Mosquée Ahmed III
La mosquée Ahmed III (en grec moderne : τζαμί του Αχμέτ Γ΄ / tzamí tou Achmét III), également connue sous le nom de mosquée Ahmed-Pacha[1] - [note 1] (τζαμί Αχμέτ Πασά), est un édifice ottoman situé dans la forteresse grecque d'Acrocorinthe, dans le Péloponnèse. Construit à l'emplacement d'une mosquée antérieure du XVIe siècle, le monument fut commandité par le sultan Ahmed III après la reconquête ottomane de 1715.
Mosquée Ahmed III | |
La mosquée vue depuis le sud-ouest. | |
Présentation | |
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Nom local | Τζαμί του Αχμέτ Γ΄ |
Culte | Musulman |
Type | Mosquée |
Rattachement | Ministère de la Culture et des Sports |
Fin des travaux | XVIe siècle |
Autres campagnes de travaux | Rénovation : peu après 1715 |
Style dominant | Ottoman |
Protection | Site archéologique de Grèce |
Géographie | |
Pays | Grèce |
Périphérie | Péloponnèse |
District régional | Corinthie |
Ville | Corinthe |
Coordonnées | 37° 53′ 29″ nord, 22° 52′ 20″ est |
Histoire
Après la conquête de Corinthe par les troupes ottomanes du sultan Mehmed II en 1458[5] - [6], la citadelle d'Acrocorinthe fut équipée de plusieurs mosquées. Le voyageur Evliya Çelebi, qui visita la région en 1668, mentionna quatre édifices rythmant la vie religieuse islamique de la forteresse[note 2] - [8]. Datant vraisemblablement du XVIe siècle, une première mosquée dans la partie nord peut être identifiée comme la mosquée d'Achmed Pacha ou de Bayezid mentionnée par Evliya Çelebi[4] - [9]. Deux éléments en chêne, relevés dans une traverse de la maçonnerie et dans le minaret par les archéologues Richard Rothaus et Timothy E. Gregory (en), sont datés de 1489 et 1508[10] - [11].
La mosquée imprécisément évoquée en 1668[12] fut transformée en magasin à poudre lors de la seconde période d'occupation vénitienne entre 1687 et 1715[6] - [4] - [13]. À la toute fin du XVIIe siècle, un plan d'Acrocorinthe de l'ingénieur Pierre de la Salle conversé à la bibliothèque Gennádios, indique que le lieu servit également de stockage des biscuits destinés à la garnison, aussi appelés pains de munition[14]. Peu après la reprise de la ville par les Ottomans en 1715, une nouvelle mosquée fut érigée par le sultan Ahmed III sur les ruines des précédentes constructions[15].
La mosquée fut étudiée par les archéologues Antoine Bon et Rhys Carpenter en 1936[11]. Au cours des années 2000, l'édifice fit l'objet de travaux de consolidation, dirigés principalement vers le renforcement structurel des fenêtres et du minaret[16].
Architecture
La mosquée Ahmed III, qui mesure 8,50 × 9,50 mètres[17], présente les caractéristiques et le plan simple des premières mosquées ottomanes dans les Balkans[4] - [18] - [19]. Les traces de la mosquée antérieure sont encore aujourd'hui identifiables, notamment dans le style en pointe des ouvertures, typique de la première période ottomane.
La maçonnerie générale est particulièrement hétéroclite, composée essentiellement de pierres calcaires et de quelques briques à l'agencement aléatoire[4]. Les murs extérieurs de 0,70 mètre[17] sont plus maîtrisés dans les angles et pour la base du minaret, là où des matériaux de bâtiments plus anciens ont été intégrés. Sur la façade principale au nord figurent les traces des aménagements de la seconde période vénitienne, notamment l'usage de voussoirs au sommet de la porte et le lion de saint Marc, emblème de la Sérénissime[4] - [17].
La base du minaret, préservant en son sein l'escalier en colimaçon, est située à l'angle nord-ouest, au niveau du porche dont il ne subsiste que quelques pans de murs extérieurs du côté oriental[20]. Une large coupole sur trompes[17], partiellement détruite depuis la fin du XXe siècle à cause du manque d'entretien, surmonte la salle de prière carrée. Au centre du mur sud, encadré par deux fenêtres, l'édifice possède un mihrab de style baroque turc encore visible de nos jours. La niche à muqarnas présente un double cadre rectangulaire orné[20].
Galerie
- La mosquée surplombant le golfe de Corinthe.
- Mosquée Ahmed III, minaret de la mosquée Mehmed II (en bas à droite) et tour franque (en haut à droite).
- Vue de la mosquée depuis le sud.
- Minaret à l'angle nord-ouest.
Notes et références
Notes
- Le ministère grec de la Culture et des Sports identifie ce monument datant de la première période de domination ottomane comme la « mosquée I »[2], le différenciant ainsi de la « mosquée II » située environ 110 mètres au sud[3]. Toutefois, la publication ministérielle de référence sur l'architecture ottomane en Grèce désigne plus simplement l'édifice comme la « mosquée d'Acrocorinthe »[4].
- En l'occurrence trois grandes mosquées pour la prière du vendredi (camii) et une petite mosquée pour la prière quotidienne (mescit)[7].
Références
- Machiel Kiel 2016, p. 67.
- (el) Ministère de la Culture et des Sports, « Τέμενος Α΄ » [« Mosquée I »], sur www.odysseus.culture.gr (consulté le ).
- (el) Ministère de la Culture et des Sports, « Τέμενος B΄ » [« Mosquée II »], sur www.odysseus.culture.gr (consulté le ).
- Anastasía Koumoúsi 2008, p. 136.
- Ahmed Ameen 2017, p. 13.
- (tr) Machiel Kiel (en), « Gördüş » [« Corinthe »], Türkiye Diyanet Vakfı İslâm Ansiklopedisi, Istanbul, vol. 14, , p. 154–156 (lire en ligne, consulté le ).
- Machiel Kiel 2016, p. 58.
- (en) Éphorie des antiquités de Corinthie, « Acrocorinth – Archaeological Museum of Ancient Corinth », sur www.corinth-museum.gr (consulté le ).
- (el) Magdaliní Dimitropoúlou, Ενοποίηση αρχαιολογικών χώρων Αρχαίας Κορίνθου, Ακροκορίνθου και Λεχαίου και δημιουργία αρχαιολογικού - περιβαλλοντικού πάρκου [« Consolidation des sites archéologiques de l'ancienne Corinthe, Acrocorinthe et Léchaion et création de sites archéologiques-parcs environnementaux »] (mémoire de licence de l'université ouverte de Grèce), Patras, , 164 p. (ISBN 9780007094493, lire en ligne [PDF]), p. 84.
- (en) Uzi Baram et Lynda Carroll, A Historical Archaeology of the Ottoman Empire: Breaking New Ground, Berlin, Springer Science+Business Media, , 272 p. (ISBN 978-0-306-47182-7, lire en ligne), p. 116.
- (en) Peter Ian Kuniholm, « Aegean Dendrochronology Project: 1995–1996 results », Arkeometrı Sonuçlari Toplantisi, vol. 12, , p. 163–175 (ISSN 1017-7671, lire en ligne), p. 167.
- Ahmed Ameen 2017, p. 26.
- Machiel Kiel 2016, p. 59.
- Éric Guillaume Luc Pinzelli, La défense de l'isthme de Corinthe durant la période vénitienne (1687-1715) (mémoire de maîtrise en histoire de l'université de Provence Aix-Marseille I), , 256 p. (lire en ligne), p. 9–10, 180 et 1998–199.
- Machiel Kiel 2016, p. 60.
- (el + en) Dimítrios Athanasoúlis, Το κάστρο του Ακροκορίνθου και η ανάδειξή του (2006-2009) [« La forteresse d'Acrocorinthe et son projet de mise en valeur (2006–2009) »], 25e Éphorie des antiquités byzantines, , 111 p. (lire en ligne), p. 109.
- (en) « Acrocorinth Mosque (Τζαμιού του Ακροκόρινθου) », sur www.madainproject.com (consulté le ).
- (el) Metaxoúla Chrysáfi-Zográfou, « Τουρκικά κτίσματα στην Κόρινθο. Κρήνες και θρησκευτικά » [« Bâtiments turcs à Corinthe. Fontaines et édifices religieux »], Restauration-Entretien-Protection des Monuments et Ensembles, Athènes, Ministère de la Culture et des Sports, vol. 1, , p. 273–275.
- (en) Pierre MacKay, « Acrocorinth in 1668, a Turkish Account », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, vol. 37, no 4, , p. 386–397 (ISSN 0018-098X), p. 395.
- Machiel Kiel 2016, p. 64.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Ahmed Ameen, Islamic architecture in Greece: Mosques, Alexandrie, Center for Islamic Civilization studies, Bibliotheca Alexandrina, , 271 p. (lire en ligne).
- (en) Machiel Kiel, « Corinth in the Ottoman period (1458-1687 and 1715-1821) : the afterlife of a great ancient Greek and Roman metropolis », Shedet, vol. 3, no 5, , p. 45–71 (ISSN 2356-8704, lire en ligne).
- (en) Anastasía Koumoúsi (trad. du grec moderne par Elizabeth Key Fowden), « Mosque of Acrocorinth », dans Érsi Broúskari (dir.) et al., Ottoman architecture in Greece, Athènes, Ministère de la Culture et des Sports, , 494 p. (ISBN 960-214-792-X), p. 136.