Michel Pouliot

Michel Pouliot manifeste très tôt les signes d'un caractère entreprenant et audacieux. Après ses études primaires et secondaires, il suit des cours à l’Académie de Québec et décroche un diplôme en commerce et administration en 1948. À la même époque, son père, le docteur et politicien Camille Pouliot (un ancien pilote lors de la Première Guerre mondiale) s'était procuré un avion léger de type Fleet Canuck à deux places. À cause de ses responsabilités, Camille Pouliot se retrouvait à voyager fréquemment et à devoir couvrir beaucoup de distance en peu de temps. C'est ainsi que son fils, fraîchement diplômé et à la recherche d'un emploi, décida d'apprendre le métier en devenant le pilote de son père. Ce métier devint rapidement une passion pour lui. Il commença par effectuer des vols entre Gaspé et Québec, puis bientôt il parcourut le reste du territoire québécois.

À cette époque, la ville de Gaspé ne possédait pas encore de compagnie aérienne ni d'aéroport. Le jeune pilote se trouvait contraint d'atterrir dans les rangs et les champs de foin parsemés sur le territoire de la ville. Pour bien desservir la région et l'aider à se développer, la Gaspésie avait besoin d'une compagnie aérienne et, surtout, d'un véritable aéroport ; une idée nouvelle à l'époque qui, même si elle paraissait bonne, ne faisait pas l'unanimité. Pouliot se buta d'abord au scepticisme du directeur de sa banque, dont l'appui était nécessaire, essentiel même à la création de la compagnie. L'aviation étant un type de commerce relativement nouveau, le directeur craignait de se retrouver tout d'un coup, advenant un accident un décès, avec une compagnie qu'il ne saurait gérer adéquatement. Jugeant l'entreprise trop risquée, il refusa. Déçu, Michel Pouliot s'en alla mais ne fut pas vaincu pour autant. Rusé, il fit discrètement le tour de la Gaspésie afin de rencontrer différents hommes d'affaires et de leur exposer son projet de compagnie aérienne. Son idée semblait très séduisante, non seulement à cause du potentiel de développement industriel et touristique mais aussi parce qu'elle permettrait de sortir la Gaspésie de son isolement géographique en établissant des lignes de transport avec d'autres régions et d'autres villes. L'idée fit son chemin et les appuis et les contributions s'accumulèrent rapidement. Après avoir ramassé une somme de 35 000 $, Michel Pouliot revint voir le directeur de la banque, un mois après son refus, en lui proposant un projet de construire cette fois un chantier maritime, près du quai de Gaspé. Ce chantier servirait verrait la construire des chalutiers, cordiers et d'autres bateaux. Ces nouveaux bateaux remplaceraient ainsi les vieux bateaux employés par les pêcheurs et aideraient Des bateaux faits par les Gaspésiens, pour les Gaspésiens. Ravi par l'idée, Michel Pouliot saisit l'occasion et glissa subtilement son idée de créer une compagnie aérienne dans la région, tout en montrant les appuis et les sommes d'argent accumulées pour démarrer l'entreprise. Impressionné par l'audace du jeune homme, le directeur de la banque se rendit à l'évidence. Enlevant ses lunettes, serrant la main de Pouliot, il lui dit qu'il pouvait compter sur lui pour avoir sa compagnie et son aéroport.

C'est ainsi que Michel Pouliot fonda à Gaspé en 1951, alors âgé d'à peine 20 ans, la première compagnie aérienne de la région : Transgaspésien aérien ltée. La construction de l'aéroport débuta la même année et se termina en 1953. Cette première étape dans la vie professionnelle de ce pionnier de l'aviation dans l'est du Canada annonçait une carrière riche en péripéties et en rebondissements.

En 1960, la compagnie changea de nom pour devenir Air Gaspé. Michel Pouliot vendit ses parts de la compagnie à Québecair en 1974 et Air Gaspé disparut en même temps que sa compagnie-mère, en 1986.

• Page de l'Ordre national du Québec.
• Entrevue avec Yves Larouche réalisée dans le cadre de la série Les grands Gaspésiens, Radio-Canada, 31 mai 2013.
• Portrait réalisé à l'occasion de la 8^e soirée d'intronisation au Panthéon de l'Air et de l'Espace du Québec, le 19 juin 2014.