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Nitrochimie

Nitrochimie est une société en nom collectif détenue par une société anonyme fabricante d'explosifs (SAEPC ou E.P.C. S.A. ou EPC ou Explosifs et produits chimiques S.A), créée en France en 1983 et implantée dans de nombreux pays d'Europe et en Afrique de l'ouest; cotée en bourse de Paris, détenue majoritairement par la famille Barbier, et dont le chiffre d'affaires est passé de 125 à 188 MF (millions de francs) de 1998 à 2000, avec selon Force ouvrière[3] des profits qui ont quadruplé pour atteindre près de 11 millions de francs en 2001)

Nitrochimie
Création 1903
Disparition Une des usines de la société, celle de (Billy-Berclau) a été fermée en 2003, avec annonce de délocalisation en Pologne
Forme juridique Société en nom collectif originellement familiale (famille Barbier)
Siège social Paris
Activité Production de matériel de minage
Produits explosifs, détonateurs pour mines, carrières, travaux publics et sismiques
Société mère Nitrochimie est filiale de la Société Explosifs et Produits Chimiques SA (200 M€ de CA, cotée en bourse de Paris)
Effectif 250 en 1987, puis déclin jusqu'à environ 90 salariés avant l'accident répartis sur 12 dépôts et villes en France
SIREN 722049129[1]
Site web

Chiffre d'affaires 125 M€ en 1998, 120 M€ en 2001[2], 55 M€ en 2005

Le siège social est basé à Paris, mais l'usine principale (aujourd'hui fermée), qui produisait la totalité de la dynamite du groupe (5.800 t/an environ avant la fermeture[2]) était basée dans le nord de la France ; dans le Pas-de-Calais et plus précisément dans le bassin minier près des centres de production de charbon (très consommateurs de dynamite antigrisouteuse, et à proximité de nœuds importants de réseaux ferrés et de canaux).
L'autre usine du groupe est celle de Saint-Martin-de-Crau (usine dite « La dynamite Â» entre Arles et Salon-de-Provence, qui jouxte d'autres sites industriels dangereux (Mareva, et SNPE) dans le sud de la France), qui produit des explosifs de type Ă©mulsion, du ciment expansif, des charges nitroroc et du nitrate de monomĂ©tylamine. Ce site abrite aussi le centre de R&D (recherches et de dĂ©veloppement) de Nitrochimie. Des Ă©carts Ă  la rĂ©glementation y ont Ă©tĂ© relevĂ©s par les inspecteurs de la DRIRE[4].

Nitrochimie, grâce à ces deux usines est resté leader français en matière de production d'explosifs civils y a occupé un terrain d'environ 65 ha (75 selon d'autres sources) situé dans 4 communes (à 70 % environ sur Billy-Berclau, 37 % sur Wingles et Bauvin et 3 % sur Meurchin[5]); Ces ateliers pyrotechniques étaient entourés d'un périmètre de sécurité, de murs bétonnés et de monts de schistes anti-souffle, de plus de 5 mètres,

Production et consommation de produits dangereux de l'usine du Pas-de-Calais (avant sa fermeture)

  • Dynamite (sous plusieurs formes)s : 6 500 T/an
  • Production Nitrate Fioul : 8 500 T/an
  • Consommation de MSN (MĂ©lange Sulfonitrique) : 4 000 T/an
  • Consommation de DNT (Dinitrotoluène) : 240 T/an
  • Consommation de nitrate d'ammonium : 10 700 T/an
  • Consommation de Fioul lĂ©ger : 550 T/an [6])

Historique de l'usine du Pas-de-Calais

  • 27 mars 2003 (6 h 24 du matin lors du dĂ©marrage et rĂ©glage d'une machine d'encartouchage) : une forte explosion a eu lieu dans un atelier d'encartouchement de l'usine de Billy-Berclau ; L’atelier 50, sous surveillance vidĂ©o (cassette vidĂ©o saisie pour l'enquĂŞte) ; entièrement dĂ©truit. Il transformait la dynamite gomme vrac, en cartouches conditionnĂ©es prĂŞtes au transport.
    La dĂ©flagration a Ă©tĂ© ressentie Ă  plus de 10 km Ă  la ronde, soufflant et brisant des vitres, portes, toitures et des vitrines jusqu'Ă  plusieurs kilomètres. L'incendie induit par l'explosion a Ă©tĂ© très rapidement maĂ®trisĂ©, par les employĂ©s formĂ©s Ă  ce risque, et selon la DRIRE, il n'y a pas eu de consĂ©quence toxique pour les personnels, riverains ni pour l’environnement, et aucun des effets dominos (explosions en chaine redoutĂ©es dans ce type d'installation), mais l'explosion a tuĂ© quatre ouvriers (3 morts et un disparu), âgĂ©s de 25 Ă  54 ans, et causĂ© des dĂ©gâts matĂ©riels dans tous les autres ateliers et installations. Le prĂ©fet a mis en place une cellule de crise, et il s'est rapidement rendu sur le site, prenant un arrĂŞtĂ© d'urgence[7]
    les salariés ont été rapidement mis au chômage et l'affaire a été portée par le tribunal correctionnel de Béthune, avec un dossier d'instruction clos en mai 2008 et dossier renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « homicide involontaire » pour une audience fixée au 22 octobre. Le procès s'est ouvert plus de 7 ans plus tard, au tribunal correctionnel de Béthune, en mai 2010, sur la base d'expertises estimant qu'il pouvait y avoir eu un corps étrangers dans la pâte explosive, à la suite d'un défaut de maîtrise du procédé de fabrication..
  • L'usine de Billy-Berclau qui employait encore 87 personnes (contre près de 250 en 1987[8]), a cessĂ© de fonctionner en juin 2003, laissant derrière elle 75 hectares de sites et sols polluĂ©s sous responsabilitĂ© d'EPC (Explosifs et produits chimiques).
  • L'usine de Billy-Berclau a fermĂ© mi-2003, 3 mois après l'accident, avec sur 87 salariĂ©s, 18 promesses de maintien d'emploi. La direction de l'entreprise a laissĂ© entendre aux enquĂŞteurs que "les conditions requises pour le redĂ©marrage de la fabrication de la dynamite" n'Ă©taient plus rĂ©unies en France et qu'elle envisageait une dĂ©localisaton en Pologne "en raison des contraintes beaucoup plus faible qu'en France en matière de sĂ©curitĂ© pyrotechnique" [2]
  • Le site a Ă©tĂ© transformĂ© en 2003 en site de stockage de matières explosives (restant donc classĂ© Seveso seuil haut, avec un pĂ©rimètre de sĂ©curitĂ© gĂŞnant de nombreux projets de communes pĂ©riphĂ©riques)
  • l'Ă©tĂ© 2006 l'entreprise (qui employait encore une quinzaine de personnes, contre près de 400 avant l'explosion) cesse toute activitĂ© ;
  • 31 juillet 2007 ; la prĂ©fecture du Pas-de-Calais, après dĂ©mantèlement des unitĂ©s dangereuses et contrĂ´le du terrain par la DRIRE, a levĂ© contraintes de sĂ©curitĂ© dans et autour du site, rendant disponible pour d'autres usages ou pour la trame verte 65 hectares en partie boisĂ©s oĂą quelques bâtiments resteront sur pied le long du chemin de halage (après dĂ©contamination par le propriĂ©taire (EPC) avant le 31 dĂ©cembre 2007 (8 personnes restant sur site pour ce travail).

Responsabilités et enquêtes sur l'accident du 27 mars 2003

Une mission de l'Inspection gĂ©nĂ©rale de l'environnement [2], assistĂ©e d'un expert militaire en pyrotechnie[9] et tant que de besoin par l'INERIS a Ă©tĂ© dĂ©pĂŞchĂ©e sur les lieux pour analyser les origines de l'accident. La mission a jugĂ© l'accident « prĂ©visible », l'enquĂŞte visant Ă  analyser les circonstances de l'accident (et non les responsabilitĂ©s individuelles, relevant de la mission confiĂ©e au tribunal de BĂ©thune) ayant dĂ©montrĂ© « de multiples anomalies de fabrication et des dysfonctionnements dans l'organisation interne de l'usine » et le manque de formation d'au moins deux des personnels victimes de l'explosion (dont l'un n'aurait pas du se trouver dans la zone de danger au moment de l'accident). La mission a aussi relevĂ© un fonctionnement « formel Â» du CHSCT et une « marginalisation manifeste du service QualitĂ© Hygiène » dans l'usine. Ce dernier n'Ă©tait pas mĂŞme informĂ© du lancement d'une fabrication d'un nouveau type d'explosif, qui aurait dĂ» prĂ©alablement faire l'objet d'une procĂ©dure d'Ă©tude de sĂ©curitĂ©[10]. L'INERIS a de son cĂ´tĂ© dĂ©noncĂ© une « routine de production » et « un management Ă  l'ancienne » incompatibles avec les bonnes pratiques en matière de gestion des risques et de sĂ©curitĂ©[2].
La mission a analysé (seconde partie de son rapport), les interventions et recommandations diverses faites, par la DRIRE ou l'INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) notamment, mais avec une mauvaise coordination - avant l'explosion - des différents services de l'État, puis les propositions formulées par l'INERIS
La mission a conclu son rapport par des recommandations pour une évaluation réelle et effective des risques et la nécessité d'un management approprié du service interne de sécurité et de son intervention[2].
L'usine s'est finalement mise en faillite.

Le Devenir du site de l'usine du Pas-de-Calais (ou l' après-Nitrochimie)

Alors que la filiale d'EPC chargée de valoriser le site venait de déposer son bilan, après avoir confié à une filiale (Stips) le soin de mener une étude de viabilisation, les élus des communes de Wingles et Billy-Berclau plutôt qu'une reconversion industrielle ont souhaité que les terres soient dépolluées et rendues aux agriculteurs, que des aménagements de renaturation et création d'espaces verts soient faits, avec l'implantation d'un équipement de loisirs complémentaire au parc nautique de Wingles, de manière à pouvoir intégrer le site dans la trames verte et bleue régionale, de la communauté urbaine de Lille qui doit rejoindre celle du bassin minier[11]. La Mission Bassin minier basée à Oignies les aide à concrétiser leurs projets.

Risques

L'usine était classée Seveso II seuil haut (comme AZF Toulouse ou GPN (Usine jumelle de celle de nitrochimie à Mazingarbe). L'installation est soumise à plusieurs Arrêtés Préfectoraux.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • LECOINTE Yves, CHASSINE Jean-Pierre, LEGRAND Henri, Accident survenu Ă  l'usine Nitrochimie de Billy-Berclau (Pas-de-Calais) : FRANCE. Inspection gĂ©nĂ©rale de l'environnement ; FRANCE. Conseil gĂ©nĂ©ral des mines ; Inspection gĂ©nĂ©rale des affaires sociales Paris. (TĂ©lĂ©charger le rapport)

Notes et références

  1. Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
  2. LECOINTE Yves, CHASSINE Jean-Pierre, LEGRAND Henri, Accident survenu à l'usine Nitrochimie de Billy-Berclau (Pas-de-Calais) : FRANCE. Inspection générale de l'environnement ; FRANCE. Conseil général des mines ; Inspection générale des affaires sociales (Inspection générale de l'environnement), Paris, mars 2004. (Télécharger le rapport (467 Ko, PDF))
  3. Lutte Ouvrière n°1809 du 4 avril 2003 (extrait)
  4. Fac simile de courriers de la DRIRE du 12 juin 2007, relatif à plusieurs écarts à la réglementation
  5. Article de la voix du nord intitulé Nitrochimie a fermé la page Seveso... la trame verte sera-t-elle la suivante ? Samedi 2007/09/29
  6. Source : DRIRE NPDC
  7. Arrêté du 27 mars 2003 prescrivant des mesures d'urgence
  8. Source : syndicat lutte ouvrière
  9. Patrick Monsel, Ingénieur des poudres et explosifs à la DGA (délégation générale de l'armement)
  10. L'étude de sécurité est e, France pour ce type d'installation imposée par l'article 3 du décret 79-846 du 29 septembre 1979
  11. Article de La voix du nord intitulé Beaucoup d'acteurs autour de la table pour dessiner l'après-Nitrochimie, daté du lundi 16.02.2009
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