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Mousélé

Les Mousélé (en grec, masc : Μουσελέ) forment une famille ayant appartenu à la noblesse byzantine et d'origine arménienne, certainement issue de la famille Mamikonian. À plusieurs reprises, ses représentants se trouvent dans les hautes sphères du pouvoir byzantin et parents proches d'empereurs byzantins.

Les origines de la famille

Le plus ancien membre connu de la famille est Gregorios Mousoulakios (=Grigor, fils de Moušeł), comte de l'Opsikion en 778 et patrice en 802, qui participe au siège de Germanicée aux côtés d'Artavazd Mamikonian, stratège des Anatoliques. Plus tard, en 903, il participe au coup d'État qui écarte l'impératrice Irène du trône. Nicolas Adontz estime que son prénom, son patronyme et son association avec Artavazd militent pour une appartenance à la famille Mamikonian, avec une parenté plus ou moins proche d'Artavazd[1]. Celui-ci pousse d'ailleurs le généalogiste Christian Settipani à le faire fils de Moušeł VI Mamikonian[2], mais selon l'historienne de l'Arménie médiévale, Nina Garsoïan, la thèse de la descendance des Mousélé et d'autres nobles arméno-byzantins des Mamikonian « attrayante qu'elle soit […] ne peut être prouvée, faute de sources »[3].

Cette opinion est suivi par Cyrille Toumanoff, qui le considère comme neveu de Samuel II, tué à la bataille de Bagrévand en 775[4]. Christian Settipani considère qu'il est inutile de multiplier les inconnus et préfère le voir comme un fils de Moušeł VI Mamikonian, sparapet et prince d'Arménie, révolté quelques années avant la révolte de 775 auxquels participent Moušeł VI et Šmouel II, et contraint de s'enfuir avec Artavazd[1].

Peu après, un Alexis Mousélé ou Mousoulé est nommé stratège des Armeniaques en 790, destitué en 792 car soupçonné d'aspirer au trône, puis convoqué à Byzance et aveuglé par Constantin VI. Il y a un consensus quasi général pour considérer Alexios comme un proche parent de Gregorios, la question étant la nature de la parenté. Pour certains, c'est un fils de Gregorios, pour d'autres c'est un frère. Christian Settipani remarque qu'Alexios est un prénom grec et suggère une naissance en territoire byzantin plutôt qu'en Arménie, et considère Alexios comme un fils de Gregorios né vers 772[5].

Alexios Mousélé, césar

Il faut attendre un demi-siècle pour entendre parler d'un autre Mousélé. En effet Théophane le Confesseur indique que l'empereur Théophile, alors sans héritier, donna sa fille Maria en mariage à Alexis Mousélé, « issu de la famille arménienne des Krinitai et jeune homme de belle prestance », et le fit patrice, proconsul, magistros puis césar. Après la mort de Maria, en 839, Alexios fut soupçonné de comploter pour monter sur le trône, rappelé à Byzance, dépouillé de ses titres et emprisonné. Théophile finit par le gracier mais le force à se retirer dans un monastère[5].

Si sa parenté avec le général homonyme ne fait aucun doute, il subsiste encore plusieurs sujets de discussion concernant ses liens généalogiques :

  • sur sa famille agnatique : la mention de Théophane, « issu de la famille des Krinitai », pose une question à laquelle plusieurs réponses ont été proposées :
    • le césar Alexios Mousélé est le fils d'un Mousélé et d'une Krinitissa, thèse adoptée par Christian Settipani[5],
    • le césar Alexios Mousélé est le fils d'un Krinites et d'une Mouselina.
    • les familles Mousélé et Krinites n'en forment en fait qu'un seule, thèse adoptée par Cyrille Toumanoff[6].
  • sur la parenté entre les deux Alexios Mousélé :
    • le césar est petit-fils du général, selon Christian Settipani, qui considère l'usage byzantin qui veut que l'on ne donne pas à un enfant un prénom porté par un de ses parents, sauf en cas de naissance posthume[5],
    • le césar est fils du général, selon Cyrille Toumanoff[6].
  • sur le mariage avec la princesse Maria : a-t-il été consommé ?
    • Non, selon Warren Treadgold, qui considère que Maria ne fut que fiancée car elle n'était âgée que de quelques années et qu'Alexis fut envoyé en Sicile immédiatement après le mariage.
    • Oui, selon Christian Settipani, qui considère que Maria pouvait avoir douze ou treize ans, et qu'Alexis a participé comme césar à un triomphe de Théophile, ce qui laisse entendre qu'il a séjourné quelque temps à Byzance avant de partir en Sicile[7].
    • Oui également selon Cyrille Toumanoff[6].

La fin de la famille

Comme il est dit plus haut, Cyrille Toumanoff considère les Mousélé et les Crinitès comme une seule famille et propose une généalogie en conséquence. Il considère en outre que les membres ultérieurs sont issus du mariage entre le César Alexis Mousélé et la princesse Maria[6].

Christian Settipani est d'un avis différent. Pour lui, il n'est pas concevable qu'il y ait des fils issus de ce mariage sans que les chroniqueurs contemporains ne le mentionne. Seule l'existence de filles de ce mariage sans qu'elles ne soient mentionnées dans les chroniques est admissible. En conséquence, il considère que les Mousélé ultérieurs ne peuvent descendre que de Théodosios Mousélé, frère du césar Alexios Mousélé[5].

Une certaine Maria, « fille de césar », vivante au milieu du IXe siècle est connue par son sceau. Chronologiquement, elle ne peut qu'être fille d'Alexios Mousélé ou de Bardas. Christian Settipani la considère comme fille d'Alexios Mousélé et de Maria, laquelle serait morte en couches[8] et qu'elle se serait marié à un Doukas C'est en effet à partir de cette époque que plusieurs membres de cette famille prétendent régulièrement au trône impérial avant d'y parvenir avec Constantin X Doukas[5].

D'autres Mousélé de moindre importance sont également cités[9] :

  • Théodosios Mousélé, frère du césar Alexios Mousélé,
  • Eupraxios Mousoulikès, stratège de Sicile sous Basile Ier,
  • Alexios Mousele, patrice et drongère de la flotte en 920,
  • Romanos Mousélé, fonctionnaire des impôts en 945 et petit-fils de Romain Ier Lécapène,
  • Michael Mosélè, patrice et grand curateur d'Oxea au XIe siècle,
  • Théodora Mousélèna, mystographissa au XIIe siècle.

Généalogie

Généalogie donnée par Christian Settipani Généalogie donnée par Cyrille Toumanoff
Hamazasp Mamikonian
(†660)
prince d'Arménie
Hamazasp Mamikonian
(†658)
prince d'Arménie
Moušeł Mamikonian
sparapet
(706/9)
Artavazd
Mouschel IV Mamikonian
grand connétable
(693)
Hrahat
Hrahat Mamikonian
comte
Hmyeak
David Ier
(†744)
Mouschel
(†775)
chef des princes
insurgés
Davit Mamikonian
(†748)
Moušeł Mamikonian
(†775)
prince d'Arménie
Samuel II
(†775)
sparapet
Mouschel
Shapouh
(†775)
Vard
(†775)
Šmouel Mamikonian
(†775)
sparapet
Gregorios Mousoulakios
comte de l'Opsikion
(778-802)
Špouh Mamikonian
(†785)
Vard Mamikonian
(†785)
Artavazd
stratège des Anatoliques
(778)
Grégoire Musalacius
comte de l'Opsikion
(778-803)
Alexios Mouselé
strat. Arméniaques
(790)
Marinos
drongaire
x Theokista
Alexis Muselé
strat. Arméniaques
(790)
N Mousélé
x Ne Krinitissa
Théophilos
(813†842)
empereur byzantin
Théodora
(†867)
Théophilos
(813†842)
empereur byzantin
Theodosios Mouselé
patrice
Alexios Mouselé
césar
(837-839)
Maria
(†838)
Alexis Crinite
stratège de Chypre
Procope Crinite
(†889)
patrice
Theodore Musélé Crinite
Alexis Musélé
césar
(837-839)
Maria
(†838)
Eupraxios Mousolikès
Stratège de Sicile
(867-886)
Maria
fille de césar
ép. N Doukas
Romain Ier Lécapène
(ca.870†948)
empereur byzantin
Alexios Mouselé
drongaire
(912)
Romain Ier Lécapène
(ca.870†948)
empereur byzantin
Famille Doukas
Georges Crinite
(870/6)
Alexis Musélé
(†921)
patrice, drongaire
Ne Lékapène
N Mouselé
Ne Lékapène
Arotras Crinite
stratège du Peloponnèse
Romanos Mousélé
fonctionnaire des
impôts (940/5)
Romain Crinité
comte de l'Opsikion
Abessalom Musélé
aveuglé en 913
Pascal Crinité
stratège de Longobardie

Notes et références

  1. Settipani 2006, p. 150-151.
  2. Settipani 2006, p. 231-236.
  3. Kazhdan 1991, p. 1279
  4. Toumanoff 1990, p. 334-335.
  5. Settipani 2006, p. 151-156.
  6. Toumanoff 1990, p. 340-343.
  7. Settipani 2006, p. 152-153.
  8. puisque la mère et la fille ont le même prénom.
  9. Settipani 2006, p. 157.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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