Microséisme
Un microséisme, est défini en sismologie comme un léger tremblement de terre provoqué par des phénomÚnes naturels[1] - [2]. Il ne faut pas le confondre avec le phénomÚne acoustique anormal du Hum[3] (« bourdonnement »). Le terme est le plus couramment utilisé pour désigner les signaux de bruit sismiques et électromagnétiques de fond dominants sur Terre, qui sont causés par les vagues d'eau dans les océans et les lacs[4] - [5] - [6] - [7]. Les caractéristiques du microséisme sont examinées par Bhatt[7]. Comme les oscillations des vagues océaniques sont statistiquement homogÚnes sur plusieurs heures, le signal de microséisme est une oscillation longue et continue du sol[8]. Les ondes sismiques les plus énergétiques qui composent le champ microsismique sont les ondes de Rayleigh, mais les ondes de Love peuvent représenter une fraction significative du champ d'ondes, et les ondes de corps sont également facilement détectées par les réseaux. La conversion des ondes océaniques en ondes sismiques étant trÚs faible, l'amplitude des mouvements du sol associés aux microséismes ne dépasse généralement pas 10 micromÚtres.
Détection et caractéristiques
Les microsĂ©ismes sont dĂ©tectĂ©s sans difficultĂ©s et mesurĂ©s par le sismographe Ă large bande, et peuvent ĂȘtre enregistrĂ©s n'importe oĂč sur Terre.
Microséismes primaires
Les signaux microsismiques dominants provenant des ocĂ©ans ressemblent aux pĂ©riodes caractĂ©ristiques de la houle ocĂ©anique, et se produisent donc entre 4 Ă 30 s environ[9]. Le bruit microsismique prĂ©sente gĂ©nĂ©ralement deux pics prĂ©dominants. Le plus faible correspond aux pĂ©riodes les plus longues, gĂ©nĂ©ralement espacĂ©es de 16 secondes, et peut s'expliquer par l'effet des ondes de gravitĂ© en surface dans les eaux peu profondes. Ces microsĂ©ismes ont la mĂȘme pĂ©riode que les vagues (d'eau) qui les gĂ©nĂšrent et sont gĂ©nĂ©ralement appelĂ©s « microsĂ©ismes primaires ».
Microséismes secondaires
Le pic le plus haut, pour des périodes plus courtes, est également dû aux ondes gravitationnelles de surface dans l'eau, mais résulte de l'interaction d'ondes de fréquences presque égales mais de directions presque opposées, le clapotis. Ce qui est généralement désigné comme « Microséismes secondaires » est ces secousses qui ont une période qui correspond à la moitié de la période des ondes de l'eau.
Bourdonnement de la Terre (hum)
Le « bourdonnement de la Terre » quant à lui est une excitation incessante, légÚre mais détectable, des oscillations libres de la Terre, ou modes normaux, avec des périodes comprises entre 30 et 1 000 s. Pour des périodes allant jusqu'à 300 s, le déplacement vertical correspond à des ondes de Rayleigh générées comme les microséismes primaires, à la différence qu'il implique l'interaction d'ondes infragravitaires avec la topographie du fond de l'océan[3]. Les sources dominantes de cette composante verticale de l'hum sont probablement situées le long du rebord du plateau, la région de transition entre les plateaux continentaux et les plaines abyssales.
Par consĂ©quent, depuis les « microsĂ©ismes secondaires » Ă courte pĂ©riode jusqu'au « bourdonnement » Ă longue pĂ©riode, ce bruit sismique contient des informations sur l'Ă©tat de la mer. Il peut ĂȘtre utilisĂ© pour estimer les caractĂ©ristiques des vagues ocĂ©aniques et leurs variations, sur des Ă©chelles de temps allant d'Ă©vĂ©nements individuels (quelques heures Ă quelques jours) Ă leur Ă©volution saisonniĂšre ou multi-dĂ©cennale. Il faut pour cela possĂ©der une comprĂ©hension de base des processus de gĂ©nĂ©ration des microsĂ©ismes de ces signaux.
Génération de microséismes primaires
L'ocĂ©anographe allemand Klaus Hasselmann[5] a d'abord exposĂ© les dĂ©tails du mĂ©canisme primaire en donnant une expression mathĂ©matique simple de la source de microsĂ©ismes dans le cas particulier d'un fond marin Ă pente constante. Cependant, pour expliquer les amplitudes de microsĂ©ismes observĂ©es, cette pente constante doit ĂȘtre assez importante (environ 5 % ou plus), ce qui n'est pas rĂ©aliste. En rĂ©alitĂ©, les caractĂ©ristiques topographiques du fond Ă petite Ă©chelle n'ont pas besoin d'ĂȘtre aussi abruptes et la gĂ©nĂ©ration de microsĂ©ismes primaires est probablement le rĂ©sultat d'un processus d'interaction onde-onde dans lequel une onde est fixĂ©e, le fond marin. Pour mieux visualiser ce phĂ©nomĂšne, il est plus facile d'Ă©tudier la propagation des vagues sur une topographie de fond marin sinusoĂŻdale. Ce modĂšle peut facilement se gĂ©nĂ©raliser Ă une topographie de fond marin prĂ©sentant des oscillations autour d'une profondeur moyenne[10].
Un fond marin réel, qui a un large spectre d'aspects, génÚre des ondes sismiques avec toutes les longueurs d'onde et dans toutes les directions.
Génération de microséismes secondaires
L'interaction de deux trains d'ondes de surface de frĂ©quences et de directions diffĂ©rentes gĂ©nĂšre des groupes d'ondes. Quand les vagues se propagent presque dans la mĂȘme direction, cela donne les ensembles habituels de vagues qui se dĂ©placent Ă la vitesse du groupe, qui est plus lente que la vitesse de phase des vagues de l'eau (voir l'animation). La vitesse de groupe avoisine 10 m/s pour des vagues ocĂ©aniques habituelles avec une pĂ©riode d'environ 10 secondes, .
Dans le cas d'une direction de propagation opposĂ©e, les groupes se dĂ©placent Ă une vitesse beaucoup plus grande, qui est maintenant 2Ï(f1 + f2)/(k1 â k2) avec k1 et k2 les nombres d'ondes des ondes d'eau en interaction.
Pour les trains d'ondes prĂ©sentant une trĂšs faible diffĂ©rence de frĂ©quence (et donc de nombre d'ondes), ce schĂ©ma de groupes d'ondes peut avoir la mĂȘme vitesse que les ondes sismiques, entre 1 500 et 3 000 m/s, et exciter des modes acoustico-sismiques qui rayonnent.
Le mouvement des vagues océaniques en eau profonde est, en premiÚre approximation, équivalent à une pression appliquée à la surface de la mer pour les ondes sismiques et acoustiques[5]. Cette pression est presque égale à la densité de l'eau multipliée par le carré de la vitesse orbitale des vagues. En raison de cette puissance de deux, ce n'est pas l'amplitude des trains d'ondes individuels qui importe (ligne rouge et ligne noire sur les figures), mais l'amplitude de la somme, les groupes d'ondes (ligne bleue sur les figures).
Les vagues ocĂ©aniques rĂ©elles sont composĂ©es d'un nombre infini de trains d'ondes et il y a toujours une certaine Ă©nergie se propageant dans la direction opposĂ©e. De plus, parce que les ondes sismiques sont beaucoup plus rapides que les ondes d'eau, la source de bruit sismique est isotrope : la mĂȘme quantitĂ© d'Ă©nergie est dĂ©gagĂ©e dans toutes les directions. En pratique, la source d'Ă©nergie sismique est la plus forte lorsque des quantitĂ©s importantes d'Ă©nergie d'onde se dĂ©placent dans des directions opposĂ©es et interagissent. Ce phĂ©nomĂšne se produit lorsque la houle d'une tempĂȘte rencontre des vagues ayant la mĂȘme pĂ©riode provenant d'une autre tempĂȘte[6], ou lorsque des ondes se rĂ©flĂ©chissent prĂšs de la cĂŽte.
L'implantation géologique d'une station sismique à terre peut éclairer sur l'état de la mer grace au bruit capté. Elle peut recevoir les informations dans un rayon de quelques centaines de kilomÚtres, comme en Californie centrale, ou d'un bassin océanique complet comme à Hawaï[11]. Pour comprendre les données du bruit, il est donc nécessaire de comprendre la propagation des ondes sismiques.
Les ondes de Rayleigh constituent la majeure partie du champ microsismique secondaire. L'eau et les particules terrestres solides sont déplacées par les ondes lorsqu'elles se propagent, et la couche d'eau joue un rÎle trÚs important dans la définition de la célérité, de la vitesse de groupe et du transfert d'énergie des ondes de l'eau de surface aux ondes de Rayleigh. La génération d'ondes de Love de microséisme secondaire se produit lorsqu'il y a une conversion de mode d'onde sismique, causée par la présence d'une bathymétrie non plane, c'est-à -dire des irrégularités dans le fond marin et l'homogénéité de la vitesse des ondes sismiques à l'intérieur de la Terre[12].
Articles connexes
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Microseism » (voir la liste des auteurs).
- Ăditions Larousse, « DĂ©finitions : microsĂ©isme - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consultĂ© le )
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- Sources
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