne sont pas d'ascendance noble rĂ©gulière mais qui revendiquent pourtant cette qualitĂ©.

Familles non répertoriées dans la noblesse française

Noms Ă  particule

Les noms à particule donnent une apparence de noblesse immédiate auprès du grand public. Cette apparence est trompeuse puisqu'il y a toujours eu des familles anciennement nobles portant un nom sans particule, et des familles portant un nom à particule qui n'ont jamais été nobles. De fait, à partir du XVIIe siècle, de nombreuses familles, nobles ou non, ont ajouté une particule ou un nom de terre à leur patronyme.

Le nombre de familles nobles françaises subsistantes est estimĂ© par RĂ©gis Valette Ă  3 092 en 2007, et par Arnaud ClĂ©ment Ă  3 320 en 2020. Le nombre de familles non nobles subsistantes portant une particule est estimĂ© par Pierre-Marie Dioudonnat entre 5 000 et 6 000 en 2012. Chaque annĂ©e des particules sont demandĂ©es aux juridictions françaises, qui en accordent. Il s'Ă©teint chaque annĂ©e une quinzaine de familles portant un nom Ă  particule, qu'elles soient nobles ou non.

Cas particuliers

Un certain nombre de cas de figure peuvent créer une ambigüité auprès des personnes averties sur l'appartenance ou non d'une famille à la noblesse française :

  • Familles issues en ligne masculine et lĂ©gitime de personnes ayant acquis la noblesse Ă  titre personnel et non hĂ©rĂ©ditaire, du fait de leurs fonctions (gĂ©nĂ©ralement certaines fonctions commensales et militaires, par exemple gardes du corps du roi, au sein de la Maison du Roi et certaines fonctions de judicature).
  • Familles issues en ligne masculine et lĂ©gitime de personnes non nobles ou non hĂ©rĂ©ditairement nobles ayant Ă©tĂ© convoquĂ©es en 1789 aux assemblĂ©es de l'ordre de la noblesse tenues Ă  travers le royaume pour l'Ă©lection des dĂ©putĂ©s et la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances (la convocation ne s'adressait pas qu'aux nobles mais Ă  tout possesseur de fief, noble ou non-noble).
  • Familles issues en ligne masculine et lĂ©gitime de bourgeois des bonnes villes françaises sous l'Ancien RĂ©gime (ville de PĂ©rigueux par exemple), leurs ancĂŞtres ayant alors bĂ©nĂ©ficiĂ© de droits nobiliaires restreints[1], mais sans principe de noblesse hĂ©rĂ©ditaire.
  • Familles issues en ligne masculine et lĂ©gitime de porteurs de certains titres du XIXe siècle accordĂ©s Ă  titre personnel et non hĂ©rĂ©ditaire.
  • Familles dites de « noblesse inachevĂ©e »: « Familles dont l’auteur titulaire d’une charge [anoblissante], n’a pas pu respecter les obligations fixĂ©es par les textes quant au temps de service » [2]. Cette notion ne fait pas l'objet d'un consensus, selon certains auteurs la noblesse inachevĂ©e « rĂ©sulte de la perte de la noblesse ou de son caractère transmissible, avant le 23 juin 1790, car cela a eu pour consĂ©quence que la famille n’a pas pu ĂŞtre rĂ©tablie dans le titre d'Ă©cuyer par les chartes de 1814 et 1830 »[3].

Familles françaises de noblesse étrangère

Il existe deux cas de figure :

  • Les familles françaises ayant obtenu un titre Ă©tranger hĂ©rĂ©ditaire (comme la « noblesse pontificale » ) ou un anoblissement Ă©tranger (par exemple autrichien ou espagnol) qui n'a pas Ă©tĂ© reconnu en France.
  • Les familles d'origine Ă©trangère et devenues françaises qui possèdent une noblesse rĂ©gulière ou un titre de noblesse rĂ©gulier de leur pays d'origine, mais qui n'a pas Ă©tĂ© reconnu en France.

Ces familles n'appartiennent pas à la noblesse française subsistante, mais appartiennent à la noblesse de leur pays d'origine ou du pays d'où leur noblesse est issue, sous réserve des règles en vigueur dans ce pays[4]. Un authentique membre de la noblesse belge ou espagnole ne devient pas noble d'apparence en accédant à la citoyenneté française (sous l'Ancien Régime, les familles nobles étrangères qui étaient naturalisées devaient obtenir des lettres de reconnaissance de noblesse si elles voulaient jouir des privilèges attachée à la noblesse française[4]. La République ne reconnaissant pas la noblesse, il ne peut y avoir depuis de telles reconnaissances). « Si cette noblesse ne peut figurer dans la noblesse française, il y aurait une grande inconséquence historique à la classer dans la noblesse fausse ou d'apparence »[4].

Belgique

Dans les Pays-Bas autrichiens, puis en Belgique, la noblesse a été, dans certains cas, concédée « avec adjonction de la particule » (cette dernière est également parfois attribuée postérieurement à l’anoblissement). On peut aussi lire « octroi de la particule », « autorisation de faire précéder son nom de la particule » ou encore « permission de porter la particule », etc. La particule peut être ajoutée devant le patronyme ou précéder un nom de terre qui complète le patronyme d'origine. En Belgique, le "de" nobiliaire s'écrit toujours avec une minuscule. En tête de nom, il se distingue ainsi de l'article flamand "De" (Le, en français], qui s'écrit en Belgique avec une majuscule. Si une famille belge non noble porte un nom précédé d'un "de" écrit avec une minuscule, il s'agit alors de noblesse belge d'apparence.

Notes et références

  1. Restriction sur certains droits d'usage, notamment pour les fiefs, et noblesse personnelle exerçable sur le seul territoire de la bonne ville concernée, fors le droit de présentation ; droit de port d'armoiries non couronnées, etc.
  2. Pierre-Marie Dioudonnat, Encyclopédie de la fausse noblesse et de la noblesse d'apparence, Sedopols, 1994, page 21.
  3. Alain Texier, Qu'est-ce que la noblesse, Tallandier 1988, page 444.
  4. Fernand de Saint-Simon & Etienne de Séréville, Dictionnaire de la Noblesse Française, Supplément, Editions Contrepoint 1977, page 527

Bibliographie

  • Pierre-Marie Dioudonnat, Le simili-nobiliaire français, Sedopols, Paris, 2012
  • Bertrand Ogerau-Solacroup, Étienne de SĂ©rĂ©ville, Sire, de grâce... une particule ! (recueil alphabĂ©tique d'environ 22 000 familles particulĂ©es subsistantes ou ayant existĂ© entre 1789 et aujourd'hui), 14 tomes
  • Jourdan, Decrusy, Ysambert, Recueil gĂ©nĂ©ral des anciennes lois françaises, depuis l'an 420 jusqu'Ă  la RĂ©volution de 1789 (RĂ©fĂ©rence (volume XXe) en ligne), Paris, 1827
  • Emmanuel Ratier, EncyclopĂ©die des changements de noms (3 volumes, 1963-2012)
  • Charondas, Le cahier noir

Voir aussi

Articles connexes

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