No (film)
No est un drame chilo-mexicano-amĂ©ricain coproduit et rĂ©alisĂ© par Pablo LarraĂn et sorti en 2012[1]. Il Ă©voque la participation d'un jeune publicitaire Ă la campagne en faveur du « non » lors du rĂ©fĂ©rendum chilien de 1988.
Titre original | No |
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RĂ©alisation | Pablo LarraĂn |
Scénario | Pedro Peirano |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Fabula Canana Films Participant Media |
Pays de production |
Chili Mexique États-Unis |
Genre | Film dramatique |
Durée | 117 minutes |
Sortie | 2012 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
En 1988, sous la pression internationale, Augusto Pinochet est contraint de consulter le peuple par référendum au sujet de son maintien au pouvoir pour huit années supplémentaires. Pour la première fois depuis le coup d'État du 11 septembre 1973, l'opposition peut s'exprimer librement à la télévision durant 15 minutes par jour dans le cadre de la campagne officielle.
Les partisans du « non » font appel aux services du jeune publicitaire RenĂ© Saavedra (Gael GarcĂa Bernal). Celui-ci va dĂ©concerter les partisans du rĂ©gime en place, mais aussi ses propres compagnons, en misant sur une campagne positive placĂ©e sous le signe de la joie, la seule susceptible selon lui de sĂ©duire les indĂ©cis, jeunes ou âgĂ©s. Il est confrontĂ© Ă diverses tentatives d'intimidations et de pressions, dont celles du directeur de sa propre agence, conseiller pour la campagne en faveur du « oui ». Alors que les sondages et les rĂ©sultats partiels annoncent une victoire du « oui », le soir du , RenĂ© Saavedra apprend sans rĂ©ussir Ă y croire que le « non » l'a largement emportĂ©, marquant la fin du rĂ©gime militaire d'Augusto Pinochet et ouvrant la voie Ă la transition dĂ©mocratique chilienne.
Survol historique
Cette section a pour but d’aider le lecteur à comprendre les événements du film et donc, de les mettre en perspective. C’est un bref survol historique sur les principaux acteurs mentionné dans ce long métrage.
Augusto Pinochet
Déjà depuis 1974, l’Organisation des Nations Unies (ONU) désapprouve les actions entreprises par le Chili quant au respect des droits humains[2]. En effet, Pinochet est connu par ses stratégies qui sont violentes et répressives. Afin de renier ses accusations et de démontrer que la population chilienne se tient à ses côtés, il organise un premier plébiscite en 1978 qui en résulte environ 79% pour le « oui » et 21% pour le « non ». Comme l’indiquent les écrits, c’est surtout par la force et différentes stratégies que le plébiscite de Pinochet en arrive à ce résultat là . L’opinion publique s’est manifestée dans ce référendum de 1978, et donc, Pinochet est resté au pouvoir pour encore quelques années.
La même année où se déroule le film, un deuxième plébiscite est organisé et cette fois, le processus du vote est mené à terme sans fraude[2]. Bien que Pinochet voulait rester au pouvoir et continuer de régner à l’aide de violence si cela était nécessaire, ses conseillers lui ont recommandé de se plier à la décision du peuple puisque c’est le « non » qui a gagné, en grande partie grâce aux stratégies publicitaires invoquées dans le film. Le 11 mars 1990, le règne de Pinochet est réellement terminé puisque c’est Patricio Aylwin, membre chrétien démocrate présenté par la coalition de la Concertación, qui entre en fonction en tant que nouveau président du pays avec 55,2% des voix.
Les partisans du non
Afin de mettre les événements en perspective et de comprendre davantage les acteurs principaux de cette histoire, il faut définir les partisans du « non ». En fait, les principaux partis en faveur de la négative sont une coalition de partis qui s’est formée en prévision du plébiscite de 1988[3]. Dans le but de contrer le règne de Pinochet, la stratégie du parti politique Démocratie Chrétienne était de former une alliance avec d’autres partis centristes et gauchistes pour une démocratie en santé[4]. En février 1988, une quinzaine de partis signent et forme la Concertation des partis pour la démocratie, plus connu sous le nom de la Concertación.. En d’autres mots, lors de sa création, la Concertación prend la forme d’un instrument électoral pour rétablir la démocratie au Chili. C’est donc cette entité qui commande la campagne publicitaire du « non » qui est démontrée dans le film.
La publicité à des fins politiques
Le film présente une tactique politique de la part du camp du « non » reliée à une campagne publicitaire. Cette campagne qui commence officiellement le 5 septembre 1988 propage la joie et les méfaits du président Pinochet[3] d’une manière particulière et accessible à tous. En d’autres mots, le film présente le concept de propagande inséré dans la campagne publicitaire des dirigeants du « non ». En effet, la télévision, et par le fait même, la publicité, sont des outils de propagande. Les partis membres de la Concertación ont donc bénéficié de 27 jours[3] afin de pouvoir mettre leur idéologie politique de l’avant, à la télévision nationale, avant que le choix ultime revienne au peuple chilien.
Comme il est démontré dans le film, le directeur de la campagne a misé, en partie, sur le divertissement. En effet, le simple fait de diffuser des images en lien avec la violence vécue par les Chiliens depuis ces dernières années n’allait pas être la voie vers la réussite du camp du « non ». C’est alors sous une forme de divertissement, donc d’images joyeuses et d’une chanson thème joviale, qu’ils ont construit leur campagne publicitaire. En conséquence, à l’aide de cette technique qui sort de la norme politique de ces années-là , le camp du « non » à réussi à mettre son idéologie et ses convictions de l’avant face aux gens qui étaient en droit de voter.
Le film présente donc une manière de voir les concepts de publicité et de divertissement sous un angle politique. Comme l'indique le réalisateur : «Mon film dit que la publicité est quelque chose d'incroyablement dangereux. Elle a aidé à changer le destin de notre pays : mais nous avons été aussi les outils du capitalisme et le Chili est devenu un centre commercial géant. La pub est comme une arme, vous pouvez vous en servir pour combattre, ou vous blesser avec.»[5].
Fiche technique
- Titre original : No
- RĂ©alisation : Pablo LarraĂn
- Scénario : Pedro Peirano, d'après le roman Les Jours de l'arc-en-ciel d'Antonio Skármeta
- Direction artistique : EstefanĂa LarraĂn
- DĂ©cors : EstefanĂa LarraĂn
- Costumes :
- Photographie : Sergio Armstrong
- Son :
- Montage : Andrea Chignoli et Catalina MarĂn Duarte
- Musique : Carlos Cabezas
- Production : Juan de Dios LarraĂn, Daniel Marc Dreifuss et Pablo LarraĂn
- Société(s) de production : Fabula, Canana Films et Participant Media
- Société(s) de distribution :
- Budget :
- Pays d’origine : Chili / Mexique / États-Unis
- Langue : espagnol
- Format : Couleurs - 35mm - 1.85:1 - Son Dolby numérique
- Genre : Drame
- Durée : 117 minutes
- Dates de sortie :
- France : mai 2012 (Quinzaine des réalisateurs), (sortie nationale)
- Chili :
Distribution
- Gael GarcĂa Bernal (V. F. : Jean-Christophe DollĂ©) : RenĂ© Saavedra
- Luis Gnecco (V. F. : Patrick Bonnel) : José Tomás Urrutia
- Antonia Zegers (V. F. : Julie Recoing) : VerĂłnica Carvajal
- Alfredo Castro (V. F. : Jean-Jacques Moreau) : Lucho Guzmán
- Jaime Vadell : Sergio Fernández Fernández
- Marcial Tagle : Costa
- NĂ©stor Cantillana (es) : Fernando Arancibia
- Pascal Montero : SimĂłn Saavedra
- Diego Muñoz (es) : Carlos
- Paloma Moreno (es) : Francisca
- Sergio Hernández
- Alejandro Goic : Ricardo
- Richard Dreyfuss, Jane Fonda, Christopher Reeve et Augusto Pinochet dans des documents d'archives
- Patricio Aylwin, Patricio Bañados (es), Carlos Caszely et Florcita Motuda (es) dans leur propre rôle et des documents d'archives
Production
Pablo LarraĂn a choisi de filmer avec des camĂ©ras d'Ă©poque afin d'obtenir une continuitĂ© entre ses propres images et les images d'archives. Dans un entretien rĂ©alisĂ©, dĂ©but , par Nicolas Azalbert pour Les Cahiers du cinĂ©ma[7], le rĂ©alisateur chilien dĂ©clare : « Nous avons testĂ© tous les formats [...] et soudain est apparue cette camĂ©ra Ikegami de 1983 avec son image carrĂ©e et ses couleurs dĂ©saturĂ©es. Qu'elle vous plaise ou non, cette texture inimitable vous renvoie automatiquement aux images de cette Ă©poque. [...] Un tiers de notre film Ă©tant constituĂ© d'images d'archives, il Ă©tait raisonnable de vouloir coller Ă cet imaginaire et de gĂ©nĂ©rer une nouvelle rĂ©alitĂ© Ă partir de diffĂ©rents matĂ©riaux. C'Ă©tait aussi la seule manière de crĂ©er une illusion d'homogĂ©nĂ©itĂ© chez le spectateur. » De fait, Cyril BĂ©ghin Ă©crit dans une critique publiĂ©e dans la mĂŞme revue : « Les sĂ©quences qui montrent le jeune publicitaire Saavedra (incarnĂ© par Gael GarcĂa Bernal) ou l'Ă©quipe travaillant pour le oui sont filmĂ©es dans un format vidĂ©o qui mime et exacerbe les dĂ©fauts des images tĂ©lĂ© de l'Ă©poque, troublant les couleurs et les contrastes, instaurant des confusions locales entre archive et fiction. »[8] « Un procĂ©dĂ© qui peut sembler artificiel. Mais cette dĂ©cision technique permet de jongler avec souplesse entre les diffĂ©rents niveaux de rĂ©alitĂ© au sein du script : elle place surtout la question de l'image, sa nature et sa capacitĂ© d'illusion, au cĹ“ur mĂŞme de la mise en scène », commente pour sa part Gildas Mathieu pour Critikat.com (critiques du ). Lors de la prĂ©sentation du film Ă Cannes en 2012, Olivier Curchod, pour Positif, signalait dĂ©jà « l'admirable trouvaille » consistant à « uniformiser toutes les images, spots d'archives et rĂ©cit cadre, en utilisant matĂ©riels de tournage et grammaire visuelle de l'Ă©poque : plastiquement, c'est assez laid, mais d'une efficacitĂ© redoutable. »[9]
Distinctions
Nominations
- Festival de La Havane 2012 : Gran Coral
- Festival du film de Sundance 2013 : sélection hors compétition « Spotlight »
- 85e cérémonie des Oscars : Oscar du meilleur film en langue étrangère
Notes et références
- Dossier de presse
- Michel Faure, Augusto Pinochet, Paris, Perrin biographie, , p. 197-201
- Bruno Patino, « II. De la révolte à la Concertación : L’évolution de l’opposition au régime militaire », dans Pinochet s'en va... : La transition démocratique au Chili (1988-1994), Éditions de l’IHEAL, coll. « Travaux et mémoires », (ISBN 978-2-37154-027-9, lire en ligne), p. 65–82
- Pierre Ostiguy, « La transformation du système de partis chilien et la stabilité politique dans la post-transition », Politique et Sociétés, vol. 24, nos 2-3,‎ , p. 109–146 (ISSN 1703-8480 et 1203-9438, DOI 10.7202/012693ar, lire en ligne, consulté le )
- La rédaction, « NO - De la publicité au marketing politique », sur Cinépsis, (consulté le )
- « Fiche de doublage V. F. du film » sur Alterego75.fr, consulté le 9 mai 2013
- Cahiers du cinéma, no 687, mars 2013.
- No : les couleurs de la victoire locale, Cahiers du cinéma, mars 2013.
- in : Positif, n° 617-618, juillet-août 2012.
Annexes
Source
- (fr)/(en) No : Dossier de presse pour la Quinzaine des RĂ©alisateurs, , 28 p.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (it) Cinematografo.it
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Ressource relative à la chronologie des événements :https://www.sciencespo.fr/bibliotheque/fr/rechercher/dossiers-documentaires/chili-1973-1988/chronologie.html