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Nabonide

Nabonide ou Nabounaid ou Nabonedo ou Nabû-nā’id ("Nabû est loué"), fut le dernier roi de l'Empire néo-babylonien de 556 à 539 av. J.-C.

Nabonide
Fonction
Roi de l'Empire néo-babylonien (d)
- av J-C
L'extension approximative de l'empire babylonien sous le règne de Nabonide.
Cylindre en terre cuite de Nabonide, évoquant la restauration du temple de Sîn à Ur, British Museum

Origines

On ne sait pas grand-chose de ses origines, sinon qu'il appartenait à la noblesse babylonienne, mais sans être de famille royale. Il serait le fils unique de Nabu-balatsu-iqbi (« Nabu a décrété sa vie », gouverneur, sans doute araméen[1], et d'Adad-Guppi (transcription akkadienne de l'araméen Hadad-happe ou Hadad-hoppe), une prêtresse de Sin (ou Sîn) à Harran.

Des inscriptions découvertes décrivent son père comme « Gouverneur héroïque » (Sakkanaku qitrudu) et « Prince parfait » (Rubû gitmalû). C'est sans doute sa mère qui lui inculqua une passion pour toutes les questions religieuses.

Règne

Gouverneur de Babylone âgé de soixante ans, il est porté au pouvoir en 556 av. J.-C. par le clergé du dieu Sîn après la mise à mort du roi légitime Labâshi-Marduk, fils de Nériglissar.

Très religieux, il voue un culte tout particulier à Sîn, le dieu-lune, culte qui lui sera reproché par ses ennemis après la chute de Babylone (dont les prêtres de Marduk, dieu jusque-là favorisé par les rois)[2]. Il fait restaurer le temple de ce dieu à Ur et ambitionne de rétablir celui d’Harran, détruit par les Mèdes. Ces restaurations font toujours suite à de réelles fouilles archéologiques planifiées, visant à faire revivre la grandeur du passé, il est parfois surnommé le roi-archéologue[2].

Au début de son règne, Nabonide semble poursuivre les anciennes traditions. Il se rend dans le sud pour régler des problèmes administratifs et mène plusieurs expéditions dans le Levant[2].

À la suite d’un songe reçu en 556 av. J.-C. qui lui annonçait l’avenir, et en opposition avec le clergé de Marduk, Nabonide décide de reconstruire le temple de Sîn à Harran. Il sollicite l’aide de Cyrus II, le Grand, roi d’Anshan, contre les Mèdes pour prendre la ville. Cyrus accepte. Son suzerain et grand-père Astyage, roi des Mèdes, a vent du complot et le convoque à Ecbatane. Cyrus refuse, ce qui provoque une guerre qui se terminera par la victoire des Perses (550 av. J.-C.).

Des troubles aggravés sans doute par une mauvaise situation économique éclatent alors en Babylonie et dans les villes méridionales. Nabonide installe son fils Balthazar sur le trône de Babylone et s’en va alors dans l’oasis de Taima dans le Hedjaz, qu’il conquiert dès 552 av. J.-C., ainsi que toute une série de villes dont l'actuelle Médine[2]. Adad- Guppi la mère de Nabonide meurt le 5e jour du mois de Nisan de la 9e année du règne de Nabonide [3](6 avril 547) dans la ville de Dûr-Karashu. Nabonide enterre sa mère Adad-Guppi dans un lieu secret[4]. Il reste dix ans en Arabie, en empêchant par son absence la grande fête du Nouvel An à Babylone[2], sans que l’on en donne d’explication satisfaisante : conquête, dévotion au dieu-lune des Arabes à Taima, abandon de Babylone en proie à la famine et à la guerre civile, volonté de contrôler les importantes routes commerciales d'Arabie par lesquelles transitent les marchandises en provenance du Yémen et de l'Inde[2]...

En 543 av. J.-C., Nabonide quitte l’Arabie et regagne sa capitale[5]. Il entreprend la reconstruction du grand temple de Sîn à Harran. À la veille de l’action de Cyrus contre la capitale. Nabonide ne semble pas avoir compris le danger qui menace l’empire. Toute son action paraît en décalage complet avec la situation[6]. Pour affermir son pouvoir spirituel, il fait transporter à Babylone presque toutes les images des dieux de la Mésopotamie du Sud[2]. Les populations sont démoralisées.

Nabonide conduit ses troupes vers le nord et livre bataille à Cyrus II. Le 10 octobre 539 av. J.-C., Nabonide est battu et fuit dans la ville de Borsippa[7]. Les armées perses prennent Babylone, par surprise et sans combats[2], un jour de fête le 12 octobre 539 av. J.-C.[8]. Lors de la prise de Babylone, Balthazar est tué[9],par Gobryas et Gadatas[10]. Cyrus II lève le camp et part assiéger la ville de Borsippa où se trouve Nabonide[11]. Nabonide sans attendre l'investissement se rend, est déporté en Carmanie où il demeure le reste de sa vie et meurt[12]. Cyrus II se pose en libérateur, faisant reconnaître son fils Cambyse II comme roi par la volonté de Marduk sans annexer le pays par la force.

Notes et références

  1. Joannès 2022, p. 79
  2. Bertrand Lafont, Aline Tenu, Philippe Clancier et Francis Joannès, Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av. J.-C.), Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 1040 p. (ISBN 978-2-7011-6490-8), chap. 19 (« L'empire néo-babylonien »), p. 816-830.
  3. Chronique de Nabonide.
  4. The reign of Nabonidus, King of Babylon 556-559 B.C., page 70, Paul Alain Beaulieu.
  5. Joannès 2022, p. 245
  6. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  7. Contre Apion, livre 1, XX:151, Flavius Josèphe.
  8. Histoire de l'Empire perse: de Cyrus à Alexandre, Fayard Éditions, 1996, Pierre Briant.
  9. Da 5,30
  10. La Cyropédie, Xénophon.
  11. Contre Apion, livre 1, XX:152, Flavius Josèphe.
  12. Contre Apion, livre 1, XX:153, Flavius Josèphe.

Bibliographie

  • (en) Paul-Alain Beaulieu, The Reign of Nabonidus, King of Babylon, 556-539 B.C., New Haven et Londres, Yale University Press, (lire en ligne)
  • (en) Paul-Alain Beaulieu, « King Nabonidus and the Neo-Babylonian Empire », dans Jack M. Sasson (dir.), Civilizations of the Ancient Near East, New York, Scribner, , p. 969-979
  • Jean-Louis Huot, Une archéologie des peuples du Proche-Orient : tome II, Des hommes des Palais aux sujets des premiers empires (IIe-Ier millénaire av. J-C), Paris, Errances,
  • Francis Joannès, La chute de Babylone : 12 octobre 539 avant notre ère, Paris, Taillandier,

Articles connexes

Liens externes

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