Mia penso
Mia penso est un poème écrit avant 1887 par Louis-Lazare Zamenhof, retranscrit à partir d'une forme proto-espéranto de 1882[1].
Le poème
Mia penso
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Traduction
Mia penso
- « [ Dans le champ loin du monde
- avant une nuit d'été,
- une amie dans la ronde
- chante une chanson sur l'espoir.
- Et à propos d'une vie détruite
- dit-elle avec pitié, -
- ma blessure rouverte
- me fait mal en saignant de nouveau.
- "Dormez-vous ? Oh, monsieur,
- pourquoi une telle immobilité ?
- Ah, probablement un souvenir
- de cette chère enfance ?"
- Que dire ? Ne pas pleurer
- aurait pu être un discours
- auprès d'une jeune femme au repos
- après une promenade d'été !
- Ma pensée et mon tourment,
- et mes douleurs et mes espoirs !
- Et moi en silence,
- des sacrifices vous ai-je déjà faits !
- Qu'avais-je de plus chère que -
- la jeunesse - je pleure
- en me mettant sur l'autel
- du devoir commandant !
- Je sens le feu intérieur,
- vivre je désire aussi, -
- quelque chose me pousse éternellement,
- si je me rends chez les homosexuels…
- S'il ne plaît à la chance
- mes efforts et mon travail -
- que la mort vienne à moi tout de suite,
- dans l'espoir - sans douleur ! ] »
Description
Le poème est structuré en 4 huitains octosyllabiques, sans vers catalectique[2]. Le thème est globalement triste. Le poète regrette sa jeunesse passée à exercer son « devoir commandant ». Selon Baldur Ragnarsson, son devoir était « le travail obsessionnel, chronophage de création de la langue, sa pensée elle-même »[3].
Edmond Privat dans son ouvrage Vivo de Zamenhof commentait cela comme suit (page 32) : « Dum ses jaroj li restadis sub silento. Ĝi estis tempo malfacila. Al neniu li parolis pri sia laborado… Tiel pasis for la plej belaj jaroj de la vivo, la studentaj, malgaje kaj dolore. » se traduisant en « [Pendant six ans, il est resté silencieux. C'était une période difficile. Il ne parlait à personne de son travail… Ainsi se sont écoulées les plus belles années de la vie, en les étudiant, tristement et péniblement.]»
À propos du poème, Humphrey Tonkin commentait en argumentant qu'il était la genèse de la traduction par Zamenhof de Hamlet : « [Les germes de cet intérêt pour « Hamlet » se trouvent dans le poème « Mia Penso », ce poème de Zamenhof le plus identifiable avec la genèse des conflits personnels internes de l'espéranto et de Zamenhof des premières années. À mon avis, c'est aussi son poème le plus talentueux, face à la tension entre jeunesse et devoir avec une chanson sur l'espoir chantée par un ami lors d'une soirée. […] Les tensions montrées par le jeune homme qui est le locuteur du poème sont les tensions que la génération de Zamenhof a trouvées dans la figure de Hamlet.] » [4]
Postérité
Le premier vers du dernier huitain a servi de titre à Fajron sentas mi interne, un roman originellement écrit en espéranto par Ulrich Matthias, sorti en 1990.
Notes et références
- Fundamenta Krestomatio, p. 302
- « Catalectique », sur Wiktionnaire (consulté le )
- (eo) Baldur Ragnarsson, « Zamenhof – la unua grava verkisto en Esperanto », Juna amiko, vol. 89-90, (lire en ligne)
- (eo) Humphrey Tonkin, Konferenco “Vojo de interlingvistiko: de Bruno Migliorini al la nuna tempo”, Universitato de Florenco, Italio, Organizita de Accademia della Crusca kaj la Akademio de Esperanto, 28 julio 2006 (lire en ligne), « Hamleto en Esperanto »
Annexes
Articles connexes
- Littérature espérantophone
- Liste de poètes espérantophones
- Liste des lectures de base en espéranto
- Fajron sentas mi interne