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Matériau cellulaire

Un matĂ©riau est dit cellulaire ou architecturĂ©, du fait de sa structure spĂ©cifique aux Ă©chelles milli- ou micromĂ©triques. D’un point de vue gĂ©omĂ©trique, une structure cellulaire est caractĂ©risĂ©e par des sommets joints par des arĂȘtes qui entourent des faces[1]. Cela dĂ©limite les cellules. En dĂ©coule un comportement mĂ©canique trĂšs spĂ©cifique, qui dĂ©pend fortement de cette architecture.

LiÚge observé au microscope électronique à balayage dans la direction tangentielle.

La structure spĂ©cifique des matĂ©riaux cellulaires est un rĂ©seau interconnectĂ© de poutres ou de plaques qui forment les arĂȘtes et les faces des cellules. Ces parois sont constituĂ©es d’un matĂ©riau constitutif[1] qui peut ĂȘtre un mĂ©tal, un polymĂšre, une cĂ©ramique ou un matĂ©riau composite.

Un matĂ©riau cellulaire est constituĂ© d’au moins deux phases : une phase solide et une phase fluide (gĂ©nĂ©ralement un gaz). Ces matĂ©riaux sont caractĂ©risĂ©s par un haut niveau de porositĂ©, avec une fraction de phase solide infĂ©rieure Ă  40 %. Ils sont connus pour leur faible densitĂ© relative ρr[1], dĂ©finie comme le rapport de la masse volumique ρ* du matĂ©riau cellulaire et de celle du matĂ©riau constitutif des parois cellulaires ρS :

Structure

Connectivité des mousses

On distingue généralement deux types de structures en définissant leurs cellules de :

  • cellules ouvertes : seules les arĂȘtes forment le rĂ©seau de cellules. Elles sont donc toutes interconnectĂ©es par les parois ouvertes. Un fluide peut circuler entre ces cellules ;
  • cellules fermĂ©es : les parois sont solides et chaque cellule est isolĂ©e des autres. Le fluide contenu dans une cellule ne peut ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă  une autre.

Cependant on retrouve Ă©galement des cellules semi-ouvertes, c’est-Ă -dire avec des parois solides formĂ©es mais pas complĂštement fermĂ©es.

La fraction de solide dans les arĂȘtes φ est un paramĂštre utilisĂ© pour dĂ©crire la microstructure des matĂ©riaux cellulaires Ă  cellules fermĂ©es[2]. (1 − φ) est ainsi la fraction de solide restante dans les faces des cellules.

avec te, Ă©paisseur des arĂȘtes ; tf, Ă©paisseur des faces ; l, longueur d'une arĂȘte ; , le nombre moyen d'ares par faces ; Zf, la coordination des faces.

Classes géométriques

Le terme de matĂ©riau cellulaire fait rĂ©fĂ©rence Ă  un large ensemble de matĂ©riaux possĂ©dant une architecture particuliĂšre Ă  de petites Ă©chelles. DiffĂ©rents types sont distinguĂ©s en fonction de l’organisation de leurs cellules.

  • Les structures pĂ©riodiques 2D telles que les nids d’abeilles sont des matĂ©riaux qui prĂ©sentent une microstructure bidimensionnelle (2D) constituĂ©e d’arrangements de plaques formant ainsi des polygones ou des cellules hexagonales telles que des nids d’abeilles naturels. GĂ©nĂ©ralement, la taille et la gĂ©omĂ©trie des cellules sont trĂšs rĂ©guliĂšres. Leur comportement mĂ©canique rĂ©sultant est anisotrope.
  • Les structures pĂ©riodiques 3D, telles que les lattices, sont caractĂ©risĂ©es par un motif gĂ©omĂ©trique tridimensionnel (3D) Ă  l’échelle de la cellule qui se rĂ©pĂšte de maniĂšre pĂ©riodique dans l’espace. Ces matĂ©riaux prĂ©sentent des porositĂ©s ouvertes.
  • Les structures stochastiques ou mousses possĂšdent Ă©galement une microstructure 3D. Les cellules ont dans ce cas une organisation non-pĂ©riodique. Les formes et des tailles des cellules de mousses sont variĂ©es et peuvent ĂȘtre irrĂ©guliĂšres du fait de leur mode de fabrication. Certaines mousses, comme les matĂ©riaux cellulaires naturels, peuvent prĂ©senter des orientations privilĂ©giĂ©es. Dans le cas du liĂšge, ces cellules sont organisĂ©es dans la direction de croissance de l’arbre[3].

Des structures cellulaires intermĂ©diaires peuvent ensuite ĂȘtre Ă©voquĂ©es comme les structures quasi pĂ©riodiques[4].

Aujourd'hui, la maßtrise de nouveaux procédés de fabrication fait qu'un nombre toujours plus grand et plus divers de géométries voit le jour afin de répondre à des sollicitations spécifiques[5] - [6].

Cas particulier des mousses agglomérées

Dans le cas de structures cellulaires rĂ©alisĂ©es Ă  partir de grains de matĂ©riaux cellulaires agglomĂ©rĂ©s ensemble (appelĂ©s bead foam en anglais[7]), l’organisation des grains entre eux constitue alors une structuration Ă  une Ă©chelle supĂ©rieure Ă  celle de l’organisation cellulaire. Les grains de matĂ©riaux cellulaires forment un sous-ensemble entre la structure macroscopique et l’organisation cellulaire Ă  l’échelle micromĂ©trique[8].

Propriétés mécaniques

L’architecture spĂ©cifique des matĂ©riaux cellulaires Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles implique que le comportement mĂ©canique de ces matĂ©riaux peut ĂȘtre dĂ©crit aux diffĂ©rentes Ă©chelles d’observation[1].

Exemple d’une rĂ©ponse courbe contrainte/dĂ©formation d’un matĂ©riau cellulaire sous compression uni-axiale.

Le comportement mĂ©canique des matĂ©riaux cellulaires est gĂ©nĂ©ralement Ă©tudiĂ© en compression du fait de sa capacitĂ© Ă  absorber une grande quantitĂ© d’énergie mĂ©canique pour ce type de sollicitation. Celui-ci est caractĂ©risĂ© par trois phases :

La zone Ă©lastique linĂ©aire, oĂč la contrainte augmente de façon linĂ©aire avec la dĂ©formation. Cette zone peut Ă©galement ĂȘtre qualifiĂ©e de pseudo-linĂ©aire. La pente est assimilĂ©e au module de Young E* (MPa)

Au-delĂ  d’une certaine contrainte, la contrainte augmente beaucoup moins rapidement avec la dĂ©formation, dans la zone plateau. Cette contrainte de flambement Ă©lastique ou plastique correspond donc Ă  la contrainte oĂč a lieu la transition entre le comportement linĂ©aire et le plateau. Le coefficient directeur du plateau est assimilĂ© au module tangent du plateau (MPa).

Finalement Ă  partir d’une certaine dĂ©formation , la contrainte augmente rapidement, dans la zone de densification. Cette dĂ©formation est appelĂ©e dĂ©formation de l’initiation de la densification . Le matĂ©riau cellulaire est totalement densifiĂ© lorsqu’il atteint la dĂ©formation .

L'énergie absorbée à densification correspond à l'énergie cinétique convertie juste avant le début de la densification qui commence à

Exemples

Les matĂ©riaux cellulaires peuvent aussi bien ĂȘtre trouvĂ©s dans la nature que produits par l'Homme.

Matériaux cellulaires naturels

  • MatĂ©riaux cellulaires polymĂ©riques naturels : liĂšge, bois, pamplemousse, etc.
  • MatĂ©riaux cellulaires cĂ©ramiques naturels : os.

Application des matériaux cellulaires synthétiques

Les matériaux cellulaires polymériques synthétiques se retrouvent principalement dans les matelas, les siÚges[9]


Les matériaux cellulaires céramiques synthétiques sont principalement utilisés comme échangeur thermiques ou filtres (du fait de leur grande surface d'échange) lorsqu'elles ont des cellules ouvertes[10] - [11]. Ils sont également utilisés comme absorbeurs de chocs lorsqu'ils ont des cellules fermées (boucliers de protection contre les météorites et les débris) car ils offrent une combinaison unique de propriétés physiques telles qu'une faible densité, une grande rigidité, une résistance élevée en compression, un point de fusion élevé et une trÚs bonne capacité d'absorption des chocs[12]. Avec un haut module et une haute limite élastique en compression, les céramiques révÚlent un comportement fragile voire quasi fragile sous certaines conditions.

Notes et références

  1. M. F. Ashby, Cellular solids: structure & properties, Pergamon Press, (ISBN 0-08-035910-8, 978-0-08-035910-6 et 0-08-036607-4, OCLC 16922914, lire en ligne).
  2. (en) G. Ceglia, A. Merlin, P. Viot et V. Schmitt, « Porous materials with tunable mechanical properties », Journal of Porous Materials, vol. 21, no 6,‎ , p. 903–912 (ISSN 1380-2224 et 1573-4854, DOI 10.1007/s10934-014-9831-6, lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. (en) « The structure and mechanics of cork », Proceedings of the Royal Society of London. A. Mathematical and Physical Sciences, vol. 377, no 1769,‎ , p. 99–117 (ISSN 0080-4630, DOI 10.1098/rspa.1981.0117, lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. (en) Audrey Somera, Martin Poncelet, Nicolas Auffray et Julien RĂ©thorĂ©, « Quasi-periodic lattices: Pattern matters too », Scripta Materialia, vol. 209,‎ , p. 114378 (DOI 10.1016/j.scriptamat.2021.114378, lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Yves Bréchet, La science des matériaux : du matériau de rencontre au matériau sur mesure (ISBN 978-2-7226-0235-9, 2-7226-0235-0 et 978-2-213-67775-0, OCLC 949652997, lire en ligne).
  6. (en) M.F. Ashby et Y.J.M. BrĂ©chet, « Designing hybrid materials », Acta Materialia, vol. 51, no 19,‎ , p. 5801–5821 (DOI 10.1016/S1359-6454(03)00441-5, lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. (en) Nj Mills, « Bead foam microstructure and processing », dans Polymer Foams Handbook, Elsevier, (ISBN 978-0-7506-8069-1, DOI 10.1016/b978-075068069-1/50005-2, lire en ligne), p. 69–83.
  8. (en) Nj Mills, « Introduction to polymer foam microstructure », dans Polymer Foams Handbook, Elsevier, (ISBN 978-0-7506-8069-1, DOI 10.1016/b978-075068069-1/50002-7, lire en ligne), p. 1–18.
  9. Philippe Viot, « Comportement des matĂ©riaux cellulaires sous sollicitations dynamiques. Partie 2 : approche multi-Ă©chelles », MĂ©canique & Industries,‎ (ISSN 1296-2139 et 1765-2960, DOI 10.1051/meca/2011018).
  10. DĂ©borah Staub, Étude du comportement mĂ©canique Ă  rupture des alumines de forte porositĂ© : Application aux supports de catalyseurs d'hydrotraitement des rĂ©sidus (OCLC 918601849, lire en ligne).
  11. Vincent Le Corre, Lina Jolivet, Soline Mathevet et Carole Bobin, « Ductile damage and fragmentation of highly porous Îł-alumina under multi-point crushing test », Ceramics International, vol. 46, no 16,‎ , p. 25584–25592 (ISSN 0272-8842, DOI 10.1016/j.ceramint.2020.07.030).
  12. P. Colombo, A. Arcaro, A. Francesconi et D. Pavarin, « Effect of Hypervelocity Impact on Microcellular Ceramic Foams from a Preceramic Polymer », Advanced Engineering Materials, vol. 5, no 11,‎ , p. 802–805 (ISSN 1438-1656 et 1527-2648, DOI 10.1002/adem.200300397).
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