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Mlle V. en costume d'espada

Mlle V. en costume d'espada, également appelé Victorine Meurent en costume d'espada, est un tableau réalisé par le peintre Édouard Manet en 1862. L'œuvre fut présentée au Salon des Refusés de 1863, tout comme le Déjeuner sur l'herbe et le Jeune homme en costume de majo.

Mlle V. en costume d'espada
Artiste
Date
1862
Type
Scène de genre (en)
Technique
huile sur toile
Dimensions (H Ă— L)
165,1 Ă— 127,6 cm
Inspiration
Mouvement
Propriétaire
No d’inventaire
29.100.53
Localisation
Inscription
Éd. Manet. / 1862

RĂ©ception de l'Ĺ“uvre

La toile est un audacieux portrait du modèle préféré de Manet, Victorine Meurent, travestie en homme. Victorine feint de participer en tant qu’espada à une tauromachie. Tout est mis en œuvre cependant pour montrer que le sujet n’est qu’une supercherie : Victorine, du fait de la menace représentée par le taureau, ne devrait normalement pas fixer le spectateur avec autant d’insistance. L’ensemble de la scène est tout simplement un prétexte visant à représenter la modèle dans des habits masculins et donc à faire ressortir de manière plus éclatante encore sa feminité.

Considérée par Émile Zola comme une œuvre :

« d'une vigueur rare et d'une extrême puissance de ton (...) Selon moi, le peintre y a été plus coloriste qu'il n'a coutume de l'être. Les taches sont grasses et énergiques et elles s'enlèvent sur le fond avec toutes les brusqueries de la nature[1]. »

Le tableau a été énergiquement désapprouvé par d'autres critiques. Jules-Antoine Castagnary et Théophile Thoré-Burger en ont fait un sévère compte rendu lors du salon des refusés de 1863. Ils lui reprochaient la couleur trop éclatante[1]. Théophile Thoré-Burger était particulièrement virulent « (...) une demoiselle de Paris en costume de espada, agitant son manteau pourpre dans le cirque d'un combat de taureau. Monsieur Manet adore l'Espagne et son maître d'affection paraît être Francisco de Goya dont il imite les tons vifs et heurtés[2]. »

PĂ©riode hispanisante de Manet

Mademoiselle Victorine initie le dĂ©but d'une pĂ©riode hispanisante de Manet qui ne cesse de manifester son admiration pour l'Espagne, son art, et ses spectacles de tauromachie qui vont lui inspirer Épisode d’une course de taureaux qu'il dĂ©coupera ensuite en deux tableaux : L'Homme mort et La Corrida. De son voyage en Espagne il rapporte des sujets plus directement liĂ©s Ă  la tauromachie comme Combat de taureau ou Le Matador saluant, bien Ă©loignĂ©s de ce que Beatrice Farwell appelle un « geste de dĂ©fi Â» de la part de Manet Ă  savoir : habiller une demi mondaine en homme. La critique d'art voit lĂ  un rapport entre la dĂ©marche de Manet et les portraits de la Duchesse d'Alba par Francisco de Goya (la Duchesse d'Alba en blanc, la Duchesse d'Alba en noir, La Duchesse d'Alba et la bigote, etc.). L'aristocrate s'affichait volontiers en habits de torĂ©ador[3] suivant la mode des majos et majas alors en vogue : le manolisme.

Manet ne visita l'Espagne qu'en 1865, mais il avait dans son atelier une collection de costumes qu'il utilisait comme accessoires et qui lui Ă©taient fournis par un marchand espagnol du passage Jouffroy. Comme le remarque Beatrice Farwell, on retrouve ce mĂŞme costume dans d'autres tableaux de Manet : le Chanteur espagnol et le Jeune homme en costume de majo[3]

  • Le Chanteur espagnol 1860
    Le Chanteur espagnol 1860
  • Jeune homme en costume de majo 1863
    Jeune homme en costume de majo 1863
  • Le Matador saluant 1866–1867
    Le Matador saluant 1866–1867

L'Inspiration tauromachique et le nu

Il est possible que Manet se soit familiarisé avec les coutumes de Madrid et les détails de la corrida à travers le Voyage en Espagne de Théophile Gautier, ou les détails de la corrida donnés par Prosper Mérimée[4].

L'analyse rĂ©cente aux rayons X de ce tableau a permis de dĂ©couvrir une curiositĂ© : Mademoiselle Victorine en costume d'espada a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par-dessus l'image d'une femme nue, assise, qu'on ne peut rattacher Ă  aucune Ĺ“uvre de l'artiste[5]. Il existe encore une aquarelle et encre sur mine de plomb du mĂŞme sujet (30,5 Ă— 29 cm) conservĂ©e au Museum of Art de la Rhode Island School of Design, et encore trois eau-fortes et aquatintes du mĂŞme sujet dont deux exemplaires sont conservĂ©s Ă  la Bibliothèque nationale de France, Ă  Paris et un exemplaire (3e Ă©tat) au Metropolitan Museum of Art de New York[6].

Bibliographie

  • Françoise Cachin, Charles S. Moffett et Juliet Wilson-Bareau, Manet : 1832-1883, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, , 544 p. (ISBN 2-7118-0230-2)
  • ThĂ©ophile ThorĂ©-Burger et William BĂĽrger, Salons de William BĂĽrger, 1861-1868, avec une prĂ©face par ThĂ©ophile ThorĂ©, vol. 2, t. II, Paris, Jules Renouard,
  • (en) Beatrice Farwell, Manet's espada, vol. 2, New York, Metropolitan Museum Journal,

Notes et références

Liens externes

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