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NĂ©cropole antique de Tavant

La nécropole antique de Tavant est une nécropole datée du Haut-Empire romain, située sur la commune française de Tavant en Indre-et-Loire.

NĂ©cropole antique de Tavant
Image illustrative de l’article Nécropole antique de Tavant
Petite amphore trouvée dans une tombe.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Commune Tavant
DĂ©partement Indre-et-Loire
RĂ©gion Centre-Val de Loire
CoordonnĂ©es 47° 07′ 39″ nord, 0° 23′ 13″ est
Altitude 40 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Indre-et-Loire
(Voir situation sur carte : Indre-et-Loire)
NĂ©cropole antique de Tavant
NĂ©cropole antique de Tavant
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
NĂ©cropole antique de Tavant
NĂ©cropole antique de Tavant
Histoire
Époque Ier siècle av. J.-C. au IIIe siècle

La partie de cette nécropole fouillée en 1997 comprend une majorité de sépultures d'enfants, inhumés dans des sarcophages, des cercueils, voire un dolium pour un nouveau-né. Les inhumations s'échelonnent de l'an au IIIe siècle. Il est possible que cette nécropole soit rattachée à une agglomération secondaire dont la présence à proximité est fortement pressentie.

Localisation

La nécropole est implantée dans le bourg de Tavant, sur une terrasse alluviale entre la D760 au sud et la vallée de la Vienne au nord. La zone fouillée, qui ne représente certainement qu'une partie de cette nécropole, occupe le rebord de cette terrasse sableuse. Aucune autre structure antique n'est connue sur la commune elle-même ; toutefois, un kilomètre à l'ouest, sur la commune voisine de Sazilly, des indices laissent supposer la présence d'une agglomération secondaire[1] ou d'une villa romaine[2] auxquelles cette nécropole pourrait être liée. La D760, pour sa part, est traditionnellement mentionnée comme recouvrant une voie antique longeant la rive gauche de la Vienne, de Vouneuil-sur-Vienne à Candes-Saint-Martin[3] et desservant les deux sites[1].

Circonstances de la découverte et description

Le site

En , des terrassements préalables à une construction mettent au jour des vestiges archéologiques. La fouille de sauvetage qui s'ensuit permet de découvrir une partie d'une nécropole datée du Haut-Empire romain[1].

La zone fouillée s'inscrit sensiblement dans un quadrilatère allongé du nord-est au sud-ouest. Sa moitié nord est occupée par des vestiges diffus datables du Néolithique et de la Protohistoire (trous de poteaux, céramiques, silex) ; la nécropole s'inscrit dans sa partie sud mais aucun délimitation physique n'est observée entre les deux secteurs[1].

Les tombes de la nécropole

La partie fouillée de la nécropole met en évidence 26 sépultures. Il s'agit soit de cercueils en bois (au moins huit), soit de sarcophages massifs en calcaire d'extraction probablement locale[4] (huit sépultures, réservées aux enfants[4]). Il n'existe, au regard des connaissances disponibles, aucune autre nécropole du Haut Empire, en France, qui voit un tel regroupement de sarcophages : ce type de contenant est en général retrouvé seul, ou au nombre de trois au maximum. Dans une sépulture, le nouveau-né est inhumé dans un dolium. Pour deux sépultures, la nature du contenant n'a pu être identifiée[5].

Quatorze tombes sont des sépultures d'enfants, les autres se répartissant en parts égales entre adultes et morts d'âge non déterminé. Dans une seule situation, la présence d'armes auprès du corps laisse penser qu'il s'agit de la sépulture d'un homme ; le sexe des défunts n'est pas déterminable dans les autres cas[6]. Le nombre de sépultures d'enfants, comparé à celui de sépultures d'adultes, n'est pas surprenant : il est d'usage, dans l'Antiquité romaine, de ne pas recourir à la crémation pour les enfants en bas âge[7]. Il est également possible que cette partie de la nécropole soit préférentiellement utilisée pour les sépultures d'enfants[8], peut-être d'un niveau social particulier[9].

Quatre de ces sépultures sont orientées sensiblement nord-sud avec la tête au sud ; une est orientée est-ouest avec la tête à l'ouest ; toutes les autres respectent une orientation est-ouest, la tête du défunt étant placée à l'est pour les individus dont l'état de conservation des ossements permet de le préciser, ce groupe de tombes semblant être organisé en quatre rangées parallèles[10].

Les fosses sont individuelles, à l’exception de l'une d'elles qui renferme à la fois le cercueil en bois et le sarcophage de deux enfants dont l'inhumation est simultanée[11].

Objets retrouvés dans les cercueils ou les sarcophages

Couteaux miniatures.

L'une des sépultures présente un aménagement très particulier : le défunt est placé dans un sarcophage avec un couteau et une lance, ce qui laisse supposer qu'il s'agit d'un guerrier[12]. D'autres tombes renferment, au contact du corps, des bijoux, des parures, ou des objets assimilables à des ex-votos. Deux tombes d'enfants renferment une réplique miniature du couteau de la tombe au guerrier ; le manche percé d'un trou suggère qu'ils ont peut-être été utilisés comme pendentifs. Bien que ces sépultures soient beaucoup plus tardives, ces objets témoignent peut-être d'un lien familial ou sont le signe d'un niveau social particulier ; ils montrent en tout cas que le souvenir de ce premier défunt se perpétue[13].

Objets retrouvés dans les fosses, hors des contenants

Ces objets sont principalement des récipients alimentaires, sans doute destinés à contenir des offrandes permettant d'accompagner le défunt pendant son « voyage ». Des flacons en verre, des perles, une clochette et un biberon doivent probablement être interprétés comme des talismans. Des fragments de céramiques semblant remontés d'une fosse à l'autre lors de leur comblement laissent supposer l'existence de rites commémoratifs envers d'anciens défunts à l'occasion de morts plus récentes. Enfin, la présence de fragments d'os humains calcinés suggère que la crémation de plusieurs corps est pratiquée[13]. Toutefois, aucune sépulture en place de corps incinéré (urne funéraire par exemple), laisse supposer que l'organisation générale de la nécropole réservait un autre emplacement à ce type de sépulture[14].

Chronologie d'occupation

Grâce aux fragments de céramiques qui accompagnent les sépultures, la chronologie de la zone étudiée de la nécropole semble assez bien attestée. Cette proposition de chronologie ne s'applique bien sûr qu'aux sépultures étudiées, et ne préjuge en rien de l'évolution de l'ensemble d'une nécropole pressentie comme beaucoup plus étendue[10].

Entre 40 et , la « tombe du guerrier » est creusée. Le défunt jouit, à l'évidence, d'un statut et d'un prestige particuliers.

Un second groupe d'inhumations, les plus nombreuses et exclusivement constituées de tombes d'enfants, se développe à l'ouest de la « tombe du guerrier » dont la présence semble régler l'ordonnancement de la nécropole, comme si la mémoire de ce guerrier perdurait longtemps ; ces inhumations sont en effet datées entre l'an 40 et le début du IIe siècle. Même si deux générations séparent ces sépultures de la précédente, le site continue à être fréquenté dans l'intervalle, ce qui témoigne fort probablement d'une forme de culte des ancêtres[15].

Une sépulture d'enfant, isolée, à l'extrême ouest de la zone fouillée, semble marquer, dans le courant du IIe siècle, une évolution des rites funéraires ; elle se situe, stratigraphiquement, entre les précédentes et les suivantes[16].

Les quatre dernière sépultures, datables de la seconde moitié du IIIe siècle, marquent une rupture importante avec les pratiques précédentes. Au sud de la zone fouillée, ces tombes d'adultes sont orientées perpendiculairement par rapport à toutes les autres, comme si la mémoire du premier guerrier inhumé avait disparu[16].

Notes et références

  1. Salé 2012, p. 100.
  2. Riquier 2006, p. 12.
  3. Pierre-Marie Danquigny, « Rive gauche de la Vienne de Vouneuil-sur-Vienne à Candes », sur litteratur.fr (consulté le ).
  4. Riquier 2006, p. 69.
  5. Salé 2012, p. 102-103.
  6. Salé 2012, p. 102.
  7. Nathalie Baills-Talbi et Philippe Blanchard, « Sépultures de nouveau-nés et de nourrissons du 1er Âge du Fer au haut Moyen Âge découvertes hors des contextes funéraires traditionnels sur les territoires carnute, turon et biturige cube : inventaire, synthèse et interprétations », Revue archéologique du Centre de la France, no 29 (supplément) « Ensembles funéraires gallo-romains de la région Centre (vol. 1) »,‎ , p. 157-205.
  8. Riquier 2006, p. 9.
  9. Riquier 2006, p. 11.
  10. Salé 2012, p. 101-102.
  11. Riquier 2006, p. 14.
  12. Salé 2012, p. 101.
  13. Salé 2012, p. 105.
  14. Riquier 2006, p. 96.
  15. Riquier 2006, p. 104.
  16. Riquier 2006, p. 95.

Pour en savoir plus

Bibliographie

  • Sandrine Riquier et al., « La nĂ©cropole du Haut-Empire de Tavant (Indre-et-Loire) », Revue archĂ©ologique du centre de la France, no 29 (supplĂ©ment) « Ensembles funĂ©raires gallo-romains de la RĂ©gion Centre - 1. »,‎ , p. 7-108 (lire en ligne).
  • Philippe SalĂ©, « La nĂ©cropole de Tavant », dans [Collectif], Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne, Savigny-en-VĂ©ron, ÉcomusĂ©e du VĂ©ron, , 130 p. (ISBN 2-951-80162-9), p. 100-105.
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