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Michael Pacher

Michael Pacher est un peintre et sculpteur autrichien, né vers 1435, peut-être près de Falzes, à proximité de Brunico dans l'actuelle région du Trentin-Haut-Adige (Tyrol) et mort fin juillet/début août 1498 à Salzbourg.

Michael Pacher
Saint Augustin et le diable Alte Pinakothek.
Naissance
Vers 1435
-
Décès
Activité
peintre et sculpteur
Mouvement
Influencé par
Ĺ’uvres principales

Influencé par Donatello et Mantegna, il est réputé pour ses peintures de retables d'église. Son chef-d'œuvre est l'autel composé de sculptures et de peintures de l’église dédiée à saint Wolfgang dans la commune de Sankt Wolfgang im Salzkammergut.

Biographie

Peu de détails sont connus de sa vie, seuls des documents administratifs, comme des factures, contrats et reçus fournissent des informations indirectes. Michael Pacher est né entre 1430 et 1440. Ni la date ni le lieu de sa naissance ne sont documentés[1] - [2], mais une naissance à proximité de Brunico où il travaille est plausible[3]. Le lien de parenté avec Friedrich Pacher, l'autre peintre de Brunico, n'est pas clair : ils exercent le même métier dans la même commune et travaillent ensemble pendant des années. De plus Hans, le fils de Michael, reprend l'atelier et la maison de Friedrich. Pour Friedrich, la provenance de Bressanone est documentée[2].

Michael Pacher dirige, entre 1460/65 et 1495, un atelier de peinture et sculpture de retables à Brunico dans le Val Pusteria. Le choix de Brunico, alors une bourgade campagnarde de 130 maisons et 1500 habitants, plutôt que d'une ville plus développée comme Bressanone, est peut-être dû au fait qu'il s'installe dans la demeure, plutôt aisée, de sa femme, quand il se marie, encore compagnon, au début des années 1460[4]. L'atelier de Pacher devient rapidement un des ateliers les plus productifs de son époque. Outre sa collaboration avec Friedrich, il emploie, vers 1470, une dizaine de compagnons[5]. Progressivement, Pacher se concentre sur la réalisation des fresques et peintures, et laisse les sculptures à Friedrich[6]. Pacher est documenté comme citoyen et maître à Brunico depuis 1467[1]. Il passe les trois dernières années de sa vie à Salzbourg à la réalisation, sur place, du maître-autel de l'église des Franciscains.

Éléments stylistiques

La formation de Pacher prend son origine dans des œuvres de Jakob Sunter (aussi appelé Maître de Saint Sigmund), et du Maître d'Uttenheim, peut-être un parent, et chez lequel il reçoit sa première formation[3][7]. À Bressanone, il y avait aussi une série d'ateliers, aux noms de Jakob von Seckau, Lienhart Scherhauff, Hans Reichart ou Konrad Haselpeck, où Pacher a pu s'instruire. Il a pu avoir connaissance de la peinture contemporaine souabe par le retable de Hans Multscher à Sterzing et des peintures de Leonhard von Brixen, et de la peinture flamande par l'intermédiaire de Nicolas Gerhaert de Leyde qui vivait à Strasbourg à la fin des années 1450. Son expérience artistique est surtout due aux rencontres durant son tour de compagnonnage qu'il a sans doute, comme des générations d'artistes tyroliens avant lui, effectué en Italie du Nord, et notamment à Padoue. Pacher devait donc connaître les œuvres de Mantegna et celles réalisées à Padoue par Filippo Lippi et Donatello, et peut-être aussi les œuvres de la première Renaissance florentine où les lois de la perspective sont appliquées[1]. Lui-même est l'un des premiers, dans le Nord, qui applique avec profit ces nouvelles possibilités. En même temps Pacher est, dans son style, les postures des personnages, les plis des vêtements, l'insertion des personnages l'espace environnant, un adepte de l'art contemporain du Nord - en particulier de Nicolas Gerhaert de Leyde et du Maître E. S.. Le rapport à ces modèles n'est cependant, pas une imitation ; Pacher s'en inspire plutôt et les transforme de façon personnelle[1].

Ĺ’uvres

Des œuvres de Pacher et de son atelier sont conservés deux retables de taille moyenne, et deux grands polyptyques, et une douzaine de panneaux et une douzaine de sculptures sur bois, pièces isolées d'ensembles dispersés.

Retable de saint Wolfgang

Couronnement de la Vierge, Retable de saint Wolfgang.

L'autel de l’église de saint Wolfgang à Sankt Wolfgang im Salzkammergut est commandé en 1471, d'après un contrat avec l'abbé de Mondsee, Benedikt Eck, et achevé en 1481. C'est l'œuvre la plus achevée et la plus connue de Pacher. C'est un retable à double volets. L'écrin central représente le couronnement de Marie; les 4 tableaux, de chaque côté de l'écrin, illustrent, selon l'iconographie traditionnelle, les scènes de la Vie de Marie. On voit, lors d'une première fermeture du retable, 8 scènes de la Vie du Christ ; quand le retable est complètement fermé, 4 scènes de la Légende de saint Wolfgang. Les peintures des volets extérieurs ont d'ailleurs été exécutées par Friedrich Pacher d'après les esquisses de Michael[3].

Retable des Pères de l'Église

Retables des pères de l'Église : Jérôme, Augustin , Grégoire, et Ambroise (1483–84), Alte Pinakothek, Munich

Du couvent Neustift près de Bressanone (vers 1480), huile sur bois, 212 Ă— 100 cm, Munich, Alte Pinakothek[8]. Le retable des pères de l'Ă©glise est divisĂ© en quatre parties, chacune reprĂ©sentant l'un des quatre grands docteurs de l' Ă©glise occidentale : JĂ©rĂ´me, Ambroise, Augustin et GrĂ©goire le Grand. Les deux figures latĂ©rales, JĂ©rĂ´me et Ambroise, sont les parties intĂ©rieures de deux volets qui se referment sur les deux figures centrales, Augustin et GrĂ©goire le Grand. Quand le retable est fermĂ©, on voit quatre panneaux, deux sur chacun des volets, reprĂ©sentant des Ă©pisodes de la vie de saint Wolfgang[9] ou la vie de Saint Augustin[10], dont notamment le Saint Wolfgang et le diable ou Saint Augustin et le diable.

Andrea Mantegna, Retable de San Zeno (1456-1459).
Andrea Mantegna, Transport du corps de saint Christophe (copie du musée Jacquemart-André).

Le panneau à l'extrême gauche représente saint Jérôme en habit de cardinal. Il est accompagné du lion auquel il aurait retiré une épine de la patte. Suit Augustin, peint avec l'enfant qu'il aurait vu, selon la légende, en se promenant sur une plage, ramassant de l'eau avec une cuillère. Quand Augustin demanda à l'enfant ce qu'il faisait, l'enfant répondit que son activité était aussi inutile que les tentatives d'Augustin à comprendre le concept de sainte trinité par un raisonnement rationnel. À la droite d'Augustin le pape Grégoire le Grand ou Grégoire Ier, avec à ses pieds l'empereur romain Trajan, que Grégoire aurait sauvé de l'enfer[11] par la prière et en baptisant son âme. Tout à droite, Ambroise de Milan montré avec un bébé dans un berceau , qui symbolise probablement une légende au sujet de sa vie : quand Ambroise était bébé dans son berceau, un essaim d'abeilles a couvert son visage et laissé une goutte de miel. Le père de Ambroise l'a pris comme un signe annonçant l'éloquence future de Ambroise. Une autre interprétation de la présence du berceau est que c'était un enfant qui a demandé qu'Ambroise soit évêque de Milan.

Chacun des quatre pères de l'église est représenté avec une colombe, symbolisant la présence du saint Esprit.

Les personnages sont représentés dans des habits richement décorés, aux drapés soignés, ornés de bandeaux aux figures saintes; ils sont assis sur des trônes aux dossiers damassés et, comme pour des statues, surmontés d'un riche fronton décoré d'arcatures.

Les panneaux du dos, visibles quand les volets sont fermĂ©s, reprĂ©sentent des Ă©pisodes rarement peints de la vie de saint Augustin, tirĂ©s pour certains de la LĂ©gende dorĂ©e. Le premier montre une disputation entre Augustin et des hĂ©rĂ©tiques, le deuxième, le plus connu, la PrĂ©sentation du « Livre de ses pĂ©chĂ©s Â» par le diable, le troisième une guĂ©rison d'un malade, le dernier enfin une vision de saint Sigisbert[10]. L'Ă©glise avait dĂ©jĂ  un retable, du MaĂ®tre d'Uttenheim, dĂ©diĂ© Ă  saint Augustin. Ses huit volets reprĂ©sentent aussi des scènes de la vie d'Augustin, plus courantes, dĂ©crites dans la LĂ©gende dorĂ©e; il a donc fallu trouver des Ă©pisodes plus rarement vus. Les panneaux des deux retables se font d'ailleurs Ă©cho; ainsi, la vision de Sigisbert correspond Ă  la vision d'Augustin[12].

L'influence d'Andrea Mantegna est visible dans les panneaux[13]. . Le style de composition est le même pour les quatre panneaux du dos : les protagonistes occupent le premier plan qu'ils remplissent complètement, sans que l'action se poursuive en profondeur. Les quatre panneaux des pères ont un point de fuite commun que l'on retrouve facilement en suivant le dallage. Une telle unité est déjà présente dans le retable de San Zeno de Mantegna.

L'architecture du panneau de la Présentation du « Livre de ses péchés » reflète celle du Transport du corps de saint Christophe de Mantegna.

Autres Ĺ“uvres

Huche du retable dans l'ancienne Ă©glise paroissiale de Gries Ă  Bolzano.

Ses premières Ĺ“uvres sont un Couronnement de la Vierge (1452-1460, Munich, Alte Pinakothek) et la Vierge et l'Enfant, un fragment d'une Fuite en Égypte, (vers 1470, panneau de chĂŞne 51,7 Ă— 46 cm, Kunstmuseum (Bâle)[14]).

Retable de l'Ă©glise Saint-Laurent
Maître-autel de l'église paroissiale Saint-Laurent à San Lorenzo di Sebato au Tyrol du Sud, vers 1465. La datation est incertaine : les parties sculptées correspondent bien à une date avant 1462, mais le style des volets, et en particulier les épisodes de la Légende de saint Laurent supposent la connaissance des fresques de Mantegna à la chapelle Ovetari de Padoue, ce qui les date vers 1482-1484[3].
Des quatre panneaux en bois de pin (104 Ă— 100 cm) placĂ©s sur les volets extĂ©rieurs, deux sont conservĂ©s au palais du BelvĂ©dère Ă  Vienne[15] - [16]. Ce sont :
  • La SĂ©paration de saint Laurent et du pape Sixte
  • Saint Laurent devant l'empereur Dèce[17].
  • Saint Pierre et Saint Paul Ă–sterreichische Galerie Belvedere
  • Un autre est Ă  Munich
  • Une sculpture de la Vierge Ă  l'Enfant est conservĂ©e sur place[1].
Retable de Gries près de Bolzano
De ce retable du couronnement de Marie créé vers 1470-1473 ne subsistent que des parties : l'écrin avec la représentation du couronnement de Marie encadré de saints, deux volets en relief avec l'Annonciation et la Nativité
  • Du retable du couronnement de la Vierge, l'Ă©crin encadrĂ© de saints, et deux volets en relief avec l'Annonciation et la NativitĂ©
  • Une sculpture de la Vierge Ă  l'Enfant.
Église des Franciscains de Salzbourg (Franziskanerkirche (Salzburg) (de)), vers 1495
Pièces isolées
  • Retable Thomas Becket, Graz, 1465, une de ses premières Ĺ“uvres.
  • Statue de Saint Laurent, Tiroler Landesmuseum (de), Innsbruck, vers 1480–90.
  • Statue de Saint Michel, Bayerisches Nationalmuseum, Munich, 1482–84.
  • Crucifix, National Museum, Varsovie, vers 1490[18].
  • Quatre tĂŞtes de saints, Abbaye de Wilten, Innsbruck.
  • Tabernacle, Monguelfo-Tesido, Italy, vers 1470
  • Fuite en Égypte (fragment), Kunstmuseum Basel, vers 1470
  • Couronnement de la Vierge, (1452-1460), huile sur bois, 144 Ă— 92 cm, Munich, Alte Pinakothek.
Fresques
  • Fresques du plafond de la sacristie de Neustift près de Bressanone, 1469–70. On y trouve Ă  nouveau les quatre pères de l’Église[19]. .
  • Fresques porte sud, tympan du portail sud de la collĂ©giale romane de San Candido, vers 1480.
  • Fresques dans la basilique romane de l'abbaye Saint-Paul du Lavanttal en Carinthie, par Friedrich et Michael Pacher.
  • Bildstock Ă  Monguelfo-Tesido.
Les nombreuses fresques qui, depuis le Pustertal jusqu'en Carinthie, sont attribuées à Pacher sur la base de considérations stylistiques ne sont souvent pas documentés.

Notes et références

  1. Cornelia Plieger, Pacher, Michael, dans Neue Deutsche Biographie (NDB).
  2. Madersbacher 2015, p. 14.
  3. Michael Pacher. Extrait de Larousse, « Dictionnaire de la peinture ».
  4. Madersbacher 2015, p. 17.
  5. Madersbacher 2015, p. 21.
  6. Madersbacher 2015, p. 22.
  7. Le Maître d'Uttenheim est considéré comme ayant été d'abord l'un des maîtres de Michael Pacher, avant d'adopter ultérieurement les nouvelles méthodes rapportées par Pacher d'Italie (Madersbacher 2015, p. 32).
  8. « Michael Pacher », Alte Pinakothek.
  9. Notice sur Deutsche digitale Bibliothek
  10. Madersbacher 2015, p. 187-189.
  11. Et non pas délivré du purgatoire (Madersbacher 2015, p. 184).
  12. Madersbacher 2015, p. 184.
  13. Madersbacher 2015, p. 188.
  14. Vierge Ă  l'Enfant sur le site du Kunstmuseum.
  15. « Œuvres de Michael Pacher » au Belvedere.
  16. Margot Rauch, Belvedere : Ă–sterreichische Galerie: the Palaces; the Collections, Gerbert Frodi, , 96 p. (OCLC 63892871), p. 18-19.
  17. Der hl. Laurentius vor Kaiser Decius, Inv.-Nr.4833 dans : Digitales Belvedere.
  18. Dorota Folga-Januszewska, National museum in Warsaw. Galleries and Study Collections. Guide, (ISBN 83-7100-808-2), chap. III.29
  19. Madersbacher 2015, p. 198.

Bibliographie

  • (de) Cornelia Plieger, « Pacher, Michael », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 19, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 748–749 (original numĂ©risĂ©)..
  • Norbert Werner, « Michael Pacher », dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 6, Herzberg, (ISBN 3-88309-044-1, lire en ligne), col. 1411-1412
  • (de) SĂĽdtiroler Kulturinstitut, Michael Pacher und sein Kreis, Ein Tiroler KĂĽnstler der europäischen Spätgotik 1498-1998 (Catalogue), Bolzano, Athesia, (ISBN 88-7014-982-X).
  • (de) SĂĽdtiroler Kulturinstitut, Michael Pacher und sein Kreis, Ein Tiroler KĂĽnstler der europäischen Spätgotik 1498-1998 (Symposium, 24-28 septembre 1998), Bolzano, Athesia, (ISBN 88-8266-048-6).
  • (de) Lukas Madersbacher, Michael Pacher : Zwischen Zeiten und Räumen, Berlin Munich - Bolzano, Deutsche Kunstverlag - Athesia, , 359 p. (ISBN 978-3-422-07307-4 et 978-88-6839-039-6).
  • Michel Laclotte, Jean-Pierre Cuzin (direction), Pierre Arnauld (collaboration) et Larousse (Ă©diteur scientifique), Dictionnaire de la peinture (Nouvelle Ă©dition), Paris, Larousse, , 1134 p. (lire en ligne), « Michael Pacher », p. 607-608.
  • (en) Nicolò Rasmo, Michael Pacher, Londres, Phaidon, , 264 p. (ISBN 0-7148-1417-2)

Articles connexes

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