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Ndokowanen

Ndokowanen est un village du Cameroun de l'arrondissement (commune) de Ndikiniméki dans le département du Mbam-et-Inoubou (région du Centre).

Ndokowanen
Administration
Pays Drapeau du Cameroun Cameroun
RĂ©gion Centre
DĂ©partement Mbam-et-Inoubou
DĂ©mographie
Population 297 hab. (2005[1])
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 4° 36′ nord, 10° 43′ est
Localisation
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Ndokowanen
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Ndokowanen

    Il est situĂ© Ă  20 kilomètres du centre ville de NdikinimĂ©ki, dans le Canton Inoubou-Sud sur une route carrossable.

    Population

    En 1964, Ndokowanen comptait 160 habitants, principalement des Banen[2].
    Lors du recensement de 2005 (3e RGPH), on y a dénombré 297 personnes[1]. Cette population est estimée à plus de 400 âmes en 2018. La population est essentiellement jeune avec plus de 80 % de personnes ayant moins de 50 ans. Elle vit de l'agriculture et de la chasse.

    Organisation et cadre de vie

    Ndokowanen est composé des descendants de l'ancêtre Wanen et d'un nombre de plus en plus importants de ressortissants d'autres villages et communautés du Cameroun auxquels il faut ajouter des fonctionnaires en poste dans les différents établissements publics, églises du village.

    Comme dans tous les quatorze villages du Canton Inoubou-Sud, Ndokowanen est administré par une chefferie traditionnelle de 3e degré. L'actuel chef est Sa Majesté Mouyibi Bagné Albert Simplice, digne descendant de la lignée royale inaugurée par l'ancêtre Embella. Il est en poste depuis 2007. Le chef, issu du foyer Ndokodom dans la souche Ndokyamben est entouré par deux notables désignés par les ayants droit des deux autres grands foyers (Ndokpeni et Ndokenfombo) qui constituent la famille Wanen. L'hypothèse d'un ancêtre wanen qui avait eu trois enfants respectivement Ndom, Peni et Fombo est entretenue depuis des lustres.

    À l'extérieur du village, la chefferie est représentée à Yaoundé par Onouk Pierre et à Douala par Sil Patrice. À côté des représentants de la chefferie, il y a l'habitude pour les enfants Ndokowanen d'avoir un chef de famille dans les grandes villes du pays. Actuellement à Douala cette place est occupée par Sonè Célestin (Adjudant chef du génie militaire à la retraite) et à Yaoundé par Membi Dieudonné (technicien en bâtiment hors échelle). Les chefs de famille sont généralement légitimés ou choisis par les habitants de la localité en fonction de leur âge ; en principe, c'est le doyen d'âge dans la lignée des hommes alors que les représentants de la chefferie sont désignés par le chef du village et ses notables.

    La chefferie de Ndokowanen des temps modernes a connu successivement six chefs : Bagné Balock qui a régné jusqu'en 1946 ; Banoho (1946-1953). En réalité, Banoho était un régent qui a assuré la transition entre Bagné et son fils Membi. Banoho n'est donc pas mort à la fin de son règne en 1953 mais pendant le règne de son successeur Membi Bagné Louis. Nous avons ensuite, Bassuek Membi Joël Philémon (1988-1992) qui a assuré l'intérim en attendant le retour au village de son frère ainé Bagné Membi Jonas (1992-2007), Mouyibi Bagné Simplice (2007- ).

    Le chef le plus charismatique et même emblématique des temps modernes reste incontestablement Sa Majesté Membi Bagné Louis dont le règne a duré 35 ans, soit de 1953 à 1988. Ses prises de position face à l'autorité administrative pour défendre les intérêts de Ndokowanen, son amour paternel pour les enfants du village sans distinction de sexe ou de foyer restent légendaires et pleins d'enseignements pour les jeunes générations, surtout au moment où la question d'un parent modèle jouissant d'une autorité morale légitime comme à l'époque se pose avec acuité dans le village.

    La plus grande famille étrangère vivant sur le territoire Ndokowanen est constituée d'un groupe de personnes originaires du Canton Ndokbiakat dans l'Arrondissement de Yingui. Elle serait arrivée à Ndokowanen, venant de Ndokononoho, autour des années 1958, grâce à an mariage entre un de ses fils (Bissenho Oscar) et une fille Ndokowanen (Ongbassomben Maggui), dans le foyer Ndokpeni. Ce groupe communément appelé Ndokbiakat a gagné en nombre et constitue près du 1/4 des habitants de Ndokowanen. La cohabitation reste pacifique même si de temps en temps il faut déplorer des problèmes au niveau de l'occupation et l'exploitation des terres ancestrales. Quelques ressortissants de l'arrondissement de Bokito (Yambassa) vivent en symbiose avec les Ndokowanen et les fonctionnaires en service, dans le Centre de Santé Intégré, au CES, à l'école publique ainsi qu'à l'école maternelle.

    L'Association pour le Développement de Ndokowanen (ADEN) (déclarée sous le No 012/RDDA/JO4/BAPP du ), anime les activités de développement socio-économiques et culturelles. Son premier président et cofondateur de l'organisation s'appelait Samuel Bolomo (1953-2009), de regrettée mémoire, a dirigé l'association jusqu'en 2006. L'ADEN travaille en étroite collaboration avec le chef et sa notabilité pour toutes les questions concernant le développement du village. Au niveau des jeunes, c'est la Jeunesse Estudiantine Ndokowanen (JEN) créée en 1989 qui coordonne l'épanouissement et l'orientation de la classe montante. Son premier président fut Tiek Mambo Théophile.

    Pressenti bien avant l'indépendances en 1960 comme lieu des rencontres des villages du Canton Inoubou-Sud, sa devise est : Wanen ! Niahan !, qui signifie Wanen Carrefour. Il abrite à ce titre quelques infrastructures sociales de base qui le prépare certainement à un destin administratif conséquent. On y trouve ainsi à Ndokowanen : un collège d'enseignement secondaire (CES) créé en 2002[3], une école maternelle créée en 2014, une école primaire publiques créée en 1959, un Centre de Santé Intégré (CSI) qui couvre l'aire de santé des villages du Canton Inoubou-Sud, créé en 1958, un Centre Secondaire d’État Civil, dirigé depuis 2002 par l'Officier d’État Civil Somo Pierre Loti et Bambock Charles Guy comme Secrétaire, deux forages et plusieurs églises dont l'Union des Églises Baptistes du Cameroun (UEBC) et l’Église Catholique Romaine. Un stade de football (Le Stade Mbeng Simon) permet aux nombreux jeunes du village et des villages environnants de se divertir après les travaux champêtres.

    Il reste difficile aujourd'hui d'établir l'arbre généalogique des Ndokowanen et même l'origine de l'ancêtre wanen dans la descendance de la tribu des banens qui occupent l'arrondissement de Ndikiniméki. Quel peut être son age ? Qui étaient ses parents ? Qui étaient ses frères et sœurs ? Des efforts sont faits pour reconstituer les principales lignées au niveau de chaque foyer; nous espérons qu'ils permettront à terme de produire des résultats au moins acceptables. En attendant, des mariages lointains qui ont eu cours entre les descendants des trois foyers (Ndokdom, Ndokpeni et ndokfombo) à défaut d'une justification anthropologique plausible tendent à remettre en question la thèse d'un même ancêtre pour tous les foyers qui se réclament de Wanen. Au niveau de l'organisation du village, la question de la notabilité, de la désignation des notables et de leur représentativité se pose également depuis quelques années avec la disparition de certains patriarches détenteurs d'enjeux socioculturels. En dehors d'appartenir à tel ou tel foyer, n'y a-t-il pas d'autres critères pour désigner un notable ? Par exemple, un minimum d'immersion culturelle, une légitimité certaine au sein de la population, un charisme particulier, etc. Quelle est l'instance qui devrait dans ce cas, définir et légitimer ces critères? Voilà autant d'interpellation pour les leaders et les parents d'aujourd'hui.

    Économie

    L'agriculture et le commerce des récoltes reste l'activité principale des populations de Ndokowanen. On y cultive entre autres plusieurs variétés d'ignames, le plantain, le manioc, le macabo, le taro, l'arachide, le maïs, etc. pour les cultures vivrières, le cacao et le café comme culture de rente, même si cette distinction classique ne correspond plus aux exigences actuelles du marché et d'épanouissement de la famille. L'huile de palme est aussi produit localement, mais ne permet pas de satisfaire la demande de tous les ménages du village. Cela est pourtant possible si, l'élite du village, les hommes et surtout les jeunes s'organisent mieux pour créer un marché de l'huile de palme à Ndokowanen. Le manioc dans toutes ses diverses dérivations constituent la base de l'alimentation des Ndokowanen. L'igname et le manioc se mangent avec le célèbre Hékok et l'essoko yè pelam qui restent des mets très prisés. La règlementation de la chasse au Cameroun a considérablement réduit la consommation du gibier à Ndokowanen, ouvrant ainsi d'autres champs d'investissement pour les amoureux de l'élevage qui pourrait combler le déficit en protéine animale. Il y a plusieurs arbres fruitiers à Ndokowanen, on y trouve à profusion la mangue, la papaye, la banane douce, la mandarine, le safou, l'ananas, l'avocat, le corossol, le Lemon, le citron, la goyave, etc. Ce qui fait particulièrement la joie des jeunes puisque plusieurs adultes à Ndokowanen curieusement ne s’intéressent pas beaucoup à la consommation des fruits. La transformation des fruits peut aussi constituer une source de revenus pour peu qu'on maitrise les techniques de production, de transformation et de conservation .

    La cueillette du vin de palme, notamment le fameux mouef peut Ă©galement constituer une source de revenue pour les hommes puisque la demande Ă  tout moment et en toutes saisons reste toujours supĂ©rieure Ă  l'offre. Les gĂ©nĂ©rations actuelles ignorent ou ne semblent plus intĂ©resser par cette activitĂ©. Pourtant, avec la rĂ©volution du numĂ©rique, le mouef peut se ventre mĂŞme Ă  distance. Un litre de mouef s’achète actuellement au prix de 500 FCFA, soit un peu moins qu'un kilogramme de cacao (700 FCFA) qu'on rĂ©colte après plusieurs mois de dure labeur. Tout le monde s'est rabattu Ă  la bière (750 FCFA) et au vin rouge de mauvaise qualitĂ© (1 500 FCFA) que nous ne produisons pas, mais surtout Ă  la cueillette du matango (ou abattu) (150 - 200 FCFA le litre) dont on dit qu'il n'est pas toujours très recommandable pour la santĂ© (surtout en saison de pluie), mais Ă©galement parce qu'il dĂ©truit dĂ©finitivement le palmier qui le produit.

    Au niveau des produits manufacturĂ©s, un commerce embryonnaire qui propose des denrĂ©es de première nĂ©cessitĂ©, permet aux fonctionnaires et aux populations de se ravitailler sur place. Ndokowanen est par ailleurs dotĂ© d'un marchĂ© pĂ©riodique connu sous l'appellation de nioni nè panoho (marchĂ© de Banoho) mĂŞme si son fonctionnement connait des difficultĂ©s depuis quelques annĂ©es. Ndokowanen, comme la plupart des villages de NdikinimĂ©ki, souffre d'un manque criard d'Ă©nergie Ă©lectrique stable. Les coupures sur une modeste ligne Ă©lectrique monophasĂ©e sont rĂ©gulières et durent gĂ©nĂ©ralement des semaines entières. Ce qui pourrait ĂŞtre un obstacle pour l'implantation des petites unitĂ©s de production et de transformation agricoles.

    Politique et société

    Le seul parti politique actif dans le village, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) permet à Ndokowanen d'avoir régulièrement un conseiller municipal qui siège au sein du conseil municipal de la Commune de Ndikiniméki. L'actuel conseiller municipal, Ongmolemb Sara (2020 - ) a remplacé Nongo Matthias (2007 - 2020). Les deux viennent après la première femme qui a siégé au sein de l’Exécutif Communal de Ndikiniméki comme 2e adjointe au Maire (mandature 2002 - 2007). Il s'agit de la regrettée Régine Ongmakagné (1953-2016), une digne fille du village à jamais! Ndokowanen au regard de ce tableau peut se targuer d'être en avant-garde dans la promotion des questions de genre chez les Banen de Ndikiniméki au moins sur le plan politique.

    Des fils et des filles Ndokowanen depuis la création de l'Arrondissement de Ndikiniméki en 1916 ont contribué à la formation de la jeunesse camerounaise à travers leur engagement comme enseignants dans les écoles de la Mission Protestante Française. En 1927 déjà, le Patriarche Mbeng Simon (1906-1988) officiait comme maître de la Mission Protestante Française. Il serait le premier diplômé de l'enseignement primaire (CEP) chez les banens de Ndikiniméki et sera d'ailleurs l'un des tout premiers Directeur noir (1958-1959) de la célèbre École CEBEC de Ndiki-village. Après l'enseignement, il poursuivra une carrière politique avec à la clé un poste de Conseiller Municipal (le premier du village) de la Commune Rurale de Ndikiniméki aux lendemains des indépendances et celui d'Officier d'État Civil du Centre Spécial de Ndokowanen. Il sera suivi dans le métier d'enseignant par d'autres dignes fils du village à partir de 1950. Nous pouvons notamment citer Jean-Claude Mambo (1926-1996), Martin Baboulé (1932-1993), Maurice Bosco Koll (1937-1982), Richard Imben Bessuek, Josué Imben. La toute première maitresse indigène de la Mission Protestante Française était une fille Ndokowanen du nom de Marie Njanja. Le chemin de l'éclosion intellectuelle fut ainsi tracé par ces pionniers de la craie et du tableau noir. Même au sein des générations actuelles, le métier d'enseignant semble toujours faire corps avec les enfants Ndokowanen.

    Jean-Daniel Batouanen-Ounouk est le premier diplômé de l'enseignement supérieur de Ndokowanen ; avec l'obtention d'une Licence ès lettres en 1976 à l'Université de Yaoundé. Il fera par la suite une brillante carrière de banquier après une formation à l'Institut d'Administration des Entreprises (actuelle ESSEC de Douala). Il sera suivi dans cette voie de l'excellence académique par d'autres enfants du village tels que Jeannette Mambo, Théophile Tiek Mambo, Baudelaire Baniaken, Bienvenu Marcial Makoy Koll, Claude Olivier Bagnéken, Patrice Sil, Gisèle Alida Ongmayeb et bien d'autres encore nombreux et plus jeunes qui présentent des cursus très élogieux allant jusqu'en thèse de doctorat.

    Les profils professionnels et académiques des enfants Ndokowanen sont désormais très diversifiés et nombreux ; il se pose actuellement un problème de leur capitalisation pour leur propre épanouissement et le développement du village au sein d'une structure appropriée. C'est le défi qui est lancé aux générations actuelles.

    Cet article est certainement incomplet. Même si son auteur a l'ambition de présenter tout le village Ndokowanen, il n'a pas toutes les informations pour réaliser son projet. Le mérite c'est de poser les bases de la visibilité du village et d'ouvrir des pistes de réflexion et d'investigation pour les nombreux jeunes intellectuels ou non que regorge le village.

    Auteur de l'article : Claude Olivier Bagnéken, expert en études de paix et développement, acteur de la société civile, chercheur en politiques publiques de protection de l'enfant.

    Notes et références

    1. Répertoire actualisé des villages du Cameroun. Troisième recensement général de la population et de l'habitat du Cameroun, Bureau central des recensements et des études de population, vol. 4, tome 7, 2005, p. 54
    2. Dictionnaire des villages du Mbam, ORSTOM, Yaoundé, mai 1966, p. 26 [lire en ligne]
    3. Carte Scolaire des Établissements Publics Mbam & Inoubou

    Annexes

    Bibliographie

    • Dictionnaire des villages du Mbam, ORSTOM, YaoundĂ©, mai 1966, p. 26 [lire en ligne]

    Articles connexes

    Liens externes

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