Mir Mohammad Sediq Farhang
Mir Mohammad Sediq Farhang (Kaboul, 1914 - Alexandria, Louisiane, 1990) est un homme politique, haut fonctionnaire et historien afghan.
Naissance | |
---|---|
Décès |
ou |
Nationalité | |
Activités |
Biographie[1]
Né en 1914, dans une famille de fonctionnaires aisés (son père était receveur des impôts de Kaboul et son oncle un réformateur convaincu, ministre des Finances du roi Amânollâh) il effectue les onze premières années d’études secondaires au lycée francophone Esteqlâl de Kaboul où il fonde un cercle politico-littéraire avec quatre autres camarades. Emprisonné en 1933, près d’un mois, lors de la rafle des activistes politiques qui suit l’assassinat du roi Nâder Châh, il est assigné à résidence pendant deux ans et interdit d’études pour le restant de sa vie. Dès lors, soutenu clandestinement par M. Beaudoin, son ancien professeur de français, il poursuit son éducation en autodidacte. De 1935 à 1947, il est employé par la banque privée “Bank-e Melli”.
En 1947, à l’occasion des élections municipales, les premières élections organisées par bulletin secret dans l’histoire de l'Afghanistan, il est élu membre du conseil municipal de Kaboul et devient maire adjoint de la capitale.
L'année suivante, quand le gouvernement afghan décide d’organiser, pour la première fois, l’élection des députés de Kaboul au bulletin secret, Farhang est nommé à la tète du comité chargé de son organisation.
En 1949, il est l’un des sept fondateurs du mouvement réformateur Watan (« La Patrie ») œuvrant pour l’instauration d’une monarchie constitutionnelle et pour le respect des droits de l’Homme dans le pays. Il en devient le secrétaire et plus tard le rédacteur en chef du journal éponyme faisant office d’organe du parti. Ses activités au sein de ce mouvement lui valent, un peu plus d’un an plus tard, d’être emprisonné durant plus de 4 ans, puis placé en résidence surveillée jusqu’en 1957.
De 1957 à 1963, il exerce la fonction de conseiller auprès du ministère des Mines et de l’Industrie où il occupe, à titre intérimaire, le poste de directeur général de l’industrie.
En 1963, quand le roi Mohammad Zâher Châh décide d’instaurer une monarchie constitutionnelle, Farhang est nommé membre de la commission de sept membres chargée de la rédaction de la nouvelle constitution. Il en rédigera notamment le préambule.
Après avoir exercé pendant deux ans la fonction de vice-ministre du Plan, il démissionne en 1965 pour briguer un mandat de député au Parlement. Élu, il y occupe, pendant son mandat de cinq ans, la présidence de la commission des lois.
Nommé ambassadeur d’Afghanistan en Yougoslavie en 1971 il est révoqué en 1973 à la suite du coup d’État républicain du prince Daoud. En 1980, quand Babrak Kârmal devient chef de l’État à la suite de l’intervention de l’armée soviétique, le régime communiste tente d’élargir son assise populaire. Il nomme une dizaine de personnalités de la société civile à des postes du premier plan. Farhang, après avoir refusé un portefeuille ministériel, est nommé conseiller auprès du Premier ministre.
Un an plus tard, il quitte son pays. Dans une lettre ouverte adressée à cette occasion à Babrak Kârmal, il lui rappelait la promesse qu’il lui avait faite un an auparavant quant à l’organisation d’un referendum populaire en Afghanistan au sujet du futur régime du pays et la sortie des armées soviétiques du territoire afghan. Le traitant de « menteur », il l’informe de sa décision de gagner les rangs des opposants au régime et se mettre au service de la résistance afghane.
Il meurt en 1990 aux États-Unis, où il avait obtenu l’asile politique.
L’historien
Mir Mohammad Sediq Farhang est l’auteur de très nombreux articles et ouvrages sur l’histoire de l’Afghanistan, par exemple dans L’Encyclopædia Universalis ou encore dans L’Encyclopædia Britanica. Auteur d’un ouvrage concernant la dynastie des Saffarides[2] et d’un autre intitulé La question du Pachtounistân, on lui doit surtout une magistrale histoire de l’Afghanistan, publiée en dari et en pachto dont la vingt-quatrième édition est parue à Kaboul en 2013. Elle a récemment été traduite en français et publiée en deux volumes sous les auspices du CEREDAF.
Il est également l'auteur de différentes traductions du français ou de l'anglais en dari : Logique et philosophie des sciences (manuel de philosophie dû à François Grégoire, publié chez Vrin en 1953, qui sera utilisé dans les classes de terminales en Afghanistan) ; The Afghan Question from 1841 to 1878 (by George Douglas Campbell, Duke of Argyll, 1879), etc. Il avait également traduit Les Lettres de mon moulin, d'Alphonse Daudet, mais le manuscrit en a été détruit pendant la guerre civile consécutive au départ des troupes soviétiques d'Afghanistan.
Il est le père de Mir Mohammad Amin Farhang (né en 1940), docteur en économie du développement de l’Université de Cologne (Allemagne), ancien ministre de la reconstruction, puis du Commerce de la République islamique d’Afghanistan (2001–2008), ainsi que de SaÏd Zia Farhang, ingénieur, auteur de la traduction française de l’œuvre de son père, Afghanistan, les cinq derniers siècles.
Notes
- Les informations de cet article sont extraites de la préface à la 13e édition de Afghanestân dar pandj qarn-e akhir de Mir Mohammad Sediq Farhang, tomes 1 et 2, Téhéran, 1385 (2006), et de la page 4 de couverture de Afghanistan, les cinq derniers siècles, vol. 1, "Du XVIe siècle à 1919".
- Le fondateur de la dynastie saffaride, Ya`qûb ben Layth as-Saffâr, établit au IXe siècle de notre ère un éphémère empire sur les territoires des actuels Iran, Afghanistan et Pakistan, et au-delà de l'Amou-Daria.
Bibliographie
- Mir Mohammad Sediq Farhang, Afghanistan, les cinq derniers siècles, Paris, CEREDAF, 2 vol., trad. Saïd Zia Farhang. Vol. 1 : Du XVIe siècle à 1919, 2011, 368 p. ; Vol. 2 : De 1919 à 1979, 2014, 414 p., annexes, bibliogr.