Meurtre de Djamel Bensmail
Le meurtre de Djamel Bensmail est survenu le à Larbaâ Nath Irathen, wilaya de Tizi Ouzou, à la suite de son lynchage par une foule qui l'accusait d'être l'auteur[1] d'incendies criminels dans la région.
Meurtre de Djamel Bensmail | |
Fait reproché | Meurtre |
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Chefs d'accusation | homicide, lynchage, immolation par le feu et mutilation, sabotage de biens et violation de l'enceinte d'un poste de police |
Pays | Algérie |
Ville | Larbaâ Nath Irathen, Tizi Ouzou |
Date | |
Nombre de victimes | 1 |
Jugement | |
Statut | Affaire en cours |
Tribunal | Tribunal de Dar El BeĂŻda. |
Recours | Cour d'Alger. |
Biographie
Djamel Bensmail (en arabe : جمال بن سماعين) né le à Miliana, wilaya d'Aïn Defla est un musicien, artiste peintre et militant du Hirak algérien. Il est également connu dans sa ville pour son engagement dans de nombreuses causes humanitaires.
Meurtre
L’assassinat de Djamel Bensmain est survenu alors que la région faisait face depuis trois jours à d’immenses incendies qui ont fait d'énormes dégâts matériels et plusieurs victimes[2]. Après que le ministre de l’Intérieur Kamel Beldjoud ait affirmé dès le lendemain, 10 août, que les incendies qui avaient touché la région étaient volontaires[3], une thèse que reprend deux jours plus tard le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane[4]. Djamel était venu de Miliana pour aider la population de la région, et serait accusé sur place d'être à l'origine d'incendies criminels. La police l’emmène au commissariat de la ville et la foule, en colère, encercle le fourgon et certains y entrent pour pouvoir attaquer Djamel malgré les efforts des policiers pour le protéger[5]. Djamel a tenté de s'expliquer auprès de la foule sans succès. Par la suite, il est poignardé dans le fourgon cellulaire par une personne[6], sorti par des individus du fourgon de la police, trainé jusqu'à la place du centre ville, lynché et son corps brûlé[1].
Quasiment toutes les étapes du meurtre sont filmées par une dizaine de téléphones portables, ces vidéos seront partagées massivement par la suite sur les réseaux sociaux.
RĂ©actions
RĂ©action du gouvernement
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a évoqué l’affaire à plusieurs reprises, insistant à chaque fois sur la préservation et la défense de l’unité nationale[7]. Il déclare que seule la justice est habilitée à se prononcer, soulignant que ce ne sont pas tous les habitants de la région qui sont derrière cet acte[8].
Lors du point de presse organisé à l'occasion de l'arrestation des principaux premiers suspects, le contrôleur de police, directeur de la police judiciaire Mohamed Chakour avait remercié les youtubeurs qui ont aidé à dévoiler les auteurs du crime[9].
En réponse à la polémique suscitée par la non protection de la victime alors qu'elle se trouvait au sein même du commissariat, le directeur de la police judiciaire déclare le dans une conférence de presse que « Le non recours aux tirs de sommation intervenait en application des instructions du Haut commandement afin d’éviter tout dérapage »[10].
92[11] personnes qui seraient « impliquées à différents degrés » ont été arrêtées à la suite du meurtre, par la suite les autorités déclarent que ce meurtre est le résultat d’un complot, œuvre d’ « organisations terroristes »[12], pour préciser par la suite qu'il s'agit du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie et du mouvement Rachad (en)[13].
Les services de sécurité[14] désignent un des présumés assassins de Djamel Bensmaïl comme l'auteur d'une fusillade à la kalachnikov dans une cafétéria à Aïn Defla survenu le 15 août[15] et qui a fait un mort et plusieurs blessés[16].
Réaction du père de la victime
Noureddine Bensmail, père de la victime déclare « Nous ne voulons pas la fitna (discorde), les Kabyles sont nos frères ». En déplacement à Tizi Ouzou afin de récupérer la dépouille de son fils, il ajoute à ceux qui l'ont accueilli « J’ai perdu un fils et j’ai gagné une wilaya »[1]. Cette attitude est jugée particulièrement sage[17] - [18] - [19] - [20] - [21].
RĂ©action de la classe politique
De nombreux partis et personnalités politiques ont réagi, condamnant unanimement ce qui s’est passé.
Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), dénonce le lynchage à mort du jeune homme, un crime qu’ « aucune raison, absolument aucune, ne peut justifier », qualifié d’ « exécrable » et de « traumatisme national ». Le Front des forces socialistes (FFS) dénonce « avec force » cet acte, qualifié de « barbare » et « criminel », indiquant que c'est un « acte isolé »[22].
Le Parti des travailleurs (PT) s'est dit fortement préoccupé, il juge ce meurtre d’une « extrême gravité ». Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, considère que l’assassinat de Djamel Bensmail était « un signal d’alarme sans précédent », une « tragédie qui, à conditions égales, aurait pu et peut se produire dans n’importe quelle région du pays »[23].
Le chef du parti politique El Binaa, Abdelkader Bengrina, dénonce le « lynchage d’une violence sans précédent », qualifiant la tragédie qui a eu lieu de « crime odieux », dénonçant des « actes barbares commis par des fanatiques qui tentent de décrédibiliser et de ternir l’image de nos frères de Tizi Ouzou ». Le chef de parti a tenu à mettre en garde les citoyens contre « les discours séparatistes, qui alimentent et exacerbent les conflits racistes et discriminatoires, qui n’ont pour but que de diviser le peuple »[24].
Noureddine Boukrouh estime que les policiers avaient tous les moyens pour protéger Djamel Bensmaïl, pour lui « la police a livré Djamel Bensmail à la foule »[25].
RĂ©action des citoyens
Toute l'Algérie a été choquée par la violence de ce meurtre.
Un comité de sages de Larbaâ Nath Irathen a fait une déclaration le lendemain, condamnant le meurtre ignoble, présentant des excuses au nom de la région à la famille du défunt et demandant que justice soit faite[1]. Une Diya d’une valeur de trois milliards de centimes est payée à la famille de Djamel Bensmail[26].
Des discours haineux contre les kabyles ont émergé, notamment sur les réseaux sociaux, le le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH) dépose plainte contre X auprès du tribunal d’Annaba, cette plainte fait suite à la diffusion d’une vidéo appelant à « rayer la Kabylie de la carte »[1]. À la suite de cette plainte, le tribunal d'Annaba a condamné un individu à une peine de huit mois de prison ferme ainsi qu'une amende de 100 000 dinars algériens pour « incitation à la violence et discours de la haine »[27].
Condamnations
Le le tribunal de Dar El Beïda prononce la condamnation de 49 prévenus à la peine capitale, 10 personnes à 12 ans de prison ferme et 17 prévenus à 10 ans de prison et 100 000 dinars d’amende. La même juridiction, à également prononcé 6 condamnations à 5 ans, 4 de 3 ans et une de 2 ans, 17 accusés ont été acquittés[28].
Notes et références
- « L’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmaïl en six points », sur tsa-algerie.com, (consulté le ).
- « Retour en Kabylie un mois après les incendies de l’été – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
- « L’origine criminelle se confirme : qui a mis le feu à la Kabylie ? », sur TSA, (consulté le ).
- « Les engagements de Aïmene Benabderrahmane », sur www.lestrepublicain.com (consulté le ).
- « Meurtre de Djamel Bensmail : Intervention de la police, Ferhat Mehenni … les dernières révélations de l’enquête », (consulté le )
- « Assassinat de Djamel Bensmail: 36 personnes dont 3 femmes entre les mains des enquêteurs », sur L'Express Algérie, (consulté le ).
- « Tebboune : « celui qui tente de saper l’unité nationale, il le payera cher » », sur algerie360.com, (consulté le ).
- « Les habitants de Larbaa Nath Irathen n’ont aucun lien avec cette affaire », sur liberte-algerie.com, (consulté le ).
- https://psdhtml.me, « L'Expression: Nationale - L'apport inestimable des jeunes YouTubeurs », sur L'Expression (consulté le ).
- « Affaire de l'assassinat de Djamel Bensmail à Tizi Ouzou: arrestation de 36 mis en cause », sur aps.dz, (consulté le ).
- « Assassinat de Djamel Bensmain : 92 mis en cause présentés devant le procureur de la République », sur algerie-eco.com, (consulté le ).
- « Meurtre de Djamel Bensmail : 25 autres suspects arrêtés », sur algerie-eco.com, (consulté le ).
- « L’Algérie accuse le MAK et Rachad, pointe du doigt le Maroc », sur tsa-algerie.com, (consulté le ).
- Algerie54, « Un membre de l'organisation terroriste de Rachad, interpellé en Espagne », sur Algerie54, (consulté le ).
- « Exactions au temps du Hirak : le cas de Mohamed Hamali – Algeria-Watch », sur algeria-watch.org (consulté le ).
- « Fusillade dans une cafétéria à Aïn Defla : ce que l'on sait », sur www.algerie360.com, (consulté le ).
- « Noureddine Bensmaïl, un père digne dans la douleur », sur elwatan.com, (consulté le ).
- « Le père de Djamel Bensmaïl adresse un message plein de sagesse », sur algerie-expat.com, (consulté le ).
- « Saïd Sadi : « le père de Djamel a sauvé le pays d’une guerre civile » », sur algerie360.com, (consulté le ).
- « Assassinat de Djamel Bensmail: Allahoum transmet les condoléances du président Tebboune », sur aps.dz, (consulté le ).
- « Le prix Nelson Mandela au père du défunt Djamel Bensmaïl », sur lexpression.dz, (consulté le ).
- « Le RCD et le FFS dénoncent et appellent à la retenue », sur liberte-algerie.com, (consulté le ).
- « Le PT met en garde contre l’“instrumentalisation” du crime », sur liberte-algerie.com, (consulté le ).
- « Meurtre de jeune Djamel Bensmaïl à Tizi Ouzou : Bengrina réagit », sur algerie360.com, (consulté le ).
- « Meurtre de Djamel Bensmail : Boukrouh relève plusieurs contradictions », sur www.algerie360.com, (consulté le ).
- « Miliana : une délégation de notables de Larbaa Nath Irathen en visite à la famille du défunt Djamel Bensmain », Algérie presse service,‎ (lire en ligne).
- liberte-algerie.com, « Le “tiktokeur” Rayfa condamné à 8 mois de prison ferme: Toute l'actualité sur liberte-algerie.com », sur http://www.liberte-algerie.com/ (consulté le ).
- « Assassinat Djamel Bensmail : 49 accusés condamnés à la peine capitale », (consulté le )