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Mercury-Atlas 6

Mercury-Atlas 6 est la première mission spatiale habitée au cours de laquelle un astronaute américain effectue un vol orbital. John Glenn décolle le dans sa capsule Friendship 7, qui est placée en orbite autour de la Terre par une fusée Atlas LV-3B tirée depuis la base de lancement de Cap Canaveral. L'astronaute boucle trois tours de la Terre avant d'amerrir dans l'océan Atlantique nord un peu moins de cinq heures après avoir décollé.

Mercury-Atlas 6
Insigne de la mission
Données de la mission
Vaisseau Drapeau des États-Unis Friendship 7
Équipage John Glenn
Masse 1 352 kg
Date de lancement 20 février 1962
Site de lancement Cap Canaveral, LC-14
Date d'atterrissage 20 février 1962 à 19h43 UTC
Site d'atterrissage Océan Atlantique
Durée 4 h 55 min 23 s
Lanceur Atlas D
Nombre d'orbites 3
Apogée 260 km
Distance parcourue 121 794 km
Photo de l'Ă©quipage
John Glenn Ă  bord de sa capsule Friendship 7.
John Glenn Ă  bord de sa capsule Friendship 7.
Navigation

Mercury-Atlas 6 est la troisième mission spatiale américaine emportant un équipage, les deux précédentes étant des (simples) vols suborbitaux. La mission fait partie du programme Mercury développé par l'agence spatiale américaine, la NASA. Elle se déroule sans incident notable. Bien que Glenn ait été précédé dans l'espace par deux cosmonautes soviétiques (Gagarine et Titov), sa mission, qui met en œuvre pour la première fois le lanceur Atlas constitue une réussite significative des Etats-Unis dans la course à l'espace qui oppose ce pays à l'Union soviétique depuis la mise en orbite du satellite artificiel Spoutnik.

Contexte

Le programme Mercury est le premier programme spatial américain consacré au lancement d'hommes dans l'espace. Débutant en 1958, quelques mois seulement après la création de l'agence spatiale américaine NASA (National Aeronautics and Space Administration), le programme s'achève en 1963. Les objectifs du programme sont de placer un homme en orbite autour de la Terre, d'étudier les effets de l'impesanteur sur l'organisme humain et de mettre au point un système de récupération fiable du véhicule spatial et de son équipage. Le programme se déroule dans le cadre d'une compétition intense que se livrent les Etats-Unis et l'Union soviétique pour démontrer leur supériorité technologique et, à travers celle-ci, la supériorité de leurs régimes respectifs.

Faute de disposer d'un lanceur suffisamment puissant, les deux premières missions avec équipage du programme Mercury sont de simples vols suborbitaux. Alan Shepard dans le cadre de la mission Mercury-Redstone 3 (5 mai 1961) et Virgil Grissom pour la mission Mercury-Redstone 4 (21 juillet 1961) effectuent un vol parabolique à bord de leurs capsules propulsées par une fusée Mercury-Redstone, sans se placer en orbite terrestre. Fin 1961, le lanceur Atlas, qui est beaucoup plus puissant que la fusée Mercury-Redstone et qui a donc la capacité de placer la capsule Mercury en orbite, est enfin prêt. La première mission emportant un américain en orbite peut avoir lieu. À l'automne 1961 l'astronaute qui aura l'honneur de réaliser cette première est annoncé avec la première promotion d'astronautes par Robert Gilruth, directeur du centre des vols habités : John Glenn est sélectionné et Scott Carpenter est le remplaçant en cas de défaillance de Glenn (maladie, notamment). Les deux astronautes ayant précédé Glenn avaient nommé leurs capsules respectivement Freedom 7 et Liberty Bell 7 références patriotiques et démonstration de la solidarité entre les sept astronautes. Glenn demande à ses deux enfants de choisir le nom de sa capsule. Ceux-ci choisissent Friendship 7 (amitié)[1], message universel, au-delà du rappel de la fraternité entre astronautes.

DĂ©roulement de la mission

Le vol, prĂ©vu initialement le , est repoussĂ© Ă  de nombreuses reprises pour des raisons mĂ©tĂ©orologiques ou techniques. Pour cette première spatiale, la NASA, qui Ă  l'Ă©poque a une faible expĂ©rience des vols habitĂ©s, prĂ©fère procĂ©der de manière prudente d'autant plus que le lanceur Atlas a Ă©tĂ© victime de dĂ©faillances Ă  deux reprises lors de ses cinq derniers lancements. Pour le neuvième essai de lancement de la mission, qui a lieu le 15 fĂ©vrier, Glenn sĂ©journe durant cinq heures trente dans sa capsule fixĂ©e au sommet d'une fusĂ©e remplie d'une centaine de tonnes de kĂ©rosène et d'oxygène liquide ; il renonce une fois de plus Ă  cause de tempĂŞtes en cours dans la zone d'amerrissage de son vaisseau. Le lancement a finalement lieu le Ă  9 h 47 heure locale (14 h 47 TU). Il est suivi en direct par des millions d'AmĂ©ricains[2] - [3]. John Glenn ne souffre pas du tout de l'impesanteur. Il effectue les observations visuelles de la Terre, inscrites au programme de la mission. Ă€ un moment il observe par le hublot un phĂ©nomène Ă©trange de « lucioles ». L'astronaute Carpenter trouvera au cours d'un vol suivant l'explication du phĂ©nomène ; il s'agissait de particules d'ergol congelĂ©es sortant des moteurs d'orientation. Au cours de la première orbite, la salle de contrĂ´le qui suit les paramètres de fonctionnement du vaisseau Ă  travers les tĂ©lĂ©mesures transmises automatiquement par celui-ci, reçoit un signal indiquant que les fixations maintenant le bouclier thermique contre la capsule sont dĂ©verrouillĂ©es : seules les sangles solidarisant les rĂ©trofusĂ©es au vaisseau maintiennent encore le bouclier thermique. Les rĂ©trofusĂ©es doivent ĂŞtre larguĂ©es avant la rentrĂ©e atmosphĂ©rique. Or si le bouclier thermique est perdu avant la rentrĂ©e atmosphĂ©rique, le vaisseau ainsi que Glenn seront incinĂ©rĂ©s par la chaleur durant celle-ci. Les contrĂ´leurs, après avoir consultĂ© Maxime Faget et d'autres spĂ©cialistes, demandent Ă  Glenn de ne pas larguer le container après l'utilisation des rĂ©trofusĂ©es en espĂ©rant que les sangles maintiendront le bouclier avant que la pression aĂ©rodynamique ne prenne le relais pour plaquer celui-ci contre le vaisseau. Glenn interroge les contrĂ´leurs sur les raisons de cette procĂ©dure imprĂ©vue, reçoit une explication vague car les responsables de la mission prĂ©fèrent ne pas le perturber en l'informant du risque qu'il court (cette approche sera modifiĂ©e pour les missions suivantes et les contrĂ´leurs informeront systĂ©matiquement les Ă©quipages des problèmes dĂ©tectĂ©s sans les dissimuler, mĂŞme en cas de risque grave). Le vaisseau plonge dans l'atmosphère après avoir rĂ©duit sa vitesse Ă  l'aide des rĂ©trofusĂ©es au moment oĂą il survole HawaĂŻ. La partie arrière du vaisseau est bientĂ´t portĂ©e Ă  incandescence lorsque celui-ci pĂ©nètre dans les couches plus denses de l'atmosphère. Glenn aperçoit Ă  travers son hublot les sangles qui retenaient les rĂ©trofusĂ©es avant que celles-ci ne soient arrachĂ©es. Des morceaux des rĂ©trofusĂ©es, qui atteignent parfois plusieurs dizaines de centimètres, sont progressivement arrachĂ©s et passent devant ses yeux. La dislocation des rĂ©trofusĂ©es entraine des chocs au niveau du bouclier thermique auquel Glenn est adossĂ© et l'astronaute se demande si celui-ci n'est pas endommagĂ©. Les forces de gravitĂ© culminent Ă  8 g avant de s'attĂ©nuer. Finalement après une pĂ©riode de silence radio due Ă  l'ionisation de l'air autour de la capsule, Glenn contacte le contrĂ´le au sol et rassure les contrĂ´leurs. Le vaisseau aborde la dernière phase de son vol. Le parachute rouge et blanc se dĂ©ploie et la capsule amerrit Ă  environ 1 000 kilomètres de sa base de lancement près de l'Ă®le de Grand Turk dans l'archipel des Bahamas. C'est un amerrissage de prĂ©cision car il se situe seulement Ă  quelques kilomètres d'un bâtiment de la flotte chargĂ© de sa rĂ©cupĂ©ration. Les investigations menĂ©es après le vol, dĂ©montrent que le bouclier thermique n'Ă©tait en fait pas dĂ©verrouillĂ©. Avec cette mission, les principaux objectifs du programme Mercury sont remplis[4] - [5].


Après 4 heures et 56 minutes de vol, la capsule est rentrĂ©e dans l'atmosphère et est rĂ©cupĂ©rĂ©e dans l'ocĂ©an Atlantique par le destroyer USS Noa (en).

Galerie

  • John Glenn entrant dans le vaisseau Friendship 7.
    John Glenn entrant dans le vaisseau Friendship 7.
  • Le lancement de la capsule Friendship 7.
    Le lancement de la capsule Friendship 7.
  • Le centre de contrĂ´le pendant la mission Mercury-Atlas 6.
    Le centre de contrĂ´le pendant la mission Mercury-Atlas 6.
  • Une photo prise par John Glenn durant la mission.
    Une photo prise par John Glenn durant la mission.

Bibliographie

Documents officiels de la NASA sur la mission

  • (en) NASA, MERCURY-ATLAS 6 AT A GLANCE, NASA, , 22 p. (lire en ligne)Dossier de presse de la NASA diffusĂ© pour le lancement de la mission
  • (en) NASA, Results of the first U.S. crewed orbital space flight, Manned Spacecraft Center, NASA, , 1962 p. (lire en ligne)Rapport de la NASA sur la mission : prĂ©paration, description du vaisseau, opĂ©rations en vol, donnĂ©es du vol et analyse postĂ©rieure au vol.

Autres ouvrages publiés par la NASA sur le programme Mercury

  • (en) Loyd S. Swenson Jr., James M. Grimwood et Charles C. Alexander, This New Ocean A History of Project Mercury, NASA, , 699 p. (ISBN 978-0-8032-1146-9, lire en ligne) Histoire du programme Mercury
  • (en) James M. Grimwood, « Project Mercury A Chronology », NASA, , p. 255Chronologie du Programme Mercury

Autres ouvrages

  • (en) John Catchpole, Project Mercury : NASA's First Manned Space Programme, Springer,
  • (en) Francis French et Colin Burgess, Into That Silent Sea. Trailblazers of the Space Era, 1961-1965, University of Nebraska Press, , 418 p. (ISBN 978-0-8032-1146-9) RĂ©cits dĂ©taillĂ©s des missions avec Ă©quipage spatiales amĂ©ricaines et soviĂ©tiques les plus marquantes du dĂ©but de l'ère spatiale dont Mercury-Atlas 6

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

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