Mohamed Tamalt
Mohamed Tamalt est un journaliste algéro-britannique, emprisonné en pour « outrage au président de la République algérienne » et mort en détention quelques mois plus tard, le [1] C'est le premier journaliste à mourir emprisonné en Algérie[2] depuis la guerre d'Indépendance[3].
Arrestation et procès
Résident en Angleterre depuis 2002 — il possédait également la nationalité britannique —[1] - [3], il écrivait des articles pour le journal El Khabar, pour lequel il avait longtemps été le correspondant à Londres[3]. Il tenait également un blogue et une page Facebook[3], suivie par plus de 10 000 personnes[2], où il était très critique contre le pouvoir, s’attaquant de manière virulente à des responsables politiques et notamment au chef de l'État Abdelaziz Bouteflika[4] ou des membres de leur famille[1].
Il est arrêté à l'aéroport d'Alger le et emprisonné pour « offense aux institutions et au président de la République »[1] - [4] à la suite de publications sur son blogue et sa page Facebook[3]. Jugé le , il est condamné à deux ans de prison ferme, pour « outrage à corps constitué » et « atteinte à la personne du président de la République » dans des publications sur son compte Facebook[2]. Sa peine est confirmée en appel le mois suivant, le . Lors du procès en appel, Mohamed Tamalt se plaint des violences qu'il a subies de la part des gardiens de sa prison.
Décès
Dès le jour de son arrestation, il cesse de s'alimenter[1]. Incarcéré à la prison d'El-Harrach[5], il est transféré après 53 jours de grève de la faim[3] au service des détenus de l'hôpital Lamine-Debaghine (ex-hôpital Maillot) à Bab El Oued, dans la banlieue d'Alger, à la fin du mois d'août[4]. Il y meurt le , à 42 ans[1], après une grève de la faim de 3 mois suivi de 3 mois de coma[1] - [4]. Selon l'administration pénitentiaire, il serait mort d'une « infection pulmonaire »[4].
Sa mort suscite de vive réactions dans les médias indépendants et sur les réseaux en Algérie[4]. Amnesty International comme Reporters sans frontières[3], appela les autorités algériennes à « ouvrir une enquête indépendante, approfondie et transparente sur les circonstances de la mort » de Mohamed Tamalt et estimant que les actions visant à protéger la réputation des personnalités publiques doivent relever d’une procédure civile et non pas pénale[4].
Ses obsèques sont suivies par plusieurs centaines de personnes et il est inhumé au cimetière de Bachdjarah, un quartier populaire d'Alger où il a grandi[2].
Références
- "Algérie : mort d'un journaliste emprisonné pour "offense au président", France 24, 11 décembre 2016.
- "Algérie: foule à l'enterrement d'un journaliste mort en détention", Le Parisien via AFP, 12 décembre 2016.
- "Foule aux funérailles du journaliste algérien mort en prison" par le Service Etranger de Libération, 12 décembre 2016.
- "Le journaliste algérien Mohamed Tamalt meurt en prison" par Charlotte Bozonnet, Le Monde, 11 décembre 2016.
- "Liberté de la presse : le lourd héritage de Bouteflika" par Makhlouf Mehenni, TSA, 3 mai 2019.