Mors arabe
Le mors arabe, ou mors turc, est un mors de bride pour les chevaux, à l'action sévère. Il est utilisé dans les pays de l'empire ottoman, et notamment en Afrique du Nord au XIXe siècle. Son origine remonterait au XIIIe siècle.
Histoire
D'après Éphrem Houël, ce mors est appelé « mors arabe » dans les sources en français, mais les Algériens du XIXe siècle l'appellent « mors turc », et en attribuent donc l'invention aux Turcs[1] - [2]. Il serait aussi appelé « mors de chasse »[3].
Sa conception daterait du XIIIe siècle[3]. Il a été quelquefois utilisé en France au XVIe siècle et au XVIIe siècle[4]. Plus tard, son usage est propre aux provinces conquises par les Turcs[5]. Au milieu du XIXe siècle, sa sévérité rend son usage controversé parmi les Algériens[2] - [1].
Description
C'est un mors de bride, le mors de filet ne faisant pas partie du harnachement arabe traditionnel[6].
Le commandant de cavalerie français Jean Licart distingue un mors arabe civil et un mors arabe militaire, qui est aussi le mors réglementaire des régiments de spahis[7].
Ce mors dispose d'un anneau ovulaire, qui remplace les fonctions de la gourmette des mors de bride européens[1]. Cet anneau est fixée à la partie supérieure de cette embouchure[8], et une fois posée, il enveloppe la mâchoire inférieure de l'animal[9]. Son diamètre est sensiblement égal à la largeur de l'embouchure[7]. La partie postérieure de l'anneau, élargie et aplatie, porte sur la barbe du cheval[7]. La partie opposée est arrondie et amincie[7].
Le mors arabe n'offre pas de liberté de langue[8].
Ses branches sont courtes et larges[8] ; elles ne se prolongent pas au-dessus du canon du mors[7]. Le canon peut être plat[8] (pour le mors civil) ou arrondi, pour le mors militaire.
En général, ce mors est solidaire de la bride sur laquelle il est monté, et ne se nettoie pas[8]. Le mors est réuni aux montants de la bride par des anneaux adaptés à l'embouchure[7].
Sévérité
L'action du mors arabe est réputée sévère[2]. Cette sévérité est notamment due à la taille de l'anneau entourant la mâchoire inférieure[9]. Eugène Daumas note que ses branches sont plus courtes que celles des mors français, ce qui en rend probablement l'action moins sévère[8]. Au contraire, Jean Licart compare ce mors à un « instrument de torture », et décrit longuement ce qu'il nomme « la honte du mors arabe »[7].
L'usage de ce mors avec une main dure provoque des saignements chez le cheval qui le porte[3].
Notes et références
- Journal des haras des chasses et des courses de chevaux, recueil periodique consacre à l'étude du cheval, à son éducation (etc.), Bureau du journal, (lire en ligne), p. 198.
- Ephrem Houël, Histoire du cheval chez tous les peuples de la terre: depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, Bureau du Journal des Haras, (lire en ligne), p. 15.
- Nevzorov Haute Ecole Equine Anthology Vol.4 (FRENCH), Nevzorov Haute Ecole (lire en ligne).
- J. Callot, Le cheval de La Plata et son importation en France comme cheval de guerre, Pessez, (lire en ligne).
- Joseph Michel Félicité Vincent ROBINEAU DE BOUGON, Considérations sur l'amélioration et la propagation des chevaux dans le Département de la Loire-Inférieure, et projet de la création d'une race française ... Suivies d'un rapport fait à ce sujet au nom d'une Commission Spéciale, ... par ... C. Mellinet, (lire en ligne).
- Licart 1930, p. 30-31.
- Licart 1930, p. 31.
- Daumas 1866, p. 200.
- Cardini 1848, p. 133.
Bibliographie
- [Cardini 1848] F. Cardini, Dictionnaire d'hippiatrique et d'équitation : ouvrage ou se trouvent réunies toutes les connaissances hippiques, Ve Bouchard-Huzard, (lire en ligne)
- [Daumas 1866] Eugène Daumas, Les chevaux du Sahara et les mœurs du désert, L. Hachette et cie, (lire en ligne)
- [Licart 1930] Jean Licart, Le cheval barbe et son redressage, Berger-Levrault, (lire en ligne)