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Megumi Yokota

Megumi Yokota (æšȘ田 めぐみ, Yokota Megumi), nĂ©e le et peut-ĂȘtre morte Ă  une date inconnue, est une Japonaise qui fut enlevĂ©e Ă  13 ans par la CorĂ©e du Nord en 1977. Elle est l'un des 17 citoyens japonais enlevĂ©s par Pyongyang Ă  la fin des annĂ©es 1970 et au dĂ©but des annĂ©es 1980. Le gouvernement nord-corĂ©en a admis l'avoir enlevĂ©e mais affirme qu'elle est morte en dĂ©tention. Les parents de Yokota et d'autres personnes au Japon ont publiquement exprimĂ© leur foi dans le fait que Yokota serait toujours vivante en CorĂ©e du Nord et ont engagĂ© une campagne publique pour son retour au Japon.

Megumi Yokota
æšȘ田 めぐみ
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Le président américain George W. Bush lors d'une rencontre avec Sakie Yokota, la mÚre de Megumi Yokota, et son fils et une famille de réfugiés nord-coréens à la Maison-Blanche en avril 2006.
Naissance
Drapeau du Japon Préfecture de Niigata
DĂ©cĂšs (Ă  29 ans)
Date non vérifiée donnée par la Corée du Nord
ou le (Ă  40 ans)
Autre date donnée mais non vérifiée
Drapeau de la Corée du Nord Corée du Nord
Nationalité Drapeau du Japon Japonaise

On ignore encore aujourd'hui si elle est toujours en vie ou non.

Biographie

Yokota est enlevĂ©e le Ă  l'Ăąge de 13 ans alors qu'elle rentre de l'Ă©cole Ă  pied dans son village au bord de mer de la prĂ©fecture de Niigata. Des agents nord-corĂ©ens, dont ferait partie l'espion Sin Gwang-su (en)[1], l'auraient entraĂźnĂ©e dans un bateau et emmenĂ©e directement en CorĂ©e du Nord dans une installation oĂč des espions nord-corĂ©ens apprennent les coutumes et pratiques sud-corĂ©ennes. On lui enseigne alors la langue corĂ©enne et elle rencontre sur place deux lycĂ©ens sud-corĂ©ens ĂągĂ©s de 18 et 16 ans, enlevĂ©s en CorĂ©e du Sud en . En , trois Sud-CorĂ©ens supplĂ©mentaires de 16 ans sont enlevĂ©s et amenĂ©s dans l'installation. L'un d'eux est Kim Young-nam, qui aurait Ă©pousĂ© Yokota[2].

AprĂšs avoir appris le corĂ©en, Yokota est apparemment forcĂ©e d'aider Ă  entraĂźner des espions nord-corĂ©ens Ă  se faire passer pour des citoyens japonais. En , des informations sur l'enlĂšvement de Megumi sont divulguĂ©es aux parents de Yokota par Tatsukichi Hyomoto, le secrĂ©taire d'un membre de la DiĂšte du Japon, Atsushi Hashimoto[3], par tĂ©lĂ©phone portable[4] - [5] - [6]. En 2002, la CorĂ©e du Nord admet l'avoir enlevĂ©e elle et d'autres personnes, mais affirme qu'elle se serait suicidĂ©e le (l'annĂ©e 1993 est d'abord annoncĂ©e puis corrigĂ©e en 1994) et renvoie ce qu'elle affirme ĂȘtre ses restes incinĂ©rĂ©s. AprĂšs un test ADN, le Japon affirme qu'il ne peut pas s'agir des restes de Megumi Yokota et sa famille refuse de croire qu'elle se soit suicidĂ©e.

En 1986, Yokota Ă©pouse le Sud-CorĂ©en Kim Young-nam, Ă©galement enlevĂ©, et le couple a une fille en 1987, Kim Hye-gyong (dont le nom rĂ©el est rĂ©vĂ©lĂ© plus tard ĂȘtre en fait Kim Eun-gyong). En , Kim Young-nam, qui s'est depuis remariĂ©, est autorisĂ© Ă  recevoir sa famille du Sud pour lui rendre visite, et lors de la rĂ©union familiale, il confirme que Yokota se serait suicidĂ©e en 1994 aprĂšs avoir souffert de maladie mentale et qu'elle avait dĂ©jĂ  fait plusieurs tentatives de suicide. Il affirme Ă©galement que les restes renvoyĂ©s en 2004 sont authentiques. Ses dĂ©clarations sont cependant largement considĂ©rĂ©es comme Ă©tant dictĂ©es par la ligne officielle de Pyongyang, et le pĂšre de Megumi prĂ©tend que Young-nam n'a pas Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  parler librement lors de son entrevue Ă  Pyongyang, dĂ©clarant qu'« il Ă©tait probablement restreint dans ce qu'il pouvait dire » et qu' « il semblait lire un script[7] ». En , Choi Seong Ryong, chef d'un groupe de soutien aux proches de Sud-CorĂ©ens enlevĂ©s par le Nord, dĂ©clare avoir obtenu des documents du gouvernement nord-corĂ©en selon lesquels Yokota serait morte de « dĂ©pression » le [8].

Beaucoup de personnes croient gĂ©nĂ©ralement, surtout au Japon, que Yokota est encore en vie. En , le magazine sud-corĂ©en Weekly Chosun dĂ©clare qu'une femme, appelĂ©e Kim Eun-gong, et ayant la mĂȘme date de naissance que Yokota, est Ă©numĂ©rĂ©e dans un annuaire de 2005 des rĂ©sidents de Pyongyang. L'annuaire donne le nom du conjoint de Kim comme se nommant « Kim Yong-nam[9] ». Le gouvernement japonais vĂ©rifie le que ses sources ont examinĂ© l'annuaire mais sans Ă©tablir encore de conclusion sur l'identitĂ© de la femme citĂ©e[10]. D'autres sources indiquent plus tard que Kim Eun-gong serait en fait la fille de Yokota ĂągĂ©e 24 ans. En 2012, il est signalĂ© que les autoritĂ©s nord-corĂ©ennes gardent Kim sous stricte surveillance[11]. En , Choi Seong Ryong dĂ©clare que des sources en CorĂ©e du Nord lui ont rapportĂ© que Kim Eun-gong avait Ă©tĂ© placĂ© sous la supervision de Kim Yeo-jong, la sƓur de Kim Jong-un, et que le gouvernement nord-corĂ©en pourrait prĂ©voir d'utiliser la fille de Yokota comme une « carte » dans les futures nĂ©gociations avec le Japon[12]. En 2010, le gouvernement nord-corĂ©en a proposĂ© d'autoriser les parents de Yokota Ă  rendre visite Ă  Kim Eun-gyong dans un pays « autre que le Japon » mais le gouvernement japonais et les parents de Yokota se mĂ©fient de l'offre, soupçonnant que le gouvernement nord-corĂ©en recherche un avantage dans les nĂ©gociations diplomatiques en cours[13]. En , les parents de Megumi Yokota rencontrent pour la premiĂšre fois en Mongolie leur petite-fille Kim Eun-gyong, ainsi que sa propre fille dont le pĂšre n'est pas identifiĂ©[14].

Controverse sur l'analyse ADN des restes envoyés par la Corée du Nord

Megumi Yokota serait officiellement décédée à l'ùge de 29 ans. Cependant, le certificat de décÚs fourni à l'appui de cette affirmation semble avoir été falsifié, et les tests ADN sur les restes envoyés par la Corée du Nord n'ont pas révélés de concordances positives.

Dans une entrevue de la revue Nature du , il est rĂ©vĂ©lĂ© que l'analyse gĂ©nĂ©tique des restes de Megumi a Ă©tĂ© effectuĂ© par un membre de la facultĂ© de mĂ©decine de l'universitĂ© Teikyƍ, Tomio Yoshii. Celui-ci, comme il est plus tard rĂ©vĂ©lĂ©, Ă©tait un jeune membre du corps professoral, ayant le statut de confĂ©rencier, du dĂ©partement mĂ©dico-lĂ©gal et n'Ă©tait ni un professeur ni mĂȘme un professeur assistant. Yoshii reconnaĂźt au cours de l'entretien qu'il n'avait aucune expĂ©rience antĂ©rieure dans l'analyse de restes incinĂ©rĂ©s, dĂ©crit ses essais comme non concluants, et remarque que de tels Ă©chantillons peuvent trĂšs facilement ĂȘtre contaminĂ©s par n'importe qui entrant en contact avec eux, les dĂ©crivant comme des « Ă©ponges pouvant absorber n'importe quoi ». Les cinq minuscules Ă©chantillons sur lesquels il avait Ă©tĂ© chargĂ© de travailler (le plus gros d'entre eux pesait 1,5 gramme) avaient Ă©tĂ© utilisĂ©s de diverses façons dans son laboratoire, de sorte qu'une vĂ©rification indĂ©pendante Ă©tait impossible par la suite.

Lorsque le secrétaire en chef du gouvernement japonais, Hiroyuki Hosoda, qualifie cet article d'insuffisant et de représentation erronée de l'analyse commandée par le gouvernement. La revue Nature répond dans un éditorial (le ) en écrivant :

« Le Japon a raison de douter de chaque déclaration de la Corée du Nord. Mais son interprétation des tests ADN outrepasse la frontiÚre de la liberté de la science et de l'ingérence politique. L'entretien dans la revue Nature avec le scientifique qui a effectué les tests soulÚve la possibilité que les restes aient été simplement contaminés, rendant les tests ADN peu concluants. Cette suggestion est embarrassante pour un gouvernement japonais qui veut que la Corée du Nord soit considérée sans ambiguïté comme trompeuse. ...

Le fait est que les os peuvent avoir Ă©tĂ© contaminĂ©s. ... Il est Ă©galement tout Ă  fait possible que la CorĂ©e du Nord mente. Mais les tests ADN sur lesquels compte le Japon ne rĂ©soudront pas le problĂšme. Le problĂšme n'est pas dans la science, mais dans le fait que le gouvernement se mĂȘle du milieu scientifique. La science part du principe que les expĂ©riences, et toute l'incertitude qu'elles impliquent, devraient ĂȘtre ouvertes Ă  examen. Les arguments avancĂ©s par d'autres scientifiques japonais selon lesquels les tests auraient dĂ» ĂȘtre effectuĂ©s par une Ă©quipe plus importante sont pertinents. Pourquoi le Japon les a-t-il confiĂ©s Ă  un scientifique qui travaille seul, quelqu'un qui ne semble plus libre d'en parler ?

La politique du Japon semble ĂȘtre de dĂ©sespĂ©rĂ©ment vouloir cacher ce qui a Ă©tĂ© un Ă©chec diplomatique... Une partie du fardeau de cet Ă©chec politique et diplomatique du Japon est transfĂ©rĂ©e sur les Ă©paules d'un scientifique qui a juste ait son travail - tirant les conclusions des expĂ©riences et prĂ©sentant des doutes raisonnables Ă  leur sujet. Mais les frictions entre la CorĂ©e du Nord et le Japon ne seront pas rĂ©glĂ©es par un test ADN. De mĂȘme, l'interprĂ©tation des rĂ©sultats du test ADN ne peut ĂȘtre dĂ©cidĂ©e par le gouvernement de l'un ou l'autre pays. Traiter avec la CorĂ©e du Nord n'est pas drĂŽle, mais cela ne justifie pas de briser la sĂ©paration entre la science et la politique. »

Attention des médias

Les documentaires sur Megumi et les autres cas d'enlĂšvements incluent : ENLEVÉS ! Les cas d'enlĂšvements de Japonais par la CorĂ©e du Nord (2005), EnlĂšvement : L'Histoire de Megumi Yokota (en) (2006), Megumi (2007)[15], et Megumi (2008). En , un tĂ©lĂ©film spĂ©cial est diffusĂ© sur la tĂ©lĂ©vision japonaise et intitulĂ© RĂ©union ~ Le souhait de Megumi Yokota (Saikai ~Yokota Megumi-san no Negai~). L’actrice Mayuko Fukuda (en) joue Yokota enfant et Nana Katase joue Yokota adulte.

Les parents de Yokota supervisent la création d'une série manga intitulée Megumi (en) racontant ses derniers jours au Japon avant son enlÚvement, et un autre intitulé Dakkan sur une autre victime, Kaoru Hasuike (en). Le gouvernement japonais a produit une adaptation du manga en anime[16].

En 2010, le thĂ©Ăątre de Shinjuku met en scĂšne une adaptation scĂ©nique de la vie de Megumi appelĂ©e « L'Engagement Ă  Megumi » (めぐみまぼèȘ“い). L'histoire principale se concentre sur Megumi Yokota avant et pendant son enlĂšvement par la CorĂ©e du Nord, et le spectacle se termine sur une fin fictive oĂč Megumi est rĂ©uni avec ses parents.

Chansons pour Megumi

Début 2007, Paul Stookey (en) (du groupe américain de folk Peter, Paul and Mary) écrit une chanson en hommage à Megumi. Intitulée Chanson pour Megumi, Stookey parcourt le Japon en février pour la chanter et rencontre les parents de Yokota.

En 2010, le chanteur britannique Peter Frampton enregistre deux chansons sur Megumi Yokota aprÚs avoir vu le documentaire EnlÚvement : L'Histoire de Megumi Yokota sur PBS. Intitulées Asleep at the Wheel et Suite Liberte, les chansons sont présentes sur son dernier album, Thank You, Mr. Churchill.

Voir aussi

Notes et références

  1. (en) Won-Jae Park, « Clues Found in North Korean Kidnappings », Dong-a Ilbo, donga.com[English donga],‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Kyodo News, "Megumi Yokota taken to spy training center soon after abduction: South Korean source", Japan Times, 27 October 2015
  3. (en) « Chapter 1 - Yokota Family », Rescuing Abductees Center for Hope, (consulté le )
  4. Movie Review - Abduction: The Megumi Yokota Story Efilmcritic, 23 April 2006.
  5. (en) Julian Ryall, « Families of missing Japanese angry at US - North Korea deal », Daily Telegraph,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. (en) Kosuke Takahashi, « Parental love versus Kim Jong-il », Asia Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) Kyodo News, « Kim Young Nam barred from speaking freely: Yokota's father », sur Th, (consulté le )
  8. (en) « Yokota died in 2004, not 1994 as Pyongyang claims: South activist », Japan Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  9. Jiji Press, "Abductee Megumi Yokota said alive in 2005: report", Japan Times, 8 November 2011, p. 2.
  10. (en) « '05 Pyongyang data Yokota-linked », Japan Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  11. (en) « Yokota daughter 'watched' in North », Japan Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  12. (en) « Yokota daughter entrusted to Kim Jong Un's sister? », Japan Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  13. (en) « Pyongyang offered to let Yokota's daughter go in '10, but not to Japan », Japan Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. (en) « Yokota’s parents, child meet », Japan Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  15. (en) « Megumi (2008) », Mirjam van Weelen Films (consulté le )
  16. download site of the anime by the Japanese government

Liens externes

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